Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 1 Communic

Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 1 Communication écrite Deuxième partie : Méthodologies et applications Marie-Eve Damar Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 2 Avant-propos Cette partie s’intéresse à deux types d’écrit : la rédaction de synthèse à partir d’un texte, la rédaction d’un texte argumentatif à partir de deux textes en vue de répondre à une question polémique. Avant d’en venir aux aspects méthodologiques, il est opportun d’aborder la problématique de la typologie textuelle, qui poursuit un objectif de classement des textes. Un texte est entendu comme tout fragment de discours, au sens saussurien du terme, toute actualisation de la langue. Les typologies diffèrent en fonction des critères de classement. On retiendra ici, parmi celles que la littérature consacre au sujet, une typologie fondée sur l’intention de communication, en ayant soin de choisir des exemples prototypiques : Type de texte Écrits prototypiques Informatif faits divers, encyclopédie, programme télévisuel Descriptif guide touristique, organigramme d’une entreprise, itinéraire d’un parcours Explicatif notice de montage, ouvrage de vulgarisation scientifique Narratif roman, nouvelle, conte, anecdote Injonctif recette de cuisine, lois, règlements, posologie de médicaments Argumentatif essai, pamphlet, discours politique, plaidoirie Tout texte obéit à une structure, à un contenu et à des caractéristiques linguistiques, qui sont définis par le genre. On peut modéliser les genres textuels, en dégager les caractéristiques communes. On citera des exemples de genre littéraire, comme le roman sentimental ou la fable, et un exemple de genre journalistique, comme le fait divers. Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 3 La plupart des textes combinent des séquences appartenant à des types différents. J.-M. Adam1 adopte le nom de séquencialités pour aborder la typologie textuelle de manière plus nuancée. Prenons un exemple, trouvé sur un paquet de céréales, qui mêle différentes séquences (descriptive, explicative injonctive) subordonnée à un but argumentatif (faire acheter le paquet, ou, du moins, convaincre des mérites du produit) : - Ces céréales sont issues de l’agriculture biologique, ce qui leur garantit des caractéristiques nutritives essentielles. Mettez-les dans un bol, ajoutez du lait, et c’est prêt. Goutez nos délicieuses céréales ! Si l’on veut appréhender les discours dans leur complexité, on ne peut que souligner les limites de ces typologies. Elles adoptent une vision réductrice de la communication (seul l’émetteur, celui qui transmet le message, est ici considéré), et le sens résiste toujours (il n’est pas toujours décodable au premier abord). Le sens d’un message est en effet co - construit par l’émetteur, le récepteur, le contexte, le contact, le code et le message, en référence à la théorie de R. Jakobson (déjà cité). Par exemple : un énoncé comme J’ai froid est polysémique, il peut prendre plusieurs sens. Il pourrait être informatif (sans autre intention que la transmission de cette information), injonctif (et signifier par exemple Ferme la fenêtre), explicatif (parce que je viens de me lever pour fermer la fenêtre), argumentatif (pour convaincre de la nécessité de fermer la fenêtre). Il peut donc être tour à tour constat, ordre, argument, reproche, etc. Les textes proposés pour les synthèses appartiennent aux types informatifs et/ou explicatifs, les textes pour les textes argumentatifs sont informatifs, explicatifs et/ou argumentatifs. 1 Adam J.-M., Les textes, types et prototypes, Paris, Nathan, 1992. Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 4 1. Produire une synthèse La synthèse consiste à rédiger une composition française à partir d’une documentation imposée. Il est donc primordial, en premier lieu, et après une lecture attentive du ou des document(s), de dégager la problématique. Contrairement au résumé, la synthèse ne contraint ni à respecter l’ordre des idées de l’auteur, ni l’organisation de sa pensée, ni le ton employé. La synthèse doit rendre de manière claire, précise et cohérente le propos d’un auteur. Elle permet de présenter les idées principales d’un texte en ne gardant que l’essentiel. Les idées secondaires sont mises au second plan, tandis que l’idée ou les idées principales doit ou doivent être bien visibles. En synthétisant, on doit retrancher du texte tout ce qui est purement illustratif et anecdotique. En présence d'exemples, on s'efforcera de trouver une réflexion et une intention énonciative qui seules doivent figurer dans la synthèse. Une synthèse doit présenter les idées de manière construite : elle doit comporter une introduction, un développement et une conclusion. L’introduction comporte l’amorce (la mise en contexte de la problématique), la formulation de la problématique, ainsi