la nouvelle critique PARTI OUVRIER ET MONDE MODERNE Y a-t-il un sens de l'histo

la nouvelle critique PARTI OUVRIER ET MONDE MODERNE Y a-t-il un sens de l'histoire? Lo closse ouvrière existe-t-elle? Faut-il encore un parti communiste? Que peuvent faire les intellectuels? ACTUALITES Philosophie, Arts, Littérature, Cinéma, Thatre, Idées. revue mensuelle novembre 1959-11e arm& 110 la nouvelle critique revue du marxisme militant Comité de rédaction Directeur politique Guy BESSE Jacques ARNAULT Jean-Marie AUZIAS, Lyon Guy BESSE Jacques CHAMBAZ Denn CLAUDE Francis COHEN Pierre DAIX Roland DESNE Marcel EGRETAUD Jean ERE VOLLE Louis FRUHLING, Stra-sbourg Andre GISSELBRECHT François HINCKER Jesus IBAROLA, Grenoble Jean KANAPA Jean-Mare LEBLOND Jeanne LEVY Franeois LURCAT Jean MARCENAC Jacques MILE1AU, Lille Antoine PELLETIER Andre RADIGUET Jean ROLLIN Alai ROUX Lucien SEVE, Marseille Jean SURET-CANALE Boris TASLITZKY Guy TISSIER Michel VERRET, Nantes Roland WEYL Rédacteur en Met Jacques ARNAULT Rédacteur en chef ad joint Andre GISSELBRECHT Secrétaire de rédaction Jean ROLLIN REDACTION, ADMINISTRATION ET SERVICE ABONNEMENTS 95-97, Bd de Sebastopol, Paris (2.) TELEPHONE GUT. 51-95 COMPTE CHEQUE POSTAL Paris 6956-23 ABONNEMENTS France Etrang. Fr. 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Le plus important ne fut pas que Colomb partit ä la découverte de l'Amérique, mais qu'il en revint ! Aujourd'hui avec Lunik III un nouveau monde apparait ti /a portée de l'homme et ce monde, contrairement ä l'ancien, est géographiquement infini, inépuisable. Une conscienee nouvelle, unitaire, des rapports entre les hommes va naitre. La rencontre Khrouchtchev-Eisenhower a contribué, sur un autre plan sans dorrte — mais qui rejoint le premier ä modifier la conseience de ces rapports. 11 faut avouer que pour un Américain moyen ce doit itre beaucoup ä la fois, la sensibilité soudaine du monde interstellaire et celle du monde cornmuniste en la personne de Nikita Khrouchtchev. Devant ce monde en transformation les idées, les interro- gations sont nombreuses. Nous pouvons déceler trois lignes qui caractérisent grosso modo les attitudes de nos contempo- rains : une ligne conservatrice, qui s'exprime dans la peur de l'avenir, le pessimisme, le manque de confiance dans l'homrne. Une ligne con quérante : on dresse des plans d'ave- nir, voilä l'homme de demain. Une ligne médiane — qui n'est peut-étre d'ailleurs qu'une variante de la première, qui voudrait bien ä la fois garder et conquérir... • Jacques Arnault (JA.), Claude Duché (C.D.), Andre Gieselbrecht (A.G.), Jacquee Chanlaz (J.C.), Pierre Juquin (P.J.). 1 2 ENTRETIEN En ce qui concerne la première attitude, ii faut souligner son aspect purement defensif : défense craintive du passé plus que du présent, qui reflète un double désarroi : on a cessé d'avoir confiance dans le dynamisme des valeurs dites occi- dentales, on a cessé d'avoir bonne conscience en face du socialisme. Ii n'est question que de maintien, de sauvegarde, de « réduit du monde libre ». Ce sont lä des airs aneiens, depuis la découverte du caractère périssable, historique, des valeurs, depuis Valéry. Mais ce langage recouvre de moins en moins de choses : ces valeurs occidentales, il faudrait peut-ètre dire en quoi elles consistent, difinir et évaluer leur contenu. La dernière mystification intellectuelle de la droite est celle du langage : ce vétement de mots pourrait bien n'étre qu'illu- sion. Qui osera dire, comme dans le conte d'Andersen L'empereur est tout nu » ? Que l'on parle des principes fondamentaux de la démo- eratie, de la liberté précieuse . et précaire, ou de « mode de vie occidental », le point d'achoppement c'est la définition d'un nouvel humanisme — du mode de vie de l'homme. Et cela méme si l'on regarde vers les idéologues de la ligne médiane, qui se veulent réalistes et confiants. Un exemple entre cent : la difficulté des sociologues et économistes non marxistes ä intégrer la notion de travail dans une perspec- tive dynamique de l'évolution humaine. Un récent numéro d'Esprit consacré au loisir, oppose dans la plupart de ses articles travail et loisir comme deux termes antithétiques. Le problème pour eux n'est pas de restituer au travail sa valeur humanisante, mais d'aménager le loisir comme