© Marabout (Hachette Livre), 2011 978-2-501-07183-3 DU MÊME AUTEUR Se marier au

© Marabout (Hachette Livre), 2011 978-2-501-07183-3 DU MÊME AUTEUR Se marier autrement : Comment inventer une cérémonie civile ou religieuse, Albin Michel, 2003. Conseils d’amie avant d’avoir son premier enfant, Les Presses de la renaissance, 2006 3 KIFS PAR JOUR.COM Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation de l’éditeur. À David, avec lequel je joue si bien à la vie. KIF [kif]. n. m. Instant, situation, interaction, événement, perception ou émotion provoquant une sensation d’agrément, d’aise, d’amour, d’amusement, de bien-être, de bienfait, de chance, de création, de bonheur, de conscience, de complicité, de charme, de contentement, de délectation, de gourmandise, de distraction, de sens, de connexion, d’euphorie, d’expression, de fantaisie, de félicité, de grâce, de gaîté, de joie, de jouissance, de récréation, de satisfaction ou de volupté pour lequel on éprouve de la gratitude. Le cours a commencé il y a 30 minutes J’ai toujours eu envie de gagner au loto. D’abord, pour la surprise de tirer le bon numéro. Suivie de la possibilité de goûter à toutes les libertés : je pars observer de gros animaux en Afrique, j’arrose mon entourage de sommes obscènes et libératrices, je vois mes enfants dans des universités lointaines et des chaussures de couleur dans mon placard. Le loto, dans mon imaginaire, c’est ma nouvelle vie. Celle qui commence demain. Le tour de clé magique. L ’autorisation d’être comme je suis, qui je suis, au contact de qui je veux. J’aurais le droit de jouer, je me sentirais légère et tellement libre. Le cours de psychologie positive a commencé depuis trente minutes. Je pense au loto parce que nous sommes là pour parler du bonheur et que je suspecte que l’on va rapidement évoquer la liste de nos fantasmes de plus et de mieux. Mais avec la première question posée au travers de mon écran, le professeur vise ailleurs : « Quelles limitations vous empêchent de réaliser votre potentiel? Desquelles souhaitez-vous vous débarrasser? » J’entrevois qu’à ce tirage-là un safari et quelques cintres supplémentaires ne participent pas à la réponse. Les élèves du cours dénudent leur premier orteil pour tâter la température d’une eau positive. Ici, Mesdames et Messieurs, c’est ce qui existe envous qui vous sera utile. Pas de Française des jeux à l’horizon. Du moins pas encore. « Je m’occupe de l’information, dit-il, et vous de la transformation. » C’est parti. J’ai participé au « cours de bonheur » créé à Harvard par Tal Ben-Shahar. Docteur en psychologie et en philosophie, il enseigne la psychologie positive à plus de 2 800 personnes chaque année et 99 % des étudiants qui participent à son cours le recommandent aux suivants. Il propose désormais ce programme dans d’autres universités américaines et israéliennes. Ayant passé l’âge de disposer de trois mois enfermée dans un amphithéâtre, je me suis inscrite à sa première édition virtuelle. Tal Ben-Shahar a filmé ses interventions, les documents sont téléchargeables, les devoirs se postent sur un blog, les discussions avec le prof ou entre les élèves ont lieu sur un forum ou lors de téléconférences et les corrections reviennent dans des boîtes mail. Chacun chemine derrière son écran, à son rythme et à ses horaires. Au cours de ces douze semaines, nous aurons deux échanges en temps réel, un casque sur les oreilles. Seul instant de réunion. Nous étions deux Françaises à participer à ce cours en même temps. Habitant toutes les deux Paris, nous nous sommes rencontrées pour échanger nos impressions. V alérie éveille les comités de direction des entreprises à l’importance du bonheur au travail. Nous portons, elle et moi, le même regard bienveillant sur le pragmatisme anglo-saxon lorsqu’il s’agitd’éducation et de psychologie, choisissant même de nous y former. Et pourtant. Nous nous sommes amusées parfois du caractère cucul de certaines approches ou présentations. Notre esprit critique hexagonal a veillé pendant toute la durée du cours et de nos