1 Education Financière des ménages : développement et validation d’une échelle
1 Education Financière des ménages : développement et validation d’une échelle de mesure Pascal BUHASHE Cibangala République Démocratique du Congo Laboratoire d’Economie Appliquée au Développement Université Catholique de Bukavu Téléphone : +243 991 906 714 E-mail : pascalbuhashe@gmail.com Bugabo, 02 avenue de la Mission, Commune de Kadutu, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu, République Démocratique du Congo. Prof. Eddy BALEMBA Kanyurhi République Démocratique du Congo Laboratoire d’Economie Appliquée au Développement Université Catholique de Bukavu Tel : +243 820278466 E-mail : balemba.kanyurhi@ucbukavu.ac.cd Bugabo, 02 avenue de la Mission, Commune de Kadutu, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu, République Démocratique du Congo. Benjamin HAGUMA Mushigo Laboratoire d’Economie Appliquée au Développement (LEAD) ; Université Catholique de Bukavu (UCB) E-mail : benjaminmushigo@gmail.com; Tél. + 243 979055094 Bugabo, 02 avenue de la Mission, Commune de Kadutu, Ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu, République Démocratique du Congo. Résumé. L’objectif de cette étude est de développer une échelle de mesure fiable et valide pour l’éducation financière. Les données ont été collectées auprès de 509 ménages de la ville de Bukavu en République Démocratique du Congo. Les données ont été traitées en recourant respectivement aux analyses factorielles exploratoires et confirmatoires et aux équations structurelles. Les résultats indiquent que l’éducation financière est un construit multidimensionnel composé de 24 items subdivisés en six dimensions : financière, économique, cognitive, morale, sociale et psychologique. Les résultats ont permis d’identifier une dimension sociale de l’éducation financière qui n’avait jamais été identifiée dans les études antérieures. Les résultats montrent que l’échelle ainsi développée est fiable et valide. Mots clés : Education financière, Echelle de mesure, Ménages, Bukavu. 2 Introduction L’éducation financière est souvent définie comme la capacité de prendre des décisions financières éclairées et des mesures efficaces relatives à l’utilisation actuelle et future de l’argent (U.S Department of Treasury, 2006 ; LaBorde et Mottner, 2016). L’apparition de ce concept remonte aux années 1628-1736 dans un ouvrage manuscrit intitulé « Traité général de finance » qui consacrait déjà l’essentiel de l’éducation princière dans le Royaume de France (Félix, 2011). Ce concept a refait surface au début du XXe siècle dans les programmes d’extension du système coopératif (Kozup et Hogarth, 2008). Il s’est ensuite élargi dans les programmes de protection des consommateurs en réponse à la prolifération et la complexité des produits financiers (Lusardi et al, 2010 ; World Bank, 2013). Depuis lors, l’éducation financière est devenue une composante essentielle des programmes économiques et sociaux des décideurs politiques, des éducateurs, des chefs d’entreprise et des agences de développement. Ces intentions politiques ont donné lieu à la mise sur pied des programmes nationaux d’éducation financière dans plusieurs pays développés et même en développement (Grifoni et Messy, 2012 ; OCDE, 2015 ; Braunstein et Welch, 2002 ; Walstad et al., 2010). L’importance accordée à l’éducation financière est dictée par trois arguments complémentaires. Premièrement, la finance est devenue une partie intégrante de la vie économique et sociale des ménages. Le manque d’éducation financière apparaît d’ailleurs comme un sérieux handicap dans la vie privée et sociale des ménages (Marx et al., 2010 ; BenDavid-Hadar, 2015). En effet, les ménages auraient difficile à vivre décemment et à mener une vie tranquille s’ils n’ont pas bénéficié au préalable d’un programme d’éduction financière (Lusardi, 2008a). L’argument sous-jacent est lié au fait que les ménages qui n’ont pas bénéficié d’éducation financière sont plus exposés au surendettement, à la faillite et même la marginalisation socioéconomique (Lucey et Cooter, 2008 ; OCDE, 2005). Deuxièmement, l’éducation financière est susceptible d’exercer un impact positif sur le bien-être social et économique des ménages. En effet, les ménages qui bénéficient d’une éducation financière sont susceptibles de prendre de bonnes décisions financières en faveur de leur famille et d’accroître ainsi leur sécurité financière et économique (Hilgert et al., 2003 ; Mandell, 2008). Par conséquent, les familles financièrement éduquées contribueraient à l’avènement des communautés viables et au développement économique général (Kotlikoff et Bernheim, 2001; Marcolin et Abraham, 2006). Troisièmement, les effets néfastes résultant de la crise financière de 2008 ont démontré qu’il existait une relation de cause à effet entre l’accès des ménages aux produits et services financiers, les marchés financiers et le développement 3 économique. Par conséquent, l’éducation financière des ménages leur permettrait de choisir des produits et services financiers qui leur conviennent et de prendre des décisions financières éclairées et d’éviter ainsi une nouvelle crise financière à l’humanité (Jappelli, 2010 ; Gerardi et Meier, 2010). L’éducation financière a déjà fait l’objet de plusieurs études théoriques et empiriques (Campbell, 2006 ; Collins, 2009). Les études qui existent à ce jour prennent