Cours de Religion Chapitre 4 CSSJND Mr. ARAYA Jugement moral 6ème 1 Réflexion é
Cours de Religion Chapitre 4 CSSJND Mr. ARAYA Jugement moral 6ème 1 Réflexion éthique de l’action humaine 1. Éthique des devoirs L’éthique des devoirs, qu’on appelle également l’éthique déontologique, affirme que nous devons baser nos actions sur des principes, des devoirs, ou encore des impératifs moraux. Par exemple : aider autrui quand il en a besoin ; ne pas mentir ; ne pas faire souffrir ; respecter ses promesses. Ce qui distingue cette approche du conséquentialisme, c’est que ces principes ou devoirs ne sont pas justifiés par leurs conséquences. Ils sont intrinsèquement moraux. À l’heure actuelle, bon nombre de professions ont élaboré des codes de déontologie, faisant la liste des obligations qui s’imposent aux praticiens. Comme courant philosophique, cependant, le déontologisme ne se réduit pas à une injonction à respecter les codes. Il s’agit plutôt d’une réflexion sur ce que nous devrions reconnaître comme devoirs moraux au niveau individuel et collectif. Le philosophe le plus célèbre associé à cette tradition éthique est Emmanuel Kant (1724-1804). D’après lui, nous devrions toujours agir selon un principe (ou une « maxime ») dont nous pourrions vouloir qu’il devienne un principe universel. Concrètement, si je mens à quelqu’un pour échapper à une sanction, je dois me demander : est-ce que je pourrais vouloir que le principe « mentir pour échapper à une sanction » devienne un principe ou un devoir universel ? La réponse, selon Kant, est négative, car cela voudrait dire que tout le monde pourrait systématiquement essayer de se dérober, ou cacher la vérité pour éviter d’être sanctionné, situation que nul ne souhaite vraiment. Approfondissement À y réfléchir, nous respectons pratiquement tou.te.s des grands principes d’action. Il y a aussi souvent des choses que nous refusons de faire « par principe ». La question qui se pose, c’est si ces principes doivent être absolus, c’est-à-dire s’ils doivent absolument être respectés en toutes circonstances. Pour revenir à Kant, il pensait que mentir ne pouvait jamais être moralement justifié. Or, on a parfois l’intuition qu’un mensonge peut être justifié en raison de ses conséquences. Par exemple, sous le nazisme, de nombreuses personnes ont caché des juifs et menti aux nazis afin de protéger ces juifs. Cela paraît être un exemple typique d’action morale. Pourtant, c’est contraire au devoir de dire la vérité. La principale difficulté du déontologisme apparaît quand des devoirs sont en conflit. Ici, le devoir de sauver une vie innocente semble l’emporter aisément sur le devoir de dire la vérité. Mais dans d’autres cas, l’arbitrage est beaucoup plus difficile. Exemple : vous apprenez qu’un de vos amis trompe sa compagne, qui est aussi une amie. Il vous fait promettre de ne rien dire, mais vous ne voulez pas non plus qu’il continue de faire du tort à sa compagne. Vous être pris entre deux devoirs : le devoir de garder sa promesse et le devoir de ne pas se rendre complice d’un tort. Il est très difficile d’arbitrer entre des devoirs en conflit sans réfléchir aux conséquences de chaque action, à moins d’établir une stricte hiérarchie de tous les devoirs. Déontologie et éthique professionnelle L’éthique des devoirs est souvent qualifiée de « déontologique ». La déontologie, en tant que science des devoirs, renvoie cependant aussi à l’éthique professionnelle, à savoir l’étude des normes de comportement spécifiques à une profession particulière. Ces normes sont relatives au bien particulier Cours de Religion Chapitre 4 CSSJND Mr. ARAYA Jugement moral 6ème 2 poursuivi par une profession – la justice pour la magistrature, la bonne santé pour la médecine, par exemple – et sont souvent (mais pas nécessairement) inscrites dans un code de déontologie. Les normes issues de codes de déontologie se distinguent des normes morales générales par le fait qu’elles ne s’appliquent aux personnes que dans le cadre de leur profession. Un certain nombre de professions sont par exemple tenues au secret professionnel. Ces professionnels ne sont cependant pas tenus de garder secret tout ce qui leur est révélé dans leur sphère privée. La déontologie possède donc ici un champ d’application restreint. Une des fonctions des codes de déontologie est d’orienter les conduites individuelles lorsque surgissent des conflits entre les devoirs généraux de tout citoyen et les devoirs spécifiques liés à une profession. Par exemple, lorsqu’un avocat apprend que son client est un tueur en série et risque pourtant d’être innocenté. 