que l’annonce du plan suivi. Ce dernier point est facultatif dans la synthèse, à condition que celle-ci ne comporte que quelques centaines de mots. Il serait en effet, dans un texte aussi court, peu économique de faire figurer le plan, aisément décodable si le principe de cohérence est respecté. La synthèse de plusieurs documents exige de présenter dans l’introduction les textes abordés, et de les contextualiser. La conclusion mesure le chemin parcouru, elle ne doit pas contenir d’idée neuve, elle permet de réaffirmer le point de vue. Le texte se termine sur une ouverture du sujet, une réflexion suscitée par la thématique abordée, qui reste à approfondir. Sur le plan formel, la brièveté étant l’un des impératifs à respecter pour rédiger une bonne synthèse, on bannira les copier-coller de texte, et on s’appliquera à reformuler de la manière la plus concise possible. Certains font une distinction entre synthèse et résumé, en considérant que la première s’effectue à partir de plusieurs documents et le second rend compte d’un seul texte. Nous préférons opter pour une distinction structurelle et une différence énonciative. La synthèse peut réorganiser les données du texte initial, si la progression thématique le permet, alors que le résumé doit suivre un plan identique. Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 5 Sur le plan énonciatif, la synthèse peut prendre une distance énonciative par rapport à l’auteur du texte alors que le résumé prend la responsabilité de l’énoncé de la même manière que le texte initial. 1.1. Méthodologie par étapes D’un point de vue méthodologique, la démarche à suivre consiste à lire, faire le plan, organiser et enfin rédiger les idées. Pour organiser les idées, il faut tout d’abord diviser cette masse d’informations en groupes : données historiques, économique, sociales, causes, conséquences, cadre juridique, conditions d’application, etc. Ensuite, on s’attache à trouver un ordre de présentation de ces idées, de préférence selon une logique, la plus évidente et accessible possible. De cette organisation découle le plan de la synthèse. 1.1.1. Première lecture Une prise de connaissance du texte est nécessaire, en vue de saisir l’intention de l’auteur, le type de texte, et la problématique qui s’y développe. Après une première prise de connaissance du texte, il faut se poser les questions suivantes : - De quel type de texte s’agit-il ? La réponse réside dans l’intention de l’auteur : l’objectif poursuivi est-il informatif, explicatif, injonctif, argumentatif, descriptif, narratif ? Souvent, au sein d’un même texte, différentes séquences appartenant à des types différents sont mêlées, et nous distinguerons des séquentialités, où un genre textuel domine mais plusieurs séquences appartenant à des types différents sont présents. - Quel est le propos ? Quel est le problème posé ? - Quelles sont les idées principales de l'auteur ? - Quelles sont les idées secondaires ? - Quels résultats ou quelles solutions l'auteur propose-t-il ? Il est nécessaire d’identifier les mots clés ainsi que les phrases importantes du texte. On peut encadrer les énoncés concernés ou les paragraphes significatifs en relation avec la série de questions mentionnées plus haut. 1.1.2. Plan Il faut ensuite dégager le plan de texte, en formulant l’idée ou les idées principales de chaque paragraphe. En tant que préparation au résumé et à la prise de notes, il est impératif de pouvoir dégager la structure d’un texte, le plan. Marie-Eve Damar, « Communication écrite », Bruxelles, De Boeck, 2014 6 A partir des liens logiques, des paragraphes (en considérant que la plupart des textes sont divisés en paragraphes, et que la progression des idées est notamment tributaire de ce découpage), on peut dégager le plan de texte. La méthode à appliquer consiste à, après une lecture approfondie du texte, dégager les idées principales et la manière dont elles s’enchaînent. On doit également se montrer capable de mettre en lumière la manière dont les idées progressent : est-ce la même idée que précédemment ? Comment la situer par rapport à ce qui précède ? Est-ce le développement de la même idée, une nouvelle idée, une réfutation ? Quel est le lien logique avec ce qui précède : est-ce une cause, une conséquence ? L’auteur veut-il soutenir un point de vue : est-ce un argument, une opinion, un exemple ? 1.1.3. Relecture et vérification du plan Le plan doit être relu, en vue de mettre en évidence les liens qui unissent les différentes idées : quelle est l’idée formulée, quel lien entretient-elle avec ce qui précède et ce qui suit ? Il faut opérer ensuite un retour au texte, pour vérifier que le plan contient bien toutes les idées importantes, qu’il n’y a pas de contresens. 1.1.4. uploads/Philosophie/ m-e-damar-communication-c3a9crite-bruxelles-de-boeck-2014-deuxieme-partie-2.pdf

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