Jean Darrouzès Notice sur Grégoire Antiochos (1160 à 1196). I. Son œuvre. II. S

Jean Darrouzès Notice sur Grégoire Antiochos (1160 à 1196). I. Son œuvre. II. Sa carrière. III. La fondation du monastère Saint-Basile In: Revue des études byzantines, tome 20, 1962. pp. 61-92. Citer ce document / Cite this document : Darrouzès Jean. Notice sur Grégoire Antiochos (1160 à 1196). I. Son œuvre. II. Sa carrière. III. La fondation du monastère Saint-Basile. In: Revue des études byzantines, tome 20, 1962. pp. 61-92. doi : 10.3406/rebyz.1962.1281 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1962_num_20_1_1281 NOTICE SUR GRÉGOIRE ANTIOCHOS (1160 à 1196) I. SON ŒUVRE. — II. SA CARRIÈRE. III. LA FONDATION DU MONASTÈRE SAINT-BASILE Faute d'une édition complète de ses œuvres (1), Grégoire Antiochos est un personnage assez peu connu. Je voudrais éditer ici une supplique concernant la fondation d'un monastère de la famille Antiochos à Constantinople, à la fois parce que le monastère est inconnu et parce que ce texte éclaire une série d'autres discours, les oraisons funèbres de Grégoire pour son père. Mais pour pallier aux inconvénients d'une édition partielle, et qui risquent de s'aggraver par la multiplication des notes concernant l'auteur (2), il est nécessaire d'établir enfin la liste exacte de ses œuvres et d'en signaler le contenu sommaire. Ces opusc ules, que j'ai copiés en grande partie et lus en entier, nous permettent de fixer les grandes lignes de la carrière du personnage, somme toute assez effacé malgré le nombre relativement élevé de ses lettres et discours. Il présente d'autre part cette particularité, parmi les nom breux auteurs que nous fait connaître le Scorialensis Τ II 10 et qui sont presque tous d'Église et dans le haut enseignement, d'être resté fonctionnaire civil, comme le montre ce titre de grand drongaire de la Veille attaché à son nom. I. L'œuvre Deux manuscrits nous ont conservé des lettres et des discours de Grégoire Antiochos, le Scorialensis Τ II 10 et le Marcianus 1235 (= Marcianus, XI 22 = Nanianus 281). Une seule pièce est com- (1) Voir l'édition principale : M. Bachmann-F. Dölger, Die Rede des μέγας δρουγγάριος Gregorios Antiochos..., dans Byz. Zeits., 40, 1940, 353-405. Depuis lors, deux discours édités par Regel ont été identifiés comme appartenant à Grégoire Antiochos : Peter Wirth, Untersuchungen zur byzantinische Rhetorik des zwölften Jahrhunderts, München, 1960 (cf. cette revue, 18, 1960, p. 264). W. Regel, Fontes rerum byzantinarum, Petropoli, 1892-1917, discours xi-xii, p. 183-228; xvm, p. 300-304. (2) Par exemple celle de Peter Wirth, Zu Nikolaos Kataphloros, dans Classica et Mediae- valia, 31, 1960, 212-214. 62 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES mune aux deux. C'est le discours adressé au patriarche Basile Kama- téros (août 1183-février 1186). Des titres globaux « discours divers, lettres diverses » pourraient indiquer l'existence d'une collection antérieure dont les deux copies ne seraient que des extraits; cepen dant ni les titres, ni l'ordre des pièces, ni leur place dans le manuscrit, ni leur contenu, ne signifient rien de précis sur ce point. La formation et l'existence même d'une telle collection restent hypothétiques et il semble probable que les copies dérivent plutôt d'un dossier où les pièces auraient été conservées sans classement méthodique et définitif. Il n'y a pas trace d'édition originale. Contentons-nous donc de décrire les pièces dans l'ordre où nous les trouvons. A. Scorialensis Y II 10. Il n'existe pas encore de description technique de ce manuscrit si connu. J'admets que le manuscrit est au plus tard du début du xine siècle, et qu'il se partage entre deux mains; l'une a écrit l-470v, l'autre 473-fin. Le titre au f. 473 est encore de la première main. Il n'y a pas à tenir compte pour la date du codex des textes insérés plus tard dans les f. 471-472, comme l'a fait par exemple Krumba- cher (3). On a voulu voir dans la seconde main celle d'Eustathe de Thessalonique (4) et c'est un fait que cette partie ne contient aucune œuvre postérieure à sa mort, même en tenant compte des textes qui ont disparu et dont le dernier en date serait de 1193 (5). Même dans la première partie, où beaucoup de textes concernent la période des Anges, aucun n'est daté postérieurement à 1196. Dans ce cas, on perçoit un certain rapport entre le codex et la personnalité du grand rhéteur; mais les raisons peuvent en être tout autres qu'une copie personnelle d'Eustathe et le problème paléographique est loin d'être résolu. Notons pour ce qui nous concerne que le folio 1 porte la signature du cahier 7 : il manque donc au moins six cahiers de 8 folios. Le premier groupe de textes du folio 1 à 23, dont