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20/01/13 23:43 L’image-fente ou l’inconscient de l’Index | Parergon Página 1 de 32 http://culturevisuelle.org/parergon/archives/1805#_ftn1 - 7 Commentaires Par Olivier Beuvelet - 18 janvier 2013 - 18:45 [English] [PDF] [Twitter] [FB] Parergon notes sur des objets visuels par Olivier Beuvelet Accueil Qui ? Quoi ? cinéma peinture photographie Rubriques Agenda Bibliothèque Comptes rendus Contributions En images Notes Publications Signalements Enviar Que cherchez-vous ? L’image-fente ou l’inconscient de l’Index Au début de L’image précaire (1987), son essai sur la photographie, Jean-Marie Schaeffer écrit : « L’invention de la photographie a profondément changé les rapports que l’homme entretient avec le monde des signes, donc avec la réalité. »[1] La photographie a-t-elle une telle importance ? Est-elle si messianique ? Pourquoi autant de discours Visiter 20/01/13 23:43 L’image-fente ou l’inconscient de l’Index | Parergon Página 2 de 32 http://culturevisuelle.org/parergon/archives/1805#_ftn1 Le Décalogue 6 (18:29) savants s’étendent avec tant de sérieux et d’esprit scientifique pour soutenir ce qui passerait presque pour une évidence, le statut d’empreinte de la photographie ? Un peu après la considération ci-dessus, dans L’image Précaire, toujours, Jean- Marie Schaeffer présente sa position sur le signe photographique comme une adhésion à un dogme reconnu et défendu avant lui, en 1983, par Henri Van Lier dans Philosophie de la photographie et par Philippe Dubois: dans L’acte photographique, il dit ainsi : «Je partage avec eux l’idée fondamentale de la nature indicielle de la photographie. »[2] Voici la définition de l’indicialité à laquelle il fait référence, celle que formule Henri Van Lier : « La photographie est une graphie par la lumière et n’est pas une graphie par l’homme au moyen de la lumière. C’est une graphie de et par la lumière même, que l’homme peut seulement recueillir et provoquer. (…) Donnons une définition suffisante. Une photo, épreuve négative ou positive, est une empreinte photochimique d’un volume de sources lumineuses distantes et localisées, empreintes qui peuvent être éventuellement saisies comme des indices d’objets et d’événement, surtout si elles ont été munies d’index à cette intention. »[3] On peut y souligner, déjà, la dimension achéiropoïète de l’image photographique ainsi que l’affirmation de son statut d’empreinte. Une empreinte achéiropoïète, donc. Dire que la photographie est une empreinte, c’est (pour moi) faire une métaphore… pertinente, il existe bien une analogie entre l’empreinte et la photographie, une ressemblance dans le processus, y compris dans le jeu de forme et de contre-forme (négatif-positif) mais de contact il n’y en a point, la photographie peut se passer de l’objet lui-même, et l’appareillage optique ainsi que les opérations de dévoilement en font un processus imageant appareillé qui ne se distingue que partiellement du dessin et de la peinture… pourquoi aller prendre une métaphore au pied de la lettre pour essayer d’en faire une vérité scientifique ? Pourquoi l’indicialité photographique, devenue le cœur d’un discours très élaboré sur la photographie est- elle si fidèlement défendue et théorisée ? [4] En somme, l’image photographique, dans son principe, serait une image messianique, capable de changer notre relation au monde par un signe « vrai », parfaitement transparent, capable de donner le monde au regard humain sans aucune altération. Réalisation d’un rêve récurrent depuis 1857, année du réalisme scripturaire et de la poétique réaliste de Madame Bovary. Année des “Tableaux parisiens” d’un Baudelaire qui rivalise avec la photographie, où réalisme et fantasmagorie se mêlent, dans des Fleurs du mal auxquelles s’ajoutera, trois plus tard, la poésie instantanée d’A une passante. Année où Elisabeth Eastlake écrivait sur la photographie : « C’est le témoin assermenté de tout ce qui se présente à sa vue. Que sont ses enregistrements infaillibles pour le compte de la mécanique, du génie industriel, de la géologie et de l’histoire naturelle, sinon des faits du genre le plus authentique et le plus têtu ? »[5] 20/01/13 23:43 L’image-fente ou l’inconscient de l’Index | Parergon Página 3 de 32 http://culturevisuelle.org/parergon/archives/1805#_ftn1 Je ne reviendrai pas ici sur les différentes contestations de ce statut d’empreinte, elles sont de différents ordres et je me contenterai de renvoyer à des textes d’André Gunthert sur la question : un passage de sa thèse de doctorat où il redéfinit le photographique non plus seulement à partir de son processus d’enregistrement mais à partir de l’image latente et de son développement [6], un article très important où l’argument du contact est matériellement contesté[7], un billet intitulé « Au revoir Monsieur Peirce » [8] où est contestée l’idée d’empreinte au titre que c’est à une autre échelle qu’elle apparaît, proportionnée par l’appareil optique. Ajoutons à cela un billet de son blog Totem où, comme le montre ces images de Kieslowski, on voit qu’une photographie