INFORMATIQUE - Histoire Article écrit par Pierre GOUJON Prise de vue Un usage b

INFORMATIQUE - Histoire Article écrit par Pierre GOUJON Prise de vue Un usage bien établi associe le mot « informatique » à l'ensemble des opérations de traitement de l'information effectuées à l'aide de machines électroniques perfectionnées conçues par essence pour aider l'être humain à surmonter au mieux l'opposition classique qui sépare dans ses activités la compétence de la performance. Les premières machines ont eu effectivement pour mission de pallier les insuffisances humaines en matière de performance de calcul : il s'agissait, par exemple, de résoudre des équations différentielles complexes pour la météorologie, de calculer les paramètres permettant la fabrication de la première bombe atomique, de procéder au recensement des citoyens américains en manipulant d'énormes quantités de données en un temps relativement bref. Ce qu'on savait imaginer naturellement (compétence) mais pas vraiment réaliser (performance). Ces machines, qui n'étaient alors que des calculatrices électromécaniques puis électroniques (computers), ont été ensuite détournées de leur but initial et sollicitées pour accroître la performance du couple homme-machine dans le domaine plus vaste des données non numériques. Dès le début des années 1950, le traitement de l'information acquiert droit de cité. Et le calculateur devient data processing machine, littéralement « machine à traiter les données » (qu'on baptisera bientôt « ordinateur » en France), sans aucune restriction sur la nature des données manipulées. I-L'informatique à la conquête de l'entreprise À peine sorti des laboratoires de recherche, et immédiatement installé dans les grandes universités, pour la plupart américaines et britanniques (la technologie informatique se développera à ses débuts sans la France), le calculateur électronique est vite dirigé vers les grandes administrations. Cela signifie que, très tôt (dès 1951, avec l'Univac), son champ d'application se dédouble, faisant apparaître deux grandes classes d'activités : scientifiques, d'une part, administratives et commerciales, d'autre part. Les machines sont alors énormes, elles consomment une énergie phénoménale et occupent une salle spécialement aménagée (l'air conditionné étant un élément d'environnement indispensable). Dès 1954, elles commencent à investir les grandes entreprises publiques et privées. Dans les premiers temps, à cause de la prédominance du « matériel » (hardware), héritée de la mécanographie, et en raison du fait que le système binaire et ses dérivés sont les seuls systèmes de codification externe mis en œuvre, les relations entre l'homme et la machine sont complexes et nécessitent le recours à des spécialistes. La structure de l'entreprise en est aussitôt modifiée ; un pôle puissant apparaît, le département informatique, qui prendra de jour en jour une importance considérable et constituera très vite un nouveau centre de pouvoir. La nécessaire centralisation des ressources (puissance de calcul et capacités de stockage) et la concentration des informations clés relatives au fonctionnement et à la stratégie de l'entreprise confèrent aux cadres responsables de la mise en place de cette technologie de pointe un rôle prédominant. En même temps, de nouvelles professions spécialisées apparaissent. Elles correspondent aux différentes étapes du processus de traitement des données, selon le cheminement utilisateur final, données d'entrée, machine, résultats, utilisateur final. Ces techniciens sont des intermédiaires obligés pour cause d'incompatibilité de langage entre l'homme et la machine. On trouve ainsi, dans la chaîne des travaux : – l'analyste, qui traduit les besoins de l'utilisateur final en un schéma logique (organigramme) décrivant la succession des opérations nécessaires pour aboutir à un résultat exploitable ; – le programmeur, (ou développeur) qui traduit l'organigramme en un programme rédigé selon les règles d'un langage plus ou moins évolué (Cobol, Pascal, C, etc.) ; – le spécialiste de la saisie, qui transfère sur un support physique approprié les informations (programmes et données) destinées au traitement électronique proprement dit ; – le préparateur, chargé de mettre en place et de vérifier l'ensemble des moyens matériels et logiques nécessaires au traitement, supports des informations d'entrée, de sortie, informations de contrôle et de séquencement des travaux ; – l'opérateur, chargé de la surveillance de l'ordinateur et de ses systèmes périphériques en cours d'exploitation. Il faut leur ajouter les spécialistes chargés de la maintenance des installations. Toute cette organisation fonctionne autour du noyau technologique dur constitué par l'unité centrale et l'ensemble des périphériques attachés. L'unité centrale présente des caractéristiques assez communes d'un constructeur à l'autre (les entreprises se copient plus ou moins, tout en maintenant un niveau d'incompatibilité propre à sauver leurs investissements et à garder captifs leurs clients). Elle évolue cependant rapidement, devenant de plus en plus compacte avec des circuits de plus en plus rapides. La capacité de ses systèmes de stockage (mémoires) s'accroît spectaculairement. Du côté des organes périphériques, on