14 I. INTRODUCTION La sémiotique s'intéresse à « la signification telle qu'elle

14 I. INTRODUCTION La sémiotique s'intéresse à « la signification telle qu'elle se manifeste dans des textes, des images, des pratiques sociales, des constructions architecturales, etc…»(1). Le sens est un effet dont on va chercher à décrire les conditions d'émergence et d'organisation. Lire un texte, en sémiotique, c'est construire et proposer une organisation cohérente du sens. La théorie et la méthodologie sémiotique proposent des procédures de construction du sens au service de la lecture et de l'interprétation. « Cette construction obéit à des postulats qui définissent le champ de validité (de pertinence) de la sémiotique »(2). On ne cherchera pas d'emblée le sens d'un texte dans la pensée ou les intentions de son auteur (vouloir dire), ni dans la réalité du monde dont il est censé de parler. Mais on s'intéressera aux conditions d'organisation du langage : « la sémiotique appartient aux sciences du langage et aux sciences sociales »(3). Pour la sémiotique, un texte n'est pas seulement le support de la communication, d'un message ou d'une information, il est la manifestation d'une signification immanente est articulée. On pose que le sens peut s'analyser et se décrire comme un effet de différences ; un élément singulier haut, pauvre,bleu... ne fait sens que si l'on peut l'articuler à d'autres éléments dans un système de différences. C’est pourquoi, on appelle structure l'ensemble cohérent des règles de ces différences. La sémiotique en fait s'intéresse à l'organisation du sens; en forme de cette organisation, elle cherche construire, à différents niveaux, des systèmes de différences. Comme méthode d'analyse, la sémiotique s'inspire ses principes de la linguistique srtucturale et s’est répartie en plusieurs écoles théoriques. 1- RASTIER F. : Sémiotique, In Revue Encyclopédie philosophique universelle, Ed. PUF, Paris, 1990, p. 122. 2- DUCROT O. et TODOROV T. : Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Ed, Seuil. Paris,p.117. 3- Ibid, p.109. 15 II. LES DIFFERENTES APPROCHES SEMIOTIQUES 1. L'approche américaine Cette approche est représentée par le philosophe et logicien Charles Sanders Peirce (1838-1914) qui introduit le terme « Sémiotics » pour désigner une science basée essentiellement sur la logique, la phénoménologie et les mathématiques. Elle est considérée comme une entrée indispensable pour la logique qui « dans son aspect général [...] n'est qu'une autre dénomination de la sémiotique »(1). Cette conception de la sémiotique peut se présenter dans le schéma suivant : Schéma : 01 La conception peircienne de la sémiotique LA LOGIQUE (zone des signes symboliques ) LA SEMIOTIQUE LA PHENOMENOLOGIE LES MATHEMATIQUES ( analyse des citations (formulation des hypothèses et manifestation du signe ) et déduction des résultats ) La sémiotique peircienne, comme recherche élargie, s'occupe des signes linguistiques et des signes non-linguistiques. Elle a une fonction à la fois philosophique et logique et obéit aux principes de continuité, de réalité, de pragmatique et « cherche à instaurer un contrôle intentionnel sur les habitudes et les croyances »(2). Le signe, chez C S Peirce fait l'objet d'étude de plusieurs disciplines, telles que la phénoménologie, les mathématiques, la métaphysique et l'histoire. Aussi, sous ses trois types (icône, indice et symbole), « le signe est donc muni d'un 1 - PEIRCE C S. : Ecrits sur le signe, Ed. Seuil, Paris, 1978, pp. 25-26. 2 - FREGE G. : Ecrits logiques et philosophiques, Ed. Seuil, Paris, 1971, p. 208. 16 système mathématique et phénoménologique »(1). Ce qui permet de dire que cette conception consiste à représenter le signe en trois moments :  l'existence du signe en tant que signe.  l'existence de l'objet du signe (la signification).  le passage du signe à son objet (l'interprétation). Nous pouvons expliquer ces trois moments par les deux schémas représentatifs suivants : 1 -PEIRCE C S. : Op. cit, p. 78 Schéma : 03 L’arborescence sémiotique Rhème Désisigne Argument Icône Indice Symbole Qualisigne Sinsigne Lésisigne Signe Representamen Objet Interprétant Schéma : 02 Les trois moments du signe peircien Interprétation (Le signifié, chez Saussure) Signe Objet (Il n’a pas d’équivalent, chez Saussure) Représentation (Le signifiant, chez Saussure) 17 Les répartitions de C S Peirce sont très diversifiées de sorte qu'on peut compter plus de soixante types de signes. Mais on se réfère, le plus souvent, à la répartition triadique (icône, indice, symbole)(1) qui est la plus utile en domaine de la sémiotique. Plusieurs sémiologues européens ont bénéficié des travaux de C S. Peirce En effet, si G. Deledalle a traduit les textes peirciens sur le signe, et que E. Molino a puisé de sa conception féconde de la sémiotique, E. Benveniste, en revanche, a violemment critiqué l'approche peircienne. Selon lui, C S. Peirce a transformé tous les aspects de la vie en signes. Dans un article intitulé sémiologie du langage, E. Benveniste remarque que C S. Peirce a conçu tous les éléments de l'univers comme signes. Il convient de noter que « tous ces signes n'amènent qu'aux autres signes [...]