La guerre de 1914 selon le point de vue mystique. Sédir. La guerre de 1914 selo
La guerre de 1914 selon le point de vue mystique. Sédir. La guerre de 1914 selon le point de vue mystique. Sédir. TABLE DES MATIERES THÉORIE MYSTIQUE DE LA GUERRE…………………………3 LE PATRIOTISME ET L'ÉVANGILE……………………………..8 LE SOLDAT CONSIDÉRÉ COMME MYSTIQUE………………16 LE DEVOIR MYSTIQUE DES CIVILS…………………………..23 *** THÉORIE MYSTIQUE DE LA GUERRE Si, après avoir longtemps refusé de paraître en public, vous me voyez ce soir devant vous, c'est l'insistance de mes Amis qui en est la cause. Au bout de huit mois d'efforts, de ténacité, de douleurs stoïquement subies, me disent-ils, on a besoin d'entendre à nouveau les maximes éternelles qui rassérènent et qui exaltent. De crainte de me tromper en me taisant encore, je me suis rendu à ces raisons. Pardonnez-moi de n'avoir à vous offrir que de paroles. Devant les catastrophes actuelles, toute parole me semble vaine: la moindre action dépasse les plus sublimes discours Mes infirmités m'interdisent de combattre pour la Patrie: ce sera le chagrin de toute mon existence, l'humiliation inguérissable, l'humiliation de soi-même en face de soi-même. Si j'avais eu cet honneur - ce bonheur - une balle ennemie aurait probablement libéré mon esprit; il aurait reçu mieux la communion patriotique; et, des champs de bataille invisibles, il aurait pu répandre plus abondamment cette énergie transfiguratrice qui sauve l'avenir de la France. Le Destin m'a refusé cette joie. Acceptez tout de même le peu qu'il m'est permis de vous offrir. Vous n'allez entendre ni un cours, ni des conférences. Je n'ai pas eu le temps de rien préparer. Nous causerons ensemble, très simplement; nous nous entretiendrons d'abord, ce soir, de la Guerre en elle- même, telle quelle est dans l'Invisible; puis nous rechercherons, la prochaine fois, les bases christiques du patriotisme. Dans la troisième causerie, nous regarderons la bataille, la mort du soldat, l'hôpital, la captivité. Et dans la quatrième, nous examinerons si nous, les civils, nous remplissons nos devoirs. En somme, je ne ferai que dire tout haut ce que vous murmurent certainement tout bas, pendant vos veilles de méditations et de prières, les âmes des héros-martyrs, vos fils, vos frères, vos époux, soit qu ils combattent ici-bas, soit qu'ils continuent la lutte de l'Autre Côté, parmi les Anges de notre France confondus avec les Anges de notre Christ. La plupart d'entre vous sont accoutumés à mes façons de voir; je demande spécialement à ceux qui viennent ici pour la première fois d'attendre la fin de ces causeries avant de rejeter mes opinions. J'ai beaucoup de choses étranges à vous expliquer, et aussi des choses dures que je me sens obligé de dire. Il y a des constatations désagréables qu'il faut faire: pour se guérir, il faut d'abord se reconnaître malade. Tout le premier, je sais que je suis malade; nous sommes entre Français, nous sommes entre spiritualistes, nous sommes entre chrétiens nous sommes en famille. Nous devons pouvoir tout nous dire sans nous blesser. * Abordons le côté le plus obscur et le plus angoissant du problème. Pourquoi Dieu permet-il la guerre? Que fait Dieu pendant que des millions d'hommes meurent dans ces carnages et ces atrocités? Ces questions qu'on entend de toutes parts, je dois dire franchement que je les comprends mal. Je sais que rien n'arrive sans la permission de Dieu. Je sais que le Christ est là, avec nous, avec vous, avec moi, 4 avec la mère et l'épouse et l'enfant, avec le soldat, avec le blessé, avec l'agonisant. Il ne me faut rien savoir de plus. Le soldat ne questionne pas son général; et nous sommes en voie de devenir des soldats du Christ. Mais tout le monde n'a pas la même incuriosité. Vos interrogations légitimes seront peut être satisfaites par les idées suivantes. Nous ne percevons que des effets, jamais des causes. De même que nous les civils ne savons de ce qui se passe à la frontière que ce que l'Etat Major veut bien nous révéler de même les dieux ne nous laissent entrevoir que des épisodes locaux de la bataille de la Vie, ou des ensembles extrêmement vagues. Cette ignorance est une épreuve à notre orgueil: c'est aussi une précaution affectueuse de Dieu. Dénombrez les devoirs que nous impose notre petit bagage de renseignements sur la Vie, comptez à combien de ces devoirs nous manquons; faites le bilan des justes pénalités que nous encourons de ce chef. Que serait-ce si notre connaissance du monde était complète? Quels déséquilibres chez nous entre le savoir et le pouvoir! Combien cette disproportion serait-elle énorme et néfaste si nous savions tout, alors que nous ne pouvons presque rien. Et puis, cette ignorance est