Le Rite Ecossais Ancien et Accepté * Mesdames, mes Soeurs, Messieurs et vous to
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté * Mesdames, mes Soeurs, Messieurs et vous tous mes Frères, nous voici réunis dans un Temple maçonnique au siège de la Grande Loge de France, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue. Si certains d'entre vous sont des habitués des conférences Condorcet Brossolette, je dois vous avouer que pour ma part, depuis quarante-six ans que je suis franc-maçon, c'est bien la première fois que je m'adresse à un public profane. La raison était simple : j'ai toujours pensé que la maçonnerie était comme le base-ball ou le cricket, et que si vous ne faisiez pas partie de léquipe, vous ne pouviez rien y comprendre. Mais, si je vous disais, en accord avec ce raisonnement : puisque vous nêtes pas dans l'équipe Mesdames et Messieurs, bonsoir ! vous seriez en droit, bien que vous n'ayez rien payé de crier: remboursez !! Donc cédant à la demande du Grand Maître de la Grande Loge de France, je vais essayer, je dis bien essayer durant le temps qui m'est imparti, de vous faire appréhender «Le Rite Ecossais, Ancien et Accepté» Nous verrons ensemble : ses origines, son histoire, sa philosophie. Trois points comme par hasard sont tout d'abord nécessaires d'expliquer: FOrdre. les Rites, les Obédiences. Nombreuses sont les familles qui possèdent un arbre généalogique avec ci sans blason. Il en est de même pour nous les francs-maçons. * Cciférence donnée dans le cadre du Cercle Condorcet-Brossolette, le 22 janvier 1994 3! Le tronc, c'est l'Ordre, la maçonnerie en général, dont les racines pui- sent leurs forces dans l'antiquité, c'est-à-dire dans la Tradition Grecque et Judéo-Chrétienne. Les branches représentent les Rites. Rite d'York, Emulation, Memphis Misraïm, Rite Français, Rite Ecossais Rectifié, Rite Ecossais Ancien et Accepté. Cette énumération n'étant pas exhaustive. Ces Rites ont pour but comme dans les églises, les confréries, les sociétés initiatiques africaines ou asiatiques de codifier les cérémonies grâce à un rituel. Sur chacune de ces branches «rituelliques» poussent des bourgeons qui ont pour nom Obédiences, c'est-à-dire organisation d'une collectivité de francs-maçons. Cette collectivité se décompose en cellules de travail appelées Atelier ou Loge qui pratiquent toutes un même Rite ou parfois des Rites diffé- rents au sein de l'Obédience. Tout comme dans le monde profane, syn- dicaliste ou politique, les obédiences ont un nom qui permet de les dis- tinguer les unes des autres. Ce sont soit des Grandes Loges, soit des Grands Orients, suivi égale- ment du nom du pays auxquelles elles appartiennent Grande Loge de France, Grand Orient de France, Grande Loge d'Angleterre, de Bel- gique, du Luxembourg. Bref il en va ainsi de tous les pays où la maçon- nerie existe. La maçonnerie est donc universelle mais étant composée d'hommes elle n'est pas simple pour autant. Notre frère Lantoine la comparait à un manteau d'arlequin et pour ma part, je pense que c'est un mobile de Calder. Tout se tient, mais chaque élément a son propre mouvement. Tout phénomène humain, qu'il soit social, politique ou religieux prend naissance dans l'histoire bien avant la date officielle de son apparition. Le phénomène franc-maçonnerie ne fait pas exception à cette règle. Nous aborderons donc notre sujet en essayant de recréer le climat, qui a motivé et permis le développement de la franc-maçonnerie au 18è siècle. Mais auparavant remontons un peu dans le temps. 32 A la période médiévale, les grands ouvrages de pierre étaient comman- dés et financés par la couronne, l'église, les grands seigneurs ou les municipalités. La main d'oeuvre était nombreuse et venait souvent de fort loin. Du fait de leur mobilité, ces hommes de l'art devaient être libres, d'une part en opposition aux serfs qui étaient attachés à la terre, d'autre part, il ne leur était pas matériellement possible d'appartenir à une corporation ou guilde comme étaient les sédentaires. «Le Maître d'ouvrage», Abbé prieur du monastère, chapitre de la cathé- drale, seigneur du château, Lord Maire, Burgmeister était le financier. Ce Maître d'ouvrage désignait un «Maître d'oeuvre», homme de métier, artiste qui avait pour titre celui de «Maître Maçon». Sur le chantier était un atelier couvert où l'on taillait et sculptait les pierres et qui avait pour nom «la Loge». Cette population itinérante, sans organisation centrale, avait fini par uniformiser en Angleterre les coutumes et les légendes du métier, si bien qu'à partir du 14è siècle, on mit celles-ci par écrit. Ce furent les «Old Charges», ou Anciens Devoirs. Pour des raisons faciles à comprendre, on s'engageait à ne jamais révé- ler les secrets techniques du métier, et au cours d'intronisations succes- sives afin d'écarter les intrus, l'on