QU’EST-CE QUE LA GESTALT La Gestalt-Théorie Mais, au fait, pourquoi "Gestalt" ?
QU’EST-CE QUE LA GESTALT La Gestalt-Théorie Mais, au fait, pourquoi "Gestalt" ? Que veut dire ce terme "bizarre" ? Pourquoi ne pas parler "franglais" comme tout le monde ? En effet, Gestalt est un terme allemand - et c'est pourquoi on le prononce "Guéchtaltt" (à l'allemande) et on l'écrit généralement avec une majuscule, lorsqu'il est employé comme substantif (comme tous les noms communs en allemand). Ce mot est parfois traduit par "forme" (ainsi : Gestalt-Théorie = "Théorie de la forme"), mais il s'agit en réalité de quelque chose de beaucoup plus complexe, qu'aucun mot ne traduit exactement dans aucune langue. Aussi, a- t-on conservé ce terme de Gestalt aussi bien en français (où il est entré dans le dictionnaire), qu'en anglais, en russe ou en japonais ! Le verbe gestalten signifie "mettre en forme, donner une structure signifiante". Le résultat, la "Gestalt", est donc une forme structurée, complète et prenant sens pour nous. Par exemple, la même table prend une signification différente selon qu'elle est recouverte de livres et de papiers, ou d'une nappe et de plats (sa "Gestalt" globale a changé). En fait, dès notre naissance, la première "forme" importante que nous reconnaissions est une Gestalt : c'est le visage de notre mère. Le nouveau-né n'en perçoit pas encore les détails, mais la forme globale est "signifiante" pour lui. Nos perceptions obéissent à un certain nombre de lois : ainsi, une totalité (dans cet exemple, un visage humain) ne peut se réduire à la simple somme des stimuli perçus ; de même, l'eau est autre chose que de l'oxygène et de l'hydrogène ; une symphonie est autre chose qu'une succession de notes. On constate ainsi que le tout est différent de la somme de ses parties. On souligne aussi qu'une partie dans un tout est autre chose que cette même partie isolée ou incluse dans un autre tout - puisqu'elle tire des propriétés particulières de sa place et de sa fonction dans chacun d'entre eux : ainsi, un cri au cours d'un jeu est autre chose qu'un cri dans une rue déserte ; être nu sous la douche n'a pas le même sens que de se promener nu sur les Champs-Elysées ! … Pour comprendre un comportement ou une situation, il importe donc, non seulement de les analyser, mais surtout, d'en avoir une vue synthétique, de les percevoir dans l'ensemble plus vaste du contexte global, avoir un regard non pas plus "pointu" mais plus large : le "contexte" est souvent plus signifiant que le "texte" ("com-prendre", c’est prendre ensemble). Ainsi, pour analyser un événement politique étranger, il ne suffit pas de "parachuter" sur place un envoyé spécial ; il importe surtout d'avoir une vision synthétique globale de l'économie mondiale et des grands enjeux de pouvoir. La thérapie Je viens d'évoquer rapidement quelques principes généraux dégagés par la Gestalt-théorie, mais ce qui nous intéresse ici aujourd'hui, ce sont leurs applications à la Gestalt-thérapie et pour prévenir toute confusion, je ne devrais donc pas omettre le second terme. C'est pourtant à dessein que je ne le mentionnerai pas systématiquement. En effet, le mot thérapie, en français, conserve trop souvent pour la plupart des gens, un sens restreint concernant le traitement des maladies, cela alors même que l'O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé) rappelle, dans son préambule, que : "La santé n'est pas l'absence de maladie ou d'infirmité, mais un état de complet bien-être physique, mental et social". Dans une telle perspective globale, "holistique" (du grec "holos", le tout), la Gestalt-thérapie vise donc le maintien et le développement de ce bien-être harmonieux et non la "guérison", la "réparation", de quelque trouble que ce soit - ce qui sous-entendrait une référence implicite à un état de "normalité", position opposée à l'esprit même de la Gestalt, qui valorise le droit à la différence, l'originalité irréductible de chaque être. Cette conception de la thérapie rejoint alors la notion de développement personnel, d'épanouissement du potentiel humain - qui diffère explicitement des visées normalisatrices, centrées sur la santé et l'adaptation sociale. Rappelons que les premiers "thérapeutes" n'étaient pas des soignants, mais des esclaves responsables de l'entretien des statues des dieux ; puis, des prêtres chargés d'analyser les textes sacrés. Ces deux fonctions consistaient à resserrer les liens entre les dieux et les hommes, c'est-à-dire entre les Cieux et la Terre, l'esprit et la matière, entre le Verbe et la chair. A l'origine, la thérapie recherchait donc l'harmonie psychosomatique et non les soins médicaux. C'est le sens repris par tout le cou-rant dit des "Nouvelles thérapies" humanistes - dont la Gestalt. Ainsi, pour Goldstein (New York, 1934), l'un des maîtres de Perls, le fondateur de la Gestalt-thérapie : "Le normal doit se définir, non par l'adaptation, mais, au contraire, par la capacité d'inventer de nouvelles normes" A