Cestodoses larvaires J.-A. Bronstein, F. Klotz Les cestodes sont des vers plats

Cestodoses larvaires J.-A. Bronstein, F. Klotz Les cestodes sont des vers plats hermaphrodites qui parasitent l’homme au stade adulte. Les formes larvaires peuvent infecter l’homme qui est souvent un hôte intermédiaire accidentel. Les cestodoses larvaires sont représentées par les infections par les larves Spirometra à l’origine de la sparganose, par la larve de T. solium à l’origine de la cysticercose, par la larve de T. multiceps à l’origine de la cénurose, et des larves d’E. granulosus et E. multilocularis, respectivement à l’origine de l’hydatidose et de l’échinococcose alvéolaire. Dans cette revue sont détaillés l’épidémiologie, le cycle biologique, les manifestations cliniques et les principes thérapeutiques de chaque affection. © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Cestodoses larvaires ; Cénurose ; Cysticercose ; Hydatidose ; Échinococcose alvéolaire ; Échinococcose polycystique Plan ¶ Introduction 1 ¶ Caractères généraux et classification 1 ¶ Cysticercose 2 Biologie 2 Mode de contamination humaine 3 Répartition géographique 3 Rôle pathogène 3 Manifestations cliniques 3 Biologie 4 Imagerie 5 Sérologie 5 Mise en évidence directe 5 Traitement curatif 6 ¶ Écchinococcoses 6 Hydatidose 6 Échinococcose alvéolaire 12 Échinococcoses polykystiques 14 ¶ Sparganose 14 Biologie 14 Mode de contamination humaine 15 Manifestations cliniques 15 Imagerie 15 Diagnostic positif 15 Diagnostic différentiel 15 Traitement 15 ¶ Cénurose 15 ■Introduction Les cestodes sont des vers plats (plathelminthes) dont les formes adultes segmentées vivent pratiquement toujours dans l’intestin des vertébrés. Cependant, le cycle des cestodes comporte aussi généralement une (mais parfois plusieurs) forme(s) larvaire(s), entre l’embryon et l’adulte. Quelques-unes des très nombreuses larves de cestodes peuvent se retrouver chez l’homme qui, pourtant, n’est pas pour elles un hôte normal. Elles y sont alors généralement en impasse parasitaire. Dans la classe des cestodes, on distingue deux sous-classes. Les Cestodoria (parasites des poissons d’eau douce) et les Cestodia. Dans la sous-classe des Cestodia, on distingue de nombreux ordres, deux seulement comportent des parasites pour l’homme : les cyclophyllidés (avec deux bothridies et des orifices génitaux médians et ventraux) ; les pseudophyllidés (avec quatre ventouses et des orifices génitaux latéraux). Le Tableau 1 regroupe les différents cestodes parasites de l’homme à l’état adulte et larvaire. Les maladies humaines induites par les cestodes larvaires dépendent de plusieurs facteurs : du cycle larvaire, de l’épidémiologie locale, de l’importance du contact de l’homme avec le parasite ou de l’hôte intermédiaire. Ainsi, certaines maladies sont fréquentes comme les cysticercoses, et les échinococcoses dans des zones où les conditions d’hygiène, défectueuses, peuvent entraîner un contact étroit entre le parasite et l’homme. D’autres sont exceptionnelles comme les cénuroses, les sparganoses. Dans cette revue sont détaillés l’épidémiologie, le cycle biologique, les manifestations cliniques et les principes thérapeutiques de chaque affection. ■Caractères généraux et classification Les cestodes sont des vers formés de nombreux segments semblables entre eux, autonomes et qui constituent le corps du ver ou strobile (de trois à quatre segments à plusieurs centaines de milliers de segments). La partie antérieure du ver ou scolex Tableau 1. Cestodes parasites de l’homme à l’état adulte et larvaire. Ordre Famille Genre Cyclophyllidés Hymenolepidés Hymenolepis Ténides Taenia Echinococcus Multiceps Pseudophyllidés Diphyllobothridés Diphyllobothrium Spirometra ¶ 8-511-A-12 1 Maladies infectieuses (1 mm) porte les organes de fixation (rostre et crochets, ventouses, bothridies). En arrière du scolex est située une zone de croissance continue (le cou) à partir de laquelle se forment les nombreux segments (ou anneaux, ou proglottis). La taille des anneaux est progressivement croissante, du cou vers l’extrémité distale. La longueur du strobile varie en fonction du nombre de proglottis de quelques millimètres à plusieurs mètres. Les anneaux de l’extrémité distale (les plus ancienne- ment formés) sont dits mûrs ou matures et peuvent se détacher de la chaîne par groupe ou individuellement (cyclophyllidés). L’appareil génital est hypertrophié, la fécondité énorme et la reproduction hermaphrodite. Chaque anneau comporte un appareil génital mâle et un appareil génital femelle. La fécondation est possible par deux mécanismes : l’autofé- condation à l’intérieur d’un proglottis et la fécondation croisée entre anneaux mâles matures et anneaux femelles matures. L’œuf contient un embryon présentant six crochets chitineux (embryon hexacanthe). Les œufs sont émis soit par déhiscence spontanée de l’anneau et éclatement du sac utérin distendu, soit par lyse en quelques jours dans le magma fécal, les parois de l’anneau et de l’utérus, soit par émission par le pore génital. Les œufs terminent leur maturation dans le milieu extérieur. Ils résistent quelques jours dans les matières fécales ou dans l’eau. Ils sont sensibles