ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine P-ISSN 1112-5020 / E-ISSN 2602-6
ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine P-ISSN 1112-5020 / E-ISSN 2602-6945 Hawliyyat al-Turath, University of Mostaganem, Algeria N° 18, September 2018 De la sémiotique égyptienne aux signes du berceau chez Michel Butor et Claude Simon From Egyptian semiotics to cradle signs of Michel Butor and Claude Simon Dr Moussa Camara Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal moussacamara70@yahoo.fr Reçu le : 18/12/2017 - Accepté le : 19/3/2018 18 2018 Pour citer l'article : Dr Moussa Camara : De la sémiotique égyptienne aux signes du berceau chez Michel Butor et Claude Simon, Revue Annales du patrimoine, Université de Mostaganem, N° 18, Septembre 2018, pp. 49-67. http://annales.univ-mosta.dz *** Revue Annales du patrimoine, N° 18, 2018, pp. 49 - 67 P-ISSN 1112-5020 / E-ISSN 2602-6945 Reçu le : 8/12/2017 - Accepté le : 19/3/2018 moussacamara70@yahoo.fr © Université de Mostaganem, Algérie 2018 De la sémiotique égyptienne aux signes du berceau chez Michel Butor et Claude Simon Dr Moussa Camara Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal Résumé : Les romans de Michel Butor et de Claude Simon sont traversés par de multiples signes et symboles qui renvoient à l’Egypte. Cette sémiotique variée qui retrace la culture, les sciences, la religion et les arts qui ont bercé les premières civilisations du monde, trouvent leurs sources en Afrique. Ainsi ce patrimoine d’une richesse incommensurable rend actuelle la question du berceau des civilisations. Cela est suggéré par des signes graphiques qui irriguent la fiction parfois mêlée à des références historiques débridées et phagocytées par la narration. L’analyse herméneutique des textes révèle ainsi deux auteurs qui par leurs œuvres participent à la réhabilitation de la mémoire universelle. Mots-clés : Afrique, berceau, civilisation, Egypte, patrimoine, sémiotique. o From Egyptian semiotics to cradle signs of Michel Butor and Claude Simon Dr Moussa Camara Cheikh Anta Diop University of Dakar, Senegal Abstract: The novels of Michel Butor and Claude Simon are crossed by multiple signs and symbols that refer to Egypt. This varied semiotics which traces the culture, sciences, religion and the arts which cradled the first civilizations of the world, finds its sources in Africa. This immeasurably rich heritage thus makes the question of the cradle of civilizations topical. This is suggested by graphic signs that irrigate the fiction sometimes mixed with historical references unbridled and phagocytosed by the narrative. The hermeneutical analysis of the texts thus reveals two authors who through their works participate in the rehabilitation of universal memory. Keywords: Africa, cradle, civilization, Egypt, heritage, semiotics. o Dr Moussa Camara - 50 - Revue Annales du patrimoine Michel Butor et Claude Simon, tous profondément liés à l’Afrique coloniale, l’un pour avoir enseigné à Minieh en Egypte, l’autre pour être né de parents colons, à Antanarivo au Madagascar et qui y a vécu, traduisent leur expérience dans leurs récits. Mieux, ils ressuscitent, à travers leurs ouvrages, l’histoire d’un continent, qui à travers l’Egypte se révèle comme le berceau de l’humanité, à travers les arts, les lettres, la religion, les mathématiques et en particulier la géométrie. Ainsi, à l’image de Cheikh Anta Diop, de Théophile Obenga et d’Aboubacry Moussa Lam, sur les traces de Hérodote, Michel Butor et Claude Simon à travers "La Modification" (1957) et "La Route des Flandres" (1960) semblent porter le combat de la mémoire collective et de la reconnaissance du rôle de l’Afrique dans la civilisation de l’universelle. Hérodote, si l’on en croit Laurent Coulon, Pascale Giovannelli-Jouanna et Flore Kamel-Cauzet qui, à travers un travail collectif intitulé "Hérodote et l’Egypte. Actes de la journée d’étude organisée à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon le 10 mai 2010", montre l’apport de l’Egypte sur le plan scientifique. Leurs recherches réconfortent Cheikh Anta Diop, l’auteur de "Nations nègres et culture" (1955) et de "Civilisation ou barbarie" (1981). L’importance de ces études historiques étant avérées, il reste à voir comment Michel Butor et Claude Simon donnent forme sous l’angle littéraire à ce débat qui nourrit encore d’amples réflexions. Par l’analyse du discours et l’herméneutique de la sémiotique égyptienne, il s’agira pour nous de psychanalyser les textes de ces deux romanciers, pour révéler ce qui a été longtemps occulté, au détriment du continent africain, voire de l’humanité toute entière. La psychanalyse des textes de Michel Butor et de Claude Simon dévoile une "sémiotique"(1) féconde qui met en évidence la récurrence plus ou moins voilée de figures géométriques, de signes symboliques d’une lointaine Egypte, ainsi qu’une approche indirecte de l’Afrique comme berceau de l’humanité. Dès lors, la psychocritique des textes nécessitera l’interdisciplinarité faisant De la sémiotique égyptienne aux signes du berceau - 51 - N° 18, Septembre 2018 intervenir littéraires et historiens. Alors comment aborder ce compagnonnage dans cet article par lequel on interroge les signes des origines ? Quelle lecture faut-il apporter aux figures et formes du berceau ? Quel paradigme sémiotique et quel impact cela engendre-t-il sur la mémoire collective universelle ? 