34 T E C H N O L O G I E 2 0 2 M A R S - A V R I L 2 0 1 6 mots-clés évaluation
34 T E C H N O L O G I E 2 0 2 M A R S - A V R I L 2 0 1 6 mots-clés évaluation, post-bac, démarche pédagogique [3] Pour en savoir plus : http://idea.univ-paris- est.fr/fr/projets-lances/document-1558.html plus raisonner comme au temps où ce pourcentage était inférieur à 20 %. Qu’est-ce que l’évaluation ? Avant de revenir sur la méthode, il est utile d’énoncer les trois volets qui, selon Charles Hadji (1997), défi nissent l’objectif de l’évaluation : vérifier, situer et juger… Vérifier que les concepts ne sont pas simplement « entendus » par les étudiants, mais assimilés de façon effective. Que ce soit par le discours ou par l’entraînement, l’assimilation d’un savoir ne peut être vérifiée que par un mode de contrôle continu, per mettant au professeur mais surtout à l’étudiant de valider pour lui-même cette acquisition et de gagner ainsi en clarté et en motivation. Situer le niveau de la classe par rapport aux attentes de l’enseignant. À partir du moment où il est en mesure d’évaluer chaque élève, le professeur est en mesure de situer chaque élève dans la classe, non pas seulement suivant un rang consécutif à la seule note, mais plutôt en fonction des notions acquises, de la robustesse des connaissances et du recul et de la maîtrise dans leur utilisation. Évaluer, c’est être capable de situer le jeune par rapport à la for mation choisie ainsi que de permettre au jeune de se situer par rapport à ses apprentissages… il y a là une réelle source de motivation. Juger : le mot peut lui-même parfois prêter à débat. En effet, la volonté de repenser le rapport entre professeur et élèves s’accompagne parfois d’un discours plein de bons sentiments où formation et jugement ne font pas bon ménage. Pourtant, même dans le cas où le professeur se pense en anima teur, il ne peut pas être que cela. Il est responsable de la bonne acquisition progrès et de proposer un processus de remédiation. De l’importance de l’évaluation Que l’on s’inscrive ou non dans l’in novation pédagogique, réfléchir sur l’évaluation implique dans tous les cas d’interroger l’enseignement lui- même, tant les deux processus sont intimement liés. Le séminaire Idea (Initiative d’excellence en formations innovantes) organisé le 24 novembre 2015 à l’université Paris Est Marne- la-Vallée a apporté plusieurs pistes de réflexions, qui justifient de donner au projet « Pedag’Innov »[3] un prolon gement qui pourrait s’intituler : « Et si on inversait l’évaluation ? » L’idée générale serait d’intégrer l’évalua tion comme processus à part entière tout au long de l’enseignement : éva luation des prérequis au démarrage, contrôle continu de l’acquisition des connaissances aboutissant à une évaluation finale des compétences acquises. Un des atouts majeurs de cette démarche est d’impliquer l’étudiant dans sa propre progres sion, tout en permettant aux ensei gnants de se montrer efficaces sur la validation des cursus. Cette évo lution des stratégies d’évaluation (et donc d’enseignement) nous paraît en phase avec l’évolution des publics : en effet, alors qu’aujourd’hui près de 50 % d’une classe d’âge entre dans l’enseignement supérieur, on ne peut Évaluer au moyen d’une à l’issue d’un enseignement, est-ce suffisant ? LUC CHEVALIER [1], PIERRE-JÉRÔME ADJEDJ [2] n matière d’innovation pédago gique, on peut distinguer deux grands champs de réflexion sur la qualité des apprentissages : les contenus et la relation étudiants/pro fesseurs. Si les outils et leur articu lation sont une part importante (parce que transversale) de cette réflexion, il en est un dont l’importance est sous- estimée : l’évaluation. Pourtant, la cohérence entre les contenus délivrés en cours et ceux proposés à l’examen est tout à fait centrale : à défaut, le malentendu est total entre les étu diants trouvant l’examen trop difficile parce que sans rapport avec le cours et le professeur qui suspecte un manque de travail ou de sérieux. S’ajoute au malentendu un grand risque de démotivation. Ce qui conduit à penser d’une part que le processus d’évaluation doit être pensé avec autant de soin que le cours lui-même. D’autre part, l’objectif même de l’évaluation est à reconsidérer : en effet, l’idée que la note se suffit à elle- même n’est pas satisfaisante à partir du moment où elle ne permet pas de comprendre et d’expliquer ce qui n’est pas acquis, compris ou maîtrisé. Sauf à accorder à l’évaluation une fonction uniquement sélective, celle-ci devrait au contraire permettre de formuler à tout moment un bilan des acquis et des lacunes, de définir les axes de [1] Professeur et directeur de l’Esipe (École supérieure d’ingénieurs