LA PARABOLE DU SEMEUR POURQUOI JESUS DIT-IL : « Vous ne saisissez pas cette par
LA PARABOLE DU SEMEUR POURQUOI JESUS DIT-IL : « Vous ne saisissez pas cette parabole ? Comment donc comprendrez-vous toutes les paraboles ? » 1 A Nivo, A Tsiry et Dermott et à leurs épouses Noémie et Christelle Pour Marine et Natasha 2 Introduction : Le Royaume de Dieu L’Evangile de Marc est chronologiquement le premier des Evangiles. La parabole du semeur est sa première parabole. Elle inaugure l’enseignement de Jésus au chapitre 4. Jusqu’à présent, Jésus a manifesté le « Royaume de Dieu » / « Royauté de Dieu » à travers des actes d’exorcismes et de guérisons. La notion de Royaume de Dieu est large. Les énoncés qui le décrivent sont divers. Il est bon d’en donner ici une vue générale. Le Royaume de Dieu Tout d’abord le Royaume de Dieu dont Jésus parle est quelque chose de vivant. Il est mobile (Mc 1.15), il vient jusqu’à nous (Lc 11.20), il se proclame (Mc 1.15). Ensuite sa nature est particulièrement active. Il rayonne (Mt 13.44), il attire (Lc 16.16). Il grandit (Mc 4.26) et fait grandir (Mt 13.33). Il vient avec puissance (Lc 11.20) et il guérit (Lc 9.11). En même temps, son offre présente un caractère très relationnel. Il appelle, il embauche (Mt 20.1), il invite à la fête (Mt 22.2). Il confère une autorité (Mt 16.19). Il se donne (Lc 12.32) et se reçoit, se laisse prendre (Lc 16.16) mais se reprend aussi (Mt 21.43). Il délimite ainsi un dedans et un dehors (Mc 4.11) ; de dedans il se saisit comme une évidence, de dehors il paraît totalement abscons. Il possède encore des conditions d’entrée précises. Le candidat à l’admission doit le considérer comme prioritaire (Mt 6.33), absolu (Mt 5.20) et dépasser dans sa quête le point de non-retour (Lc 9.62). Autrement dit, il doit se donner entièrement. Pour cela, il doit se convertir (Mc 1.15), croire (Mc 1.15), se repentir (Mc 9.47). Il doit faire preuve d’humilité (Mc 10.14), de fidélité (Mt 5.10), d’obéissance (Mt 7.21). Il doit se départir de tout attachement aux richesses (Mc 10.23). Il doit envisager le sacrifice (Mt 19.12) et rester 3 ultimement conscient que satisfaire à toutes ces conditions est une œuvre de la grâce de Dieu (Mc 10.27). Enfin, l’identité du Royaume est éternelle. Le Royaume est transcendant (Mt 20.21). C’est un héritage céleste (Mt 25.34) et une promesse de communion avec le Père (Lc 22.30). A ce titre il est une béatitude : Heureux celui qui mangera dans le Royaume de Dieu (Lc 14,15). Au final, il apparaît que la définition du Royaume que Jésus décrit ou allude inclut le don, le Donateur et celui qui le reçoit. Le Royaume est avant tout un don gracieux de Dieu. Il est la manifestation puissante d’un Dieu qui se donne et veut faire prévaloir sa suprématie sur la terre comme au ciel : Que ton règne arrive, dit Jésus. Le Royaume de Dieu est l’expression au sein du vide apparent du monde, d’une Présence paternelle qui ne demande qu’à nous investir pour nous faire régner avec elle. Il est le don d’une autorité nouvelle. Il est in fine le territoire que s’approprie l’Esprit Saint. L’Esprit Saint réveille par sa puissance, son énergie, et son amour ce qui est inerte, virtuel ou potentiel. Il suscite la foi chez l’incrédule, l’espérance chez le désespéré, le souci des autres chez le narcissique. Il guérit ce qui est malade, prémunit ce qui est faible, ressuscite ce qui est nécrosé, rapproche ce qui est éloigné. L’Esprit Saint associe, relie, accorde et finalement unit. Il suscite une interaction qui fait vivre, lever (Mt 13.33), croître. Le partenariat qu’il crée entre le donateur, le don et celui qui le reçoit intrique les protagonistes entre eux. Cette intrication lie désormais les partenaires de telle façon qu’ils ne cesseront d’interagir et que le sort de l’un affectera le sort de l’autre. La suite de l’histoire de Jésus et notamment sa résurrection atteste que même la mort ne saurait interrompre cette communion. L’apôtre Paul l’a formulée en ces termes : « ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8.38-39). Dans les mots de Jésus : Je vous le dis en vérité, il n'est personne qui, ayant (tout) quitté, à cause de moi et à 4 cause de la bonne nouvelle…ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci…et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mc 10.29-30). Le Royaume de Dieu