JEAN CAVAILLÉS 1903-1944 PROBL~MES ET CONTROVERSES SUR LA LOGIQUE ET LA THÉORIE
JEAN CAVAILLÉS 1903-1944 PROBL~MES ET CONTROVERSES SUR LA LOGIQUE ET LA THÉORIE DE LA SCIENCE par JEAN CAVAILLÈS Troisième édition PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, Place de la Sorbonne, ve 1976 La loi da Il man 1957 o'aatoriaaot, aux termes dea alio6u 2 et 3 de l'article 41, d'aue part, que «Ica copies ou reprodactiooa atrictemeat riaemea ll'usap priv6 du copiste et ooo deatia6ea l uoe atiliaatioo coRective • et, d'autre pan, que Ica aoalyaea et Ica coanes citatiooa daoa ua but d'exemple et d'illuatratloo, « toute repr6aeotatloo ou reproduction iot6JII'ale, ou panielle, faite aaoa le cooaeotemeut de l'auteur ou de ICI ayaota droit ou ayaota eauae, est illicite »~lio6a 1•• de l'article 40). Cette repriaeotatioo ou reproduction, par quelque proc6d6 qu~ ce soit, coaati- tuerait doue aue contrefaçon aaactiooo6e par ln aniela 425 et auivaota da Code P6oal. C Li6roirie Plliloaoplaique J, VRIN, 1976 }re 6ditioo., P.U.F. 1947 2• édition., P.U.F. 1960 PRÉFACE à la seconde édition Malgré sa difficulté, le présent livre a fail son chemin. La première édition depuis longtemps épuisée, une seconde édition est devenue nécessaire. Celle seconde édition est la reproduction textuelle de la première édition qui avait été mise au point par les soins fidèles de Georges Canguilhem el de Charles Ehresmann. Le logicien contemporain considère t'olonliers comme « préhistoire )) la littérature logique qui a précédé la parution en 1910 des Principia Mathematica de Whitehead el Russell. El, depuis celle parution, les éludes logiques se sont développées à un rythme si rapide dans des directions si diverses que l'on peul dire, sans donner dans le scepticisme, que toul essai ·de synthèse est condamné à << l'ieillir vile )). Aulanl dire qu'on ne peul guère, de nos jours, séparer logique el actualité. Pourtant, le lil,re que Jean Cavaillès écrivit, voici près de vingt ans, en 1942, esl toujours actuel, aussi bien pour le logicien de 1960 que pour le philosophe. En effel, ce livre, toul pénétré de la cu/lure logique nouvelle, a su revenir aux interroga- tions fondamentales qu'une prise de conscience philo- sophique doit imposer au logicien. En un sens, la logique moderne suit le destin commun à ioules les sciences d'être une discipline qui peul se construire el se perfectionner sans chercher à s'interroger de façon VI PRÉFACE radicale sur son sens originel. Husserl reconnaissait que ce qui rend possible la science c'est, heureusement, non pas la réflexion qui pénètre l'essence des choses mais l'instinct scientifique. Le savant, pour bâtir, n'a pas besoin de s'intéresser aux préalables de la critique philosophique. Mais la logique, en tant qu'elle est théorie de la science el non pas seulement science particulière, ne peul se contenter de celle « raison · cachée » qui agil implicitement dans ioule science. Au fond, se joue là, au plus près, au sein d'une même discipline, la rivalité de la scienre qui prétend s'affran- chir de la tutelle philosophique et d'une philosophif qui, parfois, dédaigne de s'instruire. Ce problème de la logique moderne, peul-on le formuler de façon plus directe et, si l'on ose dire, de façon plus définitive, que ne le faisait Cavaillès quand il écrivait : « Le renvoi au technique est une échappatoire » et, quelques lignes plus loin, en évoquant les résultats de Gôdel concernant la théorie de la démonstration : « C'est ici la revanche du technique qu'il renverse les constructions effectuées dans un abstrait qui l_e dépasse ? >> Ce livre où ioule une culture mathématique el logique est constamment sous~enlendue est pourtant un livre proche pour le philosophe. Certes, le lecteur doit s'instruire s'il veut que les formules de Cavaillès, rendues souvent énigmatiques par leur concision, déploient leur sens. Mais, une fois surmontée l'indif- férence aux problèmes de la science déductive, le philosophe se retrouvera chez lui. Il n'aura jamais à faire face à une histoire de faits nus ou à une inter- prétation bavarde. Rien d'extrinsèque ni d'accidentel ne viendra détendre celle interrogation sur l'essence el sur la destination de la théorie de la science. Alors PRÉFACE VII qu'il rédigeait ce texte, Cavaillès écrivait à Albert Laulman : « C'est en fonction de Husserl, un peu contre lui que j'essaie de me définir. >> Depuis la parution de la première édition, se sont faites plus nombreuses les éludes sur la phénoménologie el les traductions françaises des écrits de Husserl - que la réflexion de Cavaillès avait peul-être suscitées. Ainsi, la connaissance de l'œuvre de Husserl permettra-t-elle de rendre plus présent le contexte de la réflexion de Cavaillès. Et, en retour, celle réflexion révélera, de façon incomparable, les problèmes de la philosophie husserlienne. Loin des livres, dans