Cardinal LËPICIER, O. S. M LE SA NATURE, SES LOIS, SES RAPPORTS AVEC L'ORDRE SU
Cardinal LËPICIER, O. S. M LE SA NATURE, SES LOIS, SES RAPPORTS AVEC L'ORDRE SURNATUREL T R A I T É PHILOSOPHICO-THÉOLOG1QUE TRADUCTION F R A N Ç A I S E D E CHARGES GROU^EAU Sur la troisième édition italienne i Nicodème dit à Jésus : MaUre, nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu comme docteur, car personne ne saurait faire les mira- rles que vous faites, si Dieu n'est pas avec lui. » Jean, III, 2. DESCLÉE DE BROUWER ET C i e, ÉDITEURS PARIS MadelnBelglum Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2011. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. LE MIRACLE IMPRIMATUR f Josephus PALICA, Archiep. Philippen. Vie. Gen. Copyright by Descjée De Brouwer& Gie> 1936. AUX SEPT GLORIEUX SAINTS BONFILS BONAJUNTA MANETTO AMÉDÉE SOSTÈNE HUGO A L E X I S QUI SUR L'ORDRE DE MARIE ONT FONDÉ IL Y A SEPT SIÈCLES AU MILIEU DES PLUS ÉCLATANTS MIRACLES LA SAINTE FAMILLE DE SES SERVITEURS O. D. C. PRÉFACE Il n'est pas rare d'entendre des gens — et parmi eux, des hommes au jugement sain — se lamenter sérieusement de l'absence de miracles dans les temps modernes. Ils déplorent vivement qu'à l'heure où l'esprit de foi s'affaiblit et où l'incrédulité grandit chaque jour, il n'y ait pas, comme au début surtout de la fondation de l'Église, des signes surnaturels à opposer comme une digue à cette marée croissante de l'infidélité. Cette lamentation, autrefois si fami- lière aux Juifs, sort volontiers des lèvres de bien des fidèles, refrain obligé de leurs conversations : Où sont les merveilles (du Seigneur) que nous ont racontées nos pères 1 ? A vrai dire, il faut avoir fermé les yeux à l'évi- dence, pour s'abandonner de nos jours à de telles lamentations. Parmi tous les siècles, le nôtre restera célèbre précisément par les dérogations survenues dans le cours naturel des choses et par les signes et les manifestations d'un ordre supérieur à celui du monde où nous vivons. Ce n'est pas trop de dire que, du nord au midi, de l'orient à l'occident, la terre est tout entière parcourue et pour ainsi diie animée par l'esprit des prodiges, comme par un courant bienfaisant. Lourdes çn France, Pompéi en h Juges, VI, 15. X L E M I R A C L E Italie, la Guadaloupe au Mexique, Sainte-Anne de Beaupré au Canada, pour ne rien dire d'une multi- tude d'autres sanctuaires répartis sur la surface du globe, en rendent témoignage. Dans tous ces endroits, le merveilleux est devenu chose si commune, qu'il semble être plutôt la loi ordinaire qu'une excep- tion ; aussi, plus que jamais se trouve avéré le dire du grand poète : Et quel temps fut jamais si fertile en miracles 1 ? Toutefois, malgré la surabondance et l'authen- ticité de ces miracles — authenticité scrupuleu- sement établie — bien des gens persistent encore à ne pas vouloir admettre — ne disons pas l'exis- tence — mais la simple possibilité de ces interven- tions spéciales de Dieu, dans le cours régulier de la nature. Certes, il fallait s'attendre à ces négations obsti- nées, négations qui rendront tristement célèbre l'his- toire de notre époque. Préparé de longue date par les faux systèmes de philosophie en vogue dans certaines écoles, ce scepticisme devait croître et mûrir sous l'influence des théories modernes. Il était bien naturel que le doute universel, prôné par quelques philosophes comme base dans la recherche de la vérité, aboutît à l'identification absolue du « oui » et du « non », qui caractérise les systèmes rationalistes allemands. Par ailleurs, les nombreuses découvertes obte- nues récemment dans le domaine des sciences phy- x. Ratine, Athalie, acte I, scène X. P R É F A C E X I siques devaient naturellement renforcer — bien à tort certainement — cette tendance à l'incrédulité. D'abord surpris et comme désorientés, les esprits cédèrent bien vite à l'ivresse de l'orgueil, au point de regarder comme la caractéristique d'un esprit fort, d'un esprit qui se possède, le fait de rejeter catégoriquement tout ce qui est d'ordre spirituel et surnaturel. Et c'est précisément cette négation de la réalité objective des faits surnaturels qui est à la base de tout ce système moderniste qui a fait tant de bruit dans ces dernières années, et dont les échos sont loin d'être étouffés. Pour Alfred Loisy, l'un des principaux tenants de ce système, l'insti- tution de l'Église n'est pas un fait d'ordre historique. Ce que l'historien perçoit directement, c'est la foi en cette institution, la foi au Christ qui a fondé l'Église i. Étrange