CHAPITRE 6. INNOVATION D’ENTREPRISE ET FLUX DE CONNAISSANCES  141 MANUEL D’OSL

CHAPITRE 6. INNOVATION D’ENTREPRISE ET FLUX DE CONNAISSANCES  141 MANUEL D’OSLO 2018 © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2019 Chapitre 6. Innovation d’entreprise et flux de connaissances Le savoir est l’une des ressources qui présentent le plus grand intérêt stratégique pour les entreprises. La question de savoir comment y accéder et l’exploiter constitue un enjeu particulièrement important pour les entreprises qui mènent des activités d’innovation. Ce chapitre est consacré à la mesure des flux et des échanges de connaissances entre les entreprises et les autres acteurs du système d’innovation. Y est décrit le cadre conceptuel des échanges de connaissances, de la diffusion du savoir et de l’innovation ouverte. Ce cadre sert ensuite à exposer la façon de procéder pour recueillir des données sur les flux entrants et sortants de connaissances, les sources internes et externes de connaissances utiles à l’innovation, les partenaires de collaboration pour l’innovation, ainsi que les facteurs qui favorisent et entravent les flux de connaissances. S’ensuivent des recommandations particulières pour cerner les liens fondés sur les connaissances que les entreprises entretiennent avec les établissements d’enseignement supérieur et les établissements publics de recherche. 142  CHAPITRE 6. INNOVATION D’ENTREPRISE ET FLUX DE CONNAISSANCES MANUEL D’OSLO 2018 © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2019 6.1. Introduction Le savoir est l’une des ressources qui présentent le plus grand intérêt stratégique pour les entreprises. La question de savoir comment y accéder et l’exploiter constitue un enjeu particulièrement important pour les entreprises qui mènent, directement ou indirectement, des activités d’innovation (voir sous-section 2.2.2). Les flux de connaissances englobent la transmission de savoir tant délibérée que fortuite. L’échange de connaissances (parfois appelé « transferts de connaissances » dans un contexte plus restreint) désigne la transmission délibérée de savoir d’une entité à une autre (OCDE, 2013). L’intérêt porté aux flux de connaissances découle de l’observation qu’au sein d’un système d’innovation, les connaissances sont produites, distribuées et utilisées par plusieurs acteurs, qui peuvent être des entreprises, des universités, des établissements publics de recherche, des clients (utilisateurs des innovations de produit) et des individus. Pour mener leurs activités d’innovation, les entreprises s’appuient sur des sources externes de connaissances (Chesbrough, 2003 ; Dahlander et Gann, 2010). L’échange d’informations est certes possible, mais inutile sauf à pouvoir les interpréter et les transformer en connaissances. Les entreprises peuvent acquérir des connaissances à l’intérieur de leurs frontières organisationnelles, mais aussi à l’extérieur auprès de leurs principaux clients, d’investisseurs, d’experts reconnus et d’autres groupes susceptibles de constituer de nouvelles sources de connaissances (Enkel, 2010). Les facteurs qui favorisent les flux de connaissances et la formation de réseaux de connaissances ont évolué avec l’apparition des nouvelles technologies et de nouveaux modèles d’affaires. Les technologies de l’information et des communications numériques ont considérablement réduit les coûts de copie, de stockage et de diffusion, ce qui a permis la mise en place de modèles financiers et non financiers d’acquisition et d’exploitation de connaissances. De nouvelles méthodes et plateformes ont ainsi vu le jour, qui permettent d’obtenir des connaissances et autres contributions auprès de sources diverses. C’est le cas de la production participative (crowdsourcing) d’idées et de solutions à des problèmes (par l’octroi, à titre incitatif, de prix ou de récompenses, par exemple dans le cadre de compétitions ou de marathons de programmation (hackathons), où des experts se réunissent pour développer des solutions logicielles particulières), le financement participatif ou encore le recours à des plateformes numériques en ligne pour recueillir les commentaires et suggestions des utilisateurs sur des biens et services. Les droits de propriété intellectuelle (DPI) peuvent servir à créer des marchés du savoir à l’appui des flux de connaissances tout en garantissant à leurs auteurs qu’ils pourront tirer parti de leurs investissements dans le développement de nouvelles connaissances. Mesurer les flux de connaissances qu’entretiennent les entreprises et d’autres acteurs du système d’innovation peut aider à mieux cerner leur importance relative dans la division du travail qui sert de fondement aux activités d’innovation (voir sous-section 3.2.2), ce qui différencie les réseaux de connaissances propres à chaque branche d’activité, la manière dont ces réseaux évoluent sur la durée, l’incidence des flux de connaissances sur les produits de l’innovation, ou encore les méthodes employées par les entreprises pour gérer leurs ressources intellectuelles. Les données relatives aux flux de connaissances peuvent aider à la fois les analystes des politiques et les dirigeants d’entreprise à identifier les possibilités et contraintes qui accompagnent ces flux, ainsi que les facteurs qui permettent aux entreprises d’absorber des connaissances externes. Ce chapitre est consacré à la mesure des flux de connaissances