Sur les pas de Saint Paul, Saint François de Sales, 2019, Françoise de Lauzon.

Sur les pas de Saint Paul, Saint François de Sales, 2019, Françoise de Lauzon. 8- la RESURRECTION 1 et 2 Corinthiens Durant ces rencontres, nous avons passé beaucoup de temps à parler du langage de la Croix chez Paul. La Croix de Jésus, comme moment central de notre foi. D’abord, c’est ce moment de la mort de Jésus, un jour de l’an 30, qui marque un nouveau big bang dans l’histoire des hommes : c’est de là que part le salut définitif pour l’humanité. Tout est donné là. Mais ce don, il faut le recevoir, c’est-à-dire tirer les conséquences de ce don dans la vie de l’Eglise et dans la vie de chaque baptisé. Cela demande une conversion du cœur à chaque instant de notre vie. Mais dans quel but ? C’est là que Paul nous rappelle que la Résurrection est l’autre face du même centre de la vie chrétienne : la mort ET la résurrection sont inséparables, tant pour le Christ que pour nous. Nous nous appuierons sur 1 Co 15. Ce qui concerne JESUS : le kérygme 15, 1-Je vous rappelle, frères, l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés, 2-et par lequel vous serez sauvés si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. 3-Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. 4-Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. 5-Il est apparu à Céphas, puis aux Douze. 6-Ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois ; la plupart sont encore vivants et quelques-uns sont morts. 7-Ensuite, il est apparu à Jacques, 1 Sur les pas de Saint Paul, Saint François de Sales, 2019, Françoise de Lauzon. puis à tous les apôtres. 8-En tout dernier lieu, il m’est aussi apparu, à moi l’avorton. 9-Car je suis le plus petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d’être appelé apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu. 10-Mais ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous : non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. 11-Bref, que ce soit moi, que ce soit eux, voilà ce que nous proclamons et voilà ce que vous avez cru. Paul va partir d’un point théologique fondamental : la Résurrection du Christ. C’est ce que les Corinthiens ont du mal à accueillir ! Cette foi en la Résurrection est bien différente des expériences charismatiques dont ils sont si friands. La foi en la Résurrection est le noyau dur de la foi chrétienne. Puisque le Père a ressuscité Jésus, cela veut dire qu’il trouve bien et bon tout ce que Jésus a fait et dit avant sa mort. Paul dit : « je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu » : ce sont les verbes techniques de la transmission rabbinique (recevoir – transmettre) déjà rencontrés en 11, 23 : « Voici ce que moi j’ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis… » Le kérygme est une formule ramassée, base de notre foi, et sur laquelle tous les chrétiens sont d’accord. Ici le kérygme est constitué de quatre courtes phrases, comprenant quatre verbes, et qui concernent le Christ. « Selon les Ecritures » ponctue la mort et la Résurrection. En arrière-plan, nous avons le très beau texte du Serviteur d’Isaïe, Is 52, 13- 53, 12. - « Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures » pourrait faire référence à ce texte d’Isaïe : « Avec les pécheurs il s’est laissé recenser, puisqu’il a porté, lui, les fautes des foules et que, pour les pécheurs, il vient s’interposer » (Is 53, 12) ou « Dans ses plaies se trouvait notre 2 Sur les pas de Saint Paul, Saint François de Sales, 2019, Françoise de Lauzon. guérison » (Is 53, 5). Celui qui était annoncé par Isaïe et qui enlèverait les péchés, c’est Jésus. Le Serviteur d’Isaïe, ce sera Jésus. - « Il a été enseveli ». La sépulture fait aussi penser à celle du Serviteur : « On a mis chez les méchants son sépulcre, chez les riches son tombeau… » (Is 53, 9). On a vu l’importance de la mise au tombeau. Jésus n’a pas fait semblant, il est vraiment mort, il a même été mis au tombeau ! - De même « Il est ressuscité » peut faire référence à « il verra une descendance, il sera comblé