Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions Présentation de l
Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions Présentation de l’éditeur : Mahomet caricaturé, tombes profanées, Marseillaise sifflée… De quoi la transgression est‐elle le nom ? Comment définir cette notion qui envahit l’actualité, mobilise la réflexion des philosophes, des sociologues, des juristes, bouscule nos systèmes de représentations et interroge en profondeur les conditions de notre existence collective ? Voici le premier ouvrage de fond sur un concept d’une richesse extraordinaire pour les sciences humaines. La transgression se réduit‐elle à la désobéissance, à la licence, au crime ? Que nous dit‐elle de la faute, du désir, du péché, de la règle, de l’ordre et de la raison ? Que révèle‐t‐elle sur la déviance et sur la norme ? Sur la puissance des tabous et la force du refoulé ? Des pamphlets de l’Ancien Régime aux transgressions de l’art contemporain, de la sexualité au blasphème, de Sade à Freud en passant par Bataille et Caillois, ce parcours ambitieux et pluriel invite à repenser les limites du tolérable et la force des interdits. Avec les contributions de Georges Balandier, Philippe Braud, Emmanuelle Danblon, Jeanne Favret‐Saada, Guy Haarscher, Michel Hastings, Nathalie Heinich, Jean‐Vincent Holeindre, Loïc Nicolas, Albert Ogien, Ruwen Ogien, Cédric Passard, Christelle Reggiani, Philippe Roussin, Sébastien Schehr, Erwan Sommerer. Michel astings est professeur des universités en science politique à l’Institut d’études politiques de Lille et membre du CERAPS – Lille 2. Loïc Nicolas est docteur en rhétorique et Chargé de recherches du F.R.S. FNRS. Il est membre du GRAL de l’Université Libre de Bruxelles. Cédric Passard est professeur agrégé de sciences sociales à l’Institut d’études politiques de Lille et membre du CERAPS – Lille 2. H Paradoxes de la transgression Extrait de la publication Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions Sous la direction de Michel Hastings, Loïc Nicolas & Cédric Passard Paradoxes de la transgression CNRS ÉDITIONS 15, rue Malebranche – 75005 PARIS Extrait distribué par CNRS Editions Cet ouvrage a été publié avec le concours de l’Institut d’Études Politiques de Lille, du Centre d’Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales (CNRS, UMR n° 8026, Lille 2), de la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société de Lille, de la Région Nord- Pas- de- Calais et du FEDER. Une partie des articles est issue d’un séminaire de recherche organisé dans le cadre de l’École Doctorale n° 74 de l’Université de Lille 2. © CNRS Éditions, Paris, 2012 ISBN : 978- 2- 271-07533-8 Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions Introduction. L’épreuve de la transgression Michel HASTINGS, Loïc NICOLAS & Cédric PASSARD ......... 7 I – Les paysages de la transgression La transgression dans l’itinéraire et le projet d’un anthropologue- sociologue Georges BALANDIER .............................................................. 31 Les limites du tolérable Albert OGIEN ......................................................................... 49 Le concept de transgression. Un nouvel outil pour les politistes ? Philippe BRAUD ...................................................................... 67 La transgression : brève histoire d’une notion à partir de Bataille et de Caillois Philippe ROUSSIN .................................................................... 85 De quelle transgression Bartleby est- il le nom ? Michel HASTINGS .................................................................... 99 II – Les expériences de la transgression De la transgression en art contemporain Nathalie HEINICH .................................................................... 111 La trahison comme transgression Sébastien SCHEHR ................................................................... 125 Sommaire Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions L’invention de la rhétorique ou la transgression des limites du monde clos Loïc NICOLAS .......................................................................... 139 D’une ruse transgressive Jean- Vincent HOLEINDRE ........................................................ 155 Désobéissance et fondation. La transgression sous la Révolution française Erwan SOMMERER .................................................................. 171 La politique transgressée. Les pamphlétaires et la civilisation des mœurs politiques à la fin du XIXe siècle en France Cédric PASSARD ...................................................................... 191 III – Les limites de la transgression Un texte littéraire peut- il être transgressif ? Christelle REGGIANI ............................................................... 211 Peut- on tout dire en démocratie ? Quand commence la transgression ? Guy HAARSCHER ..................................................................... 223 Quand on peut faire mais ne pas montrer : la représentation sexuelle comme transgression Ruwen OGIEN .......................................................................... 245 Comment réduire la figure transgressive du sorcier bocain Jeanne FAVRET- SAADA ............................................................ 261 Éloge de la raison pratique. Une proposition transgressive à propos du désorcèlement Emmanuelle DANBLON ........................................................... 279 Les auteurs ............................................................................ 