ARTICLES / ARTICLES LE CONCEPT D’ENVIRONNEMENT D’APPRENTISSAGE INFORMATISÉ1 Jos
ARTICLES / ARTICLES LE CONCEPT D’ENVIRONNEMENT D’APPRENTISSAGE INFORMATISÉ1 Josianne Basque, Ph.D. Télé-université jbasque@teluq.uquebec.ca Sylvie Doré, ing., Ph.D. École de technologie supérieure sdore@mec.etsmtl.ca Adresses de correspondance : Sylvie Doré, professeure Josianne Basque, professeure Département de génie mécanique Télé-université École de technologie supérieure 1001, rue Sherbrooke Est 1100, rue Notre-Dame Ouest Case postale 670, Succ. C Montréal (Québec) Montréal (Québec) H3C 1K3 H2L 4L5 1 Article paru dans la Revue de l’éducation à distance, Printemps 1998, vol. 13, no 1, pp. 40-56. Le concept d’environnement d’apprentissage informatisé 2 LE CONCEPT D’ENVIRONNEMENT D’APPRENTISSAGE INFORMATISÉ Sylvie Doré et Josianne Basque Résumé Cet article propose une réflexion sur le concept d’environnement d’apprentissage informatisé (EAI) et tente de le situer par rapport aux taxonomies déjà existantes des utilisations pédagogiques de l’ordinateur. Nous définissons l’environnement d’apprentissage comme un lieu réel ou virtuel abritant un ou plusieurs systèmes interagissant dans un but commun : l’apprentissage. Un enseignant et les apprenants d’une classe peuvent ainsi être vus comme un système, chaque individu étant un sous- système. L’utilisation du vocable apprentissage, plutôt que celui d’enseignement, évoque l’image d’un environnement axé sur la construction du savoir par une communauté d’apprenants plutôt que sur la transmission du savoir par l’enseignant. La juxtaposition des termes environnement et apprentissage sous-entend une approche collaborative et des stratégies pédagogiques fondées sur le cognitivisme et le constructivisme. L’environnement d’apprentissage est dit informatisé lorsque certaines ou l’ensemble des interactions entre les sous-systèmes sont soutenues par des ressources informatiques. La notion d’EAI dépasse celle d’activité pédagogique à l’ordinateur. En effet, l’environnement est susceptible d’abriter plusieurs de ces activités, en plus des outils et du matériel nécessaires pour les réaliser. Or, plusieurs taxonomies existantes sont fondées sur la catégorisation des médias ou encore des moyens didactiques, critères qui s’appliquent mal ou de façon incomplète à la notion d’EAI. De nouvelles taxonomies devront être imaginées comportant de nouveaux critères. Le concept d’ouverture de l’environnement offre une piste intéressante à cet effet. Abstract This article offers some thoughts on the concept of Computer-based Learning Environment (CBLE), in an attempt to relate it to existing taxonomies of the educational use of computers. A learning environment is here defined as a physical or virtual space wherein one or more systems interact towards a shared goal, that of learning. The educator and the learners making up a class or a learning group can thus be considered as a system, and each individual as a subsystem. The use of the term learning rather than teaching conjures up the image of an environment focused on the construction of knowledge by a community of learners rather than on the transmission of knowledge by an educator. The juxtaposition of the terms learning and environment implies a collaborative mode of learning as well as cognitivist and constructivist approaches to pedagogical strategy. A learning environment is said to be computer-based when some or all of the interactions among subsystems are supported by computing resources. The CBLE concept goes beyond that of computer-based activities, although the learning space is, indeed, likely to house various such activities as well as the tools and materials needed to carry them out. However, those taxonomies based mainly on a classification of the various media or of instructional devices do not provide criteria adequate in dealing with the CBLE concept. New taxonomies, comprising new criteria, are thus called for. The concept of openness of the environment provides a promising lead in this respect. Le concept d’environnement d’apprentissage informatisé 3 INTRODUCTION Depuis quelques années, l’expression environnement d’apprentissage informatisé apparaît de plus en plus dans les écrits en sciences de l’éducation. En anglais, on trouve plusieurs vocables qui semblent équivalents : computer-based learning environment proposé par Salomon (1992), computer enhanced learning environment et technology-intensive learning environment (TILE) suggérés également par Salomon (1994), ainsi que enriched learning and information environment (ELIE) proposé par Goodrum, Dorsey et Schwen (1993). S’agit-il d’une nouvelle façon de nommer ce que l’on appelait jusqu’à ce jour application pédagogique de l’ordinateur (APO) ou enseignement assisté par ordinateur (EAO)? Cette expression se distingue-t-elle de l’expression système d’apprentissage informatisé? Derrière ce changement de termes, y a-t-il un changement significatif d’ordre pédagogique? Cet article tente de répondre à ces questions. Il propose une réflexion sur la signification du concept d’environnement d’apprentissage informatisé et tente de le situer par rapport aux diverses utilisations de l’ordinateur à des fins pédagogiques qui ont été recensées à ce jour dans certaines taxonomies dans le domaine. 