ESCHATOLOGIE Subdivision de la théologie qui concerne « les choses dernières »

ESCHATOLOGIE Subdivision de la théologie qui concerne « les choses dernières » (du grec eschata =choses dernières) et traite par conséquent de l'état de l'individu après la mort comme aussi de l'histoire humaine après que se sera terminé le présent ordre de choses. De nombreuses questions s'y rattachent, telles que la résurrection, la seconde venue du Christ, le millénium, la vie éternelle, le jour du jugement, la consommation des âges, etc. I L'eschatologie dans l'A.T. -Il n'y a pas, dans l'A.T., de véritable doctrine eschatologique ; les différentes époques et les divers auteurs ont développé de nombreuses conceptions sur la vie à venir, sans parvenir à constituer un ensemble cohérent et systématique qu'on puisse appeler l'eschatologie de l'A.T. Pourtant quelques caractéristiques générales peuvent être notées. Les premiers écrivains sacrés de l'A. T, n'attachent que très peu d'importance à l'individu ; c'est la nation, le peuple juif qui compte, à tel point qu'il faut plusieurs siècles de pensée religieuse pour que les Juifs éprouvent le besoin d'une croyance à l'immortalité individuelle. Ce qui ne signifie nullement que l'A. T, ignore les préoccupations relatives au sort final de l'individu, bien au contraire ; mais la nation, dans les théories eschatologiques juives, conserve toujours une place prépondérante, ce qui explique le développement plus tardif de l'eschatologie concernant l'individu. 1. L'eschatologie de la nation. L'Hébreu est à la fois réaliste et solidariste. Réaliste, il attache la plus grande importance à cette terre, il l'aime intensément et veut y jouir de la vie, ne se laissant guère entraîner à des rêveries sur la mort. C'est pourquoi son espérance s'attache d'autant plus fortement à ses descendants ; c'est en eux qu'il revit, c'est sur eux qu'il compte. Solidariste, l'Hébreu appartient à une race qui est certaine de l'immortalité par la succession des générations. Il n'attend rien que par et pour son peuple. Le sort de chaque Israélite dépend toujours des destinées du peuple entier. Les vues eschatologiques se sont groupées autour de la conception du Jour de l'Éternel (voir art.), jour de vengeance où Dieu triomphera de ses ennemis et donnera à ses vrais adorateurs les récompenses promises aux justes. Cette idée du Jour de l'Eternel a varié suivant les époques. Au début, on en fit la journée de l'extermination des ennemis des fils d'Israël. Puis, sous l'influence des prophètes, l'horizon moral s'est élargi, et l'on comprit qu'un jour semblable réservait des châtiments non seulement aux païens, mais aux Juifs pécheurs. Au Jour de l'Éternel, certes, la nation juive sera comblée de bénédictions politiques et sociales, mais beaucoup de ses membres auront à partager le sort réservé aux ennemis de l'Éternel. Cette idée d'une réhabilitation du peuple d'Israël, d'une véritable résurrection nationale, s'impose toujours plus aux esprits et soutient les espoirs. Sous l'influence de la littérature apocalyptique (voir Apocalypses), dont les débuts doivent être cherchés dans Ésaïe et Zacharie, des précisions sont apportées à la description du Jour de l'Éternel ; on l'assimile au Jour du Jugement et il marque le commencement de l'ère messianique. L'histoire du monde est alors divisée en deux périodes, séparées par le Jour de l'Éternel : d'abord l'âge présent, plein de méchanceté et qui appartient à Satan, puis l'âge à venir, au cours duquel le Royaume de Dieu (voir art.) sera établi ; c'est alors qu'apparaîtra le Messie (voir ce mot). Parfois même il est question de deux jugements : l'un préliminaire, à la fin du présent âge, l'autre final, à la consommation des temps. (cf. Da 2:44 7:9,11,22) Plusieurs apocalypses, enfin, décrivent une période intermédiaire de mille ans, le millénium (voir ce mot). 2. L'eschatologie de l'individu. Les pages les plus anciennes de l'A. T, ne se préoccupent pas du sort futur de l'individu ; la foi juive ne s'est intéressée que progressivement à l'eschatologie individuelle. Pendant longtemps, l'Israélite se contenta de la pensée de revivre dans ses enfants et descendants, d'où l'importance d'avoir une nombreuse postérité. L'idée de la solidarité qui unit entre elles les générations fut tellement poussée qu'on en vint à expliquer la souffrance de l'individu par l'inconduite de ses pères. (cf. Jer 31:29, Eze 18:3,30) Cette théorie, toutefois, n'était pas sans danger pour la vie morale ; une réaction se fit par la voix des prophètes : Jérémie et Ézéchiel réveillèrent le sentiment de la responsabilité en affirmant que l'homme est heureux ou malheureux proportionnellement à son degré de justice ou de méchanceté. Mais