Cahiers de praxématique 43 | 2004 Aspects du dialogisme D. Ducard, Entre gramma
Cahiers de praxématique 43 | 2004 Aspects du dialogisme D. Ducard, Entre grammaire et sens. Études sémiologiques et linguistiques Driss Ablali Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/praxematique/1870 DOI : 10.4000/praxematique.1870 ISSN : 2111-5044 Éditeur Presses universitaires de la Méditerranée Édition imprimée Date de publication : 2 janvier 2004 Pagination : 224-227 ISSN : 0765-4944 Référence électronique Driss Ablali, « D. Ducard, Entre grammaire et sens. Études sémiologiques et linguistiques », Cahiers de praxématique [En ligne], 43 | 2004, mis en ligne le 01 janvier 2013, consulté le 25 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/praxematique/1870 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ praxematique.1870 Tous droits réservés Dominique D ENTRE GRAMMAIRE ET SENS. ÉTUDES SÉMIOLOGIQUES ET LINGUIS- TIQUES , Paris, Ophrys, pages. Après La Voix et le Miroir, publié en chez L’Harmattan, Domi- nique Ducard nous livre cette fois-ci Entre grammaire et sens. Études sémio- logiques et linguistiques, où il relate ses recherches menées sur les rela- tions entre linguistique et sémiologie. Comme l’indique clairement le sous- titre, il s’agit d’un travail sémiologique et linguistique, et non pas sémio- linguistique. Pourquoi ? C’est ce que nous essaierons de dire après la pré- sentation du livre. L’ouvrage, dont la plupart des articles reprennent des communications présentées dans des colloques ou des congrès, comporte trois parties ; cha- cune regroupe des articles qui visent particulièrement la conceptualisation de la théorie sémiologique telle qu’elle est conçue par l’auteur et son appli- cation dans différents domaines des sciences du langage. La première partie, intitulée « Langue, grammaire, énonciation », re- groupe des articles à visée pédagogique dans le cadre de l’enseignement et l’apprentissage, centrés sur la langue et l’activité grammaticale. Dans l’entretien avec A. Culioli, qui ouvre l’opus, D. D. essaie d’apporter aux Lectures et points de vue enseignants de français la définition d’une linguistique appliquée. Culioli revient sur les termes de « théorie », « opérations », « énonciation », « épi- linguistique » et l’entretien se termine sur le profil que devrait, selon lui, avoir un enseignant de langue. Les articles qui suivent, « Diversité de la langue » et « Langue, énonciation, discours », montrent en quoi la théorie énonciative de l’activité de langage apporte une contribution essentielle à la didactique du français. D. D. cherche à savoir si les connaissances apportées par certaines théories de référence ont une réelle incidence sur les pratiques langagières des enseignants eux-mêmes. La deuxième partie, « Discours et énonciation », porte sur la façon dont les concepts et la méthode linguistiques utilisés servent l’interprétation de la dimension imaginaire qui détermine les positions subjectives des énon- ciateurs. Le premier article, « Formes de discours et énonciation : la moda- lisation », a pour objectif de montrer qu’en « prenant quelques lieux straté- giques du discours, notamment ceux où les positions de l’énonciateur sont en jeu, nous pouvons tenter de saisir, à partir d’un examen des marqueurs qui sont la trace des opérations et des représentations, ce qui anime sub- jectivement le mouvement de la pensée dans ses formes d’énonciation » (p. ). Dans l’article suivant, « Concession, écart et transaction », D. D. se penche sur un genre très particulier, défini souvent comme une simple juxtaposition ou un véritable collage, à savoir le rapport de thèse. Il montre comment la figure de la « concession », « sous-tendue par des opérations de validation et de valuation, y souligne la position, à la fois subjective et inter- personnelle, du rapporteur-juge et signale un conflit de représentations qui est résolu par une sorte de transaction justiciable de la position de la situa- tion de communication » (p. ). Toujours dans le domaine des institutions, mais cette fois en quittant l’université pour le parlement, D. D. cherche à comprendre, dans le troisième article, « Une discussion biaisée : la ques- tion rhétorique dans le débat parlementaire », l’activité de représentation et d’interprétation à travers les textes qui en sont les traces matérielles et signifiantes. En d’autres termes, il s’agit de repérer dans le débat parlemen- taire les formes linguistiques et non mentales de la manipulation à travers des figures de sens. Cette partie se clôt par « De la subjectivité dans le rai- sonnement : justification et pseudo-explication », où l’auteur s’attache à montrer que les outils linguistiques ne suffisent pas à rendre compte des rapports intersubjectifs en jeu et du rôle de l’institution. Ainsi, il juge le recours, par exemple, à la