. Comment peut-on sortir de ce champ clos ? »(2). Cependant, nous pouvons constater que la sémiotique peircienne, avec ses trois dimensions analytique, significative et pragmatique, est susceptible d'être appliquée à l'étude de l'intitulation. Quant à la triple répartition (icône, indice, symbole), elle est très utile, dans la mesure où « les titres portent, dans le discours journalistique, des significations iconiques visuelles, ce qui nécessite une interprétation à travers l'analyse immanente du signe et de son objet »(3) 2. L’approche française 2.1. Le Saussurianisme Ferdinand de SAUSSURE (1857-1913) est considéré, après la parution de son ouvrage Cours de linguistique générale en 1916, le père de la linguistique moderne et le fondateur de la sémiologie, bien que sa conception sémiologique marque l'avènement d’une discipline différente de la linguistique , 1- VAILLANT P. : Sémiotique des langages d'icône, Ed. Honoré, Paris, 1999, p. 56. 2- BENVENISTE E. : Sémiologie du langage, In Revue littérature, n°50, Ed. Larousse, Paris, 1976, p. 17. 3 - GRUENAIS.M P.: Titres de presse et langue de pouvoir, In Revue langage et Société, Ed. Maison des sciences de l'homme, Paris, n°31, 1985, p. 63. 18 l’épistémologie, la philosophie, la psychologie, la sociologie et l'axiologie.Toutefois, quoiqu'elle repose sur un fond multidisciplinaire, la sémiologie a sa propre unité profonde qui privilège l'analyse de toute pratique symbolique, propre à l'homme, en forme d'activités symboliques et systèmes significatifs. C’est ainsi que la sémiologie étudie les systèmes qui reposent sur l'arbitraire du signe et par conséquent peut étudier les signes naturels et conventionnels. Aussi, pour déterminer son autonomie épistémologique et construire ses propres conceptions théoriques, la sémiologie emprunte à la linguistique ses principes et ses notions (comme langue et parole, synchronie et diachronie). Dans ce contexte, Roland Barthes pense que « la sémiologie s'appuie sur la linguistique [...] La méthode que Saussure adopte dans l'analyse linguistique devait se retirer des systèmes sémiologiques, [...]comme la synchronie, la valeur, l'opposition, les axes syntagmatique et paradigmatique »(1). Quant au signe saussurien, il est conçu en signifiant et signifié, réunis ensemble par une relation arbitraire (à l'exception des onomatopées et formules d'exclamation) Il ne s'unifie pas à travers son champ matériel, mais par les relations d'opposition et de différence qui se tiennent entre le signifiant et le signifié. Sur la base de cette conception, nous pouvons donc noter quelques remarques sur le signe saussurien:  le signe est une image mentale liée par la langue et non par la parole.  le signe est conçu, seulement, en signifiant et signifié. La réalité matérielle ou référentielle n'est pas marquée.  la relation entre signifiant et signifié est arbitraire. Dans ce sens, Benveniste E. , dans son ouvrage Nature du signe linguistique (1979), estime que « la notion de l'arbitraire du signe porte une 1 - BARTHES R. : S/Z, Ed. Seuil, Paris, 1970, pp. 132-133. 19 marque artificielle et donc, nécessaire »(1).  le signe est neutre et abstrait. Il s'échappe de toute subjectivité ou idéologie.  dans l'étude des signes non-verbaux, le prototype linguistique est considéré comme modèle de référence. S'agissant du lien entre linguistique/sémiologie évoqué par F. De Saussure, R. Barthes estime qu'il est temps de renverser la théorie saussurienne pour considérer la linguistique non pas comme branche même privilégiée de la sémiologie, mais plutôt c'est l'inverse.(2) De plus, le côté psychologique intervenant dans la relation signifiant/signifié est remis aussi en question par certains sémiologues et linguistes. En dépit de ces critiques, F. De Saussure a sans doute enrichi les approches sémiotiques dans la mesure où le signe, par sa conception binaire (signifiant/signifié), aurait une grande influence sur l'analyse des textes quand on formalise le contenu pour s'échapper de toute réalité pleine de références. 2.2. La sémiologie de communication Les représentants de ce courant sont essentiellement E. Buyssens, G. Mounin et L. Prieto. C'est un courant de la sémiologie qui reconnait dans l'intention de communiquer le critère fondamental et exclusif qui délimite le champ de la sémiologie. Les systèmes de signes totalement explicitables sont univoquement liés à leurs objets par les fonctions qu'ils remplissent dans la société et pour laquelle ils sont expressément construits. En conséquence, c'est le signal, dans lequel l'intention de communiquer est clairement affichée, qui sera l'objet de la sémiologie. En fait, cette conception uploads/Philosophie/ semiologie.pdf

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