COMMENTAIRE POUR L’ORAL DU BAC : ANALYSE DE L’ACTE I SCENE 5 DU MALADE IMAGINAI

COMMENTAIRE POUR L’ORAL DU BAC : ANALYSE DE L’ACTE I SCENE 5 DU MALADE IMAGINAIRE, COMEDIE DE MOLIERE (1622-1673), JOUEE POUR LA PREMIERE FOIS EN 1673. Cette scène montre un affrontement entre un maître hypocondriaque, Argan, et sa suivante, Toinette, qui, comme Molière, est du côté de la jeunesse, c’est-à-dire d’Angélique. En effet, cette dernière vient d’apprendre que son père voulait la marier à Thomas Diafoirus, médecin et fils de médecin. Or, Angélique est amoureuse de Cléante, mais elle n’ose pas aller contre l’autorité de son père. Toinette est donc son porte-parole dans la scène. Ce que veut montrer Molière dans cette scène, c’est l’intelligence de ceux que la société considère comme subalternes, c’est-à-dire socialement inférieurs. Il veut aussi rendre ridicule l’abus d’autorité des adultes, des parents qui veulent imposer à leurs enfants leur volonté, leur vision du monde et leurs intérêts. I) LIGNES 1 A 25 : UNE SUIVANTE IMPERTINENTE QUI TIENT TETE A UN MAITRE HYPOCONDRIAQUE. Nous allons montrer comment Toinette remet en question Argan, avec une certaine vivacité et comment les rôles s’inversent : la suivante domine intellectuellement et verbalement son maître. On voit à plusieurs reprises Toinette montrer à l’égard de son maître son étonnement et sa désapprobation. Cela se traduit par l’usage répété d’interjections comme « Quoi ! » à la ligne 1, « mon dieu », à la ligne 5, et « eh bien » à la ligne 14. Toinette multiplie aussi les phrases interrogatives pour remettre en question le choix d’Argan. A la ligne 1, nous pouvons relever la question oratoire (elle est en fait une accusation) : « monsieur, vous auriez fait ce dessin burlesque ? ». A la ligne 6, Toinette remet en question l’énervement d’Argan : « Est-ce que nous ne pouvons pas raisonner ensemble ? ». Puis dans la même réplique : « quelle est votre raison, s’il vous plaît, pour un tel mariage ? » (lignes 7 et 8). Et enfin, la question au centre de la pièce à la ligne 16 : « est-ce que vous êtes malade ? » : manière de dire de la part de Toinette que cette maladie n’est que dans sa tête. Toinette utilise en outre des termes péjoratifs pour qualifier la conduite d’Argan : elle évoque un « dessein burlesque » à la ligne 1 (projet ridicule, extravagant) concernant le mariage avec le fils Diafoirus. Elle lui reproche son agressivité en évoquant les « invectives » d’Argan (ligne 5). Enfin, elle lui reproche implicitement d’être un malade imaginaire ! elle affirme à la ligne 20 : « oui, vous êtes fort malade, j’en demeure d’accord, et plus malade que vous ne le pensez ». Cependant, bien qu’elle le considère comme fou, elle veut faire appel à la raison d’Argan. Elle veut « raisonner » avec Argan (ligne 6), elle lui demande sa « raison » (ligne 7) pour ce mariage. Elle avance des arguments contre le projet de mariage d’Argan : tout d’abord, il est riche, et « avec tout le bien » qu’il a (ligne 2), il n’a pas besoin d’avoir un gendre médecin. Il peut s’en payer un. Son deuxième argument consiste à rappeler à Argan que sa fille « doit épouser un mari pour elle » (ligne 22). Et comme Angélique n’est pas malade, elle n’a pas besoin d’un « médecin » (ligne 23). Argan ne veut évidemment rien savoir. Son agressivité est grande à l’égard de Toinette. Il emploie des termes péjoratifs pour s’adresser à elle : « coquine, impudente » à la ligne 4. Il répète le terme de « coquine » et « d’ impudente » à la ligne 17 et 18. La répétition des mêmes termes montre qu’il n’a pas un vocabulaire très étendu ! Lui aussi remet en question le comportement de Toinette en utilisant des phrases interrogatives : « De quoi te mêles-tu ? » (ligne 4). Ou des phrases exclamatives : « Comment, coquine ! si je suis malade ! Si je suis malade, impudente ! » (lignes 17 et 18). Il cherche à justifier sa conduite, ce qui montre qu’il accorde un certain crédit à sa suivante. Sinon, il ne prendrait pas la peine de s’expliquer. Son argument dans cette première partie de la scène est qu’il est malade, et qu’il a besoin d’un gendre