deux directions complémentaires. Les premières analysent l’importance et la contribution de l’éducation financière au bien-être des ménages. Les résultats agrégés de ces études confirment qu’il est important de promouvoir l’éducation financière des ménages afin de leur permettre de faire face à la prolifération et à la sophistication des produits financiers (OCDE, 2005 ; Lusardi et al., 2010 ; Bruhn et al., 2013) et leur éviter le surendettement et les faillites personnelles et collectives (Baucher, 2001 ; Barrone et Staten, 2009). Les résultats de ces études révèlent qu’il existe une relation positive entre l’éducation financière et l’amélioration des connaissances financières (Lysons et al., 2006; Bell et al., 2009), l’utilisation des services financiers formels (Van Rooij et al., 2007) et l’amélioration du bien-être individuel des ménages (World Bank, 2013). Les deuxièmes proposent une conceptualisation et une opérationnalisation de l’éducation financière à travers plusieurs mesures arithmétiques et descriptives. La plupart de ces études privilégient une approche unidimensionnelle de l’éducation financière portée largement sur les connaissances financières de base (inflation, taux d’intérêt, etc.) (Remund, 2010 ; Hogarth, 2006), la connaissance et la gestion de l’argent (Worthington, 2006) et la compréhension et l’usage des produits et services financiers (Huston, 2009, 2010). Même si ces études ont une portée empirique appréciable, elles ne prennent pas en compte toutes les dimensions sensées caractériser l’éducation financière. La présente étude s’inscrit dans le prolongement des études de la deuxième catégorie. L’objectif de cette étude est de développer une échelle de mesure fiable et valide pour l’éducation financière en République Démocratique du Congo. L’importance de cette étude est justifiée par deux arguments complémentaires. Premièrement, le besoin en éducation financière est réel et pressant pour les ménages vivant en RDC. Les résultats des études préliminaires qui ont été conduites sur l’éducation financière (Brouwers et al., 2013 ; FinScop-RDC, 2014 ; Brouwers et Kalala, 2015) en RDC révèlent qu’il existe un déficit criant de connaissances financières chez les congolais moyens : méconnaissance des produits financiers, problème d’utilisation des crédits, faible niveau d’épargne, etc. Pareils résultats confirment qu’il est urgent d’améliorer les connaissances financières des congolais et 4 promouvoir ainsi les meilleures pratiques dans la gestion des finances au niveau des individus et des ménages. Deuxièmement, la RDC a mis sur pied un programme national d’éducation financière depuis 2016. Si les formations ont débuté dans certaines provinces pilotes sur base des instruments pédagogiques simples et pratiques, il semble qu’il est important de mettre sur pied une mesure globale de l’éducation financière qui recense toutes ses dimensions clés. L’argument sous-jacent est lié au fait que la mesure du niveau d’éducation financière des ménages doit être le préalable à toute politique d’éducation financière (Marx et al., 2010 ; Atkinson et Messy, 2012). Cette mesure donnera de plus amples informations sur les domaines dans lesquels les ménages et les individus devraient être sensibilisés et formés. La mesure proposée permettra alors d’élargir la portée des formations qui sont actuellement dispensées et servirait ainsi d’un complément essentiel aux programmes de protection des consommateurs et d’inclusion financière en expérimentation dans plusieurs banques et institutions de microfinance en RDC (Word Bank, 2013). L’apport de cette étude au stock de connaissances est triple. Premièrement, cette recherche est la première, à notre connaissance, à développer une échelle de mesure multidimensionnelle fiable et valide de l’éducation financière. L’instrument de mesure ainsi développé vient compenser la carence des mesures se rapportant à ce concept telle que rapporté Miller et al., (2014). Ces auteurs ont conduit une méta-analyse sur 188 articles portant sur l’éducation financière et n’ont trouvé aucun article dont la vocation était le développement et la validation d’une échelle de mesure. La mise sur pied d’une mesure multidimensionnelle de l’éducation financière est une réponse aux préoccupations de Huston (2010) qui a démontré l’importance de créer une mesure standard et compréhensible de l’éducation financière. L’auteur confirme que 40% des mesures existantes ont analysé l’éducation financière en ne considérant que trois dimensions contre 35% qui n’ont analysé qu’une seule dimension. La mesure ainsi proposée est une alternative sérieuse à toutes les mesures antérieures qui sont très peu exhaustives en ce sens qu’elles n’englobent que quelques dimensions de l’éducation financière (Worthington, 2006 ; Holzman, 2010 ; Carpena et al., 2011). Deuxièmement, l’étude identifie une nouvelle dimension dénommée « sociale » qui n’a jamais été identifiée, à notre connaissance, dans les études antérieures. Cette dimension démontre que l’éducation financière est une affaire qui concerne tout le monde au sein du ménage. Pareil résultat lève ainsi le mystère qui entoure la gestion des ressources financières au sein des uploads/Philosophie/full-paper-balemba-education-financiere-0.pdf
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- Publié le Nov 06, 2022
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