UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de philosophie et lettres Langues et litt

UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de philosophie et lettres Langues et littératures française et romanes EXERCICES DE GRAMMAIRE DESCRIPTIVE : Topicalisation et phrase multiple GLAUDE Travail réalisé dans le cadre du cours : Carole Grammaire descriptive du français moderne II ROMA-B-304 ANNÉE ACADÉMIQUE 2006-2007 I.Introduction : Les exercices présentés ci-dessous tenteront de mettre en pratique l’apprentissage d’une matière étalée sur deux longues années : la grammaire descriptive. Cette manière de faire de la grammaire est qualifiée de « descriptive » en raison de l’objectif qu’elle tente d’atteindre, c’est-à-dire décrire les relations qu’on peut établir entre les faits grammaticaux préalablement observés. Ce travail sera effectué en deux parties : la réécriture d’une anecdote préexistante et ce en fonction d’un point grammatical abordé par Marc Wilmet dans sa Grammaire Critique du français, puis le commentaire de ladite réécriture en se référant à l’ouvrage de M. Wilmet. Les deux points étudiés dans ce travail seront la topicalisation et la phrase multiple. II. La Topicalisation : 1. Réécriture de l’anecdote : Un événement assez cocasse fut raconté au snack « nuit et jour » où m’attendait une amie d’enfance devenue mannequin qui était enlaidie par sa maigreur (elle- même l’avait appris par la serveuse): Un jour, à la mi septembre, où il faisait assez beau, dans une rue passante à heure d’affluence, un peintre sur un échafaudage ravivait les couleurs d’une façade en sifflant (il profitait visiblement du temps car, étonnamment, il ne pleuvait pas). Mais un geste maladroit et un de ses pots de peinture a chu dans le vide. Sur le trottoir un jeune homme s’en est aperçu et s’est lancé vers l’échafaudage : une vieille dame promenant son chien (chien de race qui vaut une fortune) se fait bousculer et un homme, plongé dans la lecture d’un journal au slogan vantard : « Dix millions de Français lisent un journal : le nôtre », est renversé. Il plonge, saisit au vol le pot qui s’apprêtait à déverser son contenu sur une jeune femme traînant son enfant par la main. Il s’écrase au sol sans avoir lâché le pot… Et il paraît qu’il ne contenait en fin de compte que le casse-croûte du peintre ! Après cela, la jeune femme qui était censée amener l’enfant chez son père, et le jeune homme - épris depuis quelques semaines de cette demoiselle - se 2 regardèrent. Il reçut une petite voiture de l’enfant en guise de remerciement et celui-ci lui demanda qui avait salé la mer. Alors que le jeune homme semblait gêné par la question, la jeune fille le fit rougir davantage en lui proposant un rendez-vous. Comme quoi, il suffit d’un pot de peinture ! 2. Commentaires grammaticaux : Avant d’aborder les différents cas figurant dans l’anecdote, il semble judicieux de définir la notion qui se cache sous le mot « scientifique » de « topicalisation » qui est encore plongé dans l’obscurité des cerveaux de nombreuses personnes. La topicalisation est simplement la confrontation du sujet logique au sujet grammatical et au sujet sémantique et ce, sous trois voix : l’actif, le passif et le moyen ainsi que les deux constructions de l’impersonnel et du factitif (cf. § 578). Pour bien des personnes, un sujet n’est rien qu’un sujet ! C’est pourquoi, il convient, avant d’aborder la topicalisation sous ces aspects les plus complexes, de savoir différencier sujet logique, sujet grammatical et sujet sémantique ! Le sujet logique : Le sujet logique - qu’on appellera aussi thème - désigne « l’être ou l’objet dont quelque chose est affirmé ou nié » (cf. § 573). Le sujet grammatical : Comme la grammaire lie « le sort du sujet à celui du verbe », le sujet grammatical n’est qu’en réalité le mot avec lequel le verbe s’accorde (cf. § 574). Le sujet sémantique : Le sujet sémantique est l’un des rôles assigné au sujet logique, il est aussi appelé « agent », opposé à l’ « objet sémantique » ou « patient » qui peut aussi être, dans certains cas, sujet logique (cf. § 575). a) fut raconté : 3 Un événement assez cocasse fut raconté au snack nous offre l’exemple d’une TOPICALISATION PASSIVE. La phrase appuie le fait que « La topicalisation passive confirme au sujet logique la fonction du sujet grammatical » (cf. § 580) puisque raconté s’accorde avec un événement assez cocasse. Mais elle « lui dénie celle d’agent sémantique » ! En effet, l’événement subit