1 1 1 TOURNANT SPIRITUEL Le Triangle spirituel avance et monte lente- ment. Auj
1 1 1 TOURNANT SPIRITUEL Le Triangle spirituel avance et monte lente- ment. Aujourd'hui l'une de ses parties les plus grandes et les plus basses commence à être atteinte des premiers mots clefs du «credo » matérialiste -sur le plan de la religion, on attribue à ceux qui appartiennent à cette section des croyances diverses ; on les croit juifs, catholiques, protes- tants, etc. En fait, ils sont athées, ce que recon- naissent effectivement les plus audacieux ou les plus bornés. Le «ciel » est vidé. « Dieu est mort. » Politiquement, il sont partisans de la représen- tation du peuple ou républicains. La peur, le dégoût, la haine qu'i"ls avaient hier pour ces opi- nions politiques, ils l'ont reportée sur l'anarchie, qu'ils ne connaissent pas et dont le nom seul les effraie. En matière d'économie, ils sont socialistes. 70 Du spiritutl dans l'art ... Ils aiguisent l'épée de la justice pour porter le coup mortel à l'hydre capitaliste et trancher au Mal, la tête. Les habitants de cette grande section du Triangle ne sont jamais parvenus seuls à la solution d'un problème, car toujours, certains de leurs contem- porains, bien supérieurs à eux, se sont sacrifiés pour faire avancer le char de l'humanité, avec lequel ils se laissent tirer, de sorte qu'ils ignorent tout de cet effort et de ces peines, qu'ils n'ont jamais vus que de loin. Ils s'imaginent donc que ce mouvement est facile et croient à quelque recette simple et infaillible. L'étage immédiatement inférieur se laisse aveu- glément entraîner par le précédent. Il se cram- ponne cependant à la place qu'il a atteinte, renâcle de peur d'être trompé et de s'aventurer dans l'in- connu. En matière de religion, les étages supérieurs du Triangle ne se contentent pas d'être aveuglément athées, il faut encore étayer cette négation de Dieu par des mots (par exemple celui de Virchow, indigne d'un savant : «j'ai disséqué bien des cadavres et je n'y ai jamais trouvé d'âme »). Poli- tiquement, ils sont encore plus souvent républi- cains, connaissent les usages parlementaires de divers pays, lisent les éditoriaux politiques des journaux. Pour l'économie, ils sont socialistes de diverses nuances et sont en mesure d'appuyer leurs «convictions » par de nombreuses citations (depuis Tournant spirituel 71 l'Emma de Schweitzer ou la Loi d'Airain de Lassalle jusqu 'au Capital de Marx et bien au-delà). Dans ces étages ~upérieurs, on trouve peu à peu d'autres sujets d'intérêt, qui manquaient dans ceux que nous avons évoqués : la science et l'art, aux- quels appartiennent également la littérature et la . musique. Sur le plan scientifique, ces hommes sont des positivistes et ne reconnaissent que ce qui peut être pesé ou mesuré. Pour eux, tout le reste n'est que sottises, parfois dangereuses, ce qu'ils pen- saient hier des théories aujourd'hui «démon- trées >>. En art, ils sont naturalistes, admettant et même appréciant la personnalité, l'individualité et le tem- pérament de l'artiste ; mais uniquement à l'inté- rieur de certaines limites définies par d'autres et auxquelles ils croient d'une foi inébranlable. * Dans ces sections, plus élevées malgré un ordre évident, malgré la sécurité, et malgré les principes infaillibles, on peut trouver une peur cachée, une confusion, un doute, une insécurité, comparables aux sentiments qui naissent dans la tête des pas- sagers d'un grand et solide transatlantique, lors- qu'en haute mer, la terre ferme ayant disparu dans le brouillard, des nuages sombres s'amassent et que le vent, sinistre, soulève la mer en noires mon- 72 Du spiritutl dans l'art... tagnes. Et cela, ils le doivent à leur formation. Ils savent que le savant, l'homme d'État, l'artiste, aujourd'hui adulés, n'étaient hier qu'arrivistes, hâbleurs, charlatans méprisés, indignes d'atten- tion. Et plus on se trouve haut dans le Triangle spi- rituel, plus la peur et l'insécurité sont visibles et leurs arêtes aigues. Tout d'abord, on trouve çà et là des yeux capables également de voir par eux- mêmes, des têtes capables de synthèse. Des hommes ainsi doués s'interrogent: la vérité d'avant-hier ayant été remplacée par celle d'hier et celle-ci par celle d'aujourd'hui, la vérité d'aujourd'hui à son tour ne pourrait-elle, d'une manière ou d'une autre, être renversée par celle de demain? Et les plus audacieux répondent: «C'est dans le domaine des choses possibles. » Par ailleurs, il se trouve également des yeux capables de voir «ce qui n'a pas encore été expliqué» par la science actuelle. De tels hommes se demandent: « La science arrivera-t-elle, dans cette voie qu'elle suit depuis si longtemps, à la solution de ces énigmes? Et si elle y parvenait, pourra-t-on se fier à sa réponse? » On trouve également dans