Les problèmes métaphysiques à l’épreuve de la politique, 1943-1968 >>Bonjour. J
Les problèmes métaphysiques à l’épreuve de la politique, 1943-1968 >>Bonjour. Je suis Frédéric Worms. Bienvenue dans ce cours de philosophie française contemporaine qui portera sur les problèmes métaphysiques à l'épreuve de la politique. >> Bonjour. Je suis Marc Crépon. Dans ce cours, Frédéric vous parlera plutôt des problèmes métaphysiques et quant à moi, de l'épreuve de la politique. Dans ce cours, nous allons chacun à tour de rôle vous expliquer ce qu'il faut entendre par ces deux expressions. >> Notre cours commence en 1943, c'est à dire en plein cœur de la seconde guerre mondiale dans une date qui n'a rien d'anodin, de banal ou d'indifférent, mais de cette situation, de cette date qui est plus qu'un contexte, nous tirerons tout de suite non pas une seule mais deux remarques qui nous serviront chacune d'orientation. La première remarque c'est que bien entendu, on ne peut pas faire abstraction de cette situation historique et politique, bien particulière qui ne concerne pas seulement les philosophes comme tout le monde, comme chaque individu, comme chaque homme comme chaque citoyen mais qui concerne aussi les livres de philosophie, les pensées philosophiques qui sont écrites ou publiées dans ces mêmes années, dans ce même moment, en 1943, écrites d'ailleurs non seulement sur des tables ou dans des bureaux bien confortables, mais parfois dans l'exil, dans la clandestinité et même dans des prisons. Et pourtant, plus intensément que jamais peut-être encore d'une manière philosophique, dans ce même moment, dans cette année 1943. Ces livres et ces pensées sont donc tout autant que ces hommes placés à l'épreuve de la politique et Marc dans un instant va revenir sur ce qu'il faut entendre par là. Mais il y a bien une deuxième remarque, qui n'est pas moins frappante et pas moins importante et qui concerne les problèmes philosophiques et même métaphysiques qui animent aussi ces œuvres dans ce même moment. Les textes de philosophie qui sont écrits ou qui sont publiés en France dans ce moment-là, qui suscitent en nous une impression de contraste et même de défi entre l'immensité des événements, la guerre mondiale qui se déroule, c'est l'année de la bataille de Stalingrad d'un côté et de l'autre côté, la puissance apparemment dérisoire de la philosophie, de la pensée. Ces textes, ces livres posent justement aussi un problème philosophique simple et central. Ce problème c'est la nature de la relation directe, plus directe que jamais entre l'homme d'un côté, la conscience, l'expérience dans sa nudité et de l'autre côté ce qui lui fait face, le fait d'être situé dans l'histoire mais aussi dans la vie et dans l'existence d'une manière aussi directe et non pas choisie ni maîtrisée par elle a priori. Cette situation face à l'histoire mais aussi face à l'existence pose bien un problème métaphysique puisqu'elle touche aux dimensions ultimes de notre vie. Mais d'un autre côté elle pose aussi un problème à la métaphysique, elle semble mettre en question l'idée de la philosophie, de la métaphysique pardon comme savoir absolu, comme recherche d'un sens qui est au-delà de notre expérience et qui lui fournit un sol, une assise sur laquelle elle peut se reposer. Cette nudité de l'expérience face à l'histoire et à la vie n'est-elle pas alors le signe d'un abandon de la philosophie ? Est-ce cet abandon qui retentit pas exemple dans le thème de l'absurde qu'Albert Camus fait entendre en France en 1942, un an avant le début de notre cours, dans son essai célèbre Le mythe de Sisyphe, aussi bien que dans le roman qu'il publie la même année, L’Étranger. Ou bien, est-ce tout le contraire et est-ce une relance de la métaphysique ? Dans le thème de l'absurde comme dans cette situation de l'existence face à l'histoire et à la vie, est-ce qu'on ne doit pas trouver encore non pas l'abandon de la métaphysique mais un nouveau problème métaphysique dans cette relation entre l'homme et le monde, entre la conscience et l'histoire, entre la conscience et l'être qui ne serait donc pas alors simplement un fait, un donné incompréhensible, mais un principe. La source de normes, la source de la vérité dans la connaissance, mais aussi de la justice dans l'action, et cela d'une manière difficile, sans aucun fondement transcendent et disponible facilement, sans aucun fondement transcendent c'est-à-dire supérieur ou extérieur à notre expérience. Tel est à nos yeux dans ce problème de l'existence, dans cette relation entre la conscience et la vie et l'histoire, le problème nouveau, le problème central qui caractérise des œuvres pourtant