D'UN GARDE DU ROI Pour fervir de fuite aux Mémoires far Ca^îiojiro. Si quis imp
D'UN GARDE DU ROI Pour fervir de fuite aux Mémoires far Ca^îiojiro. Si quis impatientia doloris, aut tædio vitæ , aut morbo, aut furore, aut pudore mori maluit , non animadvertantur in eum. Digefl Lib, 48, üt, 121. Et le Cod. Lib. 6 . tit. 50 De bonis eo- rum qui mortem fîbi conciverunt. D’UN GARDE DU ROI. ^E vais d^re mon mot ; inftruire le public de que j’ai dit, des queftions auxquelles j’ai répondu durant mon voyage. Un Mon fie ur parloir du Roi ; moi qui ai l’honneur d’approcher fon au- gufte Perfonne, & de faire fentinelle la moitié d’un guet , je fais bien où le Roi va , d’où le vient. Je répondis à ce Monfieur ; la vérité fera bientôt dite. Le Roi va , tous les jours , embrafTer fes enfans , & tous les foirs, il eft dans fa famille: jugez de cœur par les deux traits , & n’en parlons plus. mit l'augufte Empereur fur le tapis ; car on a une démangeaifon de parler des Têtes couronnées , une démangeaifon fingulière / Eh bien , Monfieur voici la vie de l’Empereur: ilfortle matin ,& aime alTez à tirer des coups defufil;il rentre, va fe faire débotter, écoute fes valets-de- chambre jdef- cends chez fes fecrétaires , donne audience , ré^^- Lettre. a C 4 ) pcmd' ou îenvoie fôn monde s'ü n’eft pas de bonne humeur , & va pafler la fpirée tantôt chez le.^ p:rands, tantôt chez les petits, comme un bon Père, 'comme François L fâifoit. Mon Monfieur fut content , bâilla , & garda un moment le filence;& puis le voilà encore: mais Monfieur de Vf- rgeiines? Ah / lebon Miniftre!— “V^ous avez raifon ;& jepuis vous aflurerque , dans toutes Ips parties de la France de maconnoiflance^ lesyeuK des François font tournés fur lui-, comme dans un grand voyage , les regards des paflagers & des matelots fe tournent vers la grande ancre du. vaifleau; A pjDpos, Monfîeuirle Garde , eh / voilà bien du monde à la Baftiile / Eh / oui. — Qu’en penfez- vousr Que, dons nos régimens, nous mettons en prifon nos foldats , à Paris , on met à la Baftiile; cela revient au même : d’une ou d’autre part, je ne vois làque lemêmeargument;.c’eft-à dire,un argument hdmïmm. C’eft, fi vous voulez, une autre comparaifon, une efpèce de cave, où on bouche, avec du fer , une liqueur trop fer- mentante, car ceux qu!on y met, font de ces ef- prits qui fermentent & qui font dangereux, Mais- je fond de cette Baftiile ne vous révolte-t-ilpas.— Ma foi . je ii’en connois pas le fond; quant à la forme, tTe annonce le féjour de la force, & je- puis vous affurer que la Baftiile fera toujours fuir C5) pied. Eft*il poflîble ? — Oui , Monfîeuî*. Il des prifons au» ordres de tout le monde , a ordres du Parlement , aux ordres du Roi, aux ordres des premiers Commis. Baftille, Bicètre* Force tout cela entre dans les iociétés. Ce font des fîlieres d’où on ne fort que bien réduit bien allongé ^ bien décharné. — Vous croyez donc que c’eft un bien que la Baftille. — Oui; cepen- dant il y auroit quelque chofe à dire : Charles V ne l’avoit bâtie que pour y cacher fes tréfors. lie bon Henri IV n’y mit que fes tréfors'; D’autres Rois y ont niché des hommes: ce font toujours dès tréfors', comme vods voyez. Oui , tréfors perdus. — Oui fond perdm —M’aisfans produit.— tJnJmoment on en vaut mieux quand on én fort: on eftfidoux ! Moi, je voudrois que chaque jVTiniftre, qui expédie' fi lèftément des lettrés de cachet, eut pris, pendânt flx mois, Ta'ir dès ca- chots de la' Bàf^iUe avant de prendre l’air de Cour: il feroit pluîT humain. Mais en France , on ne fai^ pas encore donnerv une édueation^minift^rielte. Voilà cependant un moyen efficace, un moyen' de refaire les hommes. — Combien dè dépenfescès prifons coûtent. — Cêlaeft vrai ; un homme qiii^ y pâtit, coûte au Roi quinze cens livres par an,- au moins , & on a toutes les peines du monde d’obtenir cent écüs de penfion , après avoir fervi- vingt ans. — Trouvez-vous cela juftef -- Mo' ne prononce jamais. Dieu a fait les Rois; Lettre. A de ces Gouven ta croix , ou je mun entre I’h( métier eft infân . C <5 ) Rois font les aînés de la terre, & j’obéis à mes aînés ;je fens quand ils font mal; mais je ne pro- nonce jamais. Le Donjon deVincennes, la