valeur- refuge. Ce n'est lä qu'un cas particulier de la problématique moderne du progrès. L'antinomie progrès matériel-huma- nisme, posée au départ, ne se résoud que par une fuite dans ces régions de l'äme qui sont fief de la pensée libre « occi- dentale et chretienne ». Je pense ä un ancien texte de Fourastié, toujours actuel dans son orientation : Ce n'est encore qu'une poignée d'hommes qui constate la limite des succès de l'industrialisation et devine que l'essence rare du progrès humain a besoin, pour vivre et se développer, d'un entre terrain que les serres artificielles de jardiniers passés en vingt ans de la barbarie ä la technique. »l 1. Fourastié : «Machnlerne et individualitées, revue Hommes et Mondes, novembre 1951. LE SENS DE L'HISTOIRE a Ainsi entre l'Asie et le Nouveau Monde, livrés au bruit des machines et au prélèvement des masses, l'Europe vient proposer ses reposoirs, son terroir nourri du suc des siècles, et l'elixir précieux de sa culture. Mais que devient l'opti- misme, si ce n'est un acte de foi, quand la sagesse bourgeoise nous convie ainsi à la méditation morose de sa gloire defunte, sous l'eeil des barbares nouveaux ? A.G. — 11 serait intéressant de montrer que la défense par la bourgeoisie de ces valeurs, a été une suite de retraites mesure que ces valeurs apparaissaient réalisées par le monde soeialiste. Par exemple, il y a dix ans, le Congrès pour la liberté de la culture dirige par Aron, de Rougemont, les fédéralistes, etc., avait mis en avant l'idee de la liberté. C'était du temps où l'Union sovietique apparaissait grossière- ment soumise à un régime policier, oui chacun pouvait étre arrété à l'heure du laitier... A partir du moment où il fui établi que l'habeas corpus était respecte en U.R.S.S., il ne hit plus question de la liberté; on se replia sur le terrain, disons, de la vie intérieure; non plus de la liberté civique, mais de la liberté de faire n'importe quoi. 11 devint patent que s'était développée en U.R.S.S. une certaine prospérité. Bien mieux, chacun reconnut bientöt que l'U.R.S.S. avait atteint un niveau culturel stupéfiant. A ce moment-là, s'in- troduisit un grand desarroi dans la pensée « occidentale ». Qu'est-ce qui restait à pröner que l'U.R.S.S. n'ait realisé ou ne soit en passe de réaliser (et (lans ce pays quand on annonce à l'avance, on ne bluffe pas) ? On en est là aujour- d'hui. Les idéologues occidentaux se réservent toujours une marge irreductible d'originalite par rapport à l'U.R.S.S., mais cela devient mystique, purement déclaratif; on affirme encore, mais le terrain se derobe... C.D. — Ce qui les conduit à ne plus pouvoir vivre que de références, de valeurs indexées sur les progres du socia- lisme... Et la défense cherche ä se camoufler sous l'offensive. Un premier temps fut la condamnation de l'U.R.S.S. au nom d'une idee bourgeoise du travail — ce qui était dangereux. On assiste maintenant, par un détour plus habile, à sa con- damnation au nom des valeurs m'emes du socialisme, aux- quelles celle-ci serait infidèle. Car ils ne peuvent rejeter en bloc le socialisme qui englobe et dépasse les anciennes valeurs de la bourgeoisie montante, sans ruiner du meme eoup leurs dernières justifications idéologiques. 4 ENTRETIEN J.C. — La derniüre valeur qu'ild vont défendre, c'est socialisme lui.mteme. J.A. — Ce qu'ilm appellent plutíit XX" siecle », le socialisme « moderne ». tique nerait un socialisme moyenägeux. qui sous.tend la ligne conquérante dont grande ateiurance sur l'avenir : « Voici en se ro le niveau materiel et eulturel de nous en sernos dann dix aun, cte.» C.D. -- IJn aspect me frappe : c'est la distanee entre le langage du socialisme et l'atare; nos conservateurs rainon• nent en termes partiels, car ii n'agit de défendre un ntonde clon; le progrits de la technique, ä partir de certamen formes sociales, conduit ä un langage universel. Les perspectives com- tttttt tintes sont ä Vechelle cosmique; les communistes parlent un langage qui enveloppe toute l'empéce humnine nécensaire- ment. Meme la coexistence ent depassée dann le langage employé. Les problümes sont necessairement poses, ä ce titade de la technique et des rapports soeinux, en des termes qui uploads/Philosophie/ pdf 1 .pdf

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