l'identification est due pour la (3) Geschichte der byzantinischen Literatur2, p. 471. (4) Β. LaourdAS, Εις ΕύστάΟιον Θεσσαλονίκης, dans Έπ. Έτ. Βυζ. Σπουδών, 23, 1953, 544-547. Malgré l'autorité de Paul Maas cité par l'auteur, la question des autographes d'Eustathe n'est pas encore tranchée; en tout cas, les deux écritures que B. Laourdas met en parallèle ne sont pas de la même main. (5) E. Miller, Catalogue... de VEscurial, Paris, 1848, p. 522; cf. G. Stadtmüller, Michael Chômâtes Metropolit von Athen {Or Chr., 33, 2), Rome, 1934, p. 248. En réalité, les discours que Barvoetius attribue au Scorial. H III 7 (Miller, p. 522) appartenaient au manuscrit brûlé II Ζ 9 (olim Λ II 11) comme me l'apprend le R. P. Gregorio Andres. J. DARROUZÈS : NOTICE SUR GRÉGOIRE ANTIOCHOS 63 première fois à Peter Wirth (6), appartient à Grégoire Antiochos; ensuite nous avons à examiner les folios 198V-199V, 201-206v, 250- 274, 377-403v, 429v-454, 457v-466, 495v-503v. Je me contente, pour le signalement des pièces, de l'incipit suivi de la traduction du titre que l'on peut lire dans Miller (7). 1 (1-2V) ... κοντιζο μένους άναρροίβδησιν πλημμυρεΐν. D'après le contenu et par comparaison avec les suscriptions des pièces 2-5, épitaphios de Grégoire Antiochos pour son père. Il n'est presque question que de larmes dans cette partie qui reste, avec des allusions à la part prise par le défunt dans la fondation du monastère même où parle l'auteur. 2 (2V-6V). Ούκ έγώλεγον (sic), ώ παρόντες. Autre discours du même pour son père. — Dès le début, l'orateur déclare qu'il parle une année à peine après un discours de même genre, où il disait que la mort de son père serait sa propre mort. De fait, sa vie est presque achevée et la maladie, comme on voit, a failli l'emporter. Et il cite, c'est sa signature habituelle, son patron Grégoire le Théologien. Il insiste sur les vertus de son père et sur la fondation à laquelle il a consacré non seulement sa fortune, mais ses propres sueurs. Au f. 4, 1. 29, il parle des douze moniales qui vivent dans ce monastère. 3 (7-14Γ). Και πάλιν, ώ φίλοι, αληθώς. Autre discours du même. — II est encore prononcé à l'occasion « des commémoraisons annuelles du départ » de son père. Les passages les plus concrets, à partir du f. 9, mentionnent le renoncement du fondateur comparé à celui d'Abraham, la restauration du sanctuaire, les difficultés du début, la donation par l'empereur d'un terrain qui permit l'extension des cellules et le logement de douze religieuses. Au f. 11, Basile le Grand est mentionné comme patron titulaire. 4 (14r-15v). Και Δαυίδ εκείνος (8). Discours du même prononcé devant l'empereur Manuel Comnène, au cours d'une audience solennelle à Lopadion, après une première audience qui avait eu lieu au monast ère Saint-Georges de Mésampélos. — Grégoire Antiochos, qui s'était rendu en pèlerinage en ce lieu le jour de la fête du saint (24 avril?), mais porté sur un brancard comme un malade, fut remarqué par l'empereur également présent. Celui-ci s'intéresse au malade qui, entre autres bienfaits, lui attribue sa guérison et la faveur de parti- (6) Ci-dessus, note 1. (7) Catalogue... de V Escortai, p. 200-218. Je rétablis le texte chaque fois qu'il est mal lu, en particulier aux nos 2, 24, 27, 29. (8) Édité par Regel, op. cit. (n. lj, p. 183-191. 64 REVUE DES ÉTUDES BYZANTINES ciper à une expédition en cours. De fait, Grégoire retrouve, quelques jours après, à Lopadion, où il s'est rendu entre temps, l'empereur qui est venu par mer. A l'audience solennelle (προσκύνησες), Grégoire lit son adresse. Tout semble indiquer la date de fin avril 1176 : fête de saint Georges, allusion au fruit de la pourpre, le raisin d'or qui com mence à grandir (190, 27-29 : le fils de Manuel), la concentration des troupes et l'arrivée de Manuel à Lopadion, en vue de la campagne qui aboutira au désastre de Myrioképhalon. Grégoire signe par allu sion à son patron Grégoire (185, 5; 189, 4). 5 (15v-23). Et δε και κατόπιν (9). Cette oraison funèbre de Manuel Gomnène a l'avantage d'être datée au jour près. Elle aurait dû être prononcée normalement au service de quarantaine, mais la cérémonie fut retardée pour des raisons inconnues et reportée cent vingt jours après la mort, donc le 22 janvier 1181. C'est ce que dit le titre dont la précision voulue explique l'exorde : allusion aux cent cinquante jours du déluge que viennent presque égaler les jours de deuil consacrés à l'empereur et qui uploads/Religion/ notice-sur-gregoire-antiochos-1160-a-1196-i-son-oeuvre-ii-sa-carriere-iii-la-fondation-du-monastere-saint-basile.pdf

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  • Publié le Jul 20, 2022
  • Catégorie Religion
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