Problèmes d’Amérique latine Revue trimestrielle Directeurs de la rédaction : Ma
Problèmes d’Amérique latine Revue trimestrielle Directeurs de la rédaction : Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA, université Paris VIII – CREDAL Gilles BATAILLON, EHESS Paris et CIDE Mexico Comité de rédaction : Julie Devineau, docteure en sciences politiques ; Frédérique LANGUE, Centre national de la recherche scientifique – CERMA ; Françoise Lestage, université Paris VII ; Denis MERKLEN, université Paris VII – IRIS/EHESS ; Évelyne MESCLIER, Institut de recherche pour le développement ; Magali MODOUX, Institut d’études politiques de Paris ; David RECONDO, Fondation nationale des sciences politiques – CERI ; Sébastien VELUT, Institut de recherche pour le développement – ENS ; Dominique VIDAL, université Paris VII. Conseil scientifique : Jacques ADDA, université de Bar-Ilan, Israël ; Michel AGIER, Institut de recherche pour le développement ; Jean-Michel BLANQUER, université Paris III – IHEAL ; Christophe CORDONNIER, Cercle Kondratieff ; Georges COUFFIGNAL, université Paris III – IHEAL ; Noëlle DEMYK, université Paris VII ; Henri FAVRE, Centre national de la recherche scientifique ; Jacky FAYOLLE, Institut de recherches économiques et sociales ; Christian GROS, université Paris III – IHEAL ; Sophie JOUINEAU, Délégation aux Affaires stratégiques, ministère de la Défense ; Jean- Pierre LAVAUD, université Lille I ; Yvon LE BOT, Centre national de la recherche scientifique ; Philippe LETRILLIART, ministère des Affaires étrangères ; Joaquim OLIVEIRA, OCDE ; Daniel PÉCAUT, EHESS ; Jean PIEL, université Paris VII ; Carlos QUENAN, université Paris III – IHEAL ; Alain ROUQUIÉ, ministère des Affaires étrangères ; Yves SAINT-GEOURS, ministère des Affaires étrangères ; Hervé THÉRY, École normale supérieure. Directeur de la publication : Pascal LOROT Revue publiée avec le soutien de l’Institut Choiseul pour la Politique internationale et la Géoéconomie avec le concours du Centre National du Livre (CNL) Problèmes d’Amérique latine 28, rue étienne Marcel 75002 Paris Tél. : 01 53 34 09 93 ; Fax : 01 53 34 09 94 pal@choiseul-editions.com Site : www.choiseul-editions.com Sommaire Dossier Politiques migratoires en Amérique latine Coordonné par Françoise Lestage Politiques migratoires en Amérique latine, Françoise Lestage.............................................................................. 7 Le soutien politique à la plantation de café et à l’immigration internationale dans l’État brésilien de São Paulo, 1850-1930, Sylvain Souchaud. ............................................................................. 13 La « nouvelle politique migratoire » en Argentine : les paradoxes du programme « Patria Grande », Eduardo E. Domenech. ..................................................................... 37 Équateur : la politique des droits, Sylvie Koller...................................................................................... 61 « L’or des migrants » : retraite et dignité pour les vétérans des accords braceros (1942-1964), Philippe Schaffhauser. ................................................................... 75 Conférence d’inauguration de la deuxième Semaine nationale de la migration au Mexique, Leticia Calderón Chelius. ............................................................. 93 Problèmes d’Amérique latine, N° 75, Hiver 2009-2010 Varia Les « Maras » ou la transnationalisation des pandillas en Amérique centrale, Wim Savenije..................................................................................... 111 Résumés................................................................................................. 137 Resúmenes.............................................................................................. 139 Abstracts. ................................................................................................. 141 L’article de Jaime Yaffé, paru dans le n° 74 de Problèmes d’Amérique latine, a été traduit de l’espagnol par Brigitte Bailly. Dossier politiques migratoires en Amérique latine Coordonné par Françoise Lestage Politiques migratoires en Amérique latine Françoise Lestage * états, empires et royaumes contrôlent et organisent les mouvements de personnes à l’intérieur de leurs frontières. Dans les Amériques, on connaît les pratiques de l’Empire inca qui repoussa ses limites territoriales en y installant des groupes socioculturels originaires d’autres régions, les mitimaes ; on connaît celles de la Couronne espagnole aux débuts de la colonisation qui déplaça les habitants de localités entières pour les établir dans des « réductions » (reducciones) ou « congrégations » (congregaciones) à quelques kilomètres ou dans des zones éloignées, là encore dans le but de les pacifier et de les occuper. La liberté de mouvement n’existe alors ni dans les faits ni dans les esprits. Cette notion moderne apparaît au moment de la Révolution française et se développe au XIXe siècle, répondant à la fois à des transformations démographiques et économiques, notamment la mise en place d’un marché du travail libre 1, et à une nouvelle conception de l’état et du citoyen 2. Ce qui n’empêche pas les états-nations d’entraver et de limiter cette liberté en élaborant et en mettant en œuvre des politiques destinées à réguler le déplacement, l’entrée et la sortie des personnes sur leurs territoires : politiques d’émigration vis-à-vis de leurs ressortissants, politiques d’immigration vis- à-vis des étrangers, politiques envers les migrants en « transit ». Toutes * Françoise Lestage est anthropologue, à l’université Paris Diderot-Paris VII, chercheur à l’URMIS (Unité de recherches migrations et société), UMR IRD-Paris VII-Nice. 1. Nancy Green et François Weil (dir.), 2006, Citoyenneté et émigration : les politiques du départ, Paris, EHESS. 