lectures. L ’édition expérimentale regroupe cinq cents élèves dans le monde entier : Nouvelle-Zélande, Chine, France, Qatar, Chypre, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Allemagne, Liban, États-Unis et Australie. On y croise des parents, des consultants, des retraités, une danseuse, un psychologue militaire, deux assistantes de direction, une institutrice des Pays-Bas, une employée aux Nations unies, et moi, à l’époque responsable du développement durable dans un groupe de médias à Paris. Je me suis embarquée dans ce programme assez légèrement, « pour voir » et satisfaire ma curiosité technochronique. De France, j’étais si loin des États-Unis et si seule devant mon ordinateur que je me sentais libre de mesurer mes efforts académiques sans sentir le souffle du prof dans ma nuque. Mais j’y ai finalement totalement plongé. Le cours était exigeant, précis, copieux, et m’a aspiré. Il a occupé mes soirées et mes vacances dans un moment par ailleurs agité de ma vie : déménagement, changements professionnels, départ de mon fils aîné de la maison. Séduite par le bon sens et par le pragmatisme de ce voyage humaniste, je m’y suis enfoncée sans douleur. Chaque enseignement avait comme terrain d’application l’existence. J’ai vite commencé à jouer avec. Ma surexcitation m’a poussée àpartager ce qui me touchait avec mon mari et mes enfants, puis avec mes amis. Certaines de ces propositions sont tombées à pic, d’autres à plat. Mais je nous ai vus profiter de bonnes doses de plaisir contagieux. Trois mois après la fin du cours, mon emploi me quittait. Coup dur ou coup de chance ? Ma météorologue intérieure m’a proposé une bonne discussion avec moi-même : que veux-tu vraiment vraiment faire pendant cette interruption involontaire de service ? Continuer à apprendre et raconter. De tout ce que je sais faire, c’est ce qui me plaît le plus. Je suis alors remontée à la source de la psychologie positive, la science du bonheur. Ses fondateurs en ont eu l’idée en constatant qu’entre 1967 et 1998, 95 % des études scientifiques publiées en psychologie portaient sur les maladies mentales, la dépression et l’anxiété. Et seulement une sur vingt s’intéressait à la joie, au bonheur et au bien-être. Ils ont déclaré la psychologie « malade de sa propre recherche » et se sont engagés à rassembler les financements nécessaires pour développer un nouveau secteur d’expérimentation. Le manifeste rédigé à sa naissance, en 1998, la définit comme « l’étude scientifique des forces et des qualités qui permettent aux individus et aux communautés de s’épanouir ». En deux mots, elle étudie les émotions, les traits de personnalité et les institutions QUI MARCHENT. Depuis, les laboratoires universitaires se sont multipliés et ses chercheurs publient des ouvrages accessibles au grand public pour partager les trucs et les recettes qui sont démontrés dans leurs découvertes. Ils travaillent sur la créativité, l’estime de soi, l’altruisme, l’humour, l’amitié, la motivation, les organisations positives, l’efficacité personnelle… Parmi les pionniers de cette nouvelle forme de psychologie humaniste je me suis intéressé aux travaux de Martin Seligman, Ed Diener, Ellen Langer, Mihaly Csikszentmihalyi, Albert Bandura, Barbara Fredrikson, Robert Emmons et parmi les plus jeunes Tal Ben-Shahar, Daniel Gilbert et Sonja Lyubomirsky. Aux États-Unis, il est facile de participer aux recherches en cours. Lorsque les universitaires ont besoin de données quantitatives, ils multiplient leurs enquêtes de personnalité par leurs sites Internet ouverts au public. En quelques clics1, on peut évaluer son bonheur à un moment précis, comprendre ce qui nous rend optimiste ou pessimiste, définir la nature de l’attachement que l’on recherche en amour ou enregistrer dans son téléphone les instants, les situations, les vues ou les mets qui nous font du bien. Certains ont même créé des applications spéciales chargées de citations, de méditations, de textes et de propositions d’exercices qui déclenchent chez un utilisateur face à son téléphone portable les