CHAPITRE3 : LES RESULTATS ALARMANTS, D’UNE PHILOSOPHIE AFRICAINE AGONISANTE DAN
CHAPITRE3 : LES RESULTATS ALARMANTS, D’UNE PHILOSOPHIE AFRICAINE AGONISANTE DANS LES TOURMANTS DE L’ETHNOPHILOSOPHIE I. La philosophie africaine, modèle d’un système de croyance : le mythe de l’unanimité primitive La philosophie africaine originale, de son existence a mis en exergue le caractère tautologique et mystificateur de sa démarche en ce sens que, son insistance sur l’originalité et la revalorisation des cultures africaines qui ont toujours été l’expression des conditions d’existences déterminées à la base, se veut être le principe de sa transmission de génération en génération. Epousée et pratiquée par tous, cette philosophie collective, définitive, et immuable se conçoit sur le modèle de la religion comme un système de croyance, permanent, stable réfractaire à toute évolution toujours identique à lui-même, imperméable au temps et à l’histoire. Ainsi Houtoundji exprime bien cette impression quand il qualifie cette façon de philosopher de « mythe de l’unanimité primitive ». Pour lui «dans les sociétés occidentales, tout le monde est d’accord avec tout le monde. Par conséquent il ne saurait avoir dans de telle société des croyances individuelles ou philosophie individuelle »14. à dire vrai, il ne saurait avoir de philosophie bantoue ou bantou, rwandaise, dioula, akan, européenne ou américaine si l’on entend par là la présence d’une pensée hypothétique homogène populaire à laquelle tous les bantu, rwandais, ou dioula, etc. Auraient adhéré massivement et unanimement. Cela renferme dans le particularisme, le culturel et le traditionnel. Aussi en prenant en compte le fait que « la mentalité mythique érige directement un comportement individuel en norme universel de comportement, une opinion individuelle en vérité universelle, du seul fait qu’il s’agit du comportement de la volonté ou des déclarations d’une individualité, homme ou dieu posé comme exemplaire(…) ce qui caractérise donc essentiellement u esprit mythique c’est son inaptitude ou son renoncement à penser, à réfléchir d’une manière personnelle et autonome » la notion de philosophie collective au quelle se rapporte le vecteur directeur de la philosophie africaine originale, est aberrante. A cet égard le mythe prôné par l’ethnophilosophie dont parle Towa, ne peut être de la philosophie, car le mythe est une invitation à la divagation émerveillée de l’esprit à travers le temps et l’espace et selon les critères d’identification d’un exposé philosophique assignant « qu’un exposé philosophique est toujours une argumentation, une démonstration ou une réfutation ». Houtoundji n’en dit pas moins lorsqu’il soutient que « l’ethnophilosophie rend compte d’une unanimité imaginaire de s’employer à interpréter un texte qui n’existe nulle part et qu’elle doit sans cesse réinventer, elle est une science sans objectif, un langage abandonné à lui- même ». par conséquent, la loi qu’elle postule exige que toutes les consciences se soutiennent mutuellement et forment une seule conscience qui sera le porte parole de tous, capable de dire unanimement « oui » ou « non » à la fois, au même moment. La liberté est confisquée pour ne pas laisser libre court à la discussion et à l’opinion personnelle qui, enflamment l’opposition au détriment de l’unité. Or il revient aux africains d’être unis, autant dans la pensée que dans les actions, pour mener le combat de la reconnaissance du certificat de l’humanité et arraché la dignité confisquée par l’occident. Ainsi le mythe de l’unanimité primitive prend l’image d’un mur de défense levé par les africains contre l’occident. Ceux-ci s’enfoncent dans un dogmatisme, perdent toute liberté d’expression et par là ne peuvent jouir des valeurs intrinsèques de leur raison. Pour Towa c’est en raison d’un tel dogmatisme que « les idées avancées par l’ethno-philosophie sont figées dès leur mise au jour et ne sont susceptibles d’aucun développement ». Au nom de l’africanité, l’ethno-philosophie telle que pratiquée, ne crée pas un environnement de discussion philosophique des idées et des valeurs mises en avant, entre les africains eux même sur le problème de la philosophie en Afrique. Elle fait preuve d’une grande paresse intellectuelle faisant l’économie d’esprit critique individuel et des techniques, des méthodes d’enquêtes ethnologiques dans sa démonstration théorique. II. Un discours théorique incompatible aux exigences scientifiques d’une enquête philosophique L’un des résultat remarquable de l’ethnophilosophie dans son déploiement c’est son incapacité d’avoir une liaison intime entre le souci de connaître rationnellement, méthodiquement, la réalité des choses et une bonne volonté de prendre appui sur ce savoir pour définir l’orientation profonde, absolue que doit adopter le comportement humain. Selon Towa, la problématique de l’ethno- philosophie n’est que la pratique victorieuse d’une pensée douteuse et mythique, qui est à la base de toutes ses multiples impasses