ces sections des savants de profession qui peuvent se rappeler l'ac- cueil fait par les Académies à certains faits aujour- d'hui reconnus et acceptés par ces mêmes cercles. Il se trouve également parmi eux des spécialistes de l'art qui écrivent des ouvrages profonds, pleins Tournant spiritutl 73 d'appréciations flatteuses pour l'art qui, hier, était insensé. Par ces livres, ils suppriment les barrières que l'art a déjà franchies depuis longtemps et en dressent de nouvelles qui seront, elles, immuable- ment fixées pour tous les temps. Ce faisant, ils ne s'aperçoivent pas que leurs barrières, ils les éta- blissent derrière l'art et non devant lui. S'ils s'en aperçoivent demain, ils écriront d'autres ouvrages et déplaceront précipitamment leurs barrières. Et cette activité se perpétuera, inchangée, tant qu'il ne sera pas établi que le principe extérieur de l'art ne peut être valable que pour le passé et jamais pour l'avenir. Il ne peut exister une théorie de ce principe pour le reste du chemin, dans le domaine du non-matériel. On ne saurait cristalliser maté- riellement ce qui n'existe pas encore matérielle- ment. L'esprit qui conduit vers le royaume de Demain ne peut être reconnu que par la sensibilité (le talent de l'artiste étant ici la voie). La théorie est la lanterne éclairant les formes cristallisées de l'« hier » et de ce qui précédait l'hier (voir déve- loppement au chap. VII : «Théorie »). Et si nous montons encore plus haut, nous ver- rons une confusion plus grande encore, comme dans une grande ville, solide, construite selon toutes les règles de la mathématique architectonique et secouée par des forces incommensurables. Les hommes qui vivent ici vivent réellement dans une telle Cité spirituelle, où s'exercent brutalement ces forces, non prévues par les architectes et mathé- 74 Du spirilut'l dans l'art.. . maticiens spirituels. Ici, un pan de l'épaisse muraille s'est effondré comme un château de cartes. Là, une tour colossale, qui atteignait le ciel, constituée de nombreux piliers spirituels, minces mais «immortels », git en ruine. Le vieux cimetière oublié tremble. De vieilles tombes oubliées s'ouvrent et des esprits oubliés s'en élèvent. Le soleil, construit avec tant d'habileté, se couvre de taches et s'assombrit; où trouver ce qui le rempla- cera pour le combat contre l'obscurité? Dans cette vilJe vivent aussi des sourds, qu'une autre sagesse empêche d'entendre et qui n'ont pas perçu la chute, ainsi que des aveugles qu'une autre vérité empêche de voir et ceux-là disent: « Notre soleil est de plus en plus radieux et nous en verrons bientôt disparaitre les dernières taches. » Mais ces hommes-là aussi entendront et verront. * Plus haut encore on ne trouve plus trace de peur. Un travail s'y poursuit qui ébranle hardiment ]es piliers établis par les hommes. Ici aussi nous trou- vons des savants de profession, qui étudient sans cesse la matière, n'ont peur d'aucune question et finalement mettent en question la matière même sur laque1le, hier encore, tout reposait, sur laquelle l'univers entier était appuyé. La théorie des élec- trons, c'est-à-dire de l'électricité en mouvement qui tend à remplacer intégralement la matière, Tournant spirituel 75 trouve actuellement de hardis pionniers qui, çà et là, franchissent les limites de la prudence et suc- combent dans la conquête de la nouvelle citadelle scientifique, tels ces soldats, oublieux d'eux-mêmes, se sacrifiant aux autres et périssant dans l'assaut d'une forteresse qui ne veut pas capituler. Mais « il n'y a pas de forteresses qu'on ne puisse prendre ». * Par ailleurs se multiplient, ou sont maintenant connus plus souvent, des faits que la science d'hier qualifiait du terme habituel de << mensonge ». Même les journaux, habituels serviteurs du succès et de la plèbe, faisant commerce de «comme vous l'en- tendez », se voient contraints dans nombre de cas de modérer le ton ironique de leurs comptes ren- dus sur les « miracles», voire de s'en abstenir. Quelques savants, dont de purs matérialistes, consacrent leurs efforts à l'étude scientifique de faits inexplicables qui ne peuvent plus être niés ou tus 1• 1. ZOIIner, Wagner, Butleroff à Pétersbourg, Crookes à Londres, etc. Plus tard Ch. Richet, C. Flammarion (le journal P.arisien Le Matin a mème publié les déclarations de ce dernier tl y a environ deux ans sous le titre : cc Je le constate, mais je ne l'explique pas ))). Enfin C. Lombroso, le créateur de J'an- thropologte en criminologie, assiste avec Eusapia Palladino à de véritables séances de spiritisme et reconnaît la uploads/Religion/ le-triangle-spirituel.pdf
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- Publié le Dec 31, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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