Pourquoi obéir aux règles morales? La morale se définit comme l’ensemble des rè

Pourquoi obéir aux règles morales? La morale se définit comme l’ensemble des règles relatives au bien et au mal, c’est { dire qui en font la différence. Ainsi les règles morales entraineraient un ensemble de devoirs, de conduites à adopter dans le but précis de montrer le bien. La morale vient du latin « mos, mores » qui signifie « mœurs ». Les mœurs correspondant au comportement des individus au sein d’une société, les règles morales sont l{ pour imposer une manière d’être dans le rapport d’homme { homme. On devrait ainsi pouvoir parler de « morale universelle », pourtant la morale et ses règles sont distinctes d’une culture { une autre, d’une croyance à une autre, et varient en fonction des besoins d’une société. Le verbe obéir, quant à lui, renvoie { la soumission de l’homme, { son inclination devant une puissance supérieure. Obéir aux règles morales suppose donc l’effacement de notre volonté face aux règles imposées par une autorité souveraine. Obéir aux règles morales ne serait donc pas une atteinte à la liberté ? De plus, la variété des règles morales ne traduit-elle pas l’absence de fondement rationnel { l’exigence morale ? Dès lors, pour quelles raisons et sous quels prétextes obéir aux règles morales ? Quels sont les objectifs et les exigences de telles règles ? Puisque la morale reste un ensemble de principes liés à la recherche constante du bien, leur obéissance n’est-elle pas un acte individuel indispensable { l’égard de la collectivité ? Nous nous intéresserons tout d’abord au paradoxe de la morale qui a pour but de montrer le bien mais qui suppose pourtant l’exercice de règles et donc peut-être la disparition de la liberté en soi. Nous nous demanderons ensuite pour quels motifs faudrait-il obéir à ces règles morales en nous appuyant sur la pensée du philosophe Kant. Enfin, après avoir répondu à la question de l’existence d’une « morale universelle », nous préciserons l’indispensabilité de telles règles morales et leurs fins. La morale est assez difficile { définir, traditionnellement on l’associait au droit et { la religion. Par exemple, dans la Bible et le Coran, les règles sont prescrites aux hommes par Dieu lui-même. Ainsi en plus de livres religieux, on peut considérer ces ouvrages comme moraux et juridiques. Si la morale peut être dictée par la religion, le droit ou toute puissance extérieure, lui obéir n’est-ce pas renoncer à sa liberté ? La conception la plus répandue de la liberté étant celle de la toute puissance de la volonté, être libre serait faire ce qui nous plaît, c’est { dire accomplir tous nos désirs. Or l’expérience a montré que l’homme ne pouvait réussir { accomplir tous ses désirs puisqu’il est en permanence soumis { des contraintes, qu’elles soient externes (sociales, physiques, hiérarchiques,…) ou internes (passions, instincts,…). Comme le montre Platon au sophiste Gorgias, le tyran n’est pas l’homme le plus libre de la cité sous prétexte qu’il peut se débarrasser de qui il veut, puisqu’il est l’esclave de ses propres colères et ses propres envies. Ainsi, si la liberté est définie l’absence d’obstacles et de contraintes, la liberté ne peut exister chez l’homme. En revanche, si l’on considère le terme liberté dans le sens de liberté d’agir conformément aux décisions que l’on a prise, alors la liberté est possible. La liberté serait donc être responsable, c’est { dire capable de se poser des objectifs et de les atteindre. En ce sens, les contraintes extérieures ne doivent pas nous dominer, on doit pouvoir les dépasser. La liberté serait donc la condition même de la responsabilité morale et elle consisterait en l’éloignement de toute autorité extérieure qui pourrait venir perturber sa propre autorité. C’est pourquoi les sociétés modernes cherchent à séparer la morale de l’extérieur, on l’a intériorisée la rendant ainsi comme une affaire de conscience. De plus toutes règles morales imposées par une religion ont été bannies du champ politique et social dans les sociétés démocratiques actuelles. Comme le dit Nietzche, « Dieu est mort », Dieu étant par définition immortel, Nietzche annonce ici la fin de la religion chrétienne et des valeurs morales qui lui sont liées. Quand au droit, on le distingue aussi de plus en plus de la morale. Le philosophe qui s’est le plus penché sur cette conception interne de la morale est Kant qui oppose le droit, pour lequel on obéit à une loi extérieure (c’est l’hétéronomie), { la morale pour laquelle on obéit { des règles intérieures (c’est l’autonomie). Ainsi, si les règles