CONVAINCRE ET/OU PERSUADER Références bibliographiq ues : Claude Peyroutet, Exp
CONVAINCRE ET/OU PERSUADER Références bibliographiq ues : Claude Peyroutet, Expression - Méthodes et Techniques, Nathan, 1992; Alain Boissinot, Les fexfes argumentafifs, Bertrand-Lacoste/CRDP de Toulouse, 1992. Baril (D.), Guillet (J.), Antoniadis (G.), Techniques de l'expression écrite et orale, ï. 2, Sirey,1992. Michel Gey, art. "L'argumentation", N.R.P., no 8, avril 1994. 1) Ne pas confondre "démontrer" et "argumenter". Même si une argumentation est conduite avec la plus grande rigueur et se présente sous la forme d'une série de raisonnements bien enchaînés, ainsi que procèdent la logique et les mathématiques, on devra comprendre qu'il s'agit là d'une apparence et non d'une réalité. Car la démonstration d'un théorème de géométrie, par exemple, est opérée à partir de vérités intangibles, les axiomes, et, si elle est menée correctement, elle possède une force contraignante : elle ne peut être contestée, et donne une réelle satisfaction, car on parvient à une certitude absolue. Mais cela n'est vrai que des systèmes fermés ; dès que nous raisonnons sur une question politique, sociale, économique, juridique, etc., nous nous trouvons dans des systèmes ouverts et nous quittons le domaine de la démonstration pure pour entrer dans celui, beaucoup plus vaste, de l'argumentation. (Denis Baril et al., op. cit.) Une démonstration est souvent mécanisable. Une argumentation, en revanche, même quand elle englobe une démonstration, part d'une conclusion (l'opinion, la thèse à faire passer) et en cherche les raisons, les justifications, les prémisses. Elle n'est pas mécanisable, la thèse dépendant des valeurs (morales, esthétiques, religieuses) adoptées, variables selon le temps et le lieu. (Claude Peyroutet, op. cit.) Dans I'argumentation rhétorique, les arguments se fondent sur des vérités d'opinion, admises par la plupart des hommes et le plus souvent : on comprend alors qu' une dimension relative apparaît qui laisse une part parfois non négligeable au subjectif et à I'affectif. C'est ce qui fait que tout peut être discuté, plaidé, défendu, attaqué. (Michel Gey, op. cit.) 2) Ne pas confondre "convaincre" et "persuader". Un argument est un raisonnement plus ou moins explicité, par lequel nous nous efforçons de persuader (ou convaincre ?) quelqu'un, c'est-à-dire de lui faire acquérir ou modifier une opinion, de lui faire entreprendre ou infléchir une action. (d'après Denis Baril et al., op. cit.) On différencie d'ordinaire l'art de convaincre et celui de persuader : on se fonde pour cela soit sur les moyens utilisés, soit sur les << facultés >> auxquelles on s'adresse (intelligence, sensibilité, imagination), soit sur le résultat cherché. Mais ces distinctions sont fragiles : en particulier, l'homme ne doit pas être conçu comme coupé en deux (intelligence, affectivité) et tout discours, qu'il ait une dominante intellectuelle ou affective, s'adresse à l'homme tout entier. (Denis Baril et al., op. cit.) Néanmoins voici une manière de distinguer ces deux opérations, proposée par Claude Peyroutet: CONVAINCRE, c'est justifier la thèse qu'on a choisie pour la faire adopter par autrui ; les arguments utilisés sont d'ordre rationnels et logiques. PERSUADER, c'est s'adresser davantage aux désirs inconscients et irrationnets de l'individu qu'à sa raison et à ses intérêts bien compris. Pascal avait déjà, au XVll" siècle, évoqué l'opposition entre démontrer et agréer dans l'opuscule De l'art de persuader (Opuscules,troisième partie, De l'esprit géométrique, section 2, éd. Brunschvicg) : << Personne n'ignore qu'il y a deux entrées par où les opinions sonf reçues dans l'âme, qui sonf ses deux principales puissances, I'entendement et la volonté. La plus naturelle est celle de l'entendement, car on ne devrait jamais consentir qu'aux vérités démontrées ,' mar.s la plus ordinaire, quoique contre la nature, est celle de la volonté; car tout ce qu'il y a d'hommes sonü presque toujours emportés à croire non pas par la preuve, mais par l'agrément. Cette voie est basse, indigne, et étrangère ; aussi tout le monde la désavoue. )) (cité par Boissinot, p.6) « ll paraît de là que, quoi que ce soit qu'on veuille persuader, il faut avoir égard à la personne à qui on en veut, dont il faut connaître l'esprit et le coeur, quels principes il accorde, quelles choses 17 aime ; et ensuite remarquer, dans la chose dont il s'agit, quels rapports elle a avec les principes avoués, ou avec /es ob7'efs délicieux par les charmes qu'on lui donne. De softe que I'aft