FRANCK LOZAC’H PIÈCES COURTES 78-82 2 AVANT-PROPOS Je me suis aperçu que je pos

FRANCK LOZAC’H PIÈCES COURTES 78-82 2 AVANT-PROPOS Je me suis aperçu que je possédais un assez grand nombre de pièces poétiques écrites au fil de ces trente dernières années qui répondaient maladroitement à la définition que l’on attribue aux sonnets. Ils étaient des sortes de canards boiteux faisant parfois 12 vers, parfois 16, 15 ou 13. Je ne puis prétendre que la volonté de l’instant, sous la mise de l’inspiration était de produire toutefois un véritable sonnet. C’est ainsi que s’offre la possibilité des morceaux. Les alexandrins s’accumulent, le mouvement commence à apparaître, la rime conseille tel choix, puis le poète décide de cesser ou d’aller outre, prétendant que l’instant est venu d’achever, ou encore de poursuivre au-delà. Le fragment se situe en deçà, plus loin parfois. Décider d’un sonnet et s’imposer cette loi tandis que l’objectif n’est pas encore situé ni la quantité nécessaire pour l’application de ses forces prétendue est parfois audacieux. Le contenu lui-même offre des possibilités de développements, d’extractions de telle ou telle idée, et la métrique à 14 s’en trouve étonnamment bouleversée. 3 Je ne dirais pas que ces poèmes sont des sonnets ratés, des produits de second ordre. Non, ils représentent les tentatives autres qui balancent de 12 à 16 et forment toutefois des pièces courtes. Je voyais dans le Livre des sonnets un système structuré assez rapide, de constructions identiques, à l’allure directive. Je crois apercevoir dans Pièces courtes le penchant féminin à l’ouvrage de rigueur, c’est-à-dire une note d’audace, de légèreté et un soupçon de parfum aérien. J’espère en ce sens que les deux volumes présentés simultanément pourront s’apparenter à une sorte de couple homme/femme, - risques, sérieux, forces de la pensée, et mouvements, légèreté, amabilité. Franck Lozac’h 4 L’Huile fraîche Le rêveur L'œil voilé par l'azur qu'une lente descente Éblouirait encore d'une clarté funèbre, Prolonge une lugubre vision diurne entre Les larges ifs plantés dans le lieu des ténèbres Et succombe lentement, ô parabole magique, À ce fade désespoir du paysage blêmi. Comme buvant, perdu cette froideur de site Que le maître du temps éloigne et abolit, Il luit, rêveur ailé ! D'une pupille morne Voit les tristes lueurs qui au lointain s'endorment. La paupière que le ciel imperceptible bat Couvre la pâle image, et le rêveur s'en va. 5 Je t'écris Je t'écris sur un lit tumultueux Où ta hanche féconde la mienne. Au firmament jusques aux cieux Que ta taille m'entraîne ! ... Par les couleurs vives de l'automne, Que le givre recouvre les toits ! Je voudrais tant que tu chantonnes, L'espérance folle d'autrefois ! Mon vieil amour défunt encore Comme respirant une ombrelle Sur les chemins déflore La bouche frêle que j'aime ! ... Délicate quand comblée de soupirs, Ton corps enfin se déchaîne. C'est l'éternité ou le plaisir, Oh ! Qu'il s'en souvienne ! ... Etc. 6 Langueur a dû Langueur a dû Par temps de pénitence Aux offres défendues Trembler de jouissances, Car résident en ce lieu Sous quelques alcools divers Une terre feue Brille par mon hiver. En cela malheureux D'allégresses perdues, Quitte vite, grand pieux Les sombres détresses, Et bois aux coupes d'or Le breuvage divin Pour endiabler ce corps De plaisirs malsains, etc. 7 Comme un bruissement d'aile Comme un bruissement d'aile posée sur l'endormie Qui joue dans la pénombre à miroiter son vol, Espiègle et bombinant, virevoltant ici Embrasse la charmante, la caresse et la frôle ; Comme des satins clairs qui jailliraient d'aimer Sur le sein délicat ou la gorge sensible ; Des rires confus offrant à des bouches rosées L'apparat éclatant des demoiselles dignes ; Comme une attente encore que celui-ci refuse Car des calices d'or donnés au cœur d'argent Échappent toutefois aux sanguinaires muses Pour les blondes moissons de son stérile enfant. 8 Qui donc du cerveau Qui donc du cerveau infécond que l'esprit aime Fait jaillir des monstruosités et des charmes ? Quel humain, quelle bête à l'étincelle suprême Proposerait le diamant comme la flamme ? Ce rarissime exploit en qui vit la nature Et croît à chaque instant, diadème nouveau, Rassemble les méfaits en sublime mixture, Et grave son empreinte sur le cœur de mon sceau. Qu'un Dieu, un jour superbe, couronne ma faible tête De cascades de lauriers pour ces œuvres stériles ! Pour descendre mon âme au niveau de vos bêtes Aurait-il vu en moi un serviteur débile ? La nuit, la nuit obscure foudroie contre mes tempes Des feux bouleversants détruisant mon salut. Ces douleurs incisives, ces souffrances latentes Me condamnent à la mort, moi qui ne parle plus. 9 Offert aux rêveries Offert aux rêveries d'un suicide, regardant L'astre décliner lentement dans les cieux, Ton ombre veut maudire ce paysage odieux. L'éveil d'un chant difforme, excessif pour ton corps Qu'on oublie TOUJOURS, solitaire des nuits, des jours N'est qu'un refrain perdu quand ton crachat s'endort... Et lourde d'amertume, l'âme chancelle au vent, Suit indolente et faible les noirs frissons d'hiver, Suit la flamme douceâtre qui brille dans les temps ! Ô l'oeil fécond tourné vers les vives ténèbres, L'amour endeuillé, ivre sur tes lèvres détruites Pousse un convoi royal, majestueux, funèbre ! 