PARTIE 8 • Les objets d’étude en Première 214 Partie 8 Les objets d’étude en Pr
PARTIE 8 • Les objets d’étude en Première 214 Partie 8 Les objets d’étude en Première Analyser un mouvement littéraire Chapitre 39 ➤ Manuel p. 316 C e chapitre complète les informations données dans le chapitre 32, dont il prolonge la perspective. Il s’agit pour l’élève d’approfondir son initiation aux problèmes de l’histoire littéraire en réfléchissant à la façon dont il est possible de situer un mouvement littéraire dans le déroulement de la chronologie, d’en comprendre la portée historique, et d’analyser l’idéal humain qu’il incarne. Après l’exemple du naturalisme, proposé pour la classe de Seconde, c’est ici le mouvement des Lumières qui sert de base à la réflexion. Observation 1, 3 et 4. Les questions posées anticipent sur les explications données dans les deux pages qui suivent : voir notamment la 2e partie, p. 319, sur les thèmes de la dénonciation de la guerre et de la revendication du droit au bonheur. 2. Le tableau de Jean Huber montre Voltaire dans le cadre de son château de Ferney. C’est en 1758 que Voltaire fit l’acquisition de cette propriété située près de Genève. Il y recevait régulièrement ses amis philo- sophes. Une partie des bâtiments avait été aménagée pour recevoir les visiteurs, dont s’occupait sa nièce, Madame Denis. Voltaire répétait volontiers qu’il se considérait, en quelque sorte, comme « l’aubergiste de l’Europe ». Exercices Comprendre une situation historique Texte 1. L ’idéal du mouvement des Lumières est mis en valeur dans de nombreuses expressions : le refus d’accepter les « préjugés », la recherche de l’en- semble des « vérités » scientifiques, la volonté d’« instruire les hommes », « l’amour de tous »… 1 Texte 2. Cet extrait du Manifeste du surréalisme cons- titue un plaidoyer pour l’« imagination » : le terme est répété à trois reprises dans ces quelques lignes ; il est mis en relation avec le mot « liberté », souligné par l’usage des caractères italiques. Chapitre 39 • Analyser un mouvement littéraire 215 Texte 1. Guillaume Budé exprime l’idéal « ency- clopédique » (l. 10) du mouvement humaniste, c’est-à- dire la volonté d’embrasser l’ensemble des connais- sances humaines. La méthode qui doit être suivie est éclairée par la comparaison initiale avec le vol des oiseaux : l’esprit humain ne doit pas espérer aller directement vers les plus hautes connaissances, sans accomplir aucun effort, mais il doit passer par toutes les « étapes successives du savoir » pour atteindre la « sagesse » (le mot est répété deux fois). L ’exemple cité est celui du roi Salomon, que la tradition biblique loue pour sa sagesse (on lui attribue notamment, dans l’Ancien Testament, les livres du Cantique des Cantiques, de l’Ecclésiaste, des Proverbes et de la Sagesse). Texte 2. La définition du poète « voyant », donnée ici par Rimbaud, se trouve à l’origine du mouvement symboliste : être « voyant », c’est voyager au sein de « l’inconnu », pour atteindre l’état qui est celui du « suprême Savant » (lequel englobe, en les dépassant, les figures partielles du « malade », du « maudit » ou du « criminel »). Texte 3. Dans son analyse des progrès de l’esprit humain,Voltaire oppose l’action bénéfique des « arts » (qui « éclairent » l’humanité) aux ravages produits par les « superstitions » (causes de toutes les régressions et du retour vers la « barbarie »). Les termes soulignés renvoient directement à des mouvements littéraires dans les citations extraites des essais de Camus et de Malraux. Ils possèdent une signification plus large dans les deux autres cas : Robbe-Grillet ne renvoie que d’une manière très loin- taine au mouvement baroque et à ses particularités architecturales, en parlant du style « vaguement baroque » des maisons qu’il décrit ; de même, Renan parle de l’éducation « humaniste » non telle qu’elle existait au XVIe siècle, mais telle que la conçoit son époque, sous une forme dégradée (une éducation « prétendue humaniste »). Chez Robbe-Grillet comme chez Renan, la nuance modalisatrice qui accompagne l’emploi de l’adjectif souligne l’extension du signifié, passant d’une acception historique à une acception non historique. Dans les citations extraites des essais de Baudrillard et de Malraux, les termes soulignés 4 3 2 renvoient directement à la réalité des mouvements littéraires et artistiques qu’ils évoquent. Ils possèdent une signification plus large dans les deux autres cas : Mauriac et Sartre considèrent la figure de « l’huma- niste » de façon intemporelle, sans faire référence directement au XVIe siècle. Appréhender un idéal humain L ’idéal des Lumières est exprimé à l’aide d’un jeu d’oppositions que le plan du texte met en évidence. 