qui s'adresse donc la Gestalt ? La Gestalt(-thérapie) se pratique aujourd'hui dans des contextes et avec des objectifs très divers : • en psychothérapie individuelle (face à face avec le thérapeute), • en psychothérapie de couple (les deux conjoints ensemble), • en psychothérapie familiale (avec plusieurs membres de la famille réunis), • en groupes de thérapie ou de développement personnel du potentiel de chacun, • au sein d'institutions (écoles, établissements pour jeunes inadaptés, hôpitaux psychiatriques, etc.), • dans le cadre d'entreprises du secteur industriel ou commercial, pour améliorer le contact, enrichir les relations humaines, gérer les conflits, stimuler la créativité. Elle s'adresse donc, non seulement à des personnes souffrant de troubles psychiques, physiques ou psychosomatiques, catalogués comme pathologiques, mais aussi à des personnes en difficulté face à des problèmes existentiels - malheureusement courants (conflit, rupture, difficultés sexuelles, solitude, deuil, dépression, chômage, etc.), ou encore, plus largement, à toute personne (ou organisation) recherchant un meilleur épanouissement de son potentiel latent, non seulement un mieux-être mais un plus-être, une meilleure qualité de vie. En somme, il s'agit d'une approche naturelle et universelle, pouvant convenir à des personnes de tous âges, de tous niveaux, de diverses cultures et dans diverses situations. D'ailleurs, Perls trouvait sa méthode "trop bonne pour ne la réserver qu'aux malades et aux marginaux" et il la présentait volontiers, d’une manière provocatrice, comme une"thérapie des normaux". Histoire et géographie de la Gestalt Qu'est-ce donc finalement que cette "nouvelle thérapie" aux contours souvent encore mal définis pour le grand public, baptisée tour à tour, par les uns ou les autres : thérapie de l'ici-et-maintenant, thérapie du contact, psychanalyse existentielle, thérapie intégrative, psychodrame imaginaire,… que sais-je encore ? Jusqu'aux années 80, la Gestalt était encore assez mal connue en France, alors même qu'elle était devenue, en Allemagne comme Outre-Atlantique, l'une des méthodes de thérapie, de développement personnel et de formation les plus répandues - loin devant la psychanalyse. Aux Etats-Unis, son enseignement est régulièrement dispensé aux psychologues et aux travailleurs sociaux, aux pasteurs, aux responsables de mouvements de jeunesse et de l’armée. On estime ainsi que plusieurs centaines de milliers de personnes y ont suivi des sessions individuelles ou de groupe en Gestalt. Comment expliquer alors que cette dernière soit demeurée aussi peu connue en France pendant trente ans après sa naissance ? Faut-il invoquer la résistance particulière des héritiers de Descartes à tout ce qui n'apparaît pas reposer essentiellement sur la pensée rationnelle et causaliste traditionnelle ? En France, il arrive encore que la découverte des "causes" - fussent-elles hypothétiques - importe plus que le résultat, s'il n'entre pas d'emblée dans les schémas explicatifs en cours ! Faut-il rappeler que la France fut particulièrement réticente à l'introduction de la psychanalyse - qui heurtait de front les préjugés de l'époque ? Cette dernière s'est ainsi développée chez nous avec un retard considérable… avant de s'y arroger un monopole quasi impérialiste ! Toujours est-il que la Gestalt - d'ailleurs de source européenne au départ - s'est répandue rapidement dans les pays germaniques et anglo-saxons et qu'elle gagne maintenant tous les continents : Canada, Amérique latine, Australie, Russie, Japon, etc. En Allemagne, elle est enseignée depuis 1969 dans plusieurs Instituts et l'on y compte plus de 2 000 praticiens professionnels (travailleurs sociaux, formateurs et consultants, enseignants, psychiatres ou psychologues - avec même des spécialisations de Gestalt-pédagogues et de Gestalt-gérontologues), cela alors qu'en France, les Gestaltistes professionnels qualifiés ne sont encore que quelques centaines. Présentation succincte de la Gestalt La Gestalt a été élaborée surtout à partir des intuitions de Fritz Perls, psychanalyste juif d'origine allemande, émigré à l'âge de 53 ans aux Etats-Unis. On peut situer la conception de la Gestalt en 1942, date de la parution du premier ouvrage de Perls : Le Moi, la Faim et l'Agressivité, publié en Afrique du Sud - où Perls s'était provisoirement réfugié, à la suite des persécutions nazies. Son acte de naissance et son baptême officiel sont datés de 1951, date de la parution à New York du livre princeps : Gestalt-thérapie. Mais ce n'est que bien plus tard, en Californie, qu'elle est devenue célèbre, à l'occasion du vaste mouvement de "contre-culture" de 1968 - qui devait secouer tout le Nord de la planète, en quête de nouvelles valeurs humanistes de créativité ("l'imagination au pouvoir"), rendant à uploads/Management/ la-gestalt.pdf
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- Publié le Jui 27, 2021
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