Tout de la Baftille, font de terribles condufteurs/ il n’y a foudre qui tienne contre , & nousfommeg tous placés au milieu de cet entre - deux. Vou- driez vous être Gouverneur de la Baftille F Non , fur mon Dieu Je me fouviendrai toujours de l’a- toftrophe d’un brave Officier des grenadiers à un meurs. Géolier, lui dit-il, quitte quitte la mienne : rien de com- c i nonneuT & le deshonneur ; & ton infâme. Laiffes ta place à un juif , à un Dominicain , à. un Queftionnaire; la üTes Tar- dent à des mercenaires; fois Officier, fois Gen- *^ilhomme ; gardes l’honneur- Catherine de Mé- djcis a voit fon coupe-jaiet ; ,mais rc’itoit un vau- îien. — J’aime à voir un .'militaire. parier, ainfi.— Morbleu/ je ne fuis qu’un, cadet de Gafçogne-., un Garde du. Roi , i’ambitionne. la hallebarde, & voilà tout. — Enfin , voilà bien du monde.à îa Baftille. Pélifîbn yfit^ jadis le Poëme d’Alci- médon. Voltaire la Henriade, Linguet y vécut en enragé. Qu’y fera le Cardinal f Le Cardinal de Rohan à la Baftille! qui l’eût dit. Biron, Lally, y ont bien été / C'eft un Cardinal de Lorraine qui a imaginé les lettres de cachet, & il eft jufte qu’un Cardinal fâche ce qui en eft. Si la leçon, fogvoit fervir à certains 'Miniftres qui inventent : / 1 CO Nequis antè p,pbaüoneainiurias£vaüatuiv C'7 ) âés moyens d’oppreffion ; sMls pouvdent voir - qu’un jour un de leurs petits-fils en fera la vifti- - me , ils feroient moins intrépides à armer le cour-- roux d’un boi Roi. Que penfez-vôus delà ma-- nière dont il a été arrêté-^ Vous mettez un Offi- cier aux arrêts, & vous faites mener un foldaten prifon : il y a de la différence — Moi , je ne pro- nonce jamais; mais il. eft vrai que les dignités élevées font toujours traitées avec diftinaionç n’étant pas jufte, dit la loi, qu’avant que leur crime foit prouvé , on commence par leur faire injure , en leur raviffant l’honneur & le rang que ces hauts emplois lui ont acquis dans le monde (i)î on a eu fans doute de bonnes raifons pour paffer outre. — Concevez - vous quelque - chofe à ce procès ; — Non , tout eft bifarre , les motifs, les moyens, les perfonnages: c’eftcun Dieu *, c’eft le fang des Valois , celui des Ducsdg Bretagne, & une Comédienne ; c'eft une machi- nation inour, & dans laquelle on fe perd. Ce font tous gens d’efprit , & tous les plus grand^t.^ fots de la terre, Je ne conçois point ' un Rohan aCsc quinze ’ cens mille livres de Bénéfices, conféquemment : à, l’abri des beforns, qui fe réduit aux expédiens ^ ^ C g ) & ce qu’on aj^pelle des affaîfes ! (>ar le coup de cdViier n’eft qu'une affaire. Ce collier n’eft pas en efïet de mince valeur ; feize cens mille livres 'ibnt lourds:!! faut àFdes marchands de parei là bijoux, dès sûretés plus que communes .* fit voilà un nom augufte , le premier nom , compromis. On trompe îè marchand , uii faux feing eft donné, l’œuvre dê la filoutrie s’accomplit, on a le collier ; vous Voyez par quels moyens. Que le Cardinal ait trempé dans ce complot, qu’il ait été trompé par des fubalternes qui lui en ont impofé , c’eft ce que ce que je ne fais pas. Mais moi, pauvre diable de Garde du Roi , je ne vais que là où je dois aller , je fais bien pourquoi je m’engage, je fais voir quand on m’en fait accroire ; fit puis un bijoux de feize cens mille livres / je n’aurois pas dormi que je ne l’euffe préfenté à la perfonne au- gufte pour laquelle je l’aurois acheté ; je l’auroîs rendu au marchand, fi on n’en avoit plus voulu* Moi, qui ne fuis point de l’Académie françoife, qui n’a pas le brevet d’efprit, voilà ce que j’au- rois fait tout bêtement. J’ai toujours vu que ce fbnt les bêtes qui fe coniuifent plus adroitement que lesg^s d’efprit ; fit quand la jolie Suzanne- dit à Figaro, que les gens d’efprit font bêtfes,. elle a bien raifon Suzanne : Mais on ne veut pas lé croire. Et vous verrez, Mon/îeur , que le Car* dînai, pour fe tirer uploads/Religion/ 1786-manuel-louis-pierre-1751-1793-lettre-d-x27-un-garde-du-roi-pour-servir-de-suite-aux-me-moires-sur-cagliostro.pdf
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- Publié le Sep 28, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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