de jours » (Is 53, 11). Le troisième jour peut aussi être un accomplissement d’Os 6, 2 : « Au bout de deux jours, il nous aura rendu la vie, au troisième jour, il nous aura relevé et nous vivrons en sa présence ». o « A été ressuscité », un passif, signifie que c’est le Père qui agit dans la Résurrection du Fils. La forme kérygmatique de cette confession de foi met en valeur le lien intrinsèque entre les deux faces du mystère : mort pour sauver l’homme du péché ET Résurrection. - Puis « Il est apparu » Le kérygme tel qu’énoncé par Paul est tout à fait compatible avec ce que nous disent les quatre Evangiles. Parmi les témoins, certains sont déjà morts mais la plupart sont encore vivants au début des années 50. Paul écrit à un moment de transition de l’histoire de la foi : juste après la Résurrection du Christ, les croyants pensaient qu’ils allaient eux aussi ressusciter, sans passer par la mort. Puis certains chrétiens, estimés pour leur foi, sont morts. Cela a modifié leur perception : nous sommes dans un temps intermédiaire où seul le Christ est 3 Sur les pas de Saint Paul, Saint François de Sales, 2019, Françoise de Lauzon. mort puis ressuscité, le premier d’une longue série… dont la suite tarde encore ! C’est ce point-là qui fait difficulté pour les Corinthiens. Le paysage de ce qui est cru à propos de la résurrection : La philosophie grecque ne parle pas d’une seule voix sur ce sujet. - Platon croit en une âme immortelle. Mais sa pensée méprise le corps. Donc la résurrection des corps n’a pas d’intérêt. - L’épicurisme ne l’envisage pas non plus. Epicure dans sa lettre à Ménécée : « Ainsi celui de tous les mots qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants, ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. » - Pline l’Ancien (naturaliste romain du 1er siècle, influencé par Sénèque, stoïcien de la même époque) ne croit pas à une vie après la mort. Il écrit : « Nous nous trouvons, tous, après le dernier jour, dans le même état que le premier (…). C’est en effet la (…) vanité qui nous porte (…) à perpétuer notre souvenir et à nous octroyer gratuitement la vie au-delà de la mort : tantôt on admet l’immortalité de l’âme, tantôt la métempsychose (…). Mais qu’est-ce que la substance de l’âme réduite à elle-même ? (…) Et puis quelle serait sa demeure, quel serait, depuis tant de siècles, le nombre de ces âmes et de ces ombres ? Ce sont là des chimères puériles, des rêves de l’humanité avide de ne finir jamais. 1» Dans l’Ancien Testament, les prémices de la foi en la Résurrection existent. 1 Traduction de Robert Schilling, Paris, Les Belles Lettres, 1977, cité dans Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de Camille Focant et Daniel Marguerat. 4 Sur les pas de Saint Paul, Saint François de Sales, 2019, Françoise de Lauzon. - Par exemple en 1 Sm 2, 6 : « Le Seigneur fait mourir et vivre, descendre aux enfers et remonter ». C’est une invitation à croire que Dieu peut vaincre la mort ! - Dans le judaïsme du 1er siècle, certains croyaient en la Résurrection, comme les Pharisiens. D’autres n’y croyaient pas, comme les Sadducéens: « Les Sadducéens soutiennent en effet qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, tandis que les Pharisiens en professent la réalité » (Ac 23, 8). Les Pharisiens croyaient en une résurrection générale des justes à la fin des temps. En affirmant la résurrection du Christ, Paul affirme que la fin des temps est advenue… Revenons au kérygme. C’est le Christ en gloire qui leur est apparu. Certains l’ont vu mort, puis enseveli et ensuite l’ont vu vivant, en gloire : ils peuvent en témoigner. - Pierre comme premier bénéficiaire des apparitions post pascales. C’est une tradition ancienne puisque la rédaction des lettres de Paul à Corinthe peut remonter à 53. Lc 24, 34, qui lui est postérieur, ne dit pas autre uploads/Religion/ la-resurrection.pdf

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  • Publié le Fev 13, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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