Revue d'économie financière La cartographie du risque opérationnel : outil régl

Revue d'économie financière La cartographie du risque opérationnel : outil réglementaire ou outil de pilotage ? Philippe Deniau, Etienne Renoux Abstract The mapping of operational risk : a regulatory or a management tool ? The mapping of operational risk has to be linked with an appropriate understanding of processes and system of control. So it can constitute a powerful tool of analysis and be inserted in the management of performances. Sometimes some obstacles can delay the use of the mapping as a tool in a global analysis of risk management. These difficulties seem to be based on a resistance to change or on a lack of communication and training, than on a debate about the interest and the use of this tool. Once these benefits and obstacles are exposed, this article presents some practical rules and some reefs to be avoided in the operational implementation of a mapping of risks. JEL classification : G28, K23 Résumé Associée à une compréhension adéquate des processus et du système de contrôle, la cartographie des risques peut constituer un outil puissant d’analyse et ainsi s’insérer pleinement dans le dispositif de pilotage des performances. Quelques obstacles peuvent parfois encore ralentir l’utilisation de la cartographie des risques dans le cadre d’une démarche globale de gestion et de pilotage. Ces difficultés semblent plus relever d’une résistance au changement ou d’un manque de communication et de formation, que d’un débat de fonds sur l’intérêt et l’utilisation de cet outil. Enfin, une fois ces bénéfices et obstacles clairement posés, cet article rappelle quelques règles pratiques à respecter, et quelques écueils à éviter, dans la conception et la mise en oeuvre opérationnelle d’une cartographie des risques. Classification JEL : G28, K23 Citer ce document / Cite this document : Deniau Philippe, Renoux Etienne. La cartographie du risque opérationnel : outil réglementaire ou outil de pilotage ?. In: Revue d'économie financière, n°84, 2006. Le risque opérationnel. pp. 157-172. doi : 10.3406/ecofi.2006.4125 http://www.persee.fr/doc/ecofi_0987-3368_2006_num_84_3_4125 Document généré le 05/01/2016 LA CARTOGRAPHIE DU RISQUE OPÉRATIONNEL : OUTIL RÉGLEMENTAIRE OU OUTIL DE PILOTAGE ? 1 LA CARTOGRAPHIE DU RISQUE OPÉRATIONNEL : OUTIL RÉGLEMENTAIRE OU OUTIL DE PILOTAGE ? PHILIPPE DENIAU * ÉTIENNE RENOUX ** S i l’on se réfère à la définition qu’en donnent les dictionnaires traditionnels, la notion de cartographie se limite à l’art d’établir des cartes géographiques. Pour autant, sans que le terme ne constitue réellement un néologisme, les dictionnaires récents propo- sent une acception plus large et évoquent une représentation de phénomènes mesurables, sous forme de diagrammes ou de schémas où l’exactitude topographique est abandonnée au bénéfice d’infor- mations quantitatives. Aussi, appliquée au risque opérationnel, la notion de cartographie peut-elle s’entendre comme le relevé et la représentation des risques d’une entreprise qui privilégiera une information exploitable dans une logique de gestion. L’objectif d’un tel exercice est donc bien d’établir un recensement et une évaluation des risques au regard des contrôles en place, en vue de diffuser une information qui mette en évidence d’éventuelles faiblesses résiduelles. Si cette information est nécessaire pour assurer un pilotage de l’activité au regard de critères ou de limites quant à l’acceptation de risques que s’est fixé l’établissement, l’élaboration d’une cartographie peut, selon la complexité de l’organisation et le niveau de précision que l’on veut lui donner, constituer un travail fastidieux et coûteux. Aussi, paraît-il opportun de s’intéresser aux bénéfices de l’exercice au regard de l’effort qu’il requiert. * Associé, Risk consulting, Deloitte. ** Senior Manager, Risk consulting, Deloitte. REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE 2 Cette analyse est d’autant plus nécessaire que le régulateur, notamment dans le cadre des travaux du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire concernant le risque opérationnel, incite les établis- sements à mener une cartographie de leurs risques opérationnels. Il serait alors tentant de se limiter à cette incitation que nous qualifierons de réglementaire, et de ne pas intégrer la cartographie des risques à une démarche plus globale de gestion et de pilotage. Néanmoins, associée à une compréhension adéquate des processus et du système de contrôle, la cartographie des risques peut constituer un outil puissant d’analyse et ainsi s’insérer pleinement dans le dispositif de pilotage des performances. Quelques obstacles peuvent parfois encore ralentir l’utilisation de la cartographie des risques dans le cadre d’une démarche globale de gestion et de pilotage. Ces difficultés nous semblent plus relever d’une résistance au changement ou d’un manque de communication et de formation, que d’un débat de fonds sur l’intérêt et l’utilisation de cet outil. Enfin, une fois ces bénéfices et obstacles clairement posés, il convient de rappeler quelques règles pratiques à respecter, et