FICHTE, SCHELLING ET HEGEL EN FACE DU « RĒALISME LOGIQUE » DE CHRISTOPH GOTTFRI

FICHTE, SCHELLING ET HEGEL EN FACE DU « RĒALISME LOGIQUE » DE CHRISTOPH GOTTFRIED BARDILI Author(s): Manfred ZAHN Source: Archives de Philosophie , JANVIER-MARS 1967, Vol. 30, No. 1, Etudes sur la pensée de J. L. Austin (JANVIER-MARS 1967), pp. 61-88 Published by: Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43032873 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de Philosophie This content downloaded from 191.177.175.46 on Thu, 04 Nov 2021 19:37:04 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms FICHTE, SCHELLING ET HEGEL EN FACE DU « RÉALISME LOGIQUE» DE CHRISTOPH GOTTFRIED BARDILI Introduction Le nom et l'œuvre du philosophe souabe Christoph Gottfried Bardili sont aujourd'hui presque oubliés. Même si cela est justifié par le niveau de sa pensée, cependant son ouvrage capital Grundriss der ersten Logik (Esquisse de logique première) est très important pour l'histoire du problème de la philosophie transcendantale. A part quel- ques amorces insuffisantes et incomplètes, ces connexions n'ont pas encore été exposées systématiquement. Il y a une vingtaine d'années, F. W. Garbeis, de Vienne, pouvait déclarer : « Notre connaissance historique du développe- ment de la pensée philosophique depuis Kant n'est nulle part aussi incertaine et fragmentaire qu'en ce qui con- cerne Christoph Gottfried Bardili (1761-1808), dans le cercle de ses rares partisans et de ses nombreux adver- saires. » 1 En 1923, Fritz Karsch, dans sa Dissertation de Marburg sur Bardili, pouvait affirmer laconiquement : « On n'a pas encore étudié à fond la philosophie de Bar- dili. » 2 II faut reconnaîre à cet auteur le mérite d'avoir 1. F.W. Garbeis, « Vorbericht zu einer Bardili-Bibliographie » in Blätter für deutsche Philosophie , BeHin 1943/44, vol. 17, p. 346. A la fin de son « Vorbe- richt » Garbeis explique que la bibliographie qui est déjà prête en manuscrit <( ne pourra paraître vraisemblablement qu'après la fin de la guerre » (p. 360). A ma connaissance elle n'est pas parue et je ne sais pas non plus ce qu'est devenu le manus« crii de Garbeis. 2. Fritz Karsch, Christoph Gottfried Bardili : Der Vertreter des logischen Rea - Itsmm im Zeitalter des deutschen Idealismus . Dissertation, Marburg 1923. Manuscrit dactylographié, p. 2. La Préface (p. 1) de cette Dissertation insiste: «Jusqu'ici il n'y a pas encore de littérature concernant Bardili ». Friedrich Ueberweg affirme aussi dans son Grundriss der Geschichte der Philo - s ophie , vol. IV (191,6), p. 69 : «Une étude plus précise de la philosophie de Bar- dili fait encore défaut ». Selon Nicolai Hartmann : <t Jusqu'à nos jours l'oubli presque complet » où est tombé Bardili « a été pour ainsi dire sanctionné par le jugement unanimement néga- tif mais entièrement superficiel des historiens de la philosophie connus » (Die Phi - losophie des deutschen Idealismus, 1960, p. 32). Sur ia personne et la doctrine de Bardili, cf. aussi : This content downloaded from 191.177.175.46 on Thu, 04 Nov 2021 19:37:04 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 62 M . ZAHN entrepris pour la pre aussi présenté de faç semble de la doctrine de Bardili. Assurément, Karsch se préoccupe avant tout d'exposer la pensée de Bardili et s'occupe moins des discussions philosophiques à son sujet. Cependant on pourra dire avec Garbeis que ce qui est important historiquement c'est moins le contenu de la pensée de Bardili que la contradiction qu'elle a déchaî- née. 8 Parue au tournant du XIXe siècle, l'œuvre principale de Bardili, le Grundriss der ersten Logik , fut l'occasion de beaucoup de confusion et aussi de clarification. Elle fut non seulement une pierre d'achoppement mais aussi une pierre de touche. Elle paraissait à une époque où la situation philosophique en Allemagne, considérée du point de vue thématique, se caractérisait par une certaine similitude de problématique, si l'on fait abstraction du niveau différent où se traitait le problème. Ceux-là parti- culièrement, qui n'avaient pas encore bien compris la philosophie transcendantale, ou ne l'avaient comprise qu'en apparence, comme par exemple Reinhold, prirent parti pour l'œuvre de Bardili et le suivirent plus ou moins aveuglément. Au contraire, pour les grands repré- sentants de la philosophie transcendantale, le Grundriss de Bardili vint à propos leur donner l'occasion à la fois de critiquer et de tirer au clair leurs propres positions. Fritz Karsch, « Christoph Gottfried Bardiiis logischer Realismus » (Kant- Stu- dien, vol. 