Edmund Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcen
Edmund Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale Message par Robin le 26/11/12, 08:44 am Edmund Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (abrégé Krisis dans la suite du texte et les notes), Paris, Gallimard, 1976, traduction française et préface de Gérard Granel.[/b] Edmund Husserl (8 avril 1859 - 26 avril 1938) est un philosophe, logicien et mathématicien allemand, fondateur de la phénoménologie, qui eut une influence majeure sur l'ensemble de la philosophie du XXème siècle. "La crise de l'existence européenne n'a que deux issues : soit la décadence de l'Europe devenant étrangère à son propre sens vital et rationnel, la chute dans l'hostilité à l'esprit et dans la barbarie ; soit la renaissance de l'Europe à partir de l'esprit de la philosophie, grâce à l'héroïsme de la raison qui surmonte définitivement le naturalisme. Le plus grand danger pour l'Europe est la lassitude. Luttons avec tout notre zèle contre ce danger des danger, en bons Européens que n'effraye pas même un combat infini et, de l'embrasement anéantissant de l'incroyance, du feu se consumant du désespoir devant la mission humanitaire de l'Occident, des cendres de la grande lassitude, le phénix d'une intériorité de vie et d'une spiritualité nouvelles ressuscitera, gage d'un avenir humain grand et lointain : car seul l'esprit est immortel." (Edmund Husserl, La crise de l'humanité européenne et la philosophie, p.78) Aux élèves : Vous pouvez soit vous "attaquer" directement au texte de Husserl ou bien commencer par le lecture de la conférence de Vienne qui constitue la "cellule initiale" (une trentaine de pages) du "testament philosophique" de Husserl. Le texte intégral est paru chez Hatier (textes philosophiques, profil n° 754, sous le titre La Crise de l'humanité européenne et la philosophie) accompagné de repères biographiques et historiques, d'un aperçu des thèmes essentiels de la pensée de Husserl et d'un commentaire de Natalie Depraz. Il s'agit du manuscrit de la conférence de Vienne et de sa version dactylographiée, éditée chez Aubier-Montaigne en 1949, traduite par Paul Ricoeur et épuisée à ce jour. "la crise des sciences européennes" : cette expression est la première partie du titre du dernier ouvrage de Husserl, écrit entre 1934 et 1937 et non publié de son vivant, intitulé La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, 1976, traduction française et préface de Gérard Granel (abrégé Krisis dans la suite du texte et des notes) Prononcée le 5 mai 1935 au Kulturbund, la conférence de Vienne, intitulée La crise de l'humanité européenne et la philosophie, en est donc la première trace publique, les conférences de Prague prononcées la même année, prolongent et approfondissent cette "cellule originaire" qui aboutira à la Krisis. Pour Husserl, la crise des sciences exprime la crise des valeurs qui déchire l'Europe des années trente. Husserl ne sépare pas crise des sciences et crise éthico-politique, il cherche à décrire d'un point de vue phénoménologique, en son unité, la crise que vit l'Europe. Selon lui, en effet, la crise est une et seul un retour réflexif sur l'état des sciences peut permettre d'en élucider le sens. Présentant au sein d'un paragraphe introductif le thème de sa conférence, Husserl annonce qu'il le traitera en approfondissant le sens de la notion d'humanité et en l'éclaircissant de façon nouvelle à l'aide de la démarche historico-téléologique. Dans la première partie du texte, Husserl confère une importance décisive à l'articulation entre la philosophie et les sciences qu'il définit comme un rapport de fondation. Une partie importante de sa réflexion est ensuite consacrée à la différenciation de la science entre "science de la nature" et "science de l'esprit", question qui réapparaît à la fin. Questions (aide au commentaire de texte) : 1) Quel thème Husserl se propose-t-il de traiter dans cette conférence ? 2) De quel point de vue Husserl se propose-t-il de traiter ce thème ? 3) Quelle différence y a-t-il, selon lui, entre la médecine comme science de la nature et l'art de la médecine naturelle ? 4) Quel est l'objet des sciences de l'esprit ? 5) Pourquoi les sciences de l'esprit échouent-t-elles à remplir la tâche qu'exercent les sciences de la nature ? 6) Le mot "nature" avait-il le même sens pour les anciens Grecs que pour nous ? 7) La notion de monde environnant (Umwelt) a-t-elle un sens en dehors de la sphère de l'esprit ? 8) Pourquoi est-il absurde de vouloir expliquer les sciences de la nature en tant qu'événement historique selon la méthode des sciences de la nature ? 9) Expliquez : "Il n'y a pas de zoologie des peuples". 10) En quoi consiste l'attitude originaire de l'Europe spirituelle ? 11) Quelle est la propriété remarquable de la philosophie ? 