la solitude héroïque d'une prison, Jean Cavaillès écrivit ce livre. C'est un livre de méditation pour le philosophe. Gaston BACHELARD. AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS à la première édition Quelques mols d'explication nous paraissent néces- saires en tête de celle œuvre de Jean Cavaillès, la dernière. Cavaillès, dès l'achèvement de ses thèses de philo- sophie, en 1938, s'est préparé à une nouvelle étape du travail d'expression de sa propre pensée. Mais, un an après, la guerre lui proposait d'autres exercices. On sait comment, après une courageuse campagne dans l'hiver 1939-1940, fait prisonnier en mai, Cavaillès s'évada en Belgique, durant son transfert en Allemagne, et reprit en octobre 1940 ses cours à l'Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand. On sait aussi qu'il ne se contenta pas de reprendre sa tâche de professeur, qu'il ne s'estima pas dé~obilisé par l'armistice el qu'il fui en France un des quaire ou cinq fondateurs des premiers mouvements de Résistance. La lâche de Cavaillès, en ce domaine, jusqu'à sa deuxième et définitive arrestation en août 1943, fui écrasante. Celle lâche pourlant ne le détourna pas du travail philosophique. Les deux à vrai dire ne se séparaient pas pour lui. Le relour à la réflexion lui paraissait indispensable, au sein de l'action, pour lui garantir son sens. Il avait l'intention, dont il nous avait fait pari à plusieurs reprises, d'écrire un Traité de logique, mais ajoutait-il en riant : << Je n'aurai le lemps de l'écrire qu'en prison. ,, C'est bien ce qui est arrivé. S'embarquant pour l'Angle/erre, une nuit d'août 194B, Cavaillès fut arrêté sur une plage voisine de Narbonne el transféré à la prison militaire de Montpellier. C'est x AVERTISSEMENT alors que, pour vaincre le désespoir de la captivité, il entreprit de rédiger le travail dont il avait mûri le projet. On peul se demander comment Cavaillès a pu rédiger en prison un lexie où les références sont nom- breuses à des ouvrages peu t•ulgarisés. Le général de Lattre de Tasst'gny commandait alors la région militaire de Montpellier. Il connaissait el estimait Cavaillès. Par son autorisation, des amis purent visiter Cavaillès dans sa prison el lui porter des livres. Albert Laulman vint de Toulouse à Montpellier apporter quelques lexies très spéciaux en sa possession. Lorsqu'au mois de novembre les Allemands répondirent au débarquement d'Alger par l'occupation de la zone Sud, il y eut dans le commandement militaire quelque flottement el quelques r•elléilés. Le général de LaUre de Tassigny fui arrêté, on sail dans quelles circonstances. Le Tribunal militaire de Montpellier clôtura par un non-lieu l'affaire Cavaillès. Mais le préfet de l'Héraull prit à l'encontre de Cavaillès un arrêté d'internement. Il fut envoyé au camp de Saint-Paul-d' Eyjau;r, près de Limoges. Il y resta, si l'on ose dire, juste le lemps nécessaire pour terminer son travail el s'évada, ayant son manuscrit en poche, dans les derniers jours de l'année 1942. Il ne lui restait plus, disait-il, qu'à mettre les références au bas des pages, avant de donner le manuscrit à l'éditeur. C'est cel ultime travail de mise au point que les circonstances l'ont empêché de faire. En mars 1943, Cavaillès réussissait à partir pour l'Angleterre. Il en revenait en mai. En juin, il échappait de peu à l'arrestation par la police allemande. En août, il était arrêté par les services du contre-espionnage AVERTISSEMENT XI allemand. Entre lemps, il avait confié par précau- tion à sa sœur, Mme Ferrières, un exemplaire dacty- lographié de son travail, corrigé par lui. Un deuxième exemplaire, dont on a retrouvé quelques feuillets après la perquisition allemande dans sa chambre, rue Chardon-Lagache, , avait été conservé par lui aux fins de dernière révision. Cavaillès a dit à plusieurs reprises à sa sœur el à nous-mêmes qu'il· ne méconnaissait pas la difficulté de son lexie el qu'une longue introduction serail néces- saire pour le présenter. Il se proposait de l'écrire, mais n'a pu réaliser son projet. Il est bien entendu que le présent avertissement ne vise pas le moins du monde à suppléer celle introduction. Nous nous sommes bornés au travail purement matériel d'établissement définitif du lexie el de recherche des références, sans lequel le manuscrit ne pouvait être publié. Cavaillès, en somme, a laissé une œuvre achevée mais non entière- ment polie. Lorsque la clarté du lexie ou des citations nous a semblé exiger çà el là l'adjonction de quelque cheville nous l'avons toujours signalée par des cro- chets. Toutes les noies au bas des pages sont de nous, uploads/Philosophie/ cavaille-s-sur-la-logique-et-la-the-orie-de-la-science.pdf
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- Publié le Dec 24, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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