10 Salue la saison souveraine Salue la saison souveraine de nos rustiques Frayeurs qui échappent aux puissants Dieux, misérable Plaideur ! Vois jaillir par cette source magique Les méandres sublimes et les vœux regrettables ! Tremper dans les lacunes des gloires et des esprits Quand l'automne a brûlé l'exil et les grandeurs ? Ce jeu s'avère vaincu par son ombre anoblie, Il s'étend faiblement sacré de sa candeur. De l'attente maudite couchée sur ses lueurs Et qu'un vent indécis transforme en ses alois, Où seraient-ils, pauvre âme, les bruissements du cœur S'il vomissait, s'il recrachait l'ignoble loi ? 11 Que sa puanteur, que son ombre Que sa puanteur, que son ombre Abondant en flots clairs, dégagent une Torpeur poreuse... Oh ! Que princières en la dégradante cité Et libres en leur devoir, elles découvrent Un mince pistil de gloire ! ... Que pour les joutes subies en la raison nouvelle, Un parlement capture ses fruits mûrs et vermeils ! Car j'obtins sur la lie par-delà le drame furtif, Les rutilements d'une horreur et des souffrances Pour les râles. Oh ! Combien monstrueuse dans sa vétusté Cette orgie maléfique offrit de danses sublimes ! Belles femmes, qu'un seul sourire ranime Aurons-nous de frêles et verdoyantes pensées ? 12 Neige d'écume Les ondes avancées recouvrent Le mouvement des vagues Comme un lacet éternel à la poupe des vaisseaux. Le bruit lointain promu Contemple deux êtres Qu'un naufrage ancien semblait enjamber. L'instant chimérique sur l'aquarelle des mers Peint l'immortel aveu Puis l'écume pacifique Resplendit dans les rais, les éclairs. Vent, houle tapageuse, flot grinçant L'ancre mouille le sable, les airs. Sur les rochers miroitent les algues mortes, Gémit la douleur exquise. La grâce recommencée, les hurlements successifs, S'éteignent dans la grandeur de la marée. 13 Lentement Comme lentement Il redescend Souffrant, Aux nuits futures Que rien ne dure Sanglant. L'avidité veule Pour qu'il pleure Tremblant, Use des blessures Et des morsures De son chant... 14 L'orgasme dans les nébuleuses L'orgasme dans les nébuleuses pleure son automne, Le fruit se décompose sur les filantes orgues. Le délabrement de l'Antique Cité, Jadis l'acteur jouait sur la place publique. Le conseil déplorable et avide de luxes proscrits. L'enfance transposée sur d’irradiantes pénombres. Échappé des miroirs rutilants, - l'amour. La folle servitude pour les malheureuses chaleurs, Et la science périclite dans l'orage des ténèbres. Exposée aux sulfures des milices, Recherchant la faille du labyrinthe inconnu, Quelle voix pour échapper au monde inhumain ? 15 Sache... Sache... Les chairs des lignes promenées En cercles vibrants, et l'oracle Caressant le sol nu de ton espace. Tu modules la granitique fonction De l'Ange ou du Météore. Cristaux de gaze enveloppés d'atomes, Ô substances épurées et soleils de neige ! Mais ta bouche trousse l'innocence Comme tu contribues au sens crayeux ! Impossible chimère inviolée en ce terme, Scabreuses fioritures et pensées interdites, C'est de ton nom que naîtra l'évidence. 16 Silence Par cette heure solennelle, en cet endroit superbe, Je ranime l'espoir, cause de mon remords, Je te salue, Seigneur. Agenouillé sur l'herbe, Je prie confusément pour le repos des morts. Là, nu devant mon Dieu dans l'ultime détresse, Pour l'œuvre de souffrances de son fils détrôné, Je supplie mains offertes le germe des faiblesses Qui grandit quelquefois dans les cœurs fortunés. Mais dans ta bouche, aucun murmure qui ne s'exhale ! Aux puissances extrêmes invoquant le pardon, Qui donc parmi les ombres, au plus pur de son âme Entendrait une plainte pour implorer ton nom ? 17 Enchaîné Enchaîné sous des monstres d'or et d'écume Quand des trompettes argentées sonnent le tocsin Et fuyant l'infortune chère, reflétée Par des prismes, aquarelles, et devins ; Langueur de son être proposée en ce siècle Où se fondent les mornes reflets bleus de l'été, Qu'il compte les sentiments de ses frayeurs D'horizons lugubres jamais dépeints ! Qu'il vante le prompt éloge des ressemblances Accrochées tristement à de vaines survivances, Le poète, que uploads/Religion/ pieces-courtes-78-82.pdf

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  • Publié le Jui 19, 2022
  • Catégorie Religion
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