1. QU’EST-CE QU’UN ENVIRONNEMENT D’APPRENTISSAGE INFORMATISÉ? Pour définir un environnement d’apprentissage informatisé, nous nous attardons au sens de chacun des trois termes, en commençant par apprentissage. 1.1 Apprentissage Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, une personne mettait encore en œuvre, à la fin de sa carrière, les compétences acquises dans sa jeunesse. Bien plus, elle transmettait généralement son savoir, quasi inchangé, à ses enfants ou à des apprentis. Aujourd’hui, ce schéma est largement obsolète. Non seulement les gens sont appelés à changer plusieurs fois de métier dans leur vie mais, à l’intérieur du même « métier », les connaissances ont un cycle de renouvellement sans cesse plus court. (Pierre Levy, 1995, p. 52-53) Plusieurs chercheurs, dont Perkins (1991) et Grabinger (1996), citent de nombreuses études démontrant l’incapacité, ou du moins le peu de succès, des méthodes traditionnelles d’enseignement à amener les finissants à développer les connaissances et les habiletés nécessaires pour affronter la nouvelle réalité du marché du travail décrite par Levy. Il n’est plus suffisant de savoir utiliser des connaissances et des outils dans un seul domaine, nous devons aussi apprendre à les adapter à de nouveaux contextes. Nous devons être capables de résoudre des problèmes tout en étant souples et créatifs. Nous devons apprendre à travailler en équipe. Pour faire face à ces nouveaux défis, un changement fondamental est en train de s’opérer dans le domaine de l’éducation. Les chercheurs ont commencé à remettre en question la prémisse traditionnelle voulant que l’enseignant transmette le savoir et que l’apprenant le reçoive. Ils se demandent si le fait de recevoir un enseignement est garant d’un réel apprentissage pour l’apprenant, c’est-à-dire, si l’on s’en tient à la définition de l’apprentissage suggérée par Mayer Le concept d’environnement d’apprentissage informatisé 4 (1982), d’un changement relativement permanent dans le savoir ou dans le comportement d’un individu, changement provoqué par l’expérience. De plus en plus de chercheurs et de praticiens doutent, en effet, de l’efficacité des méthodes fondées sur la transmission du savoir, particulièrement lorsqu’elles sont appliquées à des habiletés cognitives supérieures telles que l’analyse, la synthèse, la critique, la résolution de problèmes, etc. Aux tentatives souvent associées au béhaviorisme d’améliorer avant tout le processus d’enseignement, succède aujourd’hui un intérêt plus marqué pour le processus d’apprentissage associé au cognitivisme et au constructivisme. Rappelons que, pour les cognitivistes, l’apprentissage se définit non pas par des changements dans les comportements observables, mais par des changements dans les structures mentales – ou représentations internes – des individus. La vision de l'éducation qui en découle en est une qui met de l'avant l'importance d'un engagement mental actif des élèves durant l'apprentissage afin qu’ils puissent traiter les informations en profondeur et non pas uniquement en surface. Ainsi, l’enseignant se réclamant d’une approche cognitiviste cherchera à : aider l’apprenant à sélectionner et à encoder les informations qui lui proviennent de l’extérieur, en l’incitant à faire des liens avec ses connaissances déjà emmagasinées dans sa mémoire à long terme, par exemple; organiser et intégrer ces informations, en l’aidant à se former des images mentales significatives, en lui demandant de produire des résumés, en suscitant un auto- questionnement, etc.; recouvrer des informations de sa mémoire à long terme, par exemple en lui fournissant divers indices. De plus, un tel enseignant permettra aux apprenants d’adopter de multiples cheminements d’apprentissage afin de tenir compte des différentes variables individuelles qui influencent la manière dont les apprenants traitent l’information. Pour les constructivistes, le savoir est construit activement par chaque individu, c’est-à-dire par ses propres expériences ou, si l’on veut, par ses interactions avec l’« environnement ». Autrement dit, l’individu est un organisme proactif : il ne fait pas que répondre à des stimuli provenant de l’environnement, comme le propose le béhaviorisme, mais s’engage dans une recherche de significations (Perkins, 1991). Selon cette perspective, l’enseignement ne consiste pas à transmettre à l’apprenant les significations d’un autre individu « qui sait » (l’enseignant). L’enseignement consiste plutôt à mettre les significations de l’apprenant au défi. Pour ce faire, l’enseignant et les autres apprenants qu’il côtoie, le supportent dans sa recherche personnelle de sens : ils lui posent des questions, le guident au besoin, l’orientent non pas vers des buts d’enseignement définis à l’avance, mais vers l’élaboration d’une interprétation personnelle des choses. Ainsi, les tenants du cognitivisme et du constructivisme insistent sur le rôle actif de l’apprenant dans le processus de construction du savoir. C’est pourquoi on parle de plus en plus de créer des environnements d’apprentissage à l’intention des apprenants plutôt que d’utiliser des méthodes d’enseignement pour leur transmettre le savoir (Collins, Greeno et Resnick, 1994). Tentons maintenant de comprendre pourquoi le mot environnement uploads/Philosophie/ basque-et-dore-1998-le-concept-d-x27-eai.pdf
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- Publié le Apv 09, 2022
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