Proposition de plan de dissertation Introduction Certains personnages romanesqu
Proposition de plan de dissertation Introduction Certains personnages romanesques semblent maîtriser leur vie ; ils accomplissent en effet des actes librement choisis. C’est le cas notamment du Vicomte de Valmont dans Les Liaisons dangereuses : ce libertin séducteur use de son pouvoir de manipulation pour soumettre ses conquêtes. D’autres héros, à l’inverse, sont ballottés au gré des événements, comme Meursault dans L’Etranger de Camus. Dans le roman d’analyse La Princesse de Clèves, paru anonymement en 1678, Madame de Lafayette met en scène une jeune héroïne à la Cour du roi Henri II qui va soudain connaître une passion impossible pour le duc de Nemours alors qu’elle vient juste de se marier. Le personnage éponyme, sans expérience de l’amour ni de la Cour, se retrouve alors confronté à la morale et à la société. Se pose alors la question de sa liberté et de son pouvoir de décision. L’héroïne est-elle maîtresse de sa vie ? Après avoir montré qu’elle est soumise à diverses contraintes extérieures, nous étudierons en quoi elle se libère progressivement de ces entraves. Enfin, nous verrons que cette liberté est illusoire puisque la princesse est prisonnière et victime d’elle-même. I-Certes, l’héroïne subit différentes contraintes qui viennent de l’extérieur 1) Elle est victime de la société et de la Cour -Mariage imposé avec le prince de Clèves -Scène du bal : rencontre avec Nemours orchestrée par les puissants -Poids de l'honneur et de la réputation, des conventions sociales -> lexique récurrent du devoir, de l’obligation morale -Individu soumis au regard, aux rumeurs et au paraître -> elle est amenée à cacher ou à mentir - Obligations sociales, mondaines : elle doit se rendre à la Cour et aux bals, assister aux tournois… -> obligation de se rendre sur les lieux de tentation 2) Elle est conditionnée par l'éducation de sa mère et par sa mise en garde contre la passion -Education janséniste austère : Mme de Chartres lui a inculqué « l’amour de la vertu », la recherche du repos, la crainte de la passion présentée comme dangereuse (« un précipice » dans lequel elle pourrait tomber, discours sur l’infidélité des hommes…) -Rôle de la mère = lexique fréquemment employé : les verbes « guider » et « conduire » -> sa mère la conduit sur le droit chemin, elle fait office de directrice de conscience Voir lecture linéaire sur les dernières volontés de Mme de Chartres + la carte du Tendre : le fleuve inclination qui peut mener dans la mer dangereuse 3) Elle subit aussi la fatalité -> elle n’a pas le contrôle de sa vie = Héroïne tragique - Rencontre avec le duc qui arrive trop tard (= le destin) -Passion présentée comme « fatale » -Elle ne maîtrise pas les événements qui s’enchaînent : la mort de la mère, l’aveu au mari surpris par le duc, les visites nocturnes de Nemours dans le jardin (scène d’espionnage quand elle admire son le tableau) et la mort de son mari qui découle de cette passion II) Toutefois, l’héroïne est maitresse de certaines décisions de sa vie 1) La jeune héroïne évolue et se libère au fil du roman -> Acquisition d'autonomie après la mort de sa mère qui survient dès le tome 1 Roman d'apprentissage = elle prend des décisions, seule Dans le tome 1, elle ne répondait pas face à sa mère, elle se soumettait à son jugement et à ses recommandations sans dire un mot, mais à partir du tome 2, elle développe son esprit d’analyse et son esprit critique en faisant même face à son mari. Après la mort de sa mère, c’est elle qui décide de lutter contre sa passion. Choix de retraites à Coulommiers contre l’avis de son mari, contre les jugements de la Cour 2) Des choix raisonnés Son esprit reste lucide malgré tout : « [les passions] ne sauraient m’aveugler ». Nombreux passages introspectifs qui précèdent notamment les prises de décision. Voir l’exemple étudié du monologue intérieur délibératif Beaucoup de verbes d’analyse