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//, 7 , . oi PRINCETON, N. J. Division ,'B.Xl(=S0 Section COCHINCHINE RELIGIEUSE a ANGERS, IMF. BURDIN ET C‘®, RUE GARNIER / LA GOGHINCHINE RELIGIEUSE PAR L.-E. LOUVET MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA CONGRÉGATION DES MISSIONS ÉTRANGÈRES TOME SECOND PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE DE l’école des langues orientales vivantes, de l’école du LOUVRE, ETC. 28 , RUE BONAPARTE, 28 1885 CIIAPITKI^ PUEMIER TRENTE ANNÉES DE TAIX (1800-1830) Situation politique (18€M>-180!®). — Au moment où s’ouvre le xix° siècle, l’interminable guerre des ïay-son tou- chait à sa fm^ et le roi légitime était à la veille de dominer sur tout l’Annam, ce qui n’avait encore été donné à aucun de ses prédécesseurs. La main de Dieu s’étendait visiblement sur les misérables qui avaient persécuté son Église et versé à flots le sang des saints : ce gi’and mandarin, dont j’ai parlé précédemment, et qui, après s’èlre emparé du prêtre annamite Dominique, avait exigé fidèles une rançon énorme pour le relâcher, ne jouit pas longtemps du fruit de ses rapines; il était tombé très gra- vement malade et vomissait le sang. Il fît appeler un des plus célèbres sorciers du pays et le pria de tirer son horoscope, alin de savoir s’il devait guérir ou non. Quand cet homme eut fait plusieurs simagrées, il lui dit : — Grand homme, quelle réponse voulez-vous que je vous donne ? Si je parle conformément à vos désirs, ce ne sera peut- être pas selon la vérité; si, au contraire, je m'exprime avec franchise, vous en serez oll'ensé et il m’en coûtera la vie. — Ne crains rien ; il ne t’arrivera aucun mal. Si je dois vivre, 1 11 2 CHAPITRE PREMIER dis-le moi, afin que je* sois tranquille ; s’il me faut mourir, ne me le cache pas, afin que je mette ordre à mes affaires. — Eh bien, vous me fei’ez ce qu’il vous plaii’a ; mais, puis- que vous l’exigez, je vous dirai la vérité : vous avez trop mal- traité les chrétiens et les maîtres de religion; à cause de cela^ vous mourrez certainement. Quelques jours après, le persécuteur était mort. C’était l’opinion générale en Cochinchine que les Tay-son étaient perdus, du moment qu’ils s’attaquaient à la religion. Un grand mandarin, oncle du prince Canh thanh, le roi des rebelles, ne craignit pas de se faire publiquement l’écho de ce sentiment. Allant un jour à la cour, il aperçut, dans les envi- rons du palais, une troupe nombreuse de prisonniers à la cangue ; « Où donc, demanda-t-il d’un air surpris, a-t-on pu prendre tant de voleurs à la fois? » On lui dit que c’étaient des chrétiens. « Comment, s’écria-l-il avec indignation, on les condamne parce qu’ils sont chrétiens ! Quel crime ont-ils com- mis contre le gouvernement? Ne paient -ils pas les impôts comme les autres? Ne s’acquittent-ils pas des corvées comme tout le monde? Ne portent-ils pas les armes, ne marchent-ils pas au combat avec nous? Ils suivent nos drapeaux du nord au sud; que pouvez-vous exiger de plus? Que nous importe qu’il soient ou ne soient pas chrétiens, pourvu qu’ils soient bons et fidèles sujets ? » Ces sages réflexions ne purent arrêter la persécution, mais elles en montraient l’insanité. Dieu lui-même allait intervenir pour venger les souffrances et la mort de ses serviteurs. A la fin de 1799, le roi légitime avait réussi à s’emparer de Qui- nhon, où il avait laissé un de ses meilleurs généraux, nommé Vo-thanh, pour garder la place. Au mois de janvier 1800, quelques semaines après les funérailles de l’évêque d’Adran, Nguyen-auh apprit que des troupes nombreuses venues de Hué bloquaient de nouveau la place, pour la faire rentrer au pouvoir des Tay-son. TRENTE ANNÉES DE PAIX 3 Dès que la mousson le permit (avril 1800), le roi, laissant le prince Canh à Saigon, avec le titre de régent, reprit la mer, tandis qu’une armée s’avançait par terre au secours de la ville menacée. Cette fois, la lutte fut acharnée; les deux partis sentaient que l’issue en serait décisive. Pendant que l’armée de terre s’avançait lentement dans l’espace étroit qui s’étend entre la mer et les montagnes, enlevant une à une toutes les positions de l’ennemi, le roi avec sa Hotte essayait, sans y réussir de débloquer Qui-nhon. A la fin de la mousson, il n’a- vait encore remporté aucun avantage décisif. Contre son habi- tude, Nguyen-anh ne retourna pas passer l’hiver en basse Cochinchine; il voulait en finir de cette fois et ne rentrer à Saigon qu’en vainqueur. Dans la nuit du 1®'' mars 1801, on réussit à capturer quelques barques des