et des échanges connexes qui interviennent entre les entreprises et les autres acteurs du système d’innovation, CHAPITRE 6. INNOVATION D’ENTREPRISE ET FLUX DE CONNAISSANCES  143 MANUEL D’OSLO 2018 © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2019 tels que décrits dans le chapitre 2. La section 6.2 propose un cadre conceptuel et des principes à appliquer pour mesurer les flux de connaissances et l’innovation ouverte. Ce cadre considère l’innovation dans le secteur des entreprises comme un processus fortement distribué sur la base de flux de connaissances gérés par-delà les frontières organisationnelles. La section 6.3 propose plus spécifiquement des moyens de mesurer les flux de connaissances dans le cadre des enquêtes sur l’innovation. Pour mettre en évidence les flux de connaissances et la diffusion des innovations, il convient généralement d’exploiter d’autres données, hormis celles des enquêtes, afin de mettre en évidence les liens d’interdépendance qui existent entre les acteurs, les produits et les résultats. Les propositions formulées en matière de recueil des données concernent : le rôle des entreprises et organisations tierces dans la mise au point et l’adoption des innovations par une entreprise (voir chapitre 3), l’orientation des activités d’innovation d’une entreprise vers l’extérieur (voir chapitre 4), les activités collaboratives en faveur de l’innovation, les principales sources d’idées et d’informations utiles à l’innovation et la mesure des activités d’enregistrement de la propriété intellectuelle et des transactions y afférentes. S’y ajoutent des indications utiles pour évaluer les liens noués par les entreprises avec les établissements publics de recherche et les établissements d’enseignement supérieur, ainsi que les obstacles et difficultés à surmonter pour échanger des connaissances avec des tiers. Toutes ces recommandations sont récapitulées dans la section 6.4. 6.2. Flux de connaissances et innovation : concepts clés et définitions 6.2.1. Diffusion de l’innovation La diffusion de l’innovation désigne à la fois le processus de diffusion des idées qui sous-tendent les innovations de produit et de processus d’affaires (diffusion du savoir propre à l’innovation) et l’adoption de ces produits ou processus d’affaires par d’autres entreprises (diffusion des résultats de l’innovation). L’adoption, par une entreprise, d’un produit ou processus d’affaires peut se traduire par une innovation dès lors que ce produit ou processus d’affaires diffère sensiblement de ce que l’entreprise proposait jusque-là (tel que défini dans le chapitre 3). Dans certains cas, le produit ou processus d’affaires adopté peut tout simplement remplacer ou rendre obsolètes les produits et processus d’affaires auparavant utilisés. De par son processus et ses résultats, la diffusion de l’innovation intéresse l’action des pouvoirs publics et la recherche, car elle amplifie les répercussions économiques et sociales des idées et technologies, surtout quand leur utilisation crée des synergies et liens de complémentarité. La diffusion de l’innovation génère des flux de connaissances susceptibles de déboucher à leur tour sur des innovations. C’est le cas, par exemple, lorsque des améliorations notables résultent de l’apprentissage consécutif à la mise en application d’un processus d’affaires nouvellement adopté (Rosenberg, 1982 ; Hall, 2005). La cadence et la nature escomptées de la diffusion de l’innovation influent également sur l’incitation à innover. Compte tenu des concepts précédemment exposés dans le présent manuel, une entreprise participe activement à la diffusion de l’innovation dès lors qu’elle :  adopte des produits ou processus d’affaires sensiblement différents de ceux qu’elle proposait ou utilisait auparavant, en n’y apportant que des modifications mineures, voire aucune. Ces innovations sont nouvelles uniquement pour l’entreprise  tire parti des idées, expériences, produits ou processus d’affaires d’autres entreprises ou acteurs pour mettre au point un produit ou processus d’affaires qui diffère de celui proposé ou utilisé à l’origine 144  CHAPITRE 6. INNOVATION D’ENTREPRISE ET FLUX DE CONNAISSANCES MANUEL D’OSLO 2018 © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2019  permet à des tiers d’exploiter ses innovations ou connaissances, par exemple en leur accordant des droits de propriété intellectuelle ou le savoir tacite nécessaires pour les exploiter dans une application pratique. 6.2.2. Flux de connaissances Toutes les entreprises échangent des connaissances avec d’autres acteurs. On entend par réseau de connaissances les interactions ou liens fondés sur les connaissances au sein d’un groupe d’entreprises et, parfois, avec d’autres acteurs. En font partie les éléments de savoir, les référentiels et les agents qui recherchent, transmettent et créent des connaissances. Ils sont unis par des relations qui favorisent, façonnent ou limitent l’acquisition, le transfert et la création de connaissances (Phelps, Heidl et Wadhwa, 2012). Ces réseaux revêtent deux dimensions principales : le type de connaissances et les acteurs qui reçoivent, fournissent ou partagent les connaissances. Type de connaissances Les connaissances peuvent être « capturées » par des « objets » - bases de données, sous-programmes uploads/Philosophie/53f1cb09-fr.pdf

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