l’action d’être racontée par « quelqu’un », elle est donc objet sémantique. Cependant, Si est un événement […] est objet sémantique, quelle partie de la phrase est l’agent sémantique ? En réalité, il n’y a pas d’agent sémantique dans la phrase pour la bonne raison que syntaxiquement le pronom omnipersonnel on (venant de l’actif : on a raconté un événement cocasse…) ne peut devenir complément d’agent ! Cette particularité est une preuve flagrante de l’absurdité enseignée dans les écoles, « La « voix passive » [ne] se contente [pas] de renverser la voix active » (cf. § 581, 3). Remarque : « Le choix de l’auxiliaire de composition avoir ou être est intimement lié à la topicalisation et àla transitivité verbale » (§ 403). On peut assurément remarquer que le verbe être (qui, ici, n’est pas un auxiliaire mais une copule) est employé à la passivation uniquement des verbes transitifs ! Indubitablement, le verbe intransitif tomber peut se conjuguer avec l’auxiliaire être (Je suis tombé) mais ne sait pas être passivé ! b) me fut rapporté par l’ami : Dans cette topicalisation passive, le sujet logique un événement [...] est le sujet grammatical (accord de rapporté) et le sujet sémantique est un ami introduit par la préposition par. c) était enlaidi : Si certains indices aident les élèves à reconnaître la « voix passive » (la copule « être », « par » introduisant l’agent sémantique et la permutation de l’objet en sujet), était enlaidi nous démontre que la copule n’est en aucun cas un indice matériel PROPRE à la « voix passive » (cf. § 580, rem.) ! 4 Nous somme en présence d’un « copule + attribut » donc de TOPICALISATION ACTIVE (cf. f) puisque enlaidir est un verbe issu de l’adjectif enlaidi et est transitif « au sens factitif de « faire changer » » correspondant à « rendre laid… ». (cf. § 403, 1) d) avait appris par la serveuse: Ici, par introduit l’agent sémantique la serveuse malgré que ce ne soit pas une phrase passive (contrairement à b)! En somme, par introduisant l’agent sémantique n’est pas plus un indice matériel propre à la « voix passive » que la copule (cf. § 580) ! e) il faisait assez beau: Malgré une recherche assidue, on est bien forcé d’admettre que cette phrase n’a pas de sujet logique ! Cette locution de faire est un exemple de la seule construction qui n’a pas le même sujet logique et grammatical : La construction impersonnelle ! « La topicalisation impersonnelle procure un sujet grammatical à un énoncé privé de sujet logique » (cf. § 585) Il fait beau fait partie de la « structure il + verbe + séquence non verbale » de la construction impersonnelle (divisée en trois structures) puisque beau est un adjectif et donc une structure non verbale. Cette locution n’a pas de doublon personnel, c’est-à-dire qu’il est impossible de modifier la phrase initiale pour arriver à un tour personnel ! f) ravivait : « La topicalisation active décerne au sujet logique (le peintre) le brevet de sujet grammatical (il régit l’accord avec ravivait) indépendamment de son rôle sémantique. » (cf. § 579). Ici, il est le sujet sémantique puisque le peintre est agent de raviver les couleurs d’une façade. g) profitait du temps : 5 Profiter de est un verbe symétrique et [Le peintre] profitait du temps peut devenir Le temps profitait au peintre ainsi, la permutation de l’objet en sujet n’est pas propre à la « voix passive » (cf. b) ! En conclusion, les verbes b, d, et g nous confirment qu’il n’existe AUCUN indice matériel propre à la voix passive (cf. § 580, rem.) ! h) il ne pleuvait pas : Cette phrase se range dans la « structure il + verbe » de la topicalisation impersonnelle. Cette structure ne concerne que les verbes météorologiques et n’a pas de correspondant personnel ! i) a chu : Comme énoncé précédemment (cf. a), « Le choix de l’auxiliaire de composition avoir ou être est intimement lié à la topicalisation et la transitivité verbale » (§ 403). Si les verbes transitifs, à la « voix active », emploient l’auxiliaire avoir et à la « voix passive », la copule être1 ; les verbes intransitifs empruntent soit l’auxiliaire avoir, soit l’auxiliaire être soit l’un ou l’autre à leur guise. Les verbes usant de l’auxiliaire avoir sont fort nombreux sans qu’on puisse les catégoriser alors que les verbes se conjuguant toujours avec être sont uniquement « les verbes de déplacement […] et le défectif issir, avec les compositions » (§ 403, 3, uploads/Philosophie/ anecdote-carole.pdf

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