Restauration des rituels Claude Gagne Le Suprême Conseil de France est le gardi
Restauration des rituels Claude Gagne Le Suprême Conseil de France est le gardien du Rite Ecossais Ancien et Accepté pour la France. Gardien du Rite, gardien du Rituel, il vient de terminer en 1996 la restauration des rituels des Hauts-Grades. Les raisons en ont été exposées par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France dans son allocution à la Tenue des Hauts Grades du 20 juin 1991 (4), un an après la mise en vigueur des rituels de la Maçonnerie de Perfection du 4 e au 14 e degré. Dans le supplément au n° 32 de Ordo ab Chao, deux articles relatifs au 13e degré, Chevalier de Royal Arche (7)1 et au 15e degré, Chevalier d'Orient et de l'Epée (2) montraient pourquoi le Suprême Conseil de France avait rétabli l'authenticité initiale et logique du 13e degré ayant pour cadre le 1er Temple et du 15e degré basé sur le 2e Temple. A cette occasion, de nombreux rituels du Chevalier d'Orient avaient été rassemblés. Il a paru opportun d'enrichir cette collection et de s'appuyer sur elle pour développer des réflexions avec un double objectif : x Fournir au lecteur non spécialiste des exemples extraits de documents originaux permettant de mesurer la nécessité d'une réforme périodique des rituels avec une méthode rigoureuse. x Montrer que tout travail de recherche des sources rituéliques originelles est extrêmement fécond en termes de connaissance du Rite, de compréhension de la vie d'un Rite Initiatique et, finalement, en termes de Connaissance tout court. Le présent article commencera par une réflexion méthodologique avec un rappel de la structure des rituels, qui sont des outils vivants et qu'il est nécessaire de restaurer avec une méthode appropriée. On donnera ensuite des exemples montrant la continuité du corps symbolique principal et des variations selon diverses raisons ou modalités. I - REFLEXION METHODOLOGIQUE I 1 La structure des rituels. Les rituels actuels, modernes, ont pratiquement une structure unique/ x Décoration (ou disposition) du Temple et/ou du Tableau. C'est une description assortie ou non de dessins et d'explications. Des spécifications pour les initiations peuvent être mentionnées. 1 Les chiffres entre parenthèses renvoient à la bibliographie présentée en fin d'article. Les lettres correspondent à des rituels originaux, les chiffres romains à d'autres documents et ouvrages maçonniques, les chiffres arabes à des ouvrages ou articles. x Insignes (ou Décors). Il s'agit de la description des écharpes, cordons, tabliers, bijoux, armes de tous les participants, assortie souvent d'explications. x Titres (ou Appellations). Outre le nom de la Loge, on trouve là, essentiellement pour les Officiers, quels personnages sont représentés, la manière de les appeler, leur place dans la Loge. x Ouverture des Travaux (de la Loge). A partir de cet élément il s'agit de documents très comparables au texte d'une pièce de théâtre, avec les «répliques» et les indications de «mise en scène». x Réception (ou Initiation). x Obligation (ou Serment). x Discours historique (ou légendaire). Les récits historiques, plus souvent légendaires ou mythiques, font partie intégrante de l'enseignement traditionnel. x Instruction (ou catéchisme). C'est l'information donnée au nouvel initié (mots, signes, marche, batterie ..., en somme les arcanes) mais aussi les fameuses Demandes - Réponses, incontestablement d'ordre rituélique, qui sont pour partie incluses parfois dans la Cérémonie Rituelle et qui constituent l'essentiel du manuel remis au nouvel initié, assorties généralement de commentaires2. x Clôture des Travaux. x Divers. On trouve encore, selon les Degrés, des directives relatives aux Devoirs, aux Fêtes et Honneurs, à l'Administration de la Loge ou de l'Ordre, ainsi que des Instructions spécifiques (par exemple l' «Explication du nombre 81» au 15e degré). Selon les Rites et les degrés, des éléments peuvent être regroupés et l'ensemble est plus ou moins complet et copieux, mais il reste que les rituels modernes ont une structure unique et logique. Ceci est le fruit de l'influence de la pensée rationaliste dans les Ateliers à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle. A l'origine, la structure des degrés est hétérogène entre degrés et à l'intérieur même de chacun des degrés qui étaient pratiqués séparément ou selon des séquences variées. Les rituels étaient alors «... caractérisés par leur concision. L'ouverture et la clôture des travaux sont limités à quelques échanges empruntés à l'instruction symbolique du grade. ... l'essentiel est constitué par la communication de l'instruction symbolique» (4). Les degrés ont été ensuite intégrés dans un ensemble hiérarchisé et linéaire dans le Rite de Perfection (Manuscrit Francken, A3) puis dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté. Une structure unique s'est progressivement imposée, avec le développement de cérémonies très formalisées et un alourdissement du texte par des discours philosophiques et moraux. Il conviendra donc de distinguer fondamentalement le corpus symbolique originel du grade, contenu essentiel du degré, et l'aspect cérémoniel et scénographique qui n'est que le moyen de rendre le premier plus accessible. I 2 Le Rituel est un outil vivant. 