2. Nancy Green et François Weil, ibid. ; John Torpey, 2005 (2000 éd. anglais), L’invention du passeport, états, citoyenneté et surveillance, Paris, Belin ; Aristide Zolberg, 2006, A Nation by design. Immigration policies in the fashioning of America, The Russel Sage Foundation. Problèmes d’Amérique latine, N° 75, Hiver 2009-2010 posent une série de questions aux sciences sociales, tant sur la construction nationale que sur l’émergence de catégories stigmatisées, tant sur les interdépendances économiques et politiques entre les états que sur les stratégies de contournement des règlements par les migrants. Les états américains ont dû faire face aux questions migratoires à large échelle dès leur création puisque, on le sait, les flux migratoires sont constants depuis le XIXe siècle, qu’ils proviennent d’Europe, du Moyen- Orient, d’Asie ou d’Afrique, qu’ils soient de peuplement ou de travailleurs, spontanés ou organisés. Sylvain Souchaud rappelle ce long passé d’accueil de migrants en traitant du rapport entre immigration, colonisation agricole et développement rural dans l’état brésilien de São Paulo, de la moitié du XIXe aux années 1930, à une époque où la main-d’œuvre immigrée était recrutée exclusivement pour travailler dans les plantations de café. Il souligne que les premières politiques d’immigration apparaissent très tôt au Brésil. Élaborées par un seul homme, un sénateur, au milieu du XIXe siècle, elles deviennent celles de la province de São Paulo, puis de tout le pays. Ces politiques encouragent les migrants subventionnés et répondent à des critères spécifiques valorisant le travail et l’origine européenne. Elles vont de pair avec une discrimination des Brésiliens noirs, systématiquement écartés des emplois. Ces politiques rencontrent celles des états d’origine des migrants qui incitent leurs ressortissants à partir, résolvant de cette façon problèmes économiques, démographiques et politiques. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, les flux de migrants proviennent surtout d’autres pays des Amériques, souvent limitrophes. Face à des migrants boliviens ou paraguayens de plus en plus nombreux, l’Argentine expérimente des politiques d’immigration successives qu’Eduardo E. Domenech interroge en analysant la mise en place de la « nouvelle politique migratoire » datant du début des années 2000. D’un discours de rejet de l’étranger qualifié de « menaçant », l’état argentin est passé, en une dizaine d’années, à un discours d’insertion du migrant « qui contribue à la richesse du pays ». L’un et l’autre, remarque Eduardo E. Domenech, se fondent sur une vision en termes de coûts/bénéfices qui enferme le migrant dans une dualité indépassable : soit il représente un enrichissement économique et culturel – et il a accès à la légalité –, soit il porte la responsabilité des problèmes sociaux et économiques – et il est vu comme illégal. Pour Eduardo E. Domenech, une telle dichotomie prouve que, pour l’état argentin, l’immigration reste « un problème social » dont la représentation se fonde sur la distinction légal/illégal, même si les discours politiques de la première décennie du XXIe siècle penchent du côté de l’inclusion des migrants et non plus de leur exclusion. Parallèlement à ces flux de migrants internationaux, les pays d’Amérique latine sont confrontés à la migration de leurs propres ressortissants. C’est le cas de l’équateur. Tout en accueillant aussi des migrants limitrophes, Péruviens et réfugiés colombiens, ce pays fait face à une émigration importante. Au milieu des années 2000, le gouvernement récemment élu a élaboré et mis en place ce que Sylvie Koller appelle « la politique des droits », 8 Françoise lestage destinée à « acquérir une stature internationale en tant que pays d’émigration et d’immigration, renforcer la légitimité politique du régime et gérer les intérêts des migrants ». Une « politique des droits » fondée sur de bonnes relations avec les ressortissants équatoriens établis à l’étranger, ajoute-t- elle – qui disposent d’aides, d’un droit à la parole via « les représentants de l’extérieur » et au vote – ainsi que sur une image d’état pionnier dans la protection des étrangers, notamment les réfugiés colombiens, sur son propre territoire. Sylvie Koller analyse comment l’équateur revendique et assume une double casquette de pays d’émigration et d’immigration qui sert la popularité de son gouvernement sur la scène internationale et dans l’espace migratoire équatorien. L’État mexicain a également développé un discours, des institutions et des pratiques de défense de ses ressortissants à l’étranger, principalement aux États-Unis où résident 94 % de ses migrants et ce, depuis 1990 quand fut créé le Programme de suivi des communautés mexicaines à l’étranger 3, transformé en 2003 en Institut des Mexicains de l’extérieur. Un comportement apparemment favorable aux émigrés que soutiennent, adoptent et prennent au sérieux des associations de migrants. Philippe Schaffhauser relate comment uploads/Politique/ problemes-d-amerique-latine-hiver-2009.pdf
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- Publié le Jui 06, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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