Margot Foubert Pascal Chabot BLOC 2 2016/2017 Argumentation, rhétorique, expres
Margot Foubert Pascal Chabot BLOC 2 2016/2017 Argumentation, rhétorique, expression orale Prologue Dans Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine défend que la justice, selon lui, n’est pas juste. Elle rend des jugements différents selon la classe sociale ou la fortune des plaignants. Ce qui nous intéresse est l’ensemble des procédés que Jean de la Fontaine va utiliser pour expliquer cela. Il parle d’un lion, qui est la personnification d’un Roi. Jean de la Fontaine utilise aussi le procédé de la narration, la fable raconte et met en scène une allégorie. Dans la fable, il y a également un renard, qui représente la flatterie, la tromperie. C’est une personnification du courtisan. Ensuite, l’âne (le sujet, le citoyen) intervient. Dans un contexte d’argumentation, il apparaît comme innocent parce qu’il n’a rien compris. Mais on juge tout de même que son pêché (manger un peu d’herbe) est grave et tous les animaux le dévorent. Au final c’est l’argumentation du lion, forte et puissante, et celle du renard rusé, flattant, qui gagnent. L’argumentation de l’âne, qui se basait sur la sincérité, ne vaut rien ici face au lion et au renard. Tout cela pour dire que l’argumentation est présente partout, même dans les fables. Introduction : Qu’est-ce qu’une argumentation ? L’argumentation est un art total, elle met en œuvre de nombreuses dimensions. Pour l’utiliser dans différents domaines, il faut connaître ceux-ci. Il faut avoir une certaine théorie de la justice, du pouvoir, de la philosophie, de la linguistique, de la sociologie, de la psychologie, etc. pour pouvoir argumenter dessus. C’est avant tout une pratique, une expérience. Il y a évidemment aussi un rapport de force en argumentation. Cette dernière est également intéressante parce qu’elle force les gens à dire ce qu’ils pensent. Pour argumenter sur un sujet, il faut savoir ce que l’on pense sincèrement sur ce sujet et il faudra travailler dessus pour clarifier sa pensée. Pour certains sujets, c’est facile de savoir ce qu’on en pense (journée sans voitures à Bruxelles), pour d’autres, c’est plus compliqué et ça demande plus de réflexion (débattre sur notre politique actuelle). Il faut non seulement connaître notre avis sur un sujet, mais aussi savoir l’exprimer, le structurer. On peut ici rappeler la célèbre devise de Socrate, « Connais-toi toi- même ». Au final c’est un procédé pour faire connaître sa thèse, sa position à un lecteur ou à un auditoire. L’argumentation est une démarche par laquelle une personne ou un groupe entreprend d’amener un auditoire à adopter une position, par le recours à des présentations ou assertions1 qui visent à en montrer la validité ou le bien fondé. a. Argumentation et influence sociale : argumenter = manipuler ? L’argumentation suppose de vouloir exercer une influence sur autrui. On dit souvent que c’est une manipulation. Les discours peuvent être trompeurs mais l’argumentation n’est pas de la manipulation. Quand on parle de cette dernière, on suppose qu’une des deux personnes est inerte ou passive. Cette passivité ne se retrouve pas dans l’argumentation. Pour qu’il y ait argumentation, chacun doit être actif, il faut qu’il y ait une certaine réciprocité. Elle commence très souvent avec un désaccord ou un doute sur ce que l’énonciateur dit. Si deux personnes sont d’accord, alors ce n’est pas de l’argumentation mais une simple conversation. Mais parfois on se trouve dans un contexte social particulier, où on ne peut pas vraiment se défendre, où l’on n’ose pas parler, de peur de perdre son emploi ou autre. Quand le pouvoir est total, il n’a pas besoin de se justifier, il suffit de commander, de donner des ordres. L’argumentation suppose alors une situation démocratique, dans laquelle les interlocuteurs sont à forces égales. 1 Arguments De plus, dans la manipulation, la personne cache souvent son jeu. Cela se fait parfois en argumentation, mais ça n’a jamais effet sur le long terme, on se rend vite compte de la fausseté des arguments amenés. Dans la tromperie, une des personnes utilise des moyens pour mentir ou ruser en vue de tromper. Tandis qu’argumenter doit profiter aux deux personnes. Dans l’argumentation, on coopère. On n’affirme que ce en quoi on croit ou ce pour quoi on a des preuves. Dans bien des cas, l’argumentation est soutenue par un désir de coopération. Le philosophe Jürgen Habermas a écrit Théorie de l’agir communicationnel où il distingue trois impératifs de l’argumentation : s’exprimer de manière intelligible ; être véridique dans ce que l’on donne à entendre ; présenter ses intentions sincèrement. L’argumentation est donc très différente de la manipulation. Elle apparaît même fragile et précaire car le langage peut facilement être détruit ou déconstruit. b. Argumentation et raison L’argumentation entretient des rapports avec le