L'ÉVANGILE DE LA CROIX: AU POINT DE VUE DE LA THÉOLOGIE MODERNE Author(s): S. H

L'ÉVANGILE DE LA CROIX: AU POINT DE VUE DE LA THÉOLOGIE MODERNE Author(s): S. HOEKSTRA and Dr van Goens Source: Revue de Théologie et de Philosophie et Compte-rendu des Principales Publications Scientifiques , 1874, Vol. 7 (1874), pp. 558-582 Published by: Librairie Droz Stable URL: https://www.jstor.org/stable/44346448 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Théologie et de Philosophie et Compte-rendu des Principales Publications Scientifiques This content downloaded from 189.4.78.98 on Fri, 03 Sep 2021 11:41:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms L'EVANGILE DE LA CROIX AU POINT DE VUE DE LA THÉOLOGIE MODERNE PAR M. S. HOEKSTRA 1 1 Nos réformateurs commirent une inconséquence qui, pour être explicable, ne laisse pas que d'être fort grave. Ils accep- tèrent de l'église romaine, sans le modifier essentiellement, le dogme de la satisfaction et enseignèrent, que la mort de Christ emprunte sa valeur réelle et absolue de la nature divine de sa personne. Le catéchisme de Heidelberg offre ici à peu près la même doctrine qu'Anselme et reproduit les conceptions de lu chevalerie du moyen âge. Dieu est le type du chevalier qui veut tirer satisfaction de son honneur blessé. Penser que le plus petit péché commis contre Dieu fait reposer sur le pécheur un poids de culpabilité infini, c'est admettre, avec le moyen Age, que le même forfait mérite une peine plus ou moins forte selon qu'il est commis contre un noble, un vilain ou un serf*. 4 L'auteur de cet article, l'un des professeurs du séminaire mennonite d'Am- sterdam, compte parmi les théologiens libéraux de la Hollande les plus profonds, les plus savants et les plus féconds. Initié à toutes les branches de la théologie, il s'occupe spécialement de la philosophie religieuse et morale, comme le prou- vent ses principaux ouvrages qui sont : La liberté morale (au point de vue indéterministe); Le tléveloppement de Vidée morale dans l'humanité ; L'espé- rance de. l'immortalité. L'article qu'on va lire est emprunté au journal théologique, Theologisch tijdschrift , que l'auteur publie avec cinq autres professeurs de la théologie libérale. (Cahiers de novembre 1873 et de janvier 1874.) M. Hoekstra, comme Vinet l'a dit de lui-même, n'est pas du nombre des écrivains qui nais- sent traduits; il a besoin qu'on le traduise. Ce travail est en conséquence une reproduction libre, mais, nous l'espérons, fidèle, des idées de l'auteur. 8 Voir Schweizer, Chr. Gl. n. prot. Grundsätze, II, 1-5. 180. This content downloaded from 189.4.78.98 on Fri, 03 Sep 2021 11:41:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms l'évangile de la croix 559 Il y a là une grave inconséquence. En satisfaction entend la moralité d'une m tisme doit flétrir et n'a pas laissé de co corde. Cette théorie admet une vertu compensation des péchés par les vertus péchés et des mérites. Or, ces conceptio catholique indépendamment du dogme répudiées par les protestants dans tou c'est dire qu'ils condamnent leur prop faction. En qualité d'être divin et d'homm n'était pas obligé d'accomplir la loi de D subir la mort. Soit! mais il en résulte moralement criminels, puisque la mora pas de milieu entre le devoir et son contr pas le contraire de la liberté morale. L né cessité morale, et elle est diamétralem et à l'arbitraire. On ne peut pas non p action moralement libr e sans manquer Jésus, dans les circonstances données e vocation, était obligé de se livrer à la m sans tache, Jésus n'était pas tenu de m n'est (¡ue la peine du péché, est une ab mentie d'ailleurs par la mort du Saint. volontairement chargé des péchés des n'est pas moins absurde. De deux chos chargé des péchés des hommes pour en à-dire la mort ; mais c'est supprimer conscience de Jésus que d'admettre qu de péchés qu'il n'avait pas commis ; ou que de la peine de nos péchés ; mais c'e divines indépendantes du péché qu'elles pliquer à Dieu les conditions les plus g humaine. Ajoutons que c'est briser les existent entre la justice morale et le sal plication que Dieu aurait faite à d'autres due à l'obéissance du Christ. Enfin, com nous les œuvres surérogatoires des cat This content downloaded from 189.4.78.98 on Fri, 03 Sep 2021 11:41:55 UTC2:34:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 560 M» S. HOEKSTRA