Les formes de groupement en EPS Cours Magistral – Didier Delignières Le groupe

Les formes de groupement en EPS Cours Magistral – Didier Delignières Le groupe restreint se caractérise par l’existence de relations directes entre ses membres. Le groupe partage des buts communs. Il est caractérisé par l’existence de relations affectives, une distinction des rôles, et la construction de normes (Anzieu et Martin, 1982). La cohésion des groupes Avant la seconde guerre mondiale, Mayo met en évidence les relations entre productivité et « moral ». On préfère parler maintenant de cohésion (Festinger, 1951). Le fait d’avoir un objectif commun est un facteur essentiel de la cohésion d’un groupe. Il est alors essentiel que chaque membre comprenne que le bénéfice de chacun dépend de l’investissement de tous. La cohésion tend à croître lorsque le groupe est menacé de l’extérieur. C’est notamment le cas lorsque les groupes sont en compétition (Sherif et Sherif, 1953). A l’inverse, la compétition à l’intérieur du groupe tend à réduire la cohésion (Deutsch, 1949). Mieux vaut dans ce cas valoriser les performances du groupe, que les performances des individus qui le composent. La cohésion du groupe est un facteur déterminant de la satisfaction que les individus trouvent dans l’activité (Exline, 1949), du sentiment de sécurité et d’estime de soi (Seashore, 1954). Enfin les groupes cohésifs ont des niveaux de performance plus élevés (Goodacre, 1951). Janis (1968) a cependant dénoncé les effets pervers de la cohésion : La pensée de groupe, qui fait passer l’unanimité avant l’expression de chacun, et qui entraîne un certain conformisme, un respect de la ligne. Les groupes moins cohésifs peuvent alors se révéler plus créatifs. La cohésion du groupe peut être mise en évidence par l’utilisation de sociogrammes (Moreno, 1943). Le sociogramme fait apparaître les leaders, les individus isolés, les sous-groupes, les attirances et hostilités. On peut utiliser un sociogramme pour constituer les groupes dans une classe. D’une manière générale, le principe est de répartir les leaders, d’éviter de regrouper les isolés. Les sous-groupes déjà constitués sont soit éclatés, soit exploités. La facilitation sociale Le concept de facilitation sociale écrit une amélioration des performances de l’individu lorsqu’il travaille au sein d’un groupe. Deux effets semblent induire la facilitation sociale - l’effet d’audience, qui est lié à la présence du public - l’effet de coaction, lié à la présence de partenaires Selon Zajonc, ces deux effets intensifient la motivation. De ce fait, ils gênent l’acquisition mais favorisent la performance (voir les théories de l’activation). On doit donc avoir une lecture différente de la facilitation en fonction de la tâche à réaliser. La paresse sociale La paresse sociale renvoie à l’inverse à une diminution de l’engagement de l’individu lorsqu’il est au sein d’un groupe. Tout se passe comme si les membres du groupe réduisaient leurs efforts en faisant reposer le travail à fournir sur les autres. On montre notamment que la paresse sociale est d’autant plus forte que l’effectif du groupe est élevé (Ringelmann, 1913). La paresse sociale apparaîtrait lorsque la situation proposée est complexe, ou nécessite une véritable transformation des conduites (Oberlé, Mugny et Beauvois, 1995). Monteil et Huguet (2002) ont relevé les effets de ce qui peut s’appeler « paresse sociale », dans les conditions suivantes : - Cela concerne plutôt les garçons que les filles. -·De même, plutôt des élèves issus de culture occidentale plus individualiste. -·Quand seule la performance du groupe est identifiable ; -·Quand la tâche collective est à la portée de tous les membres du groupe ; -·Quand l’effort personnel est redondant à celui du collectif -·quand l’attente en performances est forte chez les partenaires ; -·Quand les individus se reconnaissent peu dans le groupe de travail ; La formation des normes et des attitudes. « Les normes sont des règles de conduite, stipulant quelle est la conduite appropriée pour un individu donné dans des circonstances déterminées, les valeurs (..) sont des critères du désirable, définissant les fins générales de l'action. (..) Les normes définissent le comportement approprié, au niveau des usages, ou la conduite requise, au niveau des mœurs et des lois; elles impliquent donc l'existence de principes plus généraux à la lumière desquels leurs prescriptions et leurs interdits peuvent être légitimés. C'est à ces principes qu'on tend à donner, dans la sociologie contemporaine, le nom de valeurs » (Chazel, 1989). Pour Shérif (1965), les normes sont une « échelle de référence, ou d’évaluation, qui définit une marge de comportements, attitude et opinions, permis ou répréhensibles ». les normes apportent aux interactions sociales ordre, stabilité, et prédictibilité. Shérif travaille sur l’effet autocinétique (perception de mouvement de points lumineux dans l’obscurité). Il montre que dans un premier temps l’individu construit ses propres normes, puis