multiplie les équipements spécialisés qui permettent de diversifier les moyens d'échange des données entre le monde extérieur et l'unité centrale. Ce qu'on appelle aujourd'hui interface homme-machine avait été négligé au début. On avait commencé par utiliser des tableaux de connexion précâblés, puis une machine à écrire connectée. L'ordinateur répondait en allumant des lampes sur le panneau de contrôle ou en actionnant la machine à écrire. Cet ensemble correspondait assez bien à l'idée qu'on se faisait de la cybernétique alors à la mode, mais le procédé demeurait peu pratique et il fallait bien maîtriser le système de numération binaire. II-Les années 1960-1970 : les constructeurs font la loi On dispose donc, au début des années 1960, de machines spécialisées dans les opérations d'« entrées-sorties » (input-output), selon l'expression consacrée. Elles peuvent exécuter des opérations de lecture et d'écriture sur des cartes perforées (un souvenir de la mécanographie), sur des bandes de papier perforées (un souvenir de la télégraphie), sur des bandes magnétiques (un souvenir des premiers magnétophones) ou sur des disques (un souvenir des gramophones). Des imprimantes, mais bruyantes, encombrantes et lentes, permettent d'obtenir des états imprimés à peu près lisibles. Côté pilotage de l'ensemble, les premiers écrans vidéo apparaissent pour afficher des informations en clair (ou presque) et non plus des vues plus ou moins compliquées de sorties d'oscilloscopes. Par parenthèse, et aussi surprenant qu'il paraisse, on s'aperçoit que l'informatique, au moins à ses débuts, n'est pas un domaine d'innovation : elle emprunte ses lampes à la radio, ses transistors à l'industrie spatiale, ses écrans à la télévision, ses périphériques à diverses autres disciplines... C'est une industrie qui ne crée pas vraiment les outils de son développement, se contentant de détourner les objets issus des efforts innovateurs des autres secteurs industriels. Il semble bien que l'informatique s'impose d'abord comme une industrie d'inspiration typiquement libérale, caractérisée en effet par : l'exploitation de besoins plus suscités que réels ; une explosion de modèles et de familles de machines, uniquement justifiée par des raisons de stratégie d'occupation de marchés ; une recherche avant tout appliquée, s'insérant dans une logique prioritaire de profit à court terme. Dès lors, on assemble, on exploite plutôt qu'on n'innove. Pour illustrer cela, on rappellera que la première tentative de commercialisation d'ordinateurs fut un échec (Mauchly, Univac-I, en 1951), parce que la prouesse technologique avait été privilégiée au détriment de la stratégie de marché. I.B.M., qui se lança tardivement dans la course, sut parfaitement intégrer la dimension commerciale de l'affaire. Jusque dans les années 1960, avec la série 360, et mis à part le 1401 et ses dérivés, les succès de cette firme furent plus commerciaux que technologiques. Mais la technologie, alors, dépasse la plupart des utilisateurs. En dépit de la mise au point de langages de haut niveau, comme le Fortran ou le Cobol, élaborés par des comités composés de représentants d'usagers et de constructeurs, la connaissance des éléments clés du traitement de l'information échappe à beaucoup d'utilisateurs. En outre, les machines exigent un entretien assez suivi, ce qui fait que les constructeurs profitent largement d'un marché à la fois captif (pour des raisons d'ordre technique) et en pleine expansion. C'est ainsi qu'on installe chez les clients des équipements souvent surdimensionnés, inadéquats ou peu fiables. Sans parler de la totale incompatibilité des machines, non seulement d'un constructeur à l'autre, mais aussi, souvent, entre machines d'une même société. C'est le cas par exemple de la série 1400 d'I.B.M. qui nécessita le développement de systèmes spéciaux de simulation et/ou d'émulation des autres produits d'I.B.M., comme les séries 707x, 709x, 708x, etc. Telle est, dans ses grandes lignes, la situation de l'informatique en Europe et aux États-Unis jusqu'à la conjonction de deux événements cruciaux, vers les années 1980 : l'apparition du micro-ordinateur, et la fin de l'ère des ordinateurs dits de troisième génération. III-L'avènement de la micro-informatique Le premier micro-ordinateur professionnel fut français. En 1973, en effet, l'ingénieur François Gernelle développe au sein de la société R2E, le Micral N, présentant tous les caractères des futurs ordinateurs personnels des années 1980 : microprocesseur, clavier universel, écran cathodique, système d'exploitation. Faute de ressources financières, et malgré une brève descendance avec la série Micral de Bull, ce produit ne résistera pas à la future vague des PC (personal computer) d'I.B.M. En fait, la révolution est d'une autre nature. Apple fait, en 1978, une apparition fracassante en mettant sur le marché de la grande consommation le premier ordinateur personnel familial vendu comme un aspirateur, un poste de télévision ou un magnétophone. L'objet est génial mais surtout tourné vers des uploads/Management/ 1-histoire-de-l-x27-informatique-universalis.pdf

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  • Publié le Dec 21, 2021
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