Tay-son et à s’emparer du mot d’ordre. Grâce à cette circonstance, des brûlots purent s^avancer dans le port et s’engager entre les navires de l’ennemi. Tout à coup, le feu éclata en dix endroits à la fois. En même temps, la flotte du roi, qui était demeurée en arrière, s’avança en bon ordre, fer- mant tous les passages. Les Tay-son, pris entre deux feux, abandonnèrent leurs jonques à l’incendie et se réfugièrent à terre. Le lendemain matin, il ne restait plus rien de la flotte formidable des Tay-son. Pendant ce temps l'armée de terre, tournant la place de Qui-nhon, avançait toujours, et s'emparait du chef-lieu de la province de Quang-nam. niort du prince Canh (février 1801 ). — Une triste nouvelle vint tempérer la joie de ses succès. Le' roi apprit que le prince Canh, son héritier, venait de mourir à Sai- gon. C’était une grande perte pour le royaume ; quant à l’Eglise de Cochinchine, elle voyait s’évanouir par là toutes les espérances qu’elle avait fondées sur l’élève de l’évêque d’Adran. On ne peut savoir, d’une manière certaine, ce qu’il CHAPITRE PREMlEll cul clé sur le Irône; mais il paraîl bieu difficile de supposer qu’il fût jamais devenu perséculeur. Au fond, malgré les cn- Iraînemenls d’une jeunesse abandonnée à elle-même, ce jeune prince élail resté ebrélien dans le cœur. La foi se réveillant en lui, aux approches de la mort, il profila d’un moment qu’il élail seul avec un de scs domestiques .chrétiens, pour deman- der cl recevoir le baptême. Du haut du ciel, le pieux évêque d’Adran veillait sans doute sur l’enfant qu’il avait élevé avec tant d’amour, cl il dut l’accueillir avec joie, le jour qu’il échan- gea une couronne terrestre contre celle de l’éternité bien- heureuse. Au mois de mai suivant, le malheureux Nguyen-anh per- dait encore son second fils, le prince Hi, Agé de vingt ans à peine, qui donnait peut-être plus d’espérances que le prince Canh, par sa bravoure et son application aux afl'aires. Ce double coup semble avoir, pour quelque temps, accablé 1 infortuné père. Il eut une de ces heures de découragement morne, auquel les âmes les plus fortes n’échappent pas tou- jour.s. On put croire, un moment qu’il renonçait à continuer la guerre et à revendiquer plus longtemps un tronc sur lequel il ne pourrait plus faire asseoir ses fils. 11 écrivit, sous cette impression, au fidèle Yo-lbanh, qui, depuis quatorze mois te- nait toujours bon dans Qui-nbon, d’abandonner la place et de venir le rejoindi’e avec son armée. Yo-lhanh, pour toute réponse, demanda à rester à son poste. Afin de relever le moral de son maître, il lui conseilla géné- reusement de le sacrifier, et de profiter de ce que l’armée des Tay-son était retenue tout enlièrc devant Qui-nhon, pour aller s’emparer de Hué, la capitale du royaume. Ce conseil fut suivi; le roi, laissant seulement cinq mille hommes devant Qui-nhon, pour observer et retenir l’ennemi, marcha sur Hué, après s’être emparé des forts de Tourane. Leroi des Tay-son, Canh-thanh, paya de sa personne et défen- dit bravement sa capitale; mais il fut vaincu et forcé de s'en- TRENTR ANNÉES DE PAIX O fuir, en abandonnant à son adversaire ses munitions, ses ap- provisionnements et son armée, qui mil bas les armes et se soumit au vainqueur. Le 13 juin 1801, Xg-uyen-anb rentrait dans le palais de ses pères, dont sa dynastie était exilée de- puis vingt-sept ans. Ce succès fut acheté par la reprise de Qui-nbon. Depuis quinze mois que le siège durait, tous les approvisionnements étaient épuisés. Vo-lbanh, voyant qu’il lui était impossible de tenir plus longtemps, écrivit au général ennemi, pour lui re- commander ses soldats; puis, ayant revêtu ses habits do céré- monie, il monta stoïquement sur un bûcher, auquel il mil le feu de sa main, ne voulant pas survivre à sa défaite. Les Tay- son honorèrent sa fidélité, en lui faisant de magnifiques funé- railles, et en respectant son armée, comme il l’avait demandé. La prise de Qui-nbon ne changeait pas grand’ebose à la si- tuation. Désormais, cette place restait seule aux mains des rebelles, et elle était dépourvue de toute espèce de provisions. Après sa défaite, le prince Canh-tbanh s’était enfui au Tong- king. Pour conjurer le sort, il avait superstitieusement changé de nom; mais la fortune ne devait pas lui revenir. Du Tong- king, il avait écrit à l’empereur de Chine, pour demander du secours; uploads/Management/la-cochinchine-religieuse-ii.pdf

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  • Publié le Aoû 30, 2021
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