1 La fin du « rêve ufologique » ? Ce « rêve », certes un peu prétentieux, qui v

1 La fin du « rêve ufologique » ? Ce « rêve », certes un peu prétentieux, qui voulait voir, en l’apparition céleste subite en 1947 (cas Arnold) d’objets volants non identifiés (ovnis = ufos) d’un genre nouveau, des engins spatiaux (1) dépêchés jusqu’à nous par une civilisation étrangère avancée… curieuse, itinérante, sinon conquérante ! Un rêve révolu ? Qu’est-ce qui peut ainsi m’inciter à un constat aussi amer vis-à-vis d’une idée qui enchanta toute notre jeunesse, nous de la génération qui étions quasiment nés avec ? Ce serait bien trop long à exposer ici. Mais puisqu’on me le permet encore, voici simplement trois raisons de mon désenchantement : la banalisation du phénomène (Outre Atlantique), sa confiscation (en France) et sa complexification en général. Tout d’abord, il faut bien l’avouer une fois pour toutes : le phénomène ovni n’a pas tenu ses promesses ; du moins celles que, par anthropomorphisme ou ethnocentrisme à la Lévi-Strauss, nous attendions de lui ; à savoir, au terme de quelques manœuvres liminaires aériennes, une prise de contact effective au sol avec nous accompagnée de déclarations d’intention claires et nettes. Après une période qui semblait indiquer que les choses se précisaient – vagues d’atterrissages des années 1950-60, cas spectaculaires des années 1980, exhortations à une étude scientifique des années 1995-2000 – les objets en question se sont, semble-t-il, détournés de nous comme des abeilles qui cessent de fréquenter un massif de fleurs dont ils ont épuisé le suc. Les observations d’ovnis se sont grandement raréfiées, notamment en France. Le bilan ufologique français actuel est en effet un des plus pauvres du monde tant quantativement que qualitativement : cas moins nombreux (2) et moins « signifiants ». Cette désertion (défiance ?) des ovnis au-dessus de notre territoire national est-elle une réalité ou bien provient-elle d’un effet de « filtre » ? Les incursions dans le ciel français ne seraient pas signalées, ayant cessé d’intéresser la population. La question mérite de se poser légitimement au vu de ce qui se passe aux Etats-Unis. Le désintérêt des médias US Ces dernières années, l’ufologie américaine s’est vue confrontée à un paradoxe troublant : les observations d’ « ufos », comme on les appelle là- bas, seraient encore très nombreuses tandis que les articles de presse les signalant ont diminué de façon drastique ; au point d’obliger à s’interrompre le plus grand réseau de collecte de coupures de journaux relatives aux ovnis (le UFO Newsclipping Service) qui, œuvrait depuis 42 ans ; 15 pages format A3 remplies mensuellement de façon régulière ; pour le dernier numéro paru en août 2011, 6 péniblement. La concurrence d’Internet a été avancée pour expliquer cette désaffection des médias traditionnels américains pour le phénomène « ufo » ; mais le dernier éditeur de l’UFONS, David Marler, avait bien ouvert ses pages aux « publications en ligne » : sans réussir à les remplir. C’est aussi bien la diminution des témoignages intéressants qui a tari cette source écrite de l’ufologie populaire américaine. Cette cessation de l’UFONS, organe d’information ufologique, a été suivie par celle, en avril 2012, de l’International UFO Reporter et la fermeture (3) du CUFOS, le centre pour l’étude des ovnis fondé en 1976 par le fameux J. Allen Hynek. Plus de sources : plus rien à étudier, c’était fatal. L’article Wikipedia sur le CUFOS semble figé en l’état comme si l’équipage avait quitté le navire sans la moindre justification que quelques mots laconiques dans le dernier numéro ! Nouveau coup dur, tout dernièrement (novembre 2012), une des dernières figures de l’ufologie US, James W. Moseley, dit le « Commandant Suprême », vient de mourir. Il est vrai qu’il n’était pas apprécié de tous pour sa légendaire impertinence vis-à-vis de la cause ovni, ce qui l’amena à s’aliéner une grande partie des ufologues. Il jetait néanmoins chaque mois dans son Saucer Smear (difficile à traduire), style fanzine rétro de 4 pages dédié (sic) « aux plus hauts principes du journalisme ufologique », un regard critique, désinfectant et salutaire, sur la chronique de l’ufologie américaine. 