précieuse. La raison, le jugement, les facultés cérébrales font partie du développement naturel de l'homme. Mais son développement surnaturel? L'effort qui nous projette par-dessus l'abîme-frontière du fini et de l'infini, du créé à l'Incréé, du Royaume temporel au Royaume éternel, cet effort vers l'au-delà du sensible et du conscient, le Christ le nomme: c'est la foi. Son domaine est l'ignorance. Tout ce que je connais, je n'ai plus à y croire. Si donc en face du malheur, je ferme obstinément les yeux de ma raison, et si je me dis: Je ne comprends pas mais Dieu est là, il sait, Il voit, Il comprend, Il est bon, Il dispose tout pour mon bien; cette attitude absurde, selon la sagesse humaine, est la seule vraie, selon l'Absolu, où elle enlève mon coeur et mon esprit, d'un seul battement d"ailes. Dieu fait bien ce qu il fait. Il a organisé le monde sur le binaire, comme dirait Pythagore. Tout va par couples, par dualité, par antagonismes. La vie est une guerre universelle. La tuerie est partout. Cette fleur si pure, cette forêt majestueuse, ces nobles montagnes, ce visage harmonieux, ne sont-ce pas les théâtres d'effroyables combats? Il serait banal de souligner cette antithèse. Et nous voudrions que les peuples vivent en harmonie? Ne craignons pas de regarder en face les réalités. La Guerre, comme la Paix, sont des créatures de Dieu: comme Satan, comme le saint, comme le héros, comme le bandit. La Guerre, vierge folle, et la Paix, vierge sage, sont deux soeurs immortelles; la première seule n'a su résister à l'épreuve. . Rien ne naît que de la mort. Aucune éclatante beauté ne jaillit que de mille laideurs obscures. Aucun sacrifice ne fleurit que sur le fumier des vils égoïsmes défunts. Aucune concorde qui ne soit fille le la discorde. Regardez autour de vous: quelle sérénité ne plonge pas ses racines dans l'angoisse? Quelle puissance ne s'élève pas d'innombrables chutes? Aucune certitude ne vaut si le doute ne l'a pas forgée. Si le cruel égoïsme n'avait d'abord durci les fibres d'un coeur, la tendresse ensuite et la bonté ne pourraient habiter en lui. Vous qui suivez la voie étroite, comment possédez vous un peu de douceur, de foi, de flamme, si ce n'est pour avoir vaincu la colère, l'indifférence et la paresse? Il faut le redire et le crier, même contre l'évidence apparente: Dieu est bon, le Père seul est bon. Devant la mort des êtres chers, devant la ruine, l'incendie, les tortures, la tentation surgit d'accuser Dieu; et plusieurs succombent à cette tentation. Mais souvenons-nous des vérités évidentes; rappelons le simple bon sens que l'horreur des catastrophes déconcerte. S'il n'y avait pas de haine entre individus, il n'y aurait pas de haine entre familles. S il n y avait pas de haine entre les familles, il n y aurait pas de haine entre les peuples. Dans un fruit pourri, la moisissure a commencé par une cellule imperceptible. L'épidémie qui ravage des provinces a d'abord tué un seul Individu, et chez cet individu elle ne fut d'abord qu'un microbe infinitésimal. Voilà l'erreur des pacifistes. Ils pensent abattre l'arbre en coupant ses frondaisons; c'est à la racine qu il faudrait aller. D'ailleurs, ils déclarent eux-mêmes leur faiblesse, puisqu'on les voit se disputer entre eux. Si donc, reconnaissant notre ignorance, nous comprenons que la racine de tout mal c'est dans notre coeur, nous devons nous abîmer dans l'humble repentir. Chacun d'entre nous soit comme individu, soit 5 comme citoyen, de combien de malheurs ne fut-il pas l'ouvrier, par négligence ou par malice active? Vous rappellerai-je la théorie des existences antérieures? Ne savez-vous pas que le mal auquel nous consentons, même s'il reste dans la pensée, tend à prendre une forme matérielle? L homme est un centre transformateur par qui tout l'invisible passe pour devenir visible. En outre de ses suites physiologiques et psychiques, le vice tend à force d'années à revêtir un corps; un fruit vénéneux, un animal venimeux, un marais pestilentiel, sont les formes physiques des vices autrefois cultivés par des hommes ou des peuples disparus. Une pensée de vengeance à laquelle on s'abandonne, au bout de quelques générations, aboutit à un crime: le Christ montre ces choses à ceux de Ses amis dont Il ouvre les yeux. Or nous avons haï, nous avons été cyniques, impudents, calomniateurs, nous avons détruit des confiances, souillé des délicatesses, faussé des voies: maintenant, les soldats de l'antéchrist réalisent devant nos yeux l'horreur uploads/Philosophie/ sedir-la-guerre-de-1914-selon-le-point-de-vue-mystique.pdf
Documents similaires










-
40
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 14, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1912MB