1. Supériorité du « philosophe » sur « les autres hommes » a. Le « philosophe » agit en connaissant les « causes » des phénomènes, alors que « les autres hommes » les ignorent ; il est guidé par la « raison », équivalent pour lui de ce qu’est la « grâce » pour le chrétien (para- graphe 1). b. Parce qu’il est capable de « réflexion », le « philo- sophe » maîtrise ses sentiments et ses émotions (ses « passions »), alors que « les autres hommes » en sont incapables (paragraphe 2). 2. Démarche intellectuelle du « philosophe » a. Le « philosophe » élabore lui-même ses règles morales (ses « principes »), alors que le peuple suit des règles dont il ne connaît pas l’origine (para- graphe 3). b. Le « philosophe » recherche la « vérité », mais sans avoir la volonté illusoire de comprendre la totalité des phénomènes qu’il rencontre : il accepte les limites qui bornent ses propres connaissances (paragraphe 4). L ’idée de la dépendance de l’homme est exprimée à l’aide de la métaphore juridique de l’individu « mineur », c’est-à-dire de l’individu qui est soumis à une autorité de tutelle : par exemple, l’enfant soumis à ses parents, ou l’esclave soumis à son maître. Mais alors que le « mineur » subit son état de dépendance et aspire à en sortir (ce qui est le cas de l’adolescent lorsqu’il atteint l’âge adulte, qui correspond à sa « majorité », ou encore de l’esclave quand il parvient à s’affranchir), l’homme se complaît dans son état de dépendance, par « paresse » et « lâcheté ». Car cet état ne lui demande aucun effort, aucune modification de ses habitudes ou de son mode de vie. L’obéissance passive est plus facile que la conquête de l’autonomie intellectuelle : en somme, elle est « confortable ». 6 5 Questions Les deux questions posées renvoient aux informa- tions données dans la leçon et dans le tableau de la page 320. Commentaire 1. La progression des idées • Paragraphe 1 Présentation générale, dans le contexte européen, du groupe des philosophes et de leurs objectifs idéolo- giques. • Paragraphe 2 Analyse détaillée de la situation française : rôle joué par Bayle et Fontenelle (les précurseurs, situés à la charnière du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle), et par Voltaire et Montesquieu (les figures de proue du mouvement). La liste des actions présentées suit deux étapes : – a) l. 11-22, analyse de la tactique employée, qui se veut progressive et sait utiliser la feinte (cf. l. 17, l. 20), pour ne pas effrayer l’adversaire ; – b) l. 22-31, définition des objectifs, sans cesse repris, de ceux qui sont déterminés à mener jusqu’au bout le combat de la raison et de la vérité. L ’énumération des actions évoquées souligne à la fois leur diversité (le combat est mené sur tous les fronts, avec tous les moyens littéraires disponibles : cf. l. 12- 13) et la durée d’une lutte qui s’est étendue sur de très longues années (Condorcet dresse, en 1793, le bilan du siècle qui vient de s’écouler). 2. Les moyens mis en œuvre • Au niveau du lexique : la valeur accordée aux mots- clefs qui fondent l’argumentation (la « raison » [l. 11, 17, 31] ; la « vérité » [l. 2, 9, 13], opposée aux « préjugés » [l. 3, 15]) ; le rôle des énumérations quaternaires (l. 3, « le clergé, les écoles, les gouverne- ments, les corporations anciennes » ; l. 10, « l’érudi- tion, la philosophie, l’esprit, le talent d’écrire » ; l. 26, « dans la religion, dans l’administration, dans les mœurs, dans les lois » ; l. 28, « aux rois, aux guerriers, aux magistrats, aux prêtres »). • Au niveau de la syntaxe : la structure périodique, hypotaxique (paragraphe 1), ou parataxique (para- graphe 2), avec la longue déclinaison des participes présents déterminant des micro-séquences auto- nomes, séparées par des points virgules, dont la succession est rythmée par la répétition des finales en -ant (figure de l’homéotéleute). • Au niveau rhétorique : on notera l’usage des personnifications (l. 14-15 : les préjugés « caressés », à qui l’on porte des « coups ») ou des métaphores explicatives (l. 13, métaphore du « voile » couvrant la vérité ; l. 21-22, métaphore filée des arbres « frappés » ou « élagués »), au sein d’une uploads/Philosophie/ 214-254.pdf
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- Publié le Aoû 21, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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