donnait par communication le mot de maçon, les signes de reconnaissance et les attouchements. Les degrés donnés successivement étaient apprentis et compagnons. Au 16è siècle le chaos s'installe dans la chrétienté, l'Europe est à feu et à sang. Luther est excommunié en 1520 et la Confession d'Augsbourg rejette l'autorité du Pape. En 1534 l'Acte de Suprématie fait d'Henri VIII, roi d'Angleterre le chef de l'Eglise anglicane. Calvin publie à Genève son «Institution de la religion chrétienne». Une contre-réforme prend naissance pour aboutir au concile de Trente. Les états allemands se font la guerre. Les protestants se battent contre la Sainte Ligue et les puissances euro- péennes viennent par leur présence accroître ce fléau. Grâce à Henri lV la France est relativement épargnée du fait de l'Edit de Nantes, mais progressivement sous l'influence de Richelieu, le cli- mat se détériore et en 1685, Louis XIV fidèle à sa devise «Un roi, une 33 foi, une loi» révoque l'Edit de Nantes. Nous connaissons la suite, dra- gonnades, galères, exil. Charles 1er écrase les protestants, Cromwell pourchasse les catholiques. Sous la pression anglicane, Jacques II, roi catholique est chassé et doit se réfugier en France. Guillaume d'Orange protestant est appelé sur le trône d'Angleterre et il reconnaît la liberté du culte à toutes les sectes protestantes mais la refuse aux catholiques. Deux siècles ont passé, deux siècles ensanglantés. Qu'il est loin le temps où le «Maître d'oeuvre» dans la loge traçait des épures pour édi- fier des cathédrales, véritables livres de pierres blanches, roses ou jaunes suivant le matériau du pays. Livres de pierre destinés à montrer au bon peuple «Dieu en majesté, notre Dame en bonté et Christ en gloire». Les chantiers sont devenus silencieux, les tours sont inachevées et les loges de métier ont pratiquement disparu : sauf... sauf en Ecosse où l'autorité royale fournissant du travail aux maçons permit à ceux-ci de continuer à tenir séance en loge. En 1603 à la mort d'Elisabeth, son cousin le roi Jacques VI Stuart d'Ecosse lui succède sous le nom de Jacques 1er. La frontière était ouverte entre l'Ecosse et l'Angleterre royaumes naguère ennemis. Des voyageurs anglais, de marque mais non de métier sont reçus dans des loges d'Ecosse, suivant la coutume du lieu. De retour en Angleterre, ils y tiennent Loge à leur tour, pour recevoir maçons et leurs amis. Ces maçons deviennent «Accepted Masons» c'est-à-dire «Maçons Accep- tés». Las des querelles religieuses et politiques, en pleine guerre civile, on trouvait en loge des royalistes, des partisans du Parlement, des angli- cans, des non-conformistes et même des papistes. Les premiers maçons non opératifs étaient des hommes résolus à fraterniser en dépit de tout ce qui pouvait les diviser en politique et en religion et ce, au nom d'une vertu «la Tolérance». Malgré leurs divergences profanes, ils s'appe- laient «frères» lorsqu'ils étaient en loge. 1714: Anne Stuart anglicane et bigote vient de s'éteindre. 34 1715 : Louis XIV : le Roi Soleil, s'est couché à l'occident éternel, l'Europe va enfin respirer, le siècle des Lumières commence à briller. 1717 : A la Saint Jean d'Eté, quatre loges londoniennes indépendantes les unes des autres, composées de Maçons Acceptés, décident de se fédérer et de se réunir chaque trimestre après avoir élu comme Grand Maître Georges Payne. La première Obédience, la première Grande Loge est née. 1719 : Un pasteur d'origine française, qui avait suivi son père en Angle- terre après la révocation de 1'Edit de Nantes, Jean-Théophile Désagu- liers, succède à Georges Payne comme Grand Maître. Physicien de renom, membre de la Royal Society de Londres, il commence à donner du lustre à cette Grande Loge. 1721: Le Duc de Montagu, pair d'Angleterre devient à son tour Grand Maître, entraînant avec lui des nobles lords proches de la famille royale, des membres célèbres du monde des Arts, des Lettres et des Sciences. La franc-maçonnerie vient d'acquérir ses quatre quartiers de noblesse et James Anderson, pasteur écossais publie des Constitutions très libérales, qui deviendront dans notre histoire la véritable charte de la franc- maçonnerie. Il est une légende qui perdure encore dans l'esprit de certains maçons à savoir la dualité des origines de l'Ecossisme. La thèse serait que des officiers irlandais et écossais réunis en loges régimentaires, auraient importé en 1691 à Saint-Germain-en-Laye, une maçonnerie fidèle tant à la fois: au roi détrôné Jacques II Stuart, réfugié en France; à la religion catholique, et aux anciens usages de la Confrérie. De ces loges militaires seraient issues uploads/Religion/ ob-d2f25a-chevrillon-le-reaa.pdf
Documents similaires










-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 05, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.6026MB