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HAL Id: hal-01596548 https://hal.science/hal-01596548 Submitted on 27 Jan 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité Guillaume Bady To cite this version: Guillaume Bady. Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité. Grégoire de Nazianze, le passeur de mondes, Pascal-Grégoire Delage, Mar 2017, Saintes, France. pp.1-12. ￿hal- 01596548￿ Guillaume BADY, « Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité », dans P.-G. DELAGE (éd.), Grégoire de Nazianze, le passeur de mondes…, CaritasPatrum, 2017, p. 1-12 [Guillaume BADY, « Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité », dans P.-G. DELAGE (éd.), Grégoire de Nazianze, le passeur de mondes, Actes de la neuvième Petite Journée de patristique (18 mars 2017, Saintes), CaritasPatrum, [Royan], 2017, p. 1-12. hal-01596548. En vert : les corrections.] [p. 1] Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité Une icône grecque Est-il rien de plus aimable ou plus cher que de voir et d’écouter Grégoire et les œuvres de Grégoire ? Est-il personne dont il soit plus doux de découvrir les discours et la pensée, sinon de cet homme à l’esprit éveillé (telle est bien l’appellation la plus appropriée) ? Est-il personne qui, mieux que lui, soit un abîme de sagesse et un sommet de théologie, et ait cette beauté et cette grandeur en même temps dans l’expression ? Et que de souplesse dans l’art, la doctrine et le charme1 ! Au milieu du Xe siècle, Basile le Minime, grand commentateur des Discours de Grégoire de Nazianze, joint ainsi sa voix à un chœur Je remercie vivement le P. Pascal-Grégoire Delage de m’avoir invité à participer à cette journée consacrée au Nazianzène et à proposer plusieurs contributions à ce volume. Je remercie non moins chaleureusement Annie Wellens et toute l’équipe de CaritasPatrum pour leur accueil et l’organisation de cette belle rencontre. 1 BASILE LE MINIME, In Gregorii Nazianzeni orationem XXXVIII commentarii, éd. et trad. fr. Th. S. SCHMIDT, Corpus Christianorum, Series Graeca 46, Corpus Nazianzenum 13, Turnhout 2001, p. 5-7 (traduction légèrement retouchée). Guillaume BADY, « Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité », dans P.-G. DELAGE (éd.), Grégoire de Nazianze, le passeur de mondes…, CaritasPatrum, 2017, p. 1-12 ininterrompu d’autres lettrés qui, à Byzance2, [p. 2] chantent ses louanges, comme s’il était toujours vivant pour se laisser « voir » et « écouter ». Basile ne souligne-t-il pas l’étymologie du nom de « Grégoire » en grec, « l’Éveillé », le « Ressuscité », que les chrétiens donnaient volontiers en référence au Christ ? Il met en lumière aussi les deux aspects majeurs, théologique et littéraire, qui confèrent au Nazianzène une place de choix parmi les Pères de l’Église. Théologique, car depuis le concile de Chalcédoine en 451, Grégoire est surnommé « le Théologien », titre que lui ont valu notamment ses cinq Discours théologiques (nos 27-313) et qui jusque-là était l’apanage du seul apôtre Jean. Déjà lors du concile d’Éphèse en 431, un proche de Cyrille d’Alexandrie invoquait parmi d’autres Pères un passage « de Grégoire le Grand, très saint évêque de Nazianze4 », lui attribuant ce qualificatif bien avant que les Latins appellent l’un des papes « Grégoire le Grand ». Sa réputation de garantie absolue d’orthodoxie est attestée jusqu’en Occident, dès Rufin et Augustin au début du 5e siècle. Il a, de fait, apporté très tôt des enseignements dogmatiques qui, anticipant parfois de plusieurs siècles certains problèmes ou débats, l’ont fait citer régulièrement comme autorité lors des conciles5. Dès lors il est purement et simplement devenu pour les Grecs « le 2 Pour un exemple de compositions à la gloire de Grégoire, lire V. SOMERS « Quelques poèmes en l’honneur de S. Grégoire de Nazianze : édition critique, traduction et commentaire », Byzantion 69 (1999), p. 528-564. 3 Une brève présentation des œuvres du Nazianzène est proposée dans l’article suivant. 4 Pierre, prêtre d’Alexandrie, dans E. SCHWARTZ, Acta Conciliorum Oecumenicorum I, 1, 2, Berlin – Leipzig 1927, Collection vaticane, doc. 54, p. 39-45, trad. A.J. FESTUGIERE, Éphèse et Chalcédoine. Actes des conciles, Paris 1982, p. 234 (est cité un extrait de la Lettre 101). 