La Lettre Soufie Numéro 38 - Hiver 2009 Contenu Qui est le Soufi...............
La Lettre Soufie Numéro 38 - Hiver 2009 Contenu Qui est le Soufi.............................................................1 Kashf al-Mahjub...........................................................2 Eloge funèbre du Maître.............................................11 La demande................................................................14 Etre proche du Maître.................................................15 Publication trimestrielle de la confrérie Soufie Nématollahi Qui est le Soufi Par Dr Javad Nurbakhsh Le soufi est amoureux de Dieu (Haqq) et pour prouver son amour, comme les amoureux figuratifs il est continuellement occupé par le souvenir de son Bien Aimé qui est Dieu. Cet attention permanente à Dieu (Haqq) a deux effets : Un effet apparent et un autre intérieur. L’effet intérieur c’est que le soufi par Son souvenir s’éloigne du monde du « moi » et « toi », et rejoint le monde de l’unité ou le monde du « Lui » ou « Nous » car : J’ai si souvent pensé à Toi que je suis devenu Toi de la tête aux pieds. Toi, es venu petit à petit et moi est parti lentement. Ou Comme un papillon devant la flamme, je le regardai fixement, Et lorsque je revins à moi, j’étais déjà consumé. L’effet apparent c’est que grâce au souvenir de Dieu (Haqq) dans le cœur, graduellement les effets des attributs de Dieu (Haqq) apparaissent dans le comportement car : Il s’est tellement assis devant mon cœur imprégné, Que ce cœur a fini par complètement refléter son caractère et ses attributs. Dans la première étape qui est le commencement du mouvement vers Dieu (Haqq, l’unité), il ne dérange personne car : Fais ce que tu veux mais ne cherches pas à déranger, Car dans notre voie il n’y pas d’autres pécher que celui-ci. Dans la deuxième étape c’est à dire une fois arrivé au seuil de l’unité, il n’est offensé par personne car : Nous sommes fidèles, nous prenons le blâme et nous sommes heureux, Car dans notre voie être offensé c’est de l’impiété. Dans la troisième étape qui est l’entrée dans le monde du « Lui » ou « Nous » ou le monde de l’Unité, le soufi donne de l’amour bonté aux gens qui l’ont dérangé, parce qu’il La Lettre Soufie N°38 pp. 1/20 © www.journalsoufi.com regarde tout comme lui-même et il se voit lui-même comme Tout. Comme il est joliment dit : Ne sois pas moins que l’arbre, donne ton ombre, Offre tes fruits à tous ceux qui t’envoient des pierres. Discours traduit du magazine persan n°43 Kashf al-Mahjub Un Exposé des Secrets millénaire. Par Terry Graham De nombreuses révélations sont apparues au grand jour avec l’arrivée de l’Islam. Des connaissances gardées secrètes depuis des millénaires, ont soudain été mises en évidence et sont devenues accessibles au plus grand nombre. L’Islam a eu un peu le même effet sur le monde du VIIième siècle que l’émergence d’Internet a eu sur nos sociétés modernes. L’intégration de l’antique sagesse des perses au sein de la culture tribale des arabes a donné naissance pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, à une politique novatrice d’alphabétisation générale. La révolution de l’information qui a eu lieu dans les sociétés islamiques trouve son origine dans des écoles qui ont offert à des personnes, de toutes classes sociales, l’opportunité d’apprendre à lire et à écrire. Peu de temps après, les Chinois ont inventé le papier qui s’est substitué au fragile papyrus comme support destiné à l’écriture. Avec le rétablissement du service de courrier international créé par les anciens perses, la circulation de documents écrits s’est accélérée comme jamais auparavant. Le programme d’alphabétisation universel instauré après l’islamisation des territoires a permis de rendre public certaines connaissances qui étaient antérieurement l’apanage de quelques privilégiés. Avec cette nouvelle mobilité sociale et intellectuelle, le savoir qui était jusqu’alors limité aux prêtres et aux hiérophantes est devenu accessible à tous. L’ouvrage « Dévoilement des choses cachées » (de Hujwiri, mort en 1071) divulgue des mystères de la voie soufie qui étaient auparavant tenus secrets ou dont l’évocation publique était interdite. L’objectif d’Hujwiri est double : fournir une présentation de l’expérience soufie la plus directe et accessible possible et révéler l’urgence qu’il y a à expérimenter ce type d’état spirituel. Cette présentation, auprès du grand public et au onzième siècle, d’une connaissance mystique longtemps tenue secrète présente un caractère réellement novateur. Ce livre est également le premier ouvrage sur la doctrine soufie à avoir été rédigé en persan, c’est-à-dire la langue d’un peuple dont l’existence a toujours été intimement liée au mysticisme. En outre et contrairement aux écrits arabes de l’époque caractérisés par une prose