psychanalyse inévitable. La troisième partie, « Textes, Signes, sens », se veut interdisciplinaire ; plusieurs disciplines s’y croisent, pour mettre en relation le langage, l’ima- ginaire, le corps et le symbolique. Dans « Nouvelle sémiologie et théorie de l’énonciation », les travaux de Benveniste, Culioli, Kristeva, Rastier, Cahiers de praxématique , sont convoqués pour situer clairement la « nouvelle sémiologie », dite de « deuxième génération » dont se réclame D. D., et qu’il veut « interpréta- tive ». Dans le second article « L’image du sens », il vise à appréhender l’activité symbolique de représentation liée à l’activité langagière, en réfé- rence aussi bien à la psychanalyse de Freud qu’à la théorie des opérations de Culioli. Vient ensuite « Proust interroge le linguiste », article où D. D. se demande en quoi le linguiste peut aider à saisir l’expérience signifiante de langage en littérature et en quoi celle-ci interroge les théoriciens du lan- gage. Dans le quatrième article de ce livre, « La levée du sens : une note de lecture de Lévi-Strauss », D. D. prend « l’exemple d’une expérience unique, lors d’un retour sur l’écrit et le passé, de révélation d’un sens caché mais pressenti, pour rappeler ce qui reste pour nous le domaine d’une sémana- lyse quelque peu oubliée : la signifiance » (p. ). Il continue en indiquant, dans « D’une représentation à l’autre », en quoi « le concept de représenta- tion est un point nodal dans une approche sémiolinguistique des textes et du langage qui intègre, dans son versant interprétatif, des considérations de la psychanalyse » (p. ). Dans « Trace et marqueur : une perspec- tive sémiologique » enfin, D. D. revient sur la banalisation de l’emploi des notions métalinguistiques de « marque » et de « marqueur » pour préciser leurs spécifications conceptuelles dans la théorisation de Culioli. En revenant à présent sur la question posée en ouverture, nous souligne- rons que nous avons lu le livre de D. D. comme un travail où les frontières entre linguistique et sémiologie sont nettement balisées. À aucun moment, l’auteur ne les regroupe sous le même toit, ce qui semble d’ailleurs techni- quement impossible, car rien ne permet de mettre Peirce et Culioli dans le même panier. La sémiotique peircienne est, selon Peirce lui-même, une théo- rie de la connaissance, une logique, alors que la linguistique de Culioli est associée à ce qu’on appelle « la théorie de l’énonciation ». La question que l’on se pose dès les premières lignes de ce livre est la suivante : comment D. D. arrive-t-il à conjuguer ces deux pratiques, que tout semble séparer, dans l’analyse du sens et des textes ? On peut toujours tisser des liens entre Saussure et Culioli, entre Benveniste et Culioli, ou encore entre Greimas et Culioli, mais entre Peirce et Culioli, les choses semblent un peu compli- quées. Sur ses orientations théoriques et méthodologiques, D. D. s’explique clairement dès la première page : « la sémiologie qui m’occupe [...] n’est pas du même ordre que la sémiotique discursive de tradition française » (École de Paris, fondée par A. J. Greimas). Disons qu’elle s’inspire de la philo- sophie de C. S. Peirce et qu’elle s’accommode de la définition de Saussure, pour qui la sémiologie devait être, selon la formule consacrée, l’étude de « la vie des signes au sein de la vie sociale » (p. ). Il ajoute juste après : « sans pouvoir exposer ici la conception théorique qui sous-tend l’économie géné- Lectures et points de vue rale de l’ensemble des travaux présentés, je mettrai en avant un questionne- ment permanent, qui porte fondamentalement sur l’activité signifiante de langage conçue comme une activité de représentation et d’interprétation. Ce questionnement prend appui, diversement selon les points abordés, sur la théorie des opérations énonciatives d’A. Culioli, dont je retiens l’orienta- tion épistémologique et méthodologique » (p. ). Les objets d’analyse sont certes différents, du rapport de thèse au dis- cours parlementaire en passant par Proust, mais les analyses de D. D. res- tent prudentes, ne confondant pas linguistique et logique. Car si Culioli revient presque dans tous les articles, comme le montrent les bibliographies, les références à Peirce ne sont pas aussi dominantes que le laisse croire l’avant-propos de ce livre. Pourquoi ce retrait ? Une réponse, qui n’engage que nous, consisterait à dire que la liaison additive entre sémiologie et lin- guistique qui semblerait aller de soi dans le sous-titre de cet ouvrage est problématique ; les chemins se séparent dès le départ, car l’on ne peut pas convoquer conjointement la sémiotique de Peirce et la théorie de énoncia- tion de Culioli uploads/Philosophie/ praxematique-1870.pdf
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- Publié le Nov 25, 2022
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