5 Voir A. SINIAKOV, Le recours à l’autorité de Grégoire de Nazianze dans les controverses théologiques, de Léon de Rome à Maxime le Confesseur, thèse de l’E.P.H.E, Paris 2010. Guillaume BADY, « Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité », dans P.-G. DELAGE (éd.), Grégoire de Nazianze, le passeur de mondes…, CaritasPatrum, 2017, p. 1-12 [p. 3] Théologien », ou « l’éponyme de la théologie6 ». Un dicton résumait ainsi sa place au sommet de la pensée grecque : « Socrate pratique la philosophie, Grégoire fait de la théologie, Platon se promène7. » Littéraire aussi, parmi les Grecs – mais pas seulement –, est l’importance de Grégoire. Son œuvre se veut le plus complète possible par la diversité des genres. Piqué au vif, en 362, par l’édit de l’empereur Julien interdisant aux chrétiens d’enseigner les classiques, le Cappadocien a manifestement voulu donner à la littérature grecque profane une émule chrétienne, au point de devenir en quelque sorte le Démosthène8 et l’Homère des chrétiens. Auteur de plus de 20 000 vers, il a laissé 246 Lettres et 45 Discours. Ces derniers, traduits dans de nombreuses langues, constituent – autre dicton, moderne celui-là – , l’œuvre grecque la plus citée, et la plus copiée, après la Bible9. Quel titre de gloire manque donc à cet homme extraordinaire à plus d’un égard ? Comment oublier celui-ci : avec Basile de Césarée et Jean Chrysostome, avec lesquels il représente l’un des Pères de la liturgie 6 GREGOIRE LE PRETRE, Vita Sancti Gregorii Theologi, éd. et trad. fr. X. LEQUEUX, Corpus Christianorum, Series Graeca 44, Corpus Nazianzenum 11, Turnhout 2001, p. 121. 7 JEAN DOXAPATRES (au début du 11e siècle), Ῥητορικαὶ ὁµιλίαι εἰς τὰ τοῦ Ἀφϑονίου προγυµνάσµατα, dans Ch. WALZ, Rhetores Graeci, II, Stuttgart - Tubingen - Londres - Paris 1835, p. 291, l. 7-8. 8 Voir mon article, « Le ‘Démosthène chrétien’ : Grégoire le Théologien dans les Rhetores Graeci », dans V. SOMERS – P. YANNOPOULOS (éd.), Philokappadox. In memoriam Justin Mossay, Orientalia Lovaniensia Analecta 251, Bibliothèque de Byzantion 14, Louvain – Paris - Bristol 2016, p. 285-306. 9 La formule, avec diverses variantes, se répète à l’envi depuis J. NORET, « Grégoire de Nazianze, l’auteur le plus cité, après la Bible, dans la littérature ecclésiastique byzantine », dans J. MOSSAY (éd.), II. Symposium Nazianzenum. Louvain-la-Neuve, 25-28 août 1981, Paderborn 1983, p. 259-266. Guillaume BADY, « Grégoire de Nazianze : un premier regard sur sa vie et sa postérité », dans P.-G. DELAGE (éd.), Grégoire de Nazianze, le passeur de mondes…, CaritasPatrum, 2017, p. 1-12 grecque, il est représenté dans [p. 4] l’iconographie et fêté dans l’orthodoxie comme l’un des Trois saints « hiérarques ». Du côté catholique, après le concile de Trente, le pape Pie V le déclare « Docteur de l’Église10 » avec Athanase, Basile, Chrysostome, autant pour faire pendant aux quatre Docteurs latins (Ambroise, Jérôme, Augustin et Grégoire le Grand) que pour élargir la base des autorités revendiquées face à la Réforme. Étant donnée l’importance que, malgré l’absence de développements hagiographiques11, la tradition accorde à Grégoire, il est tentant d’en donner un portrait hiératique. Or lui-même ne ressemble guère à une image pieuse. Par exemple, c’est lui qui parle des « saints Pères » du concile œcuménique de Constantinople en 381, que lui-même a présidé un temps, comme d’un « immense ramassis de trafiquants du Christ12 » : tel n’est pourtant pas le tableau qu’en retient la tradition ! C’est lui, encore, qui dépeint la sainte Église comme un « monstre » ou « une bête polymorphe13 ». Notre « Père de l’Église » serait-il donc anticlérical ? Certes non : si l’on fait abstraction de la 10 À la différence du titre de « Père de l’église », celui de « Docteur » sanctionnant particulièrement l’exemplarité du récipiendaire et de son enseignement n’est pas lié à l’appartenance aux premiers siècles du christianisme. 11 « Admiré comme il l’était pour la beauté de son style, Grégoire de Nazianze a sans doute été le seul saint byzantin a avoir reçu une vénération qui ne soit pas à mettre au compte de l’hagiographie » : S. EFTHYMIADIS, « Two Gregories and three genres : Autobiography, autohagiography and hagiography », dans J. BØRTNES – T. HÄGG, (éd.), Gregory of Nazianzus : Images and Reflections, uploads/Religion/ gbady-gre-goire-de-nazianze-un-premier-regard.pdf

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  • Publié le Dec 18, 2021
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