médecin. On le voit avec l’accumulation de termes appartenant au champ lexical de la maladie : « infirme et malade » (ligne 9), puis « ma maladie » (ligne 11), des « remèdes », des « consultations », des « ordonnances » (liges 12 et 13). Cette obsession pour la maladie s’accompagne d’un égocentrisme sans borne ! Argan ne cesse d’employer les pronoms personnels ou les possessifs de la première personne : « ma raison » (ligne 9), « me voyant », je veux me faire », « m’appuyer », « me sont nécessaires », « ma maladie », « ma famille ». On peut noter la répétition du pronom personnel « je » à la ligne 17 puis 24. Le comble de son égoïsme se traduit par la phrase : « c’est pour moi que je lui donne ce médecin » (ligne 24). Il est convaincu que sa fille doit se sacrifier pour son père : « une fille d’un bon naturel doit être ravie d’épouser ce qui est utile à la santé de son père » (ligne 25). On voit donc une suivante qui cherche à ramener à la raison son maître, sans succès… II LIGNE 26 A LA FIN : TOINETTE PORTE-PAROLE D’ANGELIQUE, QUI POUSSE ARGAN DANS SES RETRANCHEMENTS. Toinette dans cette partie de la scène va devenir plus catégorique. Elle va exprimer ce qu’Angélique n’arrive pas à dire à son père. Pour amadouer Argan, elle commence toutefois par des termes agréables : elle dit qu’elle veut lui parler « en amie », à la ligne 26. Derrière l’emploi de ce mot qu’elle utilise pour apaiser la situation, Toinette fait tout de même preuve d’insolence en se mettant sur un pied d’égalité avec son maître. Elle veut lui donner « un conseil » (ligne 27). Elle quitte ensuite cette apparente gentillesse pour faire des phrases courtes, nettes et tranchantes. Elle ordonne à Argan « de ne point songer à ce mariage- là ». La négation « ne point » est catégorique. Elle utilise ensuite le futur simple pour exprimer la résistance d’Angélique : « votre fille n’y consentira point ». Là aussi, le « ne point » cherche à persuader Argan qu’Angélique est déterminée. Elle prend la parole à la place d’Angélique, justement parce que celle-ci n’ose pas affronter son père, et manque de détermination ! A la ligne 33, l’adverbe de négation « non », tout simple, est clair et net : Toinette veut faire croire à Argan qu’il ne doit pas compter sur le mariage d’Angélique avec Diafoirus. Toinette affirme avec force qu’Angélique « vous dira qu’elle n’a que faire de monsieur Diafoirus, de son fils… et de tous les Diafoirus du monde ». Le paradoxe, ici, c’est que Toinette dit qu’Angélique va dire…. justement parce qu’Angélique n’a pas la force de le dire ! Argan, pour continuer de justifier son choix, va mettre en avant la fortune de Diafoirus : après le champ lexical de la maladie, c’est celui de l’argent qu’il utilise dans la réplique des lignes 37 à 41 : « « parti avantageux » (terme mélioratif), « monsieur Diafoirus n’a que ce fils-là pour tout héritier » (la négation restrictive montre l’importance de la fortune, puisque Thomas est le seul fils). Monsieur Purgon, qui, lui, n’a pas d’héritier, « donne tout son bien » à Thomas (ligne 40), c’est-à-dire « huit mille bonnes livres de rente ». Mais Toinette pulvérise cet argument en rappelant de façon très ironique l’origine de cette richesse : « il faut qu’il ait tué bien des gens pour s’être fait si riche » (ligne 42). Sa critique très violente des médecins, qui construisent leur fortune sur l’échec de leurs remèdes, est aussi une attaque contre Argan qui ne jure que par eux. On a vu dans cette scène la manière dont Toinette cherche à imposer son point de vue. Elle prend la parole à égalité avec son maître, et même si elle n’arrive pas à lui imposer son point de vue, elle parvient tout de même à énoncer sa position et ses critiques. Elle se fait le porte-parole d’Angélique qui n’ose pas s’opposer à son père, et elle est aussi le porte-parole de Molière qui dénonce la tyrannie des parents sur leurs enfants. uploads/Religion/ commentaire-i-5-mi.pdf

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  • Publié le Jan 03, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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