bientôt les épreuves nationales, l'exil, l'oppression, révélèrent la dureté de ce dogme de la rétribution personnelle. Dans Job la voix de la piété proteste contre les maux injustes qui accablent un homme pieux ; c'est presque l'affirmation d'une vie future. (cf. Job 14:13) Certains Psaumes connaissent une inspiration semblable. (cf. Ps 16, Ps 17, Ps 49 Ps 73) Cependant ce n'est que dans Daniel (Da 12:2 et suivant) qu'il est réellement question d'une vie future pour l'individu. Souvenons-nous d'ailleurs qu'au temps du Christ les Sadducéens ne croyaient à aucune résurrection et considéraient leurs adversaires comme des novateurs en ce domaine. Quel sera le sort des âmes après la mort ? En quel lieu auront-elles leur demeure ? Jusqu'au II e siècle av. J. -C, il n'est question que du cheol (voir ce mot) ; mais la littérature apocalyptique développe cette étude, et donne de siècle en siècle des précisions nouvelles. -Les écrits du II e siècle av. J. -C, parlent de quatre séjours des morts (cf. Oracles Syb., Testam. des Douze Patr., Hénoch éthiop.) : 1° le Cheol, demeure passagère de ceux qui meurent avant le Jugement dernier, divisée en quatre parties, deux sections pour les bons et deux sections pour les méchants ; 2° le Paradis : seuls y vivent Hénoch et Élie ; 3° la Géhenne : c'est le lieu définitif, mais non immédiat, des apostats ; 4° l'Abîme de feu, châtiment final des anges impurs et infidèles. -Les écrits du I e siècle av. J. -C, les Apocalypses et Apocryphes comptent cinq demeures pour les morts (Ps de Salomon, 2 Mac, Hén. éthiop.) : 1° le Paradis, lieu provisoire de tous les justes et élus ; 2° le Ciel, qui pour la première fois est conçu comme étant le séjour définitif des justes après le jugement ; 3° le Cheol, qui est représenté tantôt comme un endroit intermédiaire d'où tout Israël se rendra au jugement, tantôt comme correspondant à l'Enfer ou à la Géhenne ; 4° la Géhenne devient la place définitive des Juifs apostats, ou encore des rois et des puissants de la terre, ou bien, plus simplement, on y voit un lieu de tourments spirituels ; 5° la Fournaise ardente, séjour des anges déchus. -Au I er siècle de l'ère chrétienne, des écrits comme le Livre des Jubilés, l'Assomption de Moïse, la Sagesse, Baruch, Pseud. Esdras, 4 e Mac, s'efforcent de mettre de l'ordre dans les conceptions antérieures ; le séjour des morts comprend : 1° le Ciel ou Paradis, demeure finale des justes ; 2° le Paradis, demeure finale des justes ou encore lieu provisoire des justes ; 3° le Cheol ou Hadès, place temporaire de toutes les âmes jusqu'au jour du Jugement dernier, mais où les justes sont déjà séparés des méchants ; parfois il correspond à l'Enfer ; 4° la Géhenne, châtiment définitif des méchants (voir Mort, Résurrection, Cheol, Hadès, Ciel, Paradis, Géhenne, Abîme). II L'eschatologie dans le N.T. L'eschatologie du N.T. n'est qu'un développement de celle du judaïsme ; l'élément moral s'affirme de plus en plus, et l'idée d'une revanche nationale disparaît. 1. Enseignement de Jésus. L'eschatologie y tient une place importante. Le Royaume de Dieu est décrit dans les évangiles sous une forme eschatologique ; c'est lors du retour du Christ qu'il s'établira soudainement, bien que ses membres aient été rassemblés par Jésus au cours de son ministère terrestre ; et l'avènement du Royaume sera précédé d'un jugement général. Ce n'est pas Jésus qui a créé cette notion du Royaume de Dieu ; il s'est servi d'une conception familière au judaïsme et l'a transformée, mais en même temps il en a fait un point de contact entre sa pensée et celle de ses auditeurs, lui permettant de faire comprendre sa façon d'envisager la vie éternelle. La vie éternelle, voilà le bien suprême ; et si cette vie reste la caractéristique du Royaume à venir, elle peut cependant commencer dès maintenant pour chacun, marquant l'appartenance au Royaume futur même lorsque l'on vit dans le présent âge mauvais. Certains auteurs ont voulu nier toute tendance eschatologique dans l'enseignement de Jésus ; d'autres ont prétendu n'y voir que cela. En réalité l'élément eschatologique existe dans l'enseignement du Christ et transparaît aussi bien dans le 4 e évang, que dans les Synopt., fournissant aux apôtres des motifs d'évangéliser. Il faut remarquer toutefois que l'eschatologie telle que Jésus l'a présentée n'est liée à aucune théorie rigide sur la rémunération future, mais sert plutôt de véhicule pour porter ses idées fondamentales, tant morales que religieuses. Il n'en reste pas moins que le langage de Jésus emprunte les termes de l'eschatologie du judaïsme contemporain et que l'idée des deux uploads/Philosophie/ eschatologie.pdf

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