297 Les limites de la transgression Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions Introduction L’épreuve de la transgression Michel Hastings, Loïc Nicolas, Cédric Passard Il y a, dans l’abjection, une de ces violentes et obscures révoltes de l’être contre ce qui le menace et qui lui paraît venir d’un dehors ou d’un dedans exorbitant, jeté à côté du possible, du tolérable, du pensable. C’est là, tout près mais inassimilable1. L’actualité n’a jamais cessé d’accompagner la réalisation de ce livre. Lors d’un match de football entre les équipes de France et d’Algérie, une partie du public siffle La Marseillaise ; un citoyen allemand recrute sur internet un volontaire pour se laisser tuer puis dévorer ; les tombes d’un cimetière de soldats musulmans morts pour la France sont profanées ; un artiste expose la photo d’un indi- vidu s’essuyant les fesses avec le drapeau tricolore ; une dénoncia- tion anonyme permet d’inculper des parents incestueux ; les carica- turistes d’un journal danois dessinent Mahomet en terroriste ; une petite fille est violée puis sauvagement assassinée. Autant d’événe- ments dont la couverture médiatique fut à chaque fois intense et qui suscitèrent une avalanche de commentaires passionnés. Si leur caractère dramatique est bien entendu très variable, chacun d’entre eux permit néanmoins, à un moment donné, aux discours de faire appel à la notion de transgression. Le terme, jamais explicité, sem- blait alors s’imposer de lui- même, avec évidence, comme si jour- nalistes, hommes politiques, experts, s’accordaient spontanément sur son sens, rejoignant ainsi, de manière un peu paresseuse, une doxa dominante selon laquelle la transgression serait synonyme d’acte déviant particulièrement grave. 1. KRISTEVA J., Pouvoirs de l’horreur. Essai sur l’abjection, Paris, éd. du Seuil, coll. « Tel quel », 1980, p. 9. Extrait de la publication Extrait distribué par CNRS Editions Un mot, donc, dont l’usage, aujourd’hui largement banalisé, fait oublier d’autres exploitations possibles, d’autres définitions. La notion de transgression a en effet connu d’autres vies, en intégrant par exemple la problématique de la psychanalyse freudienne pour y construire, avec l’interdit, la condition culturelle de l’homme. Les interdits de l’inceste, du cannibalisme et du meurtre, ces trois interdits fondamentaux, correspondent, comme l’évoque Freud dans L’avenir d’une illusion, à des désirs primitifs qui renaissent avec chaque enfant, et qui, dit- il, sont « le noyau d’hostilité contre la culture1 ». De même, les premières grandes collections de données anthropologiques, comme celles menées par James Frazer2, avaient montré l’importance des systèmes de prohibitions et de tabous, et la manière dont les sociétés traditionnelles les articulaient à un arsenal de sanctions symboliques et physiques en cas d’infractions. Enfin, le talent interdisciplinaire de Georges Bataille le conduisit à théoriser la transgression dans sa dialectique avec l’interdit et l’épanouisse- ment de l’érotisme : « La transgression n’abolit pas l’interdit mais le dépasse en le maintenant. L’érotisme est donc inséparable du sacrilège et ne peut exister hors d’une thématique du bien et du mal. […] La transgression organisée forme avec l’interdit un ensemble qui défi- nit la vie sociale3 ». Malgré ces appropriations diverses, aujourd’hui devenues canoniques, la notion de transgression ne s’est jamais véri- tablement imposée dans les sciences sociales, restant plus ou moins confinée dans ses disciplines de naissance4. Par exemple, nulle entrée dans la plupart des dictionnaires spécialisés. Celui de sociologie l’ignore, celui de philosophie politique et morale aussi, comme ceux de science politique et d’ethnologie5. Une omerta ? N’exagérons pas, mais un troublant silence que cet ouvrage collectif entend rompre en 1. FREUD S., L’avenir d’une illusion, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2004 [1927]. 2. FRAZER J. G., Le Rameau d’or, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1981- 1984 [1911- 1915]. 3. BATAILLE G., L’érotisme, Paris, éd. de Minuit, coll. « Arguments », 1987 [1957], p. 73. 4. Voir notamment DOREY R. (dir.), L’interdit et la transgression, Paris, Dunod, coll. « Inconscient et culture », 1983 ; Champ psychosomatique (n° 38) : Les trans- gressions, Paris, L’esprit du temps, 2005 ; LIPPI S., Transgressions : Bataille, Lacan, Paris, Érès, 2008 ; BOUSHIRA J., DREYFUS- ASSEO S., DURIEUX M.- C., JANIN C. (dir.), Transgression, Paris, PUF, 2009. 5. Une exception notable : DE WARESQUIEL E. (dir.), Le siècle rebelle. Dictionnaire de la contestation au XXe siècle, Paris, Larousse, 1999. Paradoxes de la transgression 8 Extrait de la publication démontrant au contraire la richesse heuristique du concept de trans- gression, sa puissance opératoire, et les territoires de recherche qu’il permet de visiter et, espérons- le, de féconder. L’étymologie du mot « transgresser » évoque, dans son acception première, le fait de passer outre, de franchir une limite. Un sens dérivé lui donne ensuite pour synonymes : contrevenir, désobéir, enfreindre. Malgré son laconisme, cette définition pointe déjà l’idée, à nos yeux, essentielle, que c’est la nature même de cette limite, ou mieux encore, la nature même de ce qu’entend mettre à distance cette limite, qui donne tout son sens à l’acte uploads/Politique/ transgression 1 .pdf
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- Publié le Nov 07, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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