30, 1925, p. 437-452). Johann Eduard Erdmann, Versuch einer wissenschaftlichen Darstellung der Geschichte der neuern Philosophie , vol. 3, 1re partie : «Die Entwicklung der deut~ sehen Speculation seit Kant », p. 430 sq et particulièrement p. 479-493. Eduard v. Hartmann, Geschichte der Metaphysik , vol. II, p. 55-56. Nicolai Hartmann, Die Philosophie des deutschen Idealismus , 1960, p. 31-39. Friedrich Ueberweg, Grundriss der Geschichte der Philosophie , vol. III (1914), p. 430-31 et vol. IV (1916), p. 88-89. Karl Rosenkranz, Kants Sämtliche Werke , 12* Partie, Geschichte der Kant* schert Philosophie. La source principale d'information concernant la vie et l'œuvre de Bardili est I* biographie composée par son gendre : Christoph Gottfried Bardili , Hessischer Hof~ rath und Professor am Gymnasium zu Stuttgart, geschildert Von seinem Schwieger- söhne, Dr. Karl Pf äff , Konrektor am Pädagogium zu Esslingen. Als Manuskript für Freunde gedruckt. Esslingen. 1850. Selon Garbeis cette biographie n'est ani complète ni digne de confiance et ce n*est efun bout à l'autre qu'un panégyrique» (t Vorbericht », p. 348). 3. « Vorbericht », p. 359. Au contraire Karsch veut voir en «Bardili [...] im moment nécessaire dans le développement de l'idéalisme allemand » (Kant-Studium roi. 30, p. 437). This content downloaded from 191.177.175.46 on Thu, 04 Nov 2021 19:37:04 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms C. G. BARDILI 63 Il arriva ainsi que Fichte, Schelling et Hegel, pour la première et la dernière fois, se rencontrèrent, indépen- damment plus ou moins les uns des autres, dans une critique commune, qui d'ailleurs portait sur une philo- sophie bien inférieure à la leur. Rien que cela suffit déjà à montrer l'importance en histoire de la philosophie de la confrontation avec Bardili. Les trois grands représentants de ce qu'on appelle 1' « Idéalisme allemand », virent dans le Grundriss de Bardili un exemple typique d'un dogmatisme qu'ils espé- raient éliminer définitivement grâce à leur philosophie transcendantale. S'appuyant sur le même fondement transcendantal et utilisant les mêmes principes, ils décou- vrirent tous trois le talon d'Achille de l'œuvre de Bardili, lequel consistait à leurs yeux en un mélange d'un plat réalisme et d'un idéalisme sans aucune base. Sur ce qu'a produit cette discussion, Garbeis remarque justement : « Il suffit de s'être fait le témoin oculaire de la tempête cri- tique qui s'est déchaînée sur Baldili et Reinhold pour être certain qu'il n'y a rien à ' sauver ' mais qu'il s'agit seulement d'écrire l'histoire. » * C'est avec Fichte que commença la ronde critique autour de Bardili, dont Rosenkranz a dit plus tard qu'en lui la fermentation spéculative arrivée au paroxysme avait trouvé un vomissement5. La recension du Grundriss de Bardili par Fichte, saluée avec enthousiasme par Schel- ling6, parut le 30 et le 31 octobre 1800 dans l'Erlanger Literatur Zeitung T. L'année suivante, dans son Ant- wortschreiben 8 Fichte a encore pris longuement position 4. « Vorbericht », p. 352. 5. Geschichte der Kanť sehen Philosophie , p. 412. 6. Schelling écrivait à Fichte le 19.11.1800: «Ces jours-ci votre recension de Bardili dans la Erlanger Zeitung nous apporte une lecture magnifique. C'est vrai« ment une exécution/ et si adéquate qu'elle ne pourrait être meilleure » (/.C. Fichte Brief Wechsel, éd. par) Haná Schulz, vol. II, lettre n° 457, p. 299). Cf. aussi la lettre de Schelling à Fichte du 24.5.1801 où il écrit de la recension de Fichte qu'elle sera « dans les temps futurs considérée comme le sommet de l'art polémique de toute notre époque » (Schulz, II, n° 475, p. 320). 7. Dans les numéros 214 et 215, colonnes 1705-1716. (SW II, p. 490-503» éd. par I.H. Fichte). Quelques corrections de Fichte ont été ajoutées dans YIntelli - genz-Blatt , n° 50 du( 29.11.1800, colonnes 399-400 ; cf. !a lettre à G.E. Mehmei da 22.11.1800 (Schulz. II, n° 458, p. 300). 8. J.C . Fichte 's Antwortschreiben an Herrn Professor Reinhold auf dessen im ersten Hefte der Beiträge zur leichteren Uebersicht des Zustandes der Philosophie, etc. (Hamburg, bei Perthes 1801) befindliches Sendschreiben an den ersteren (SW II, p. 504-534). This content downloaded from 191.177.175.46 on Thu, 04 Nov 2021 19:37:04 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 64 M. ZAHN à l'égard de la doctri Reinhold. Il discute encore Bardili en plusieurs manus- crits jusqu'ici inédits et utilisés pour la première uploads/Philosophie/ zahn-1.pdf

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