le groupe se choisit une norme commune, et enfin chaque individu intériorise les normes du groupe. Une certain nombre de travaux ont été réalisés dans le domaine de l’entreprise, montrant que le groupe impose des normes à ses membres (Mayo, 1920, Coch et French, 1948). Par exemple, un individu que l’on change de groupe adapte son rendement à celui de son nouveau groupe. Lewin (1943) utilise le terme de dynamique des groupes, pour désigner l’étude du fonctionnement du groupe sous l’angle du système d’interdépendance qu’il représente : entre les membres, et entre les éléments du champs (buts, normes, rôles, statuts, etc…). le groupe s’installe à un moment donné dans un état quasi-stationnaire. Pour le faire évoluer, il faut créer un déséquilibre. La modification des attitudes. Le groupe constitue un puissant levier pour modifier les attitudes. L’attitude peut être considérée comme un certain type de norme, et de ce fait l’individu tend à calquer ses attitudes sur celles de son groupe de référence. Les attitudes semblent imperméables à la raison et à la persuasion. Festinger et Carlsmith (1959) et Cohen (1962) avancent que les changements d’attitudes viennent pour résoudre une dissonance cognitive, entre des comportements manifestes et une attitude sous-jacente. L’installation d’une telle dissonance est induite par un jeu de rôle, où le sujet est amené à adopter un comportement correspondant à l’attitude à acquérir. Abelson (1968) propose certaines stratégies pour renforcer les attitudes, dans le cadre des théories de la consistance cognitive : - rendre l’opinion mentalement prégnante - faire exprimer publiquement l’opinion - obliger l’implication et l’action (militantisme) Le fonctionnement des groupes Le fonctionnement des groupes est étroitement lié à la nature du leadership qui s’y installe. Lewin (1943) a notamment travaillé sur l’influence du type de leadership (autoritaire, démocratique, et laisser-faire) sur le travail des groupes et la satisfaction des participants. Ses résultats suggèrent que le modèle démocratique soit le plus avantageux. Les formes de groupement en EPS De nombreuses formes de groupement sont utilisées en EPS : - Les groupes de niveau - Les groupes de besoin - Les groupes affinitaires - Les groupes homogènes entre eux mais hétérogènes en leur sein Chacune de ces formes de groupement présente des avantages et des inconvénients (Hauw, 2000). Bordes (2002a), suite à une enquête menée auprès de 240 enseignants, montre que sur le terrain la gestion des groupes dépend de la nature de l’activité enseignée : - Les enseignants répartissent les élèves en groupes affinitaires et/ou en groupes de niveau homogène lors des activités techniques (saut, lancer, gymnastique natation). - Dans les activités ne requérant qu’un simple partenariat (danse, acrosport, escalade), ce sont les regroupements affinitaires qui prédominent. - Pour les activités d’opposition individuelle ou collective, les enseignants alternent selon les séances et les situations entre groupes homogènes (les élèves sont regroupés en fonction de leur niveau pour mener un travail spécifique), soit hétérogènes (la classe est divisée en équipes de niveaux homogènes entre elles, hétérogènes en leur sein). On voit que d’une manière générale le regroupement des élèves est entièrement piloté par les exigences didactiques (quel est, pour la tâche en cours, le mode de regroupement le plus efficace ?). Bordes (2002b) travaille sur la constitution des groupes affinitaires. Les dyades sont le plus souvent unisexes, malgré une demande massive de mixité (Hebrard, 1986, enquête SPRESE). L’auteur y voit l’influence de la logique interne des activités. Bordes note également que la cohésion des groupes ainsi constitués est en moyenne faible. Il faut dire que dans ce cas beaucoup de laissés pour compte se retrouvent ensemble, et que le rejet des groupes mixtes peut générer des groupes sans affinité particulière. L’auteur note également que les regroupements affinitaires (dyades) ne se reproduisent pas systématiquement. Si c’est le cas en gymnastique, les dyades sont beaucoup plus labiles en badminton, athlétisme, et sports collectifs. L’idée que les groupes affinitaires sont cohésifs et stable semble n’être qu’une illusion. Bordes (2002b) analyse les effets de la cohésion du groupe et du niveau d’habileté initial dans trois APS (gymnastique, relais et tennis de table). On n’obtient aucun effet évident de la cohésion, sauf en relais où un groupe de niveau faible et à faible cohésion régresse en performance. L’auteur conclut au fait que les phénomènes complexes observés en cours d’EPS ne peuvent être se résumer aux résultats de laboratoire. Les collectifs stables Paradoxalement, l’équipe sportive, le club, le collectif stable qui constituent un des piliers des pratiques sociales de référence et des expériences uploads/Management/ formes-de-groupement.pdf

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  • Publié le Dec 07, 2022
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