12) En quoi le culture européenne a-t-elle le sens d'une révolution de l'historicité ? En quoi consiste cette révolution ? 13) Comment se pose la question de la vérité dans la pensée grecque ? 14) Qu'est-ce qui caractérise la communauté philosophique ? 15) La philosophie est-elle liée à un milieu ou à une nation ? 16) Quel est le rapport de la philosophie à la tradition ? 17) Quel est le rôle du philosophe dans une humanité européenne ? 18) La philosophie est-elle une sagesse ? 19) Quelle est la source de "toutes les détresses" ? 20) Comment la philosophie transcendantale peut-elle surmonter l'objectivisme ? 21) Quelles sont pour Husserl, au moment où il prononce cette conférence, les deux issues possibles de la crise européenne ? Éléments de réponses : Husserl se propose de traiter du thème de la crise de l'humanité (et de la conscience) européenne. Il va donc lui falloir définir ce qu'est l'Europe (s'il existe une entité autre que géographique appelée "Europe"), si cette entité est dotée d'une conscience, en quoi et pourquoi cette conscience est en crise au moment où il parle. Pour Husserl, les termes "humanité européenne", "conscience européenne", "sciences européennes" et "raison européenne" sont analogiques. La situation personnelle de Husserl au moment où il prononce cette conférence (à Vienne, en Autriche qui est encore un pays indépendant de l'Allemagne, puis à Prague) est particulièrement dramatique puisqu'en tant que juif, il ne peut plus ni enseigner, ni parler dans son propre pays où les nazis ont pris le pouvoir depuis 1933 et s'appliquent à persécuter les juifs et à éliminer tous ceux qu'ils considèrent comme suspects (sociaux-démocrates, communistes, mais aussi catholiques et protestants anti nazis). Ce contexte explique le caractère souvent allusif du texte de la conférence de Vienne et bien entendu le fait que la Krisis n'ait pas été publiée du vivant de l'auteur. L'université de Californie a proposé à Husserl de venir donner des conférences (avec la possibilité de rester aux États-Unis), mais Husserl a refusé obstinément. Il pense que sa place est en Allemagne, au cœur de la crise européenne et nulle part ailleurs. On peut rapprocher cette attitude courageuse et digne de celle de Bergson, en France, quelques années plus tard. On peut difficilement par ailleurs passer sous silence l'attitude de son collaborateur le plus proche, Martin Heidegger, qui, par conviction, par sottise ("Dumbheit", comme il le dira après la guerre) ou par arrivisme adhère au Parti national socialiste pour pouvoir devenir recteur de l'université de Fribourg, d'où Husserl a été chassé par les nazis (mais non par Heidegger lui--même comme on l'a parfois affirmé) en raison de ses origines juives. Une autre explication possible de l'attitude de Heidegger est qu'il ait cru sincèrement qu'on lui permettrait de réaliser la grande réforme de l'université allemande dont il trace les contours dans son Discours du Rectorat (Die Selbstbehauptung der deutschen Universität, L'auto-affirmation de l'université allemande, 1933, TER bilingue, traduit de l'allemand par Gérard Granel) Note : Lors des élections de 1932, Heidegger vote pour le NSDAP, et y adhère l'année suivante. Le 21 avril 1933, il est élu recteur de l'Université de Fribourg trois mois après l'avènement de Hitler comme chancelier du Reich (le 10 janvier 1933). Il prononce le fameux Discours du Rectorat, qui lui sera constamment opposé. En désaccord sur l'idéologie politique du national-socialisme, qui ne correspondrait pas avec l'idéal philosophique qui est le sien, il démissionne de ses fonctions administratives le 21 avril 1934 mais poursuit son enseignement jusqu'en 1944 où il est réquisitionné dans la milice en tant que "professeur non- indispensable". On peut donc dire que la "crise de la conscience européenne" n'est pas une crise purement intellectuelle. Elle ne touche pas seulement la sphère des sciences, mais la société tout entière dans ses fondations. La crise de la science est un symptôme, au sens médical du terme de la crise généralisée qui secoue l'Europe et qui se manifeste de manière spectaculaire sur le plan économique par la crise de 1929 (venue des États-Unis, mais pour Husserl, les États-Unis font partie de l'Europe spirituelle), sur le plan éthico-politique par les persécutions antisémites et la montée des totalitarismes. Husserl se propose d'analyser les causes de cette crise (qui est en réalité une crise de la raison) en remontant aux origines de l'Europe dont il va chercher à montrer qu'elles déterminent, à la uploads/Philosophie/ edmund-husserl-sur-la-crise-de-la-science-europeenne.pdf
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- Publié le Dec 14, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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