de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre, tant les hommes se gouvernent plus par caprice que par raison ! » (cité par Boissinot p. 10) En résumé, dans l'âme humaine, les convictions peuvent se former de deux manières : par Ia compréhension et par Ia volonté de croire ce qui nous plaît. Si, d'une part, les faits paraissent être une conséquence nécessaire de principes généraux, si, d'autre part, ils correspondent aux désirs de notre coeur, ils sont aussitôt acceptés sans répugnance. Au contraire, un conflit intérieur naît lorsque les vérités reconnues s'opposent à nos désirs : conflit dont la solution est incertaine. ll faut tenir compte de ce fait lorsqu'on veut convaincre quelqu'un. ll faut savoir à quels principes adhère le sujet en question, et ce qu'il désire. (Extrait du Dictionnaire des oeuvres de Laffont- Bompiani, art. « De l'esprit géométrique ») D.A.E.U. 2012-2013 - Faculté Jean Monnet - Université Paris Sud 11 Français - A.Gissat LA PERSUASION lon dit que la publicité est synonyme de liberté. C'est faux. Le système publicitaire est impérialiste. I1 s'impose partout par la force de l'argent (affiches, boîtes aux lettres, revues, spots, etc.). I pénètre par effraction dans nos cerveaux (coupures de frlms). I1 étend son empire sur la presse, puisqu'elle dépend de la. publicité pour survivre. La Spublicité est aussi le moyen, pour les grandes firmes, d'étouffer les petites : les campagnes des mauvais films à "gros budgets," font ignorer l'existence des bons films aux moyens modestes. La publicité est une anne, dont le public est la victime. On dit que la publicité "informe". C'est faux, Au sens propre, le mot "publicité" a bien ce sens : faire connaître ce qui est d'intérêt public. Mais voyez la réalité : comparcz 101'énorme volume occupé par les pubs dans les médias et le peu d'informations objectives que vous entirez sur les produits! La publicité ne cherche pas à informer, mais à vendre. Elle n'éclaire pas le public, elle flatte ses désirs inconscients ; elle le manipule. On affirme aussi que la publicité favorise la "vie économique". C'est encore faux. Les publicités servent avant tout les marques, non l'utilité de l'économie. Elles poussent 15au gaspillage, ou sont inutiles (à quoi sert la concurrence entre les diverses mæques d'essence?). I1 est d'ailleurs prouvé que l'augmentation du pouvoir d'achat aide bien davantage la consommation que toutes les publicités réunies. On dit que la publicité favorise le bonheur, en offrant des modèles d'existence que chacun peut atteindre, par l'acquisition des mille et un produits "qui facilitent la vie". 20C'est faux. Ces modèles ne sont jamais atteints, puisque la course aux nouveaux produits est infinie. En vérité, ce que favorise la publicité c'est la surconsoflrmation de ceux qui ont déjà les moyens de consommer, au détriment des milieux défavorisés qui peinent à satisfaire leurs besoins élémentaires (logement, nourriture, habillement, etc. ). Quel peut 25être l'effet de la pub sur les SDF ? En répandant partout les images "heureuses" de modes de vie dits "supérieurs", la publicité accroît le sentiment d'exclusion des pauvres. Censée apporter la "'joie de vivre", elle ne fait qu'attiser la frustration. Quant au mode d'existence vanté par la pub, il est lui-même fondamentalement décevant. Faire croire que le bonheur est dans la consommation, que le rêve peut 3Os'acheter, qu'il suffit de "s'éclater" avec des produits comme on "s'envoie en l'air" avec des drogues, c'est répandre une grande illusion dont beaucoup sentent confusément le mensonge. Ils savent bien que ces images sont fausses, qu'il n'y a pas de vraie joie sans participation de l'intériorité, ni de vraie convivialité sans générosité. Mais ont-ils le loisir d'en prendre totalement conscience? 35Bien des jeunes restent esclaves des modèles publicitaires parce que ceux-ci les empêchent de découvrir, au fond d'eux-mêmes, leur idéal personnel de vie authentique. F.Brune, Un pavé dans la gueule de la pub, Ed. Parangon,2004. D.A.E.U. 2012-2013 - Faculté Jean Monnet - Université Paris Sud 11 Français - A.Gissat lRien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté; ensuite la Smousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baibnnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. l0Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. I1 passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord uploads/Philosophie/ francais-regroupement-2013.pdf
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- Publié le Aoû 06, 2022
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