est l’investissement par excellence. « Amassez-vous des trésors dans le ciel » dit Jésus (Matt 6.20). L’hostilité au Royaume : une nouvelle définition Après avoir prêché, Jésus a essuyé une critique radicale qui attribue sa puissance de délivrance et de guérison à Satan. On ne peut imaginer plus grande et plus offensante mécompréhension de son ministère. Jésus dit au sujet de cette offense qu’elle est un blasphème impardonnable contre le Saint Esprit dont la puissance est à l’œuvre. Le Salut ne peut atteindre une personne qui attribue au diable ce que Dieu est en train d’accomplir ! Le paradoxe n’aura pas échappé au lecteur de Marc. Il réside dans le fait que l’esprit impur, dont Jésus avait affranchi un homme possédé dans une délivrance inaugurale au chapitre 1, avait lui-même affirmé que Jésus était venu pour perdre les esprits mauvais : « Pourquoi te mêles-tu de nos affaires Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour notre perte ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu » (1.24). A sa manière, l’esprit impur pose la première « confession de foi » relative à Jésus : il est venu détruire les œuvres de Satan. Les deux pôles du combat de Jésus La « confession de foi » de l’esprit impur nous offre une interprétation complémentaire de ce qu’est le Royaume de Dieu. Jésus vient redonner Dieu aux êtres humains et redonner les êtres humains à Dieu. En ce sens il est médiateur entre le Père et ses enfants ; il vient réunir ce qui a été séparé. Pour ce faire, il manifeste une puissance, la puissance de l’Esprit de Dieu, capable de détruire les obstacles qui se dressent sur la route de cette communion, capable d’arracher des mains du diable ce qui ne lui appartient pas et de déloger ce dernier de l’espace qu’il a occupé tel un squatteur. Jésus est animé par un pathos de conquête ou de reconquête. Il vient reconquérir ce qui appartient à Dieu et réclamer ce qui Lui est dû. C’est le premier pôle de son action, le plus fondamental. 5 Ce pathos de la conquête, par la revendication qu’il exprime, explique que certains, dont Judas, ont cru voir en Jésus celui qui combattrait (ou celui qui amènerait Dieu à combattre) l’occupation romaine et en contesterait la souveraineté. Mais son projet est autre comme en témoigne le récit de guérison du démoniaque de Gerasa ( Mc 5.1-20), dans lequel la personne malade s’avère être possédée par une « légion » : Car Jésus lui disait : « Sors de cet homme, esprit impur ! » Il lui demandait : « Quel est ton nom ? » «Mon nom, lui répond-il, c'est Légion, car nous sommes beaucoup.» (Mc 5.8-9). Si Jésus s’attaque à des « légions », ce sont avant tout à celles qui sont en nous. Le parallèle avec l’occupation romaine1 est surtout présent pour permettre une allégorie et souligner un paradoxe : le véritable ennemi, l’occupant impur, celui qu’il convient d’expulser et de renvoyer chez lui, est un ennemi spirituel. Ce pathos de la conquête explique également l’inquiétude des autorités juives de Jérusalem (les Saducéens) à l’égard de Jésus, le motif de son accusation, sa comparution devant le préfet de Judée Ponce Pilate, son humiliation et sa mort sur la croix sur laquelle fut inscrite l’inscription : Jésus le Nazaréen, roi des Juifs (Jn 19.19). Le pathos de la conquête est un Oui adressé à l’être humain et un Non adressé aux forces et aux pouvoirs qui l’aliènent. Dans la prédication et les actions de Jésus par conséquent, à l’image de la vocation de Jérémie, il n’y pas d’affirmation sans contestation, pas de construction sans destruction, pas de réhabilitation sans déchéance, pas d’admission sans exclusion, pas de oui sans le non : « Voici, je mets dans ta bouche mes paroles ! Vois : aujourd’hui, je te donne autorité sur les nations et les royaumes, pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter. » (Jer 1.10). Le royaume du Malin et de ses avatars doit être démantelé. Satan est l’adversaire qui se dresse entre Dieu et les humains. Jésus est venu pour le vaincre et nous apprendre à le vaincre à notre tour. C’est le second pôle de son ministère qui n’est autre que le verso du premier. Comme l’écrit le bibliste allemand uploads/Religion/ la-parabole-du-semeur.pdf
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- Publié le Sep 22, 2022
- Catégorie Religion
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