Afr Dev Rev. 2020;1–13. wileyonlinelibrary.com/journal/afdr | 1 DOI: 10.1111/14

Afr Dev Rev. 2020;1–13. wileyonlinelibrary.com/journal/afdr | 1 DOI: 10.1111/1467-8268.12449 O R I G I N A L A R T I C L E La diffusion des TIC ameliore‐t‐elle qualitativement les institutions politiques en Afrique? Désiré Avom1 | Louis de Berquin Eyike Mbongo2 1Université de Yaoundé II, Cameroun, 2Université de Dschang, Cameroun, Correspondence Louis de Berquin Eyike Mbongo, Université de Dschang, Cameroun. Email: eyike76@gmail.com Abstract This paper empirically analyses the impact of the diffusion of information and communication technology (ICT) on the quality of institutions simultaneously captured by democracy and corruption in a few African countries. To do so, we specify a panel Tobit model in which democracy is measured by the Institu- tional Quality Index proposed by the ICRG, while corruption is approximated by the Corruption Control Index. Our model is estimated on a sample of 40 African countries over the period 1995–2018. Overall, the main results show that ICT diffusion significantly improves the quality of democracy and reduces the propensity to corruption in the sample countries. We suggest strengthening the rule of law to increase the quality of democracy, a source of positive externalities on corruption. Résumé Ce papier analyse empiriquement l'impact de la diffusion des TIC (Technologie de l'Information et de la Communication), sur la qualité des institutions cap- tées simultanément par la démocratie et la corruption dans quelques pays africains. Pour y parvenir, nous spécifions un modèle Tobit en panel dans lequel la démocratie est mesurée par l'indice de qualité institutionnelle pro- posée par l'ICRG, alors que la corruption est approximée par celui du contrôle de la corruption. Notre modèle est estimé sur un échantillon de 40 pays afri- cains sur la période 1995–2018. Les principaux résultats montrent globalement que la diffusion des TIC améliore significativement la qualité de la démocratie, et réduit la propension à la corruption dans les pays de l’échantillon. Nous suggérons le renforcement de l’état de droit pour accroitre la qualité de la démocratie, source d'externalités positives sur la corruption. 1 | INTRODUCTION Longtemps ignorée dans les débats sur les politiques publiques de développement, la faible qualité des institutions politiques et administratives constitue pourtant une des caractéristiques importantes des pays les moins avancés. Dans certains de ceux‐ci, la manne liée à l'exploitation des ressources naturelles, tout en encourageant la corruption et la - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - © 2020 The Authors. African Development Review © 2020 African Development Bank mauvaise gouvernance, affaiblit l'Etat. Dans d'autres, en revanche, ce sont des facteurs historiques liés à l'importance du poids de l'héritage colonial, qui semble avoir joué un rôle primordial (Fourie, 2019). Il est, dès alors apparu depuis au moins les travaux des pionniers de North (1991) de manière assez consensuelle que les bonnes institutions sont généralement corrélées positivement aux meilleures performances économiques (Acemoglu et Robinson, 2006; Atangana Ondoa, 2013; Barro, 1999; Clague et al., 1996; Edo et al., 2019; Fourie, 2019; Omgba, 2014; Omgba, 2015, Ongo Nkoa et Song, 2017; Tchamyou et al., 2019). Mais, le sens de la corrélation est toutefois très discuté. Ainsi, pour Acemoglu et al. (2005), les bonnes institutions sont sources de prospérité économique. Alors que Barro (1999) estime que le développement institutionnel est considéré comme une des conséquences du progrès économique. Les faits stylisés montrent que les pays africains sont généralement caractérisés par la faible qualité de leurs institutions, politiques et économiques, accompagnée par des performances économique pour la plupart médiocre sur le long terme. En effet, en 2017, l'Afrique apparait comme la région la moins bien classée en termes de perception de la corruption, avec un score de 32 sur 100 selon l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) Transparency International. Parallèlement, l'Afrique est l'une des régions du monde qui a enregistré une diffusion rapide des TIC depuis au moins le début des années 2000. En particulier, la téléphonie mobile et l'accès au réseau internet se sont rapidement propagés au sein de la population. Selon les données produites par la Banque Mondiale en 2019, près de la moitié des africains a désormais accès à internet et plus de 80% dispose d'un téléphone portable. L'usage de ces technologies offrent d'importantes opportunités en termes de croissance, de création de nouveaux emploi avec un fort impact sur la réduction des inégalités intra et inter régionales (Lee, levandis & Gutiérez, 2009; Chéneau‐Loquay, 2010). Cette ap- propriation des TIC devrait s'accélérer dans les prochaines années, si les mutations suscitées par la pandémie du Covid‐19 devraient se consolider par la réduction de la fracture numérique à travers les investissements lourds dans les infrastructures appropriées. Parmi les effets potentiels attendus de cette diffusion, il y a l'impact positif sur la qualité des institutions. En effet, en favorisant la participation des citoyens aux affaires publiques, les TIC pourraient avoir un effet bénéfique sur la qualité de l'action publique, induisant une amélioration significative de la qualité des indicateurs de démocratie, tout en réduisant la corruption (Acemoglu et al., 2017; Humphreys & Weinstein, 2012; Pierskalla & Hollenbach, 2013; Lieberman et al., 2013). Les faits récents semblent corroborer ces intuitions théoriques. Le rôle joué par les réseaux sociaux lors du printemps arabe (Acemoglu et al., 2017), et dans la mobilisation populaire ayant conduit à la démission et à l'exil de l'ancien Président Burkinabè Blaise Compaoré, en sont des illustrations non exhaustives. De qui précède, une question apparaît dès lors pertinente: celle de savoir si la diffusion des TIC améliore quali- tativement les institutions politiques captée par la démocratie et la corruption? Apporter quelques éléments de réponses à cette question est l'objectif que se fixe ce papier. Plus précisément, il contribue à la littérature empirique existante portant principalement sur les pays africains. Nous faisons l'hypothèse que la diffusion des TIC améliore statistique- ment et significativement la qualité de la démocratie et réduit la corruption. Pour y parvenir, nous structurons la suite de notre réflexion, après cette introduction en quatre sections additionnelles. La première section présente, succinc- tement quelques faits stylisés sur la qualité des institutions politiques en Afrique. La deuxième identifie les canaux par lesquels la diffusion des TIC affecte les institutions. La troisième décrit la méthodologie empirique adoptée. La dernière discute des résultats. L'article se termine par une conclusion. 2 | CE QUE LES STATISTIQUES DISENT SUR LA QUALITÉ DES INSTITUTIONS EN AFRIQUE Selon North (1991) les institutions sont définies comme des contraintes formelles (les règles, les lois, les constitutions, etc.), des contraintes informelles (les normes de comportement, les conventions, les codes de conduite imposés, etc.) et des caractéristique de leur application (North, 1994). Cette définition qui fait largement autorité a peu changé depuis le début des années 1990. Elle sert encore de référence fondatrice à de nombreux développements théoriques. La lit- térature économique, distingue généralement les institutions politiques d'une part et économiques d'autre part. Les premières qui nous intéressent dans le cadre de cet article sont captées selon les institutions par plusieurs indicateurs: (i) le niveau de démocratie; (ii) la participation de l'armée en politique; (iii) la participation démocratique des citoyens. La Fondation Mo Ibrahim a construit un indice composite de mesure de la gouvernance des pays africains, l'IIAG (Ibrahim Index of African Governance), dans lequel, les performances d'un pays en matière de gouvernance sont capturées par quatre composantes principales: (i) Sécurité et État de droit; (ii) Participation et Droits humains; (iii) Développement économique durable et (iv) Développement humain. Les deux premières composantes concernent 2 | AVOM AND EYLIKE MBONGO globalement l'aspect politique de la gouvernance, tandis que les deux dernières renvoient aux considérations écono- mique et social. Chacune de ces catégories se décline en sous‐catégories à l'intérieur desquelles sont regroupés divers indicateurs qui fournissent des mesures quantifiables des différentes dimensions fondamentales de la gouvernance. Au total, l'IIAG est composé de 100 indicateurs. Globalement, il ressort de cet indicateur que l'Afrique connait une amélioration de son environnement in- stitutionnel entre 2007 et 2017. En effet, selon la Fondation MO Ibrahim, près de 70% de la population africaine a bénéficié de cette amélioration. Les principaux pays ayant significativement amélioré la qualité de leurs institutions étant la Côte d'Ivoire, le Togo et le Zimbabwe. Toutefois, cette forte embellie masque la persistance des problèmes de corruption, d'insécurité et de faible niveau de démocratie qui prévalent dans la majorité des pays d'Afrique. Du fait des pratiques de corruption, le continent perdrait uploads/Politique/ article-la-diffusion-des-tic-ameliore-t-x27-elle-qualitativement-les-institutions-publiques.pdf

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