2 Dans le dernier numéro de sa revue (20 septembre 2012), il affirmait continuer à « garder la Foi » (?) en annonçant sa radiothérapie… Etait-ce la foi en l’existence des ovnis (4) ou la foi en Dieu devant lequel il était hélas appelé à comparaître bien trop vite à 81 ans (date de sa mort, 16 novembre). Enfin, voilà qu’on apprend le décès du vétéran ufologue George Fawcett, 83 ans, avec lequel j’avais échangé, il y a bien longtemps déjà. Avec toutes ces morts et ces disparitions de publications généralistes et spécialisées, que reste-t-il en Amérique du Nord comme associations ufologiques ? Uniquement le MUFON : le « réseau UFO partagé » avec désormais tous les inconvénients inhérent à une position unique et dominante qui se serait déjà manifestée hors frontières. Danger hégémonique ou marginalisation ? Dernièrement, une visite à Paris, impulsée par un groupuscule d’ufologues français privés, du président actuel du MUFON a fait grand bruit (5). Certains y ont vu un rapprochement mais d’autres une démarche « conquérante », un danger de colonisation… La rencontre, à cette occasion avec le directeur actuel du GEIPAN n’a pas apaisé les inquiétudes… Pour ma part, je pense qu’il n’y a rien à craindre d’une telle rencontre MUFON/GEIPAN, au contraire ; les deux institutions ont tout à gagner de collaborer car elles constituent deux points de vue de l’ufologie tellement différents : ufologie privatisée aux USA constituée de membres enthousiastes qui y croient encore (6), versus ufologie publique en France, frileuse, timorée, qui n’y a jamais cru ! Comme ironisait le regretté J. Moseley dans son dernier Saucer Smear à propos de la convention 2012 du MUFON tenue à Cincinnati, sur les 3 000 ufologues membres dont l’association est composée, il y a « au moins 4 000 points de vue légèrement différents ! » Le légèrement s’appliquant sur le fait que le MUFON privilégie l’hypothèse exogène pour ne pas dire extraterrestre (HET, 7) à toutes les autres sans pour autant n’y point apporter des nuances. Le risque pour le MUFON est plutôt, selon moi, interne à l’Amérique : se voir marginalisé par la presse, voire décrédibilisé par les officiels au point de chercher des appuis officiels en Europe. Car l’affirmation donnée ci- dessus que de nombreux ovnis sont encore observés en Amérique est une information intra-MUFON non vérifiable sauf en passant par le MUFON. Et l’absence de répercussions dans les médias ne laisse pas d’indiquer le peu de crédit que les journalistes accordent aux informations émanant du MUFON ! Le MUFON ne parle-t-il pas de 8 000 cas d’ovnis signalés en 2012 ! Mais comme il n’y a plus en Amérique d’organisme officiel de comptabilisation depuis les enquêtes négatives des années 1970 (d’où le côté symbolique de « la main tendue » au GEIPAN), ce sont exclusivement des cas dits « domestiques » qui sont enregistrés, c'est-à-dire émanant bruts de quelque quidam ayant fait une observation bizarre (8) dans le ciel avec toutes les sources de confusion que cela permet, observation signalée aux représentants locaux du MUFON. Et le critère d’efficacité des collaborateurs du MUFON (800 enquêteurs) semble simpliste : il est basé sur un signalement rapide aux instances centralisées de l’institution (72 h) et une enquête rapide (3 mois) pour un classement dans une des catégories : tromperie, identifié, inconnu ; cela n’incite guère à la confiance car si les représentants de chaque Etat sont classés à l’aune de leur diligence à boucler leur enquête sur le terrain, quelle accréditation ont-ils pour se prononcer à part le blanc-seing du MUFON ? C’est là où le bât blesse. On y reviendra. Le « noyautage » du phénomène en France En France, c’est le GEIPAN qui est en position dominante ufologiquement parlant : un organisme dit d’Etat dont nous devrions nous enorgueillir, la question ovni étant en de bonnes mains. J’ai déjà en ces pages exposé mes motifs de déception (9) vis-à-vis du GEPAN ou SEPRA. Mais que dire depuis que le sigle est venu s’enrichir du « I » de l’information ? Comme si informer pouvait suffire à tarir la soif de savoir ! Il faut aussi chercher à comprendre. Que dire de ces 20 % des cas d’ovnis signalés qui ne trouvent pas d’explication par les causes naturelles ? De peur d’une quelconque remontrance du CNES dont il est sous la tutelle, le GEIPAN ne se prononce pas. Ces PAN D dont on nous rabat les oreilles, personne, semble-t-il, au GEIPAN n’est chargé d’en faire une synthèse à partir de laquelle des hypothèses seraient avancées quant à leurs causes, hypothèses soumises ensuite à vérification et validation. C’est comme ça que procède la science. Et là, le GEIPAN semble 3 inapte à mettre en œuvre une démarche scientifique à partir des données qu’il accumule. Est-ce un constat d’échec ou une fuite de responsabilités ? Le GEIPAN nous doit des comptes, et pas seulement l’accès à l’information brute, aseptisée, puisque toujours vidée des impressions du témoin vu comme un enregistreur et uploads/Philosophie/ la-fin-du-reve-ufologique.pdf

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