1 - L’Egypte une arche ou la bercegyptologie : Les vocables "arches"(2) et "bercegyptologie"(3) renvoient à un programme narratif qui met en exergue la question des origines. Une lecture fouillée des romans butorien et simonien laisse percevoir une métaphore filée de figures géométriques(4) vaguement cachées sous des plans(5), avant de se préciser peu à peu. Le couple qui partage avec Léon Delmont - le héros du roman de Butor - le même compartiment du train qui quitte Paris en direction de la capitale italienne, déplie de temps à autre le plan de Rome et celui d’une ville inconnue, plus adaptée aux voyages de noces. De même, les personnages de Claude Simon, piégés par la guerre, obéissent malgré eux, au jeu de plans : "des renseignements pour l’ennemi, des plans, des cartes" qui détiennent les clefs et les stratégies à mettre en œuvre. Progressivement, tout au long des deux récits transparaît une géométrie variable qui consolide l’hypothèse de Théophile Obenga à la suite de Cheikh Anta Diop : "Euclide trouva en Egypte le berceau de la géométrie"(6). Aussi, Thalès de Millet, le mathématicien Grec, lors de son séjour en Egypte, découvrit le théorème dont il porte le nom, à partir de l’immense pyramide de "Khéops"(7) qui suscita sa curiosité par sa perfection et par les méthodes à base desquelles elle est conçue. Cette nouvelle science qu’il acquit lui aurait permis de dévier le cours d’une rivière afin de faire passer l’armée d’un souverain de son pays. La structure profonde des œuvres de Michel Butor et de Claude Simon génère une géométrisation du récit, laquelle, par de courbes variables, définit une orientation narrative et un ordre de lecture aux relents poétiques. Bérénice Bonhomme semble saisir cette configuration de la création simonienne et soutient : Dr Moussa Camara - 52 - Revue Annales du patrimoine "La langue de Claude Simon est... suggestion, évocation, dévoilement peu à peu d’un autre réel qui se devine, sans jamais se laisser saisir totalement, elle est mystère et énigme, dessaisissement du réel au profit d’un autre réel. Cette évocation passe par l’image, image qui doit chasser le langage, car l’art est le silence du monde, le point où "ici" coïncide avec "nulle part". Le style simonien repose sur le rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées et c’est de ce rapprochement que jaillit une lumière particulière"(8). Ceci étant, la création simonienne entrepose, à l’instar de l’univers romanesque butorien, un sens littéral à une toile de fond ; une vérité suggérée avec art, sans pour autant tomber dans un pédantisme orienté. Dès lors, la forme apparente des figures, des images et des tableaux dévoile quasi, instantanément, à l’œil exercé, le motif même de l’écrit, lequel, par accointance avec les figures géométriques, finit par imposer une argumentation qui repose sur le tracé des lignes. En fait, Claude Simon tout comme Michel Butor, à travers leurs romans, évoquent avec dextérité, des thématiques aussi sensibles que pertinentes, qui surnagent, cependant, dans un océan d’énigmes d’autant plus que ces thèmes nécessitent une "interprétation sémantique et esthétique"(9) qui interpellent l’humanité. 2 - L’Egypte berceau de la civilisation : Le jeu des triangles, par exemple, loin de se vouloir innocent, ressuscite l’image du monde tel qu’il s’est esquissé dans ses mœurs originales, avant de s’universaliser. A cet égard, "la parabole, caractérisée par la pluralité des isotopies figuratives possibles"(10) éclaire la démarche adoptée par Michel Butor et Claude Simon. A bien analyser, le triangle s’élargit à la triangulation, au sens topologique du mot, pour dégager littérairement des récits butorien et simonien une axiologie artistique. A ce titre, de "La Modification à La Route des Flandres", reflue par le biais de formes graphiques l’équivalence trouvée par Aboubacry Moussa Lam(11) entre le "mr" - outil De la sémiotique égyptienne aux signes du berceau - 53 - N° 18, Septembre 2018 agricole semblable à la "houe"(12) - égyptien et le verbe rem qui signifie cultiver en langue puular. Or l’outil traditionnel utilisé par les "hal puular"(13) pour cultiver est bien le "djalo", l’équivalent du "mr" égyptien ou houe en français. Du point de vue de la forme graphique, cet instrument de culture arable dessine les contours d’un triangle. Une allégorie uploads/Litterature/dr-moussa-camara-de-la-semiotique-egyptienne-aux-signes-du-berceau-chez-michel-butor-et-claude-simon.pdf
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- Publié le Jul 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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