raisonnement et la logique. Elle suppose un « circuit long », c’est-à-dire une élaboration cognitive et intellectuelle plus complexe que la simple force physique. Cela suppose à un recours à la raison. Comme l’argumentation a besoin du langage, elle fait partie des circuits longs, les circuits rationnels qui s’opposent aux circuits courts, ceux de la force. La pyramide montre bien que les circuits courts (comme les insultes) sont séparés des circuits longs par des stades. Ils interviennent quand la personne a recours à des souvenirs, construit des hypothèses, analyse les éléments, etc. Il faut donc avoir des facultés cognitives élaborées pour avoir recours à l’argumentation. Ces circuits longs font appel à des mécanismes d’interférence dans le traitement de l’information. En psychologie, l’interférence est une opération cognitive, un mode de raisonnement. Nous en parlerons dans le premier chapitre. Au final, l’argumentation se rapproche fortement de la rhétorique. Les différents arguments se basent sur les différentes émotions dans le pathos, le langage correspond au logos, etc. La réflexion sur l’argumentation fera appel aux cinq moments de la rhétorique : La recherche des arguments concerne l’inventio Le plan dans lequel les arguments sont ordonnés relève de la dispositio L’elocutio, mise en forme du discours, sera abordée dans la partie consacrée aux figures de style L’actio elle est au centre de l’enseignement d’expression orale de Florence Gabriel La memoria est la mémorisation du discours Dans la rhétorique, il y a trois composantes indispensables, définies par Aristote qui sont : l’orateur (qui représente l’ethos), l’auditoire (le pathos) et le discours (le logos). Ces trois pôles de la rhétorique correspondent à trois moyens de persuader, selon qu'ils s'appuient sur l'ethos, le pathos ou le logos, les deux premiers étant d'ordre affectif, le troisième d'ordre rationnel. Le caractère de l’orateur joue sur l’argument d’autorité. Ce qui compte, c’est qui il est, sa prestance, sa posture, son expérience, etc. Le public doit ressentir des passions, des émotions pour qu’il soit convaincu. On va ici employer l’argument ad metam (argument de la peur). Dans ce cours on va surtout voir la dimension du langage. Chapitre 1 : raisonnement logique et raisonnement argumentatif a. Aristote et la naissance de l’argumentation Dans la Grèce antique, on pouvait retrouver des manuels qui reprenaient des modèles types, qui fonctionnent bien pour défendre une cause. Ce sont surtout des exemples pratiques à apprendre par cœur. Chez Platon, on retrouve les premières réflexions sur l’argumentation, notamment quand il parle de rhétorique et de sophistique, qu’il rejette toutes les deux. Pour lui, la vraie rhétorique c’est la philosophie. C’est Aristote qui amène une réflexion systématique sur l’argumentation. Il étudie tout particulièrement le logos, le langage. Chez les Sophistes, la vérité important peu, il fallait avant tout convaincre. Une grande partie de sa Rhétorique consiste en une sorte de manuel d'anthropologie pratique, visant à donner les bases d'une tactique de persuasion b. Le syllogisme La science d’Aristote (la philosophie) est le lieu où la vérité peut être atteinte au moyen de démonstrations. C’est lui qui a inventé le syllogisme. Cela se caractérise par le fait que, des prémisses étant posées, on peut en déduire une conclusion de façon contraignante. L’exemple le plus connu est le suivant : Tout homme est mortel (prémisse majeure, notée M) Socrate est un homme (prémisse mineure, notée m) Donc Socrate est mortel (conclusion, notée C) Le syllogisme met en relation deux termes (mortel et Socrate) grâce à un moyen terme (homme) qui ne se retrouve pas dans la conclusion. C’est le terme commun entre la majeure et la mineure. En gros : C’est l’exemple le plus flagrant du discours irréfutable, toujours vrai. Si l’on accepte les deux prémisses, on est obligé d’accepter la conclusion tirée. La science utilise énormément ce procédé d’argumentation. c. L’enthymème On arrive nécessairement à la conclusion d’un syllogisme, mais cela reste un idéal. En général, il n’y a pas toujours une seule conclusion. Le syllogisme et l’enthymème sont tous deux des raisonnements déductifs, ils partent du général pour arriver au particulier. Ils ont cependant des caractéristiques distinctes. En fait, on peut décrire l’enthymème comme un syllogisme logiquement rigoureux, mais qui repose sur des prémisses seulement probables et/ou qui peuvent rester implicites (syllogisme dont une prémisse est sous- entendue). La conclusion est logique ou sous-entendue, mais il existe bien souvent d’autres conclusions. On utilise souvent ce uploads/Philosophie/ argumentation-theorie.pdf
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- Publié le Mai 12, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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