peut être la parfaite empreinte d’une empreinte ou même d’un reflet et peut donc se passer de la présence de l’objet représenté. Ces quatre contestations déjà connues sont convaincantes et il n’est pas utile pour moi d’en rajouter dans ce registre. Plus qu’à une contestation du statut de l’empreinte, c’est à une série de questions sur les enjeux du discours sur l’indicialité conçue ici comme forme symbolique, que je consacrerai cet article. Ne pourrait-on voir dans ces discussions byzantines des éléments qui rappelleraient justement les querelles sur les icônes et le statut de l’objet représenté (à l’époque le Christ ou Marie) dans sa représentation ? Il s’agit bien, en effet, de statuer sur la relation entre le signe photographique et son référent. Les théories de l’indicialité, de Lady Eastlake à Jean-Marie Schaeffer en passant par Walter Benjamin et André Bazin, dans leurs différentes nuances, dans leurs différentes occurrences historiques, s’appuient toutes sur l’idée que la photographie serait une empreinte visuelle fidèle de la réalité, que la chimie permettrait de conserver. Indicialité, serait alors synonyme de contact physique, d’empreinte, de lien direct avec l’objet… Mais, notons-le dès à présent, ce contact n’implique pas forcément son corps dans sa matérialité, mais uniquement son corps pris dans son apparence lumineuse… (Un objet non éclairé, n’existe pas pour la photographie, et si je photographie une salle dans l’obscurité totale, on ne verra rien, il n’y aura pas d’empreinte… malgré la présence des corps…) Pourtant, au sujet de cette idée d’empreinte qui est au cœur de l’indicialité, et c’est sans doute symptomatique, Roland Barthes parle d’un contact entre l’objet photographié et le spectateur : « La photo est littéralement une émanation du référent. D’un corps réel, qui était là, sont parties des radiations qui viennent me toucher, moi qui suis ici ; peu importe la durée de la 20/01/13 23:43 L’image-fente ou l’inconscient de l’Index | Parergon Página 4 de 32 http://culturevisuelle.org/parergon/archives/1805#_ftn1 transmission ; la photo de l’être disparu vient me toucher comme les rayons différés d’une étoile… »[9] L’image photographique se présente comme une ouverture, une fenêtre, ou plutôt une fente, elle est conçue comme fortuite, sans intervention de la main, à travers laquelle il serait possible d’atteindre l’objet, comme origine de sa représentation. J’aborderai deux questions : I – En quoi l’image photographique est-elle présentée comme une image « ouverte » que j’appellerai une image-fente ? II – Quel est l’enjeu inconscient de ces discours indicialistes qui se distinguent les uns des autres mais tombent globalement d’accord sur le fait que l’image photographique est une empreinte physique de l’objet, donc un indice, ou plus exactement pour reprendre le distinguo d’André Gunthert, un Index, un déictique qui désigne purement l’objet et s’y trouve ainsi re-liée physiquement mais ne le signifie pas ? Fondée sur la puissance reliquaire de la photographie, qu’André Gunthert a analysée et documentée[10], l’indicialité photographique, sous ses dehors scientifiques, relève-t-elle de la pensée religieuse ? J’essaierai de répondre en deux points : l’image photographique est une image-fente c’est-à-dire qu’elle se présente dans ces discours sur l’indicialité comme une ouverture réelle de la finestra albertienne qui n’est dans le texte original que « comme » ouverte[11]. Je développerai ici des éléments de ma recherche de thèse. Dans un second temps je tenterai de montrer que l’inconscient du discours sur l’indicialité photographique est chargé d’un désir de fonder les conditions scientifiques d’une possible résurrection, de retour visuel de l’objet perdu et qu’elle s’apparente ainsi à un fantasme, à la réalisation fantasmatique (voire onirique) d’un désir que le cinéma, photographie animée (anima c’est l’âme) portera à son comble. Comme nous le rappelle cette pensée faite par un journaliste ayant assisté à la première séance du cinématographe Lumière : « Lorsque ces appareils seront livrés au public, lorsque tous pourront photographier les êtres qui leur sont chers (…) dans leur mouvement, dans leur action, dans leurs gestes familiers, avec la parole au bout des lèvres, la mort cessera d’être absolue. »[12] I – L’image-fente ou la place de l’inconscient dans le dispositif Ayant été interpellé par la dichotomie qu’a instituée André Gunthert, entre Index et Indice, entre R. Krauss et C. Ginzburg et au-delà entre indicialité et indiciarité, je reprends d’abord son schéma pour y situer mon approche et j’en profite pour présenter le concept d’image-fente sur lequel j’ai travaillé dans ma thèse. 20/01/13 23:43 L’image-fente ou l’inconscient de l’Index | Parergon Página 5 de 32 http://culturevisuelle.org/parergon/archives/1805#_ftn1 A partir de cette dichotomie, je uploads/Philosophie/ l-x27-image-fente-ou-l-x27-inconscient-de-l-x27-index-parergon.pdf
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- Publié le Nov 08, 2022
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