attribuons au Christ lui-même? Le culte des saints et les in- dulgences sont parfaitement justifiés. Hâtons-nous, cependant, de convenir que l'inconséquence de nos réformateurs s'explique aisément; c'est qu'à la base de la théorie de la satisfaction se trouve une pensée religieuse très profonde qui les a séduits : la manifestation pleine et entière de la grâce de Dieu, qui surpasse infiniment notre faute. La colère de Dieu demandant à être apaisée est un élément capital dans la théorie, mais n'en est pas le centre; car cet apaisement n'aurait-il pas pu se réaliser par notre condamnation? Le cen- tre de cette doctrine c'est que Dieu, grâce à son amour, n'a rien épargné, pas même son propre Fils, pour nous sauver. C'est ce qui fait dire à Calvin que les expressions : « Deum fuisse hominibus inimicum, homines fuisse maledictos, donec sacri- fìcio Christi expiata est eorum iniquitas, » sont des « locutiones accommodate ad sensum nostrum, » mais que l'origine de la grâce qui nous échut en partage en Christ réside dans l'amour éternel de Dieu. (. Instit . II, XVI, 2 -4.) La même pensée est ad- mirablement rendue par Petrus Martyr Vermilius. ( Loci commu- nes, 1580, pag. 216.) Vous demandez pourquoi la mort de Christ a été agréable à Dieu ? Il n'y a pas de meilleure raison que son amour infini qu'il a pu déclarer ainsi de la manière la plus par- faite et proposer en exemple aux hommes. Il n'y avait pas d'au- tre nécessité de la mort du Christ pour Dieu qui n'a pas voulu se délecter dans la vue des peines du Christ 4. On se demande pourquoi ces mêmes hommes qui étaient pénétrés de l'infinie miséricorde de Dieu, l'ont revêtue d'un appareil juridique qui fourmille de contradictions logiques? C'est que, d'une part, on a fait des conditions toujours flottan- tes de l'esprit moral autant d'antithèses abstraites qui s'ex- cluent, et que, de l'autre, pour ne pas blesser la sainteté de Dieu, on a fait remonter une de ces antithèses à un fait concret ou historique. Ainsi, l'on a opposé l'ordre absolu que la loi de Dieu adresse à l'homme à l'incapacité absolue de l'homme d'ac- complir cet ordre; d'où résulte la condamnation absolue de quiconque n'accomplit pas cet ordre. Ces abstractions, on les a 1 Cf. Schweizer., I. c., pag. 176, etc., et Refor. Dogm., pag. 118 etc., 376-379. This content downloaded from 189.4.78.98 on Fri, 03 Sep 2021 11:41:55 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms l'évangile de la croix 56t transportées à Dieu. On a introduit, par le la chûte, un tel antagonisme entre la justi et sa grâce infinie, que le Christ finit par pour Dieu plus encore que pour les hommes un Spurgeon ne doit pas nous surprendre de préférence l'œuvre de la rédemption co issue pour Dieu, ballotté entre sa grâce qui sa justice qui ne le permet point. En effet, en de vue légal, on considère de préférence le coulpe qui demande à être expiée; on stigm déviation de l'idéal moral comme un péché tion ; on somme l'homme, engagé dans les loppement, de réaliser la perfection, tandis fois incapable de faire aucun bien et de se sance du péché. A ce point de vue, il faut de théorie qui, malgré ses contradictions l mande davantage à la conscience morale, s bine avec elle l'idée mystique de notre u comme de celle du chef avec les membres d encore le cas des réformateurs. « An conv Th. de Bèze, ut aliena justitia quispiam just quidem est quatenus extra nos est et in al Christo, residet ; sed aliena non est, qua subjectum, nempe Christus, nostrum est a liter per fidem factum est unum nobiscum, u Christo mystico, capite, ad subjectum mys fluat. Imputationis fundamentum est quo biscum » Tels sont les fondements sur lesquels repose la théorie de la satisfaction. Il est évident qu'ils croulent du moment qu'on se donne pour point de départ non l'absolu, l'idéal, l'abstrait, la métaphysique, mais les expériences spirituelles de l'homme, ainsi que l'esprit protestant l'a toujours fait davantage à partir du XVIIIe siècle. A ce point de vue, qui refuse à l'homme tout ce qui est absolu pour ne voir en lui qu'un être fini qui se c|é- veloppe, toutes les antinomies absolues tombent, état de justice f Schweizer. Ref. Glaubensl. , II, 420. THÉOL. ET PHIL. uploads/Philosophie/ l-x27-evangile-de-la-croix-au-point-de-vue-de-la-theologie-moderne.pdf

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