obscure, ce texte a été écrit dans un style populaire et attrayant. Hujwiri a résumé des siècles de tradition soufie à partir de sa propre expérience de la voie et à partir des liens personnels qu’il avait tissés avec de nombreux mystiques soufis de son époque. Il s’est également basé sur la consultation d’écrits soufis anciens, écrits en arabe, ainsi que sur d’autres sources écrites qui, pour la plupart, ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Jusqu’alors, ce sujet avait été systématiquement présenté en langue arabe, langue qui a été adoptée par les lettrés perses après que l’Islam eut remplacé le Mazdéisme La Lettre Soufie N°38 pp. 2/20 © www.journalsoufi.com comme système religieux dominant. Le manuel de référence avant le Kashf, le Qut al-qulub (« la Nourriture des Cœurs ») a été écrit par Abu Talib Makki (mort en 996). Mais ce texte est tellement académique qu’il a été raillé par Roumi dans son Mesnevi. Le développement de la civilisation perse au cours des siècles a constitué un creuset idéal pour que certains de ses membres atteignent un haut degré d’intelligence et de raffinement. Les Perses ont écrit la plupart des manuscrits islamiques les plus anciens en arabe. Ce faisant, ils ont su convertir l’arabe des bédouins en un médium pour la science, la philosophie, la politique et la diplomatie. Cette évolution est similaire à ce qui s’est passé dans la Chrétienté où des croyants, bien que n’étant pas originaires de la péninsule italienne, ont adopté le latin à des fins dévotionnelles. Makki, en dépit de son nom qui fait référence à la Mecque, était originaire de perse. Né au Hamadhan, il s’est installé dans la cité sainte où il a passé une bonne partie de sa vie active. Son travail a été précédé par deux autres ouvrages plutôt décousus sur le soufisme rédigés en langue arabe par des auteurs persans : le Kitab al-luma’fi t-tasawwuf (le Livre des rais illuminant dans le soufisme) d’Abu Nasr Sarraj Tusi (mort en 988), un manuel pratique sur la façon de cheminer sur la voie soufie, et le Kitab at-ta’arruf li madhhab ahl at-tasawwuf (le livre sur les comportements de l’école du soufisme) d’Abu Bakr Muhammad Kalabadhi (mort en 990). Bien que l’ouvrage de Sarraj, le plus ancien, soit le plus vivant des trois avec un certain nombre d’anecdotes, l’approche plus théologique des travaux de Kalabadhi a été plus appréciée par ceux qui souhaitaient faire rentrer le soufisme dans le strict cadre de la doctrine islamique classique. Le quatrième et dernier ouvrage majeur sur la doctrine soufie écrit par un Perse en langue arabe durant cette période est le Risala d’Abu l-Qasim Qushayri (mort en 1074), achevé en 1046 à Nishapur dans la province du Khorasan située au Nord-Ouest de l’Iran. Il contient une prose très théologique, influencée par l’école dominante Ash’arite, cependant il comporte des anecdotes et des instructions ce qui explique pourquoi cet ouvrage est devenu un des manuels de référence sur le soufisme en langue arabe. Hujwiri a trouvé paradoxal le fait que des perses écrivent dans une langue incompréhensible à la plupart des gens appartenant au monde perse alors qu’il était en train de former des soufis à Lahore au Nord Ouest du sous continent Indien (aujourd’hui sur le territoire pakistanais). Envoyé dans cette contrée par son maître pour y diffuser le soufisme, Hujwiri fût surnommé « le dispensateur de trésors ». L’œuvre d’Hujwiri comporte également de la poésie et d’autres ouvrages, notamment un traité sur Hallaj. Ses autres écrits ne sont pas parvenus jusqu’à nous mais le Kashf al- mahjub a été chéri comme une source d’inspiration à travers les siècles qui ont suivi par ceux qui ont été amenés à suivre le chemin soufi. L’originalité du livre d’Hujwiri tient au fait qu’il inaugure une nouvelle possibilité d’accéder à certains secrets mystiques. Dans le monde perse, à l’époque du Mazdéisme, le chemin mystique qui consistait à aimer Dieu, le Bien-Aimé, était tenu secret. Désormais, l’Islam offre un accès direct permettant à tout un chacun d’aimer Dieu à travers la doctrine de l’Unité Divine, doctrine profonde et énoncée de façon simple. C’est porté par un élan d’amour et de foi vivifiante qu’Hujwiri a commencé la rédaction de sa révélation de ce qui est voilé. Le chemin mystique sur lequel Hujwiri a écrit est éternel et l’Islam lui a permis de s’épanouir et de faire l’objet d’une recherche. Le Coran a souligné l’Unité et la Particularité de la divinité, et à travers l’influence de La Lettre Soufie N°38 pp. 3/20 © www.journalsoufi.com «l’Islam offre un accès direct permettant d’aimer Dieu à travers la doctrine de uploads/Litterature/lalettresoufie38-pdf.pdf
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- Publié le Dec 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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