morales ne sont pas dictées par une puissance extérieures (comme le sont les lois juridiques par exemple), pour quelles raisons leur obéir? Et bien comme le dit Kant, parce qu’il le faut. Kant présente la morale comme un devoir, mais introduit une distinction importante: les actions accomplies « par devoir » sont seules morales, c’est { dire celles qui excluent tout autre motif ; les actions accomplies « conformément au devoir » sont seulement légales, leur conformité avec le devoir n’est qu’extérieure. Quand on parle de devoir moral, il ne faut ainsi pas se contenter de l’accomplir avec une intention intéressée (comme la peur d’une punition, le désir de récompense…) puisque dans ce cas notre intention ne serait plus morale. C’est pour cela que Kant s’oppose aux empiristes anglais qui pensaient que le bien, c’est ce qui fait du bien, et le mal, c’est ce qui fait de mal. La morale serait ainsi ce qui fait du bien et le devoir moral adopterait un tout autre sens qui pourrait justement être celui d’une action intéressée, par exemple le voleur peut voler pour “se faire du bien”. On peut comprendre le point de vue des empiristes puisque si l’on considère que le bien moral n’est ni dicté par Dieu, ni par les lois de la société c’est { dire de toute puissance extérieure, il est issu de l’homme lui même. Or l’homme est doté d’une âme, c’est donc un être sentimental, guidé par ses sensations. Les empiristes font de l’expérience sensible le critère, ils parlent ainsi de “morales du sentiment” comme par exemple Adam Smith. A l’inverse pour Kant le devoir est la voie de la raison puisqu’il considère l’homme comme un être raisonnable, il parle ainsi par opposition de “morales du devoir”. C’est pour ça qu’obéir aux règles morales est un devoir, une action normale, mais doit-on donc parler d’une nécessité ou d’une obligation? Si Kant prône une pureté de l’intention, une morale pure qui ne doit pas attendre une récompense, il est conscient qu’on ne peut pas généraliser ce principe à tous les hommes. En effet, pour la plupart la morale permettrait la satisfaction intérieure d’être conforme au devoir, on pourrait donc parler d’une nécessité relative à notre propre conscience morale. Tout acte moral n’émanerait-il pas d’un principe égoïste? Chez Rousseau, la conscience morale serait un juge infaillible du bien et du mal, il pense qu’il existe en nous une appréhension directe de ce qui est bien et mal, appréhension qui relèverait de la nature (c’est a dire de l’instinct) : “un instinct divin, immortelle et céleste voix”. Manquer à notre conscience voudrait dire ne pas respecter ce que notre conscience nous dicte de faire. C’est pour cela que l’homme respecterait les règles morales, non pas par sentiment du devoir mais pour la satisfaction d’être en paix avec sa conscience. Chez Kant en revanche, l’action morale ne doit s’accompagner de satisfactions naturelles, c’est un devoir qui ne peut être déterminé par notre sensibilité ni par les effets et les buts de l’action engendrée par la morale. La morale doit être guidée par ce qu’il appelle la « volonté bonne ». En effet, il considère que quand les êtres humains réfléchissent { l’éthique (c’est à dire ce qui concerne la morale et les moeurs), c’est toujours la volonté bonne qu’ils considèrent comme la valeur supérieure. Ainsi, chacun de nous posséderait intérieurement une volonté bonne qui nous montrerait ce qui est bon et ce qui est mal, et qui guiderait ainsi l’homme dans sa conduite, ce qui est le propre des règles morales. Mais comment l’homme peut il savoir quel est son devoir ? Kant refuse de s’en remettre { une source extérieure (traditions sociales, religion). C’est en moi même que je dois trouver des réponses { mes interrogations morales, mais c’est par la raison que je dois y parvenir et non par les sentiments qui sont relatifs et changeants. La morale doit résulter de l’usage autonome de la raison, et c’est seulement par obligation et par devoir que nous devons suivre nos propres règles morales. Comment le devoir se présente-t-il à la conscience ? Comme un impératif, mais Kant va plus loin et distingue deux types d’impératifs. Tout d’abord l’impératif hypothétique qui se présente sous la forme “si, … alors”. Cet impératif est de l’ordre d’un calcul rationnel, mais qui ne va pas dans le sens de la raison morale sinon d’une raison qui permet de trouver les meilleurs moyens d’agir efficacement. Par contre, il parle d’un autre impératif: l’impératif catégorique, c’est un uploads/Philosophie/ pourquoi-obeir-aux-regles-morales.pdf

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