très différentes entre elles, mais qui affrontent cette expérience qui sont en elles non seulement historiquement et politiquement, mais bien philosophiquement et métaphysiquement. Dès lors on le voit. Ce sont deux taches qui s'imposent à nous. La première, et Marc va y insister dans un instant, c'est bien de mettre ces œuvres et ces pensées à l'épreuve de la politique, ce qui ne veut pas dire les soumettre au jugement de l'histoire, mais d'un autre côté, et c'est ceux à quoi nous allons nous attacher aussi. Il faudra mettre la politique et l'histoire elles-mêmes à l'épreuve de ces pensées, à l'épreuve de la philosophie et de la métaphysique si par là on entend non pas un savoir absolu ou un système mais bien la question des principes, la question sur les principes qui demeurent poser la question de la justice, la question de la liberté, la question de la vérité, alors même que l'on s'impose de partir de l'expérience, de l'expérience d'une conscience humaine faite de la guerre et de la situation, mais aussi de ses choix, de la liberté et du sens de l'existence. Sur cette base, il y encore deux remarques à faire avant d'entrer dans le vif du sujet et que Marc nous, nous revienne sur l'épreuve de la politique. La première remarque sur ces problèmes et ces œuvres métaphysiques porte sur leur diversité, la diversité de ces œuvres qui affronte ce problème commun mais qui chacune aussi pose leur problème singulier. Nous commencerons ce cours avec le livre que Jean Paul Sartre publie en 1943 et qui fait date aussitôt L'être et le néant. Mais nous rencontrerons d'autres ouvrages et par exemple, pour n'en prendre qu'un seul, L'enracinement, le livre que Simone Weil écrit à la demande du gouvernement de la France libre à Londres et qu'elle n'a pas le temps de le publier puisqu'elle meurt elle-même dans cette année, 1943 et que c'est Albert Camus qui en fera le premier titre de sa collection Espoir chez Gallimard en 1952. Quoi de commun entre ces livres et ces pensées ? Quoi de commun entre la philosophie de l'existence de Jean Paul Sartre et la philosophie de la nécessité de Simone Weil ? Quoi de commun entre la liberté que l'un défend et le malheur et l'amour de Dieu à laquelle l'autre accède ? Et sans même parler des autres œuvres que nous allons rencontrer. En réalité, ce qui fait la force de ce moment, c'est non seulement le problème commun, mais aussi la singularité de chacune de ces pensées qui assure sa portée véritablement philosophique dans la mesure où elle rayonne dans tout le domaine de notre expérience et où chacun de ces grands livres part d'un principe mais rejoint toute notre vie. Et au-delà de ce problème commun et de ces problèmes singuliers, pour chacun de ces livres, nous retrouverons aussi les engagements concrets, le rapport à l'histoire mais pensés cette fois aussi depuis la philosophie. Ce sont ces trois thèmes que nous retrouvons à chaque fois et telle est la première remarque que je voulais faire avant d'entrer dans le vif du sujet. La dernière remarque introductive portera donc bien sur la continuité de ce cours depuis 1943 dont nous partons donc jusqu'à 1968, qui est le terme que nous allons vous proposer. Est-ce qu'il y a ici la même situation, le concept de situation que, qui est d'ailleurs un concept inventé par Jean Paul Sartre dans L'être et le néant en 1943, vaudra-t-il encore en 1968 qui évoque de toutes autres images à notre pensée ? À cette question je répondrai oui et non. Oui d'une certaine, dans une certaine mesure puisqu'il y a toujours une situation et toujours un lien entre les problèmes philosophiques et l'expérience historique. Mais il faudra aussi dire non, car ce n'est pas la même situation ni le même problème et il ne faut pas confondre les situations et les problèmes de moments différents. En 1968, loin de se centrer sur la relation existentielle entre l'homme et le monde ou entre la conscience et l'existence, il s'agira beaucoup plus de la confrontation, d'une pensée critique avec l'histoire et de la mise en place d'une différence radicale qui excède toute dialectique, toute relation aussi entre la conscience et le monde. Pensées critiques et pensées de la différence, qui sont en relation étroite avec ce qu'on a appelé les événements, et par exemple les événements de mai en 1968 à Paris. Ce sera un autre moment non seulement historique mais philosophique uploads/Philosophie/ les-problemes-metaphysiques-a-l-x27-epreuve-de-la-politique-1943-1968.pdf
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- Publié le Dec 31, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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