théoriques. D’où la preuve que « l’ethno-philosophie s’est avérée d’une grande stérilité. En se soustrayant aux exigences scientifiques D’enquêtes, elle se met hors d’état d’enrichir notre connaissance de nous-mêmes par l’apport de documents neufs solidement établis »17. En dégageant la valeur intrinsèque de la philosophie c'est-à-dire son universalité en tant que déploiement libre et rationnelle de la pensée critique, Towa lève le voile sur les points de divergences entre la philosophie et l’ethno- philosophie qui est une tentative permanente de la philosophie. Du fait que « la philosophie est la pensée humaine, libre, infinie »18 elle s’oppose à la fois à la philosophie populaire et à la religion et ne laisse pas le vrai au fond du cœur, mais l’en tire pour l’exposer à la lumière du jour. De plus elle a une forme conceptuelle car c’est dans le concept seul que le savoir philosophique trouve l’élément de son existence. Elle est ainsi systématique et rigoureuse. Elle est une vrai science, car « la vrai figure dans laquelle la vérité existe ne peut être que le système scientifique de cette vérité »19. Par ailleurs, la réflexion philosophique est un besoin parmi les besoins et comme telle, elle serait un effort de mise en ordre du monde. Le philosophe cherche le vrai mais le vrai n’est pas encore le réel, car le vrai reste enfermé dans le cadre du jugement. Alors il s’inspire de la science ou, mieux des sciences. Or, les sciences ne s’éclairent que par des théories qui dépassent les sens. Ces théories ne sont pas celles qu’imaginent les savants pour faire progresser leurs disciplines. Elles sont pour le philosophe une recherche de principes. Pour Towa, la philosophie est un simple discours spéculatif, qui prend la forme d’un reflux de la pensée sur ses propres sources vives qui lui permet de se ressaisir comme l’origine du sens qu’elle confère à ses objets et à ses œuvres. Loin que les réponses à ses questions soient déjà quelque part dans l’au-delà d’une transcendance plus ou moins inaccessible, elles ne se découvrent que progressivement dans leurs liens, aux problèmes que l’esprit peut et doit se proposer, comme autant de taches à accomplir. Assurément comme toute connaissance digne de ce nom, la philosophie vise bien cette valeur de vérité qui se définit par l’accord de la pensée avec son objet. Face aux critères de base du processus de la réflexion philosophique Towa pense que l’ethno-philosophie est une anti-philosophie. Car dans le déploiement de leur pensée, les ethnophilosophes ont toujours cédé à l’envie de théoriser et de tirer des conclusions hâtives de leur philosophie, de leur pratique. Livrée à elle, en ethnophilosophie, la raison est statique, incapable d’esquiver les questions et leur donner une réponse. On remarque que les conclusions de ses raisonnements sont contestées, sa législation devient antinomique et se montre incapable de trancher entre les thèses qui s’excluent. L’ethno-philosophie est dès lors limitée et n’a aucune dimension universelle dans la mesure où son objet se trouve dans le saisi et l’exposition de l’originalité de l’Afrique à travers ses œuvres culturelles. Cet esprit philosophique se distingue surtout par sa fermeture sur soi du cercle des connaissances et par sa détermination à toujours se contenter des vérités révélées au détriment du dépassement des contingences, comme l’exige l’esprit scientifique de tout débat philosophique. En cela Towa pose le fait que l’ethno-philosophie « en esquivant le débat philosophique sur les idées et les valeurs, il ne lui reste pour les imposer que la voie d’un dogmatisme desséchant dans lequel la négritude entendue comme retour à nos sources culturelles dans la fierté retrouvée, est pervertie au point de n’être plus qu’un avatar du « magister dixit ».»20. Comme telle l’horizon théorique de la pensée africaine est vide, et effroyables, des qualificatifs qui expriment mieux le retard de la philosophie en Afrique et les raisons premières de son exclusion au royaume de la philosophie. III. L’expression d’un peuple asservi, absent dans l’histoire universelle. L’ethno-philosophie est perçue par Towa comme un obstacle à l’avènement de la révolution africaine. En effet l’ethno-philosophie quelque soit sa pertinence n’a jamais sue inculquer au comportement africain la force de surmonter les apories soulevé par son propre développement. Idéologiquement son effort a toujours consisté à empêcher chez le dominé toute prise de conscience de sa situation de dominé et d’esclave en le dépréciant à l’histoire. Son attachement à l’unanimité impose une vision collective du réel qui n’est cependant pas en rapport avec le quotidien de l’Afrique animé par les conflits entre oppresseur et opprimée, et les divergences politiques. Ce qui lui permet de livrer uploads/Philosophie/ theme-de-memoire.pdf
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- Publié le Fev 20, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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