contradiction ! Tandis qu'on reniait tout ce qui échappe aux sens, on devenait le jouet de pratiques vaines et superstitieuses. Au moment même où l'on excluait toute action de Dieu dans le monde, on se soumettait, comme de vils escla- ves, à l'influence des esprits d'outre-tombe et ce commerce devenait l'occupation la plus importante et le divertissement quotidien. C'est alors que l'Église fut remplacée par les temples de la déesse raison et les assemblées religieuses par des rendez- vous spirites. A la sainteté des rites chrétiens suc- cédèrent les orgies des bacchantes, aux sacrifices offerts au vrai Dieu, le culte de Lucifer. L'on détrui- sit, sans édifier. i« Autour d'un petit livre, p. 169-173, X I I L E M I R A C L E A l'heure actuelle un réveil se fait sentir. Les esprits les moins souillés par le vice se fatiguent de rester suspendus au-dessus de l'abîme de la négation. Déçus dans leur attente, affamés d'une nourriture plus solide que celle des formules mathématiques, de la vapeur des machines ou des distillations spiri- tueuses, ils cherchent de nouveau l'aliment qui seul peut les rassasier. Ils ont faim de la vérité et de la vérité révélée. Cependant, la voie qui mène à la révélation ne peut être la révélation elle-même. Une même chose ne peut être à la fois moyen et terme d'action. C'est un cercle vicieux — et qui ne s'en aperçoit pas ? — que de vouloir prouver l'existence d'une révélation, en s'appuyant exclusivement sur cet argument : « Dieu l'a dit ». Quelle est donc la voie qui conduit à la révélation ? Cette voie nous la trouvons précisément dans la connaissance des miracles, c'est-à-dire dans ces signes extraordinaires que les sens humains peuvent percevoir et que Dieu a coutume de susciter en faveur de la vérité révélée. Ce n'est sans doute pas la voie unique, mais c'est une des voies principales. C'est pour cela que les miracles constituent un si puissant motif de crédibilité en faveur de la révé- lation. Je vois avec mes yeux de chair, et leur témoignage ne me trompe pas, je vois une œuvre vraiment merveilleuse, une œuvre qui dépasse toutes les forces de la nature créée, une œuvre qui exige une intervention divine, et cette œuvre est pro- duite précisément en faveur de la révélation. La raison veut donc que mon intelligence se soumette P R É F A C E XIII aux vérités proposées par Dieu à ma croyance. ... « L'antique et récente parole D'où ton intelligence à conclure s'envole, Pourquoi donc la tiens-tu pour un divin dis- cours ? » Moi : — « Des miracles saints la confirment toujours, Œuvres qu'en vain Nature à faire se consume En échauffant son fer et frappant son enclume ». x Ainsi s'exprime Dante Alighieri, qui d'ailleurs ne fait que mettre en vers l'observation profonde du Docteur Angélique. « Il est naturel que l'homme acquière la vérité intelligible par le moyen des effets sensibles. C'est pourquoi, de même qu'en suivant les données de la raison naturelle il vient à acquérir quelque connaissance de Dieu par le moyen des effets naturels, de même aussi il arrive à acquérir quelque connaissance surnaturelle des choses qu'il faut croire par le moyen de quelques effets surna- turels, appelés miracles 2 ». Le miracle est donc, de par sa nature, destiné à rendre témoignage à la vérité révélée. Les inter- ruptions et les dérogations qui se produisent dans l'ordre physique servent à démontrer l'existence d'un ordre surnaturel et divin. Les œuvres merveil- leuses s'accomplissant journellement autour de nous sont comme ces poteaux indicateurs placés aux croisements des routes : ils montrent le chemin qui mène à la vérité révélée. 1. Dante, Paradis, ch. XXIV, vers 97 et suiv. Trad. de Margerie. 2. 2-2, Quaest. CLXXVIII, art. 1. X I V L E M I R A C L E C'est donc préparer la voie à la révélation, que de mettre en lumière la notion du miracle, en définir l'essence, en préciser les conditions, déterminer les critères qui nous aident à le reconnaître et surtout mettre en valeur les relations qu'il a avec l'ordre surnaturel. C'est précisément dans ce but que nous avons entrepris la présente étude. Cette étude se recommande par elle-même. Elle est faite pour ceux qui, étudiant les secrets de la nature, rencontrent infailliblement des faits qui sont en contradiction évidente avec les lois habituelles du cosmos. Nous uploads/Religion/ le-miracle-000000955.pdf
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- Publié le Aoû 17, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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