parcourent le roman Citation de Marie-Odile Sweetser : « La conduite héroïque, extraordinaire, de la princesse, guidée par un jugement lucide et une volonté ferme, provoque l’admiration, crée le sublime. » 3) Des choix cruciaux pris sans pression extérieure et qui vont influencer son destin -Scène de l’aveu au mari : elle fait ce qu’aucune femme n’a jamais fait -> elle fait prendre d’une liberté courageuse en se montrant sincère (elle passe outre les convenances) -Scène de l’aveu à Nemours dans lequel elle fait preuve d’une liberté d’expression sans précédent : « je vais passer par-dessus toute la retenue et toutes les délicatesses que je devrais avoir dans une première conversation. » + le choix du renoncement final alors qu’elle est socialement « libre » de l’épouser comme elle l’explique elle-même : « je sais que vous êtes libre, que je le suis aussi » -> le choix d’une vie retirée de la Cour pour goûter au repos Mais ses décisions sont-elles si libres que cela ? III- Finalement, même lorsque l’héroïne semble maîtresse de ses décisions, elle est victime et prisonnière d’elle-même (de ses sentiments et de son caractère). 1) Elle est conduite par la puissance de la passion Pour les philosophes de la liberté comme Kant, la passion est perçue comme une « maladie de l’âme » car sous l’emprise de la passion, on commet des choses que l’on n’a pas décidé -> « je fais aujourd’hui tout le contraire de ce que je résolus hier. » (voir la lecture linéaire n°4) Nombreuses récurrences de l’expression « elle n'était plus maîtresse… » -> elle envoie malgré elle parfois des signes de sa passion (voir épisode de la chute à cheval). Etymologie du mot « passion » (« souffrance », « torture ») -> soumission Elle déclare elle-même : « les passions peuvent me conduire » : elle se met à rêver en regardant un tableau sur lequel figure Nemours et elle enroule les rubans de Nemours autour de sa canne d’Inde Les décisions qu’elle prend seule consistent à fuir la passion perçue comme une menace = liberté toute relative. Elle cherche d’ailleurs elle même un guide, un rempart, donc une entrave à sa liberté d’aimer = elle veut trouver une autorité morale et s’y soumettre pour pouvoir continuer à lutter (après sa mère, c’est auprès de son mari qu’elle cherche de l’aide) parce qu’elle se sent impuissante et vulnérable. 2) Elle est soumise à sa morale personnelle, plus exigeante que la morale sociale Même après la mort de son mari qui la libère socialement, elle va jusqu'à invoquer son devoir, ce que Nemours appelle un « fantôme de devoir » pour ne pas épouser le duc. Le mari vivant était un obstacle, le mari mort l’es aussi car sa mort est associée à sa passion -> poids du remords 3) Elle est victime de sa peur de souffrir en vivant cet amour L’expérience de la jalousie lors de l’épisode de la lettre l’a dévastée et marquée à jamais. Le renoncement final que rien d'extérieur n'oblige est dicté par la peur de souffrir, d’être trompée, d'éprouver de nouveau de la jalousie. Vulnérabilité ou orgueil ? (Voir la maxime de La Rochefoucauld sur la jalousie et l’amour-propre) Représentation pessimiste de l’amour vécu -> Elle a aussi peur de voir l’amour disparaître puisqu’elle pense que l'amour absolu et pur ne peut exister que s'il n'est pas vécu (voir ce qu’elle explique à Nemours dans leur entretien final) -> Paradoxalement, elle y renonce pour le garder intact (car dans le mariage, la flamme s’éteint) et donc pour être aimée le plus longtemps possible de Nemours -> orgueil Conclusion : a) Récapitulatif b) Ouverture : la dimension tragique du psg qui suscite à la fois la compassion du lecteur (souffrance du psg, fatalité) et son admiration (jeune héroïne exemplaire qui lutte contre sa passion et conserve sa vertu). uploads/Philosophie/ proposition-de-plan-de-dissertation-heroine-maitresse-de-sa-vie.pdf
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- Publié le Dec 23, 2021
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