quelques écueils à éviter, dans la conception et la mise en œuvre opérationnelle d’une cartographie des risques. LA CARTOGRAPHIE DES RISQUES : QUELLES CONTRIBUTIONS AU PILOTAGE DES PERFORMANCES ? Le concept de risque opérationnel, s’il n’est pas nouveau, a néanmoins été largement formalisé et normé dans le cadre des travaux du Comité de Bâle sur les exigences en fonds propres, dorénavant connus sous le vocable de Bâle II. À cet égard, il peut être intéressant de se référer, en premier lieu, aux prescriptions de Bâle II quant à la gestion et la cartographie du risque opérationnel, et notamment en ce qui concerne les critères d’éligibilité aux méthodes standard et avancée (ci-après « AMA » pour Advanced Measurement Approaches). S’agissant de l’approche standard, la banque doit justifier de la mise en place d’un système de gestion du risque opérationnel, disposant de ressources suffisantes et à la surveillance duquel Conseil d’administration et Direction générale s’impliquent activement. Ces critères sont développés pour les banques à dimension inter- nationale qui utilisent l’approche standard et pour les établissements qui auront opté pour l’approche AMA. Dans ces cas de figures, l’accord précise que la banque doit être dotée d’un système de gestion du LA CARTOGRAPHIE DU RISQUE OPÉRATIONNEL : OUTIL RÉGLEMENTAIRE OU OUTIL DE PILOTAGE ? 3 risque opérationnel où les responsabilités sont clairement attribuées à une fonction de gestion du risque opérationnel. Cette fonction est responsable : - de l’élaboration de stratégies permettant d’identifier, d’évaluer, de surveiller et de contrôler ou d’atténuer le risque opérationnel ; - de la codification des politiques et procédures de l’établissement concernant la gestion et le contrôle du risque opérationnel ; - de la conception et de la mise en œuvre du dispositif d’évaluation du risque opérationnel de l’établissement ; - de la conception et de la mise en œuvre du système de notification du risque opérationnel. L’accord précise encore que dans le cadre de son système interne d’évaluation du risque opérationnel, la banque doit enregistrer systématiquement les données relatives au risque opérationnel, notamment les pertes significatives par ligne de métier. Le système d’évaluation doit être étroitement intégré aux processus de gestion des risques de l’établissement. Les données qu’il produit doivent faire partie intégrante de ses processus de surveillance et de contrôle du profil de risque opérationnel. Par exemple, ces informations doivent tenir une place prépondérante dans la notification des risques, dans les rapports à la direction et dans l’analyse des risques. La banque doit disposer de techniques pour inciter à une meilleure gestion du risque opérationnel dans l’ensemble de l’établissement. Si la notion de cartographie n’est pas explicite dans Bâle II, l’utilisa- tion de cet outil est mentionnée clairement dans les Saines pratiques pour la gestion et la surveillance du risque opérationnel (Comité de Bâle, février 2003). Il n’en demeure pas moins qu’elle est l’outil qui permet de répondre efficacement à l’ensemble des injonctions précitées. Elle constitue, en effet, un moyen de fournir à l’établissement une vision synoptique et qualifiée de l’ensemble de ses risques, et ainsi de lui permettre d’assurer un pilotage effectif des risques opérationnels. Régulièrement mise à jour, elle permet aussi un suivi de l’évolution et un ciblage des travaux d’amélioration du dispositif de contrôle interne. La première incitation à la cartographie des risques opérationnels est donc bien de nature réglementaire. Afin de répondre aux pres- criptions du régulateur dans le cadre de Bâle II, mais également dans le cadre des réglementations européennes ou nationales largement issues de Bâle II, les établissements sont dorénavant tenus d’identifier et d’évaluer leurs risques, ce qui implique la réalisation d’une cartographie des risques. La plupart des établissements, et sans aucun doute la totalité à REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE 4 court terme, ont d’ores et déjà mené à bien la cartographie de leurs risques opérationnels. La tentation pouvait néanmoins être forte de conduire cet exercice a minima, uniquement dans un but réglementaire de conformité. Notons d’ailleurs que le régulateur, dans sa grande sagesse, ne s’est pas prononcé à ce stade sur le minimum qu’il considérera comme satisfaisant pour la validation des dispositifs AMA. Cette approche minimale peut certes sembler efficace à court terme, mais ne permet pas, à notre avis, de déployer un système pertinent, pérenne, et surtout évolutif de gestion des risques opérationnels. À cet effet, il convient de comprendre et d’analyser le rôle central que peut jouer la cartographie des risques dans le pilotage de la performance des établissements. Au-delà de cette incitation réglementaire, nous relèverons trois domaines pour lesquels la cartographie des risques peut et doit uploads/Management/ la-cartographie-du-risque-operationnel.pdf

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  • Publié le Apv 11, 2022
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