2 On notera que la méthode d'enseignement par Demandes - Réponses à apprendre par cœur est très répandue : catéchismes religieux, instruction militaire, ... Dans tout Rite Initiatique Traditionnel, les Adeptes se réunissent pour pratiquer des cérémonies en recréant un lieu et un temps sacrés selon un rituel qu'elles animent ainsi à chaque fois : c'est le travail en Loge. De plus, c'est en travaillant sur le Rituel et ses symboles que chacun peut accéder au contenu initiatique. Il est «le support du cheminement vers la Connaissance» (5). C'est donc, au sens propre, un outil de travail. Il existe une différence de nature entre l'œuvre d'art et le travail. La première devient définitive à un certain moment. Le travail doit toujours être recommencé (1). On comprend bien qu'au cours du temps, un outil doit être affûté, révisé, adapté à l'évolution des techniques. De même qu'une langue vivante, outil du langage, doit évoluer sous peine de devenir une langue morte, de même, le Rituel, support d'un organisme traversant les siècles, est justiciable d'adaptations lui permettant de rester compréhensible et praticable, de rester un outil vivant. Il est normal qu'au cours du temps des adaptations aient d– être effectuées en rapport avec l'évolution de la langue3 (orthographe, expression, sens des mots) ou pour des raisons pratiques (simplification de certains décors de Loge ...). Mais au- delà de ces adaptations «banales», des modifications ont pu apparaître au cours du processus historique de transmission. Pour les degrés transmis par communication, ainsi que pour les instructions symboliques tombées en désuétude, les rituels sont pratiquement restés inchangés. Pour les degrés pratiqués, on peut faire les constatations suivantes. Le corpus symbolique principal est relativement stable au cours du temps. Les décors et batteries des degrés écossais (au-dessus du 3e degré) ont été moins stables. Diverses modifications sont intervenues en liaison avec la conjoncture politique et culturelle, avec ce que J. Le Roc'h Morgère appelle plaisamment «l'air du temps» (3). Les idées du temps imprègnent les Frères et ont ainsi des conséquences sur les rituels. En France en particulier, dix régimes politiques, souvent extrémistes d'un bord ou de l'autre, se sont succédé en deux siècles et demi. Sur le plan philosophique, le positivisme, le rationalisme, le scientisme, le matérialisme ont occupé le devant de la scène. Sur le plan religieux, les mouvements d'opinion relatifs au cléricalisme ont atteint leur paroxysme autour de l'année 1900 avec une violence qu'on a du mal à imaginer aujourd'hui. Au cours des temps, les fleuves idéologiques ont pu emporter des pierres essentielles et déposer des alluvions malvenues. On relève ainsi une déchristianisation des rituels, une accentuation des aspects alchimistes, l'introduction de la Cabale, divers développements liés à la soi-disant initiation égyptienne (traité du docteur Vassal (I)). Des responsables maçonniques se sont crus autorisés à effectuer des corrections, des ajouts, des retraits qui ont eu pour conséquence «l'altération des rituels au détriment du sens et de la cohérence du Rite» (6). Dans certains cas, leur but n'était pas exempt de considérations troubles : démagogie, ambitions personnelles, luttes entre factions. Dans d'autres cas, leurs intentions étaient pures : ils voulaient graver dans la pierre, pour les générations futures de Maçons, leur conception personnelle du Rite. Quoi qu'il en soit, la Liberté s'oppose au caprice. «Si la mise en îuvre du matériel symbolique est, rappelons-le, de la seule initiative individuelle, parce qu'il est légitime que la méditation à partir des symboles conduise à une interprétation personnelle, cette démarche ne doit pas 3 Pour les extraits de Documents, on a, si nécessaire, rétabli une orthographe de Français moderne. Tous les extraits de documents sont imprimés en caractères italiques. être confondue avec la fonction des rituels qui est de transmettre un corpus symbolique sans l'interpréter. Les points de vue individuels ne doivent pas figurer dans les rituels» (4). Il devient nécessaire, à certains moments, d'effectuer un retour aux sources, de procéder à une restauration des rituels. I 3 La méthode de restauration. Il convient donc de restaurer ; mais alors se pose une première question : restaurer par rapport à quoi ? Comme il s'agit de retrouver la pureté originelle du Rite, la première tâche est de rassembler et d'examiner les uploads/Religion/ a-propos-de-la-restauration-des-rituels.pdf
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Licence et utilisation
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- Publié le Aoû 28, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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