2. Conséquentialisme Par contraste avec l’éthique des devoirs, l’éthique des conséquences, ou « conséquentialisme », se préoccupe uniquement des conséquences de nos actions, pas de leurs intentions. Nous devons choisir les actes qui auront les meilleures conséquences, c’est-à-dire qui contribueront le plus à l’amélioration de l’état du monde – cette amélioration pouvant être évaluée à partir de principes très divers. De ce point de vue, par exemple, mentir peut être justifié dans les cas où cela permet de sauver des vies ou, plus simplement, d’éviter un conflit. L’exemple le plus connu de théorie éthique conséquentialiste est l’utilitarisme, courant de pensée né dans le monde anglo-saxon au 18e siècle et qui affirme qu’une action est bonne ou mauvaise en fonction de ses seules conséquences sur le bien-être (ou « utilité », à entendre dans ce sens particulier) des personnes concernées. Les utilitaristes divergent sur la définition la plus appropriée de l’utilité (plaisir, bien-être, bonheur, satisfaction des préférences, etc.), mais s’accordent sur un principe moral unique : maximiser l’utilité collective, chaque personne comptant de manière égale. Il est toutefois possible de défendre d’autres valeurs que le bien-être d’un point de vue conséquentialiste : par exemple la liberté ou l’égalité. De ce point de vue, les actions moralement désirables sont celles qui contribuent à l’accroissement général de la liberté ou de l’égalité. Approfondissement Un reproche souvent adressé au conséquentialisme est son extrême exigence. C’est en effet une éthique qui demande beaucoup des individus, puisque tout ce qui peut améliorer le monde se transforme en obligation morale. En outre, c’est une éthique qui demande un calcul complexe. Si on la prenait à la lettre, cela voudrait dire qu’il faudrait, pour chacune de nos actions, réfléchir aux conséquences, puis faire la somme des conséquences positives et négatives pour l’ensemble des personnes qui sont affectées par notre action. En réponse à cette objection, le « conséquentialisme des règles » enjoint à se donner des règles d’action et à s’y tenir, mais ces règles ne sont justifiées que par les bonnes conséquences qui sont attendues de leur respect. Par exemple, si tout le monde se donnait pour règle de ne pas faire souffrir autrui, le monde s’en porterait sans doute mieux, même s’il existe peut-être des cas où faire souffrir autrui pourrait être justifié d’un point de vue conséquentialiste. Un autre reproche, lié au premier, est que le conséquentialisme ne tient pas compte de nos attachements particuliers ou prérogatives personnelles en nous demandant de tout sacrifier à l’intérêt général. Le conséquentialisme pourrait par exemple justifier que nous travaillions pour la société Cours de Religion Chapitre 4 CSSJND Mr. ARAYA Jugement moral 6ème 3 jusqu’au bord de l’épuisement ou que nous sacrifiions nos proches pour le bien général. Or, certains estiment que nos projets personnels et nos relations affectives particulières contribuent à définir qui nous sommes et possèdent une dimension morale qui doit être respectée[1]. Toutefois, un conséquentialiste pourrait admettre qu’il vaut mieux, du point de vue des conséquences, vivre dans un monde où les gens prennent raisonnablement soin d’eux-mêmes et de leurs proches – sans pour autant négliger les autres. Un dernier reproche vise le caractère contingent des droits individuels dans une perspective conséquentialiste. Si leur respect ne contribuait pas à rendre le monde meilleur, ils pourraient être sacrifiés. Or, pour les déontologistes, certains droits ont une valeur intrinsèque et absolue : il en va du respect des personnes. Par exemple, le respect de l’intégrité des personnes proscrirait de manière absolue la torture ou le sacrifice de vies humaines. Mais on peut aisément imaginer des situations dans lesquelles la torture d’une personne ou le sacrifice de certaines vies pourrait éviter certaines conséquences désastreuses. Ce qu’il convient alors de faire quand des intuitions morales incompatibles sont en conflit continue de diviser les philosophes moraux, même si nous voyons que des ponts peuvent être jetés entre déontologisme et conséquentialisme, notamment via le conséquentialisme des règles, qui pourrait enjoindre à respecter des droits fondamentaux en raison de leurs conséquences généralement positives. Éthique des vertus On peut agir en fonction d’un devoir moral sans être une personne vertueuse. De même, on peut être l’auteur d’une action ayant des conséquences moralement désirables sans être vertueux. Pour les défenseurs de l’éthique des vertus, les qualités morales personnelles importent davantage que le respect de certains devoirs ou la recherche des meilleures conséquences possibles. Ils s’accordent en cela avec la plupart des sagesses antiques, qui mettaient bien davantage l’accent sur la vertu que les éthiques modernes[2]. De manière générale, la vertu peut être définie comme la disposition à bien agir. Selon les théories, une diversité de qualités morales sont alors associées à cette disposition. Toutes s’accordent cependant sur le postulat selon lequel les individus possèdent un caractère relativement stable uploads/Philosophie/ ethique-des-devoirs.pdf
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- Publié le Sep 26, 2021
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