à la dessiccation. Le cycle biologique est dit hétéroxène, avec présence d’un ou de plusieurs hôtes intermédiaires. Chez les cyclophyllidés, l’œuf abrite un embryon qui continue son développement larvaire dans l’organisme d’un hôte (vertébré ou invertébré) intermé- diaire. Chez les pseudophyllidés, l’œuf, non embryonné à la ponte, possède un opercule. Il doit poursuivre son développe- ment larvaire dans l’eau, puis chez un premier hôte intermé- diaire (invertébré : crustacé d’eau douce : Cyclops) puis chez un deuxième hôte intermédiaire (poisson, batracien, et autres vertébrés aquatiques) qui absorbe des cyclops. La larve des cestodes parasites de l’homme est de morpholo- gie différente, en fonction du genre considéré (Tableau 2). Les cyclophyllidés présentent, au cours de leur évolution, trois sortes de formes larvaires contaminantes pour l’hôte définitif : • le cysticerque et sa variété, le cysticercoïde ; • la cénure (ou coenure) ; • l’hydatide. Les pseudophyllidés présentent un seul type de larve conta- minante pour l’hôte définitif : le plérocercoïde (ou sparganum). La larve cysticerque comprend une vésicule et un scolex. Elle mesure 5 à 12 mm, elle a un aspect blanchâtre, vésiculeux. On note un seul scolex invaginé avec quatre ventouses et une couronne de crochets. La paroi de la vésicule présente une couche externe syncytiale pourvue de fines villosités, une couche moyenne musculofibreuse, une couche interne sécré- toire (sécrétion d’un liquide qui maintient la vésicule sous tension). C’est le cas par exemple du Taenia saginata et du Taenia solium. Dans la larve cysticercoïde, la vésicule est rudimentaire et virtuelle. Il persiste une zone étirée (zone caudale) pourvue des six crochets de l’embryon hexacanthe. C’est le cas par exemple de l’Hymenolepis nana. La larve cénure comprend une vésicule, plusieurs scolex. Elle mesure 5 à 20 mm, blanchâtre. Elle prend un aspect vésiculeux (parfois racémeux) avec une coque fibreuse épaisse, recouvrant une membrane germinale qui génère plusieurs dizaines de scolex. C’est le cas par exemple du Taenia serialis et du Taenia multiceps. La larve hydatide comprend plusieurs vésicules et plusieurs scolex. Il s’agit d’une vésicule de 1 à 10 cm (parfois plus), blanchâtre, comportant une cuticule périphérique anhiste de structure lamellaire qui recouvre une membrane germinative (membrane proligère) très mince. La larve plérocercoïde fait 1 cm, elle est blanchâtre. Il s’agit d’une larve vermiforme avec un scolex. Elle est dénommée aussi la larve sparganum. Elle est responsable de la sparganose. Les scolex ont pour caractéristique d’être invaginés. Pour donner un adulte, ils doivent se dévaginer, de telle sorte que la paroi interne du scolex devienne le tégument de l’adulte. Cette transformation est une phase cruciale du cycle du parasite, dont le succès dépend de conditions très précises, qui ne se rencon- trent que chez les espèces capables d’assumer le rôle d’hôte définitif (spécificité). En cas de parasitisme par les larves, l’homme prend acciden- tellement la place de l’hôte intermédiaire (exemple : hydati- dose). Il peut faire office à la fois d’hôte définitif et d’hôte intermédiaire (exemple : T. solium et cysticercose). Le Tableau 3 regroupe les différentes formes larvaires parasi- taires pour l’homme. ■Cysticercose La cysticercose est une cestodose larvaire dont l’agent parasite également l’homme sous sa forme adulte. La contamination directe à partir de l’adulte hébergé par le même hôte est possible. Deux ténias parasitent l’homme. Un seul, Tænia solium (ou ténia armé, ou ténia du porc), est capable de se développer à l’état larvaire et de déterminer une cysticercose (Tableau 4). Biologie Ce ver mesure de 2 à 4 m. Il possède 800 à 1 000 proglottis. Le scolex possède quatre ventouses avec un rostre protubérant muni de deux couronnes de 20 à 30 crochets chitineux et mobiles. Des petits crochets (100 µm) alternent avec des crochets plus longs (150 µm). Il comporte 200 à 300 follicules testiculaires, et chaque utérus possède huit à 12 ramifications Tableau 2. Formes larvaires des cestodes parasites de l’homme. Ordre Larve Description Cyclophyllidés Cysticerque 1 vésicule, 1 scolex Cysticercoïde Vésicule virtuelle Cénure 1 vésicule, plusieurs scolex Hydatide Plusieurs vésicules, plusieurs scolex Pseudophyllidés Plérocercoïde Larve avec 1 scolex Tableau 3. Parasitisme de l’homme par les formes larvaires. Ordre Genre Cyclophyllidés Parasitisme par la larve hydatide Echinococcus granulosus : ténia du chien et des canidés Echinococcus multilocularis : ténia du renard Hydatidose Parasitisme par la forme adulte et la larve « cysticerque » Taenia solium Cysticercose Parasitisme par la forme adulte et par la larve « cysticercoïde » Hymenolepis nana Hyménolépiase Parasitisme exceptionnel par les ténias du chien : parasitisme par la larve « coenure » Multiceps multiceps Multiceps serialis Cénurose Pseudophyllidés Parasitisme rare par la larve « plérocercoïde » (Sparganum) Spirometra sp. Sparganose 8-511-A-12 ¶ Cestodoses larvaires 2 Maladies infectieuses latérales assez uploads/Philosophie/ cestodoses-larvaires.pdf

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