Paris-Est), Université de Marne-la-Vallée. [2] Auteur, metteur en scène, formateur, ensei gnant dans la filière Imac de l’Esipe. Face au constat que l’enseignement traditionnel n’est plus adapté aux étudiants d’aujourd’hui, l’un des axes du groupe Idea consiste à faire évoluer l’évaluation. Entre réflexion et retour d’expérience. M A R S - A V R I L 2 0 1 6 T E C H N O L O G I E 2 0 2 35 évaluation [4] Pour en savoir plus : http://www.agence- erasmus.fr/page/Experts-de-Bologne note des enseignements délivrés : c’est donc bien son jugement qui permet la vali dation. Et c’est parce que cette prise de décision l’engage qu’il doit pou voir argumenter de manière fournie et nuancée sur les résultats obtenus. Atteindre ces trois objectifs demande de se poser les « bonnes questions » au stade de la conception du cours. Quelles sont-elles ? Elles n’ont rien d’original pour l’enseignant impliqué ; il n’est cependant jamais inutile de répéter des évidences. L’évaluation à la base de la conception du cours La première question pour tout pro fesseur est de déterminer ce qu’il veut faire passer comme apprentissage. À ce stade, il doit prendre en compte le niveau de départ des élèves (ce qui peut s’avérer difficile pour un profes seur débutant, qui a souvent tendance à surestimer le niveau des élèves qu’il va avoir), mais aussi le contexte, pro fessionnalisant ou fondamental, de la formation. La liste des concepts à aborder, présentée sous la forme de learning outcome, tiendra lieu de contrat passé entre l’enseignant et l’élève et, conséquemment, de base commune pour l’évaluation, dont la présentation a priori limite les dis cussions a posteriori. Une fois résolues les questions de conception du cours et des points sur lesquels porte l’évaluation se pose la question suivante : comment obtenir une « preuve » de l’acquisition ? Les moyens d’évaluation sont nombreux et connus (QCM, interrogations écrites, projets, devoirs à la maison, portfolio ou examen terminal), mais le choix et l’articulation de ces moyens demandent une réflexion préalable, d’autant que certains concepts ne peuvent être cessus de Bologne [4] peut nous ren seigner : sur la base de 1 600 heures de travail annuel environ (quantité de travail attendue d’une personne en activité) et de 60 crédits par an, on peut l’évaluer à 26-27 heures de travail en moyenne par ECTS. Alors, quel temps de travail personnel peut- on exiger avant ou après les cours ? La réponse varie suivant les cursus. En master par exemple, avec un volume horaire global de l’ordre de 500 heures d’enseignement en classe, il reste environ 1 100 heures de tra vail personnel à fournir par l’élève pour « mériter » ses ECTS : soit plus de 2 heures pour 1 heure de cours. Alors que dans une formation d’ingé nieur par apprentissage par exemple, la partie enseignement ne concerne plus que la moitié des 1 600 heures, 800 heures étant effectuées et vali dées en entreprise. La maquette pré voyant 600 heures d’enseignement, cela ne laisse que 200 heures de tra vail personnel en parallèle des cours : soit 20 minutes de travail personnel pour une heure de cours ! Quel que soit le contexte, il serait illusoire de penser que le temps dis ponible en marge des cours va être spontanément investi par l’étudiant, surtout si la règle ne lui a pas été pré sentée. C’est en cela qu’il est indis pensable de proposer à l’étudiant de nombreuses ressources lui permet tant de faciliter la compréhension du cours et d’orienter les révisions… et de s’assurer régulièrement que le travail est fait et assimilé. C’est pour cette raison que le contrôle continu est incontournable quel que soit l’en seignement. évalués par des travaux rédigés et nécessitent par exemple la mise en place de travaux pratiques. Une fois que l’on est sûr de dispo ser de ces fameuses « preuves d’ac quisition », la question ultime est de savoir comment analyser ces preuves. L’exploitation des travaux rendus doit donner lieu à une évaluation des compétences acquises et doit aussi apporter une réponse argumentée permettant ou non de diplômer. En définitive, concevoir un ensei gnement c’est avant tout définir les objectifs de cet enseignement : ils peuvent être fixés par le profes seur lui-même, mais c’est plus sou vent au niveau de la formation que l’équipe s’entend pour savoir quel message faire passer, quelle notion faire acquérir, quelle méthode faire appliquer… C’est un point de départ dans la construction uploads/Management/ evaluer-au-moyen-d-x27-une-note-a-l-x27-issue-d-x27-un-enseignement-est-ce-suffisant.pdf
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- Publié le Oct 27, 2022
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