Jacques Vigne L'Illusion missionnaire Conversions, idéologie et psychologie de

Jacques Vigne L'Illusion missionnaire Conversions, idéologie et psychologie de la violence dans l’expansion chrétienne : un essai de psycho- histoire. Sommaire Résumé p.3 Introduction p.3 Première Partie : L’illusion du prosélytisme : venu sans être invité 35 Ch 1 : Les leçons du passé 37 Ch 2 : Les Indiens chrétiens sont-ils plus heureux ? 55 Ch 3 : Qu’est-ce que justifie le sang des martyrs ? 72 Ch.4 : Conversions non éthiques au Sri Lanka 85 Seconde partie : Les ressorts psychologiques de la violence monothéiste 95 Ch 5 Le prix du monothéisme 96 Ch 6: Le Dieu semi-Unique 120 Ch 7 : Le christianisme et l’islam ont-ils fait progresser la tolérance ?134 Ch 8 : Psychologie de l’exclusion religieuse 116 Ch 9 : Les missions, de quel droit ? 153 Ch 10 : Théopathologie de la guerre sainte 163 Ch 11 : Les Eglises comme entreprises multinationales 178 Ch 12 : Manipulation mentale et conversions non-éthiques 192 Ch 13 : Le missionnaire chez le psychanalyste 201 Ch 14 : Les faux-semblants de l'acculturation. 217 Troisième Partie : Spiritualité laïque et éthique au-delà des religions 231 Ch 15 Une double éthique qui revient à une semi- éthique 233 Ch 16 : Quelques réticences des hindous et bouddhistes à propos de Jésus 238 Ch 17 : Une déconstruction bouddhiste de l’intégrisme monothéiste. 257 Ch 18 : Derniers débats 288 Ch 19 : En guise de point d’orgue : un retour à la paix 319 Postface : Spiritualité laïque et éthique au-delà des religions 3 Résumé L’illusion missionnaire Conversion, idéologie et psychologie de la violence dans l’expansion chrétienne, en particulier en Inde par Jacques Vigne La violence entre les groupes de fidèles du monothéisme est une question d'actualité brûlante. Cependant, on va rarement examiner ses racines profondes dans la métaphysique, l'histoire et la psychologie religieuse. On parle de nos jours d'essoufflement du dialogue interreligieux : une raison simple à cela, c'est que par raison de dépendance à leurs institutions de départ, les acteurs de ces dialogues évitent de se poser de vraies questions sur le pourquoi et le comment de la religion. Pourtant, la vraie spiritualité doit se dégager de la naïveté. C'est une recherche de la vérité, et non pas de confort personnel dans un système donné. Jacques Vigne est psychiatre, vit en Inde depuis 25 ans et s’intéresse depuis plusieurs dizaines d’années à la psychologie religieuse. Sa position de liberté par rapport aux monothéismes pour aborder ces points fondamentaux. Pour ce faire, il part de la question du prosélytisme religieux chrétien en Inde, qui représente en soi une forme de violence envers des populations qui ne l'ont en fait jamais invité. Il utilise une psychologie engagée pour montrer les racines de la violence religieuse, en se centrant ici sur celle que la plupart des occidentaux acceptent le moins de voir, c’est-à-dire celle du christianisme. Il faut comprendre cet ouvrage dans le cadre plus général de l'émergence de l'Inde comme grande puissance mondiale, non seulement économique, mais religieuse aussi. Cela donne le droit à l'hindouisme, et peut-être même le devoir, de donner son point de vue sur la violence qui a présidé en général à l'extension du christianisme. Il ne se contente pas de faire des diagnostics, mais propose quelques idées forces pour s'en sortir. On sent dans cet ouvrage non pas simplement des mots, mais de vraies paroles. C'est presque banal d'affirmer qu'on est contre la violence, mais quand on soupèsera les arguments de Luc el Monte, on appréciera la profondeur de son engagement et de sa liberté d'esprit. 3 Introduction La vérité est l’étoile qui guide les pas du chercheur spirituel. Il y a un grand respect pour celle-là dans la tradition de l'Inde. Elle est au centre de la démarche intérieure. Le Mahâtmâ Gandhi en a fait le nom même de son action non-violente, satyagraha, le combat pour la vérité. Gandhi était du Gujarat, il était influencé par la doctrine jaïn bien présente dans cette région de l’Inde, en particulier celle de la non-exclusivité, an-ekatvam, qui représente le véritable médicament capable de soigner la maladie du fanatisme religieux. Le Mahatma l'a remise à l'honneur et l'a répandue dans le monde de son époque. La non-violence de Gandhi ne signifie pas la passivité : dans le satyagraha, satya signifie vérité et la racine graha est la même que to grasp en anglais et agripper en français ; en termes clairs, il s'agit d'une bonne empoignade pour la vérité. Je sais qu'il y a des jeunes par exemple qui sont intéressés par ce livre, et qui veulent réellement savoir : je veux leur gagner du temps en leur indiquant aussi directement que possible le centre de ce qui me paraît vrai, il ne s'agit pas de les embarquer pour un tour de manège de plus en parlant à demi ou à quart de mots. A la mi-novembre 2009, le Dalaî-lama a été invité à parler en Arunachal Pradesh dans le nord-est de l’Inde aux confins du Tibet. Pour lui, ce voyage était chargé de souvenirs, car c’était dans cette province, au monastère de Tawang, qu’il a fuit les envahisseurs chinois et a pu se réfugier en pays libre. Pourtant, ceux qu’il a visé de ses critiques dès le début de son premier discours sur place n’ont pas été les gardes rouges de la Révolution culturelle, mais les missionnaires chrétiens qui ont réussi à convertir 40% de la population de la région, tout en se prétendant persécutés par les bouddhistes. Il a fortement réaffirmé le droit de populations simples et traditionnelles à ne pas être l’objet de campagne de conversions qui semblent plus efficaces, pour détruire une culture ancestrale, que la révolution des gardes rouges maoïstes. C’est cette idée que nous allons développer tout au long de ce livre. C'est le respect de la vérité de chacun qui a mené la tradition hindoue et bouddhiste à adopter un véritable pluralisme. Malheureusement, les invasions musulmanes et les essais de colonisation chrétienne ont apporté leur part de perturbations. Pour les monothéistes chrétiens et musulmans, le centre de leur croyance est la foi en un Intermédiaire unique avec le divin, et leur devoir religieux essentiel est la conversion, en principe d'abord d’eux-mêmes, et ensuite des autres à cette croyance, en pratique c’est souvent l’ordre inverse L’hindouisme et le bouddhisme ont une conception fort différente de la religion, qui privilégie l’expérience et la recherche directe à l’intérieur de soi. Ce type d’approche attire maintenant de plus en plus de chercheurs en Occident, et il semble donc que le temps soit mûr pour un débat en profondeur sur ces questions-là, sous forme de réponse de l’hindouisme et du bouddhisme aux religions du Livre, en particulier dans cet ouvrage sur le sujet de la violence inhérente au prosélytisme et au désir central d'expansion mondiale. C'est ce désir qui permet de comprendre comment une pensée sectaire au début somme toute assez banale a pu se transformer en des idéologies déguisées sous un vêtement religieux et dont la violence et le nombre de victimes sont évidentes quand on prend la peine de se pencher sur l'histoire. Derrière ces idéologies, il y a une psychologie, et c'est tout cela que nous allons analyser dans notre livre. Pour en revenir à Gandhi, il voyait clairement sa propre vie comme une suite d’expériences avec la vérité ; ainsi, il a appelé son autobiographie Mes expériences avec la Vérité. Il disait qu’écrire était en soi une manière d’expérimenter sa propre fidélité à cette vérité. C'est ce que je ressens aussi en abordant ce sujet des missions chrétiennes en Inde, et au-delà, la question du point de vue de l’hindouisme et du bouddhisme sur les religions du Livre. Il me faut dire d'emblée, je ne le répéterai pas tout au long du texte, que les musulmans sont également actifs pour convertir les hindous et ce que je dis pour les chrétiens est en général valable pour eux aussi. Dans tout le début de cette introduction, nous présenterons surtout la question des missions chrétiennes en Inde, et à la fin nous aurons deux sections directement à propos de la violence monothéiste. Missions chrétiennes et conception de la religion. Réfléchir sue cette question des missions permet de mettre en valeur deux conceptions de la religion très différentes, et de mieux comprendre chacune. Il est rare que dans les écrits disponibles en français le point de vue hindou sur ce sujet soit clairement exprimé. Soit les publications sont le fait de chrétiens eux-mêmes engagés dans le travail de missions, et sont alors généralement destinées à émouvoir le public pour récolter des donations. Ceci est un but respectable dans la mesure où la collecte des fonds permettra le développement d'un pays pauvre, mais quelle est la part de ces fonds qui va vers le développement et quelle est celle qui s’en va dans un prosélytisme pur et simple ? C'est la question qui reviendra en filigrane tout au long de cet ouvrage. Il y a aussi les travaux des universitaires, qui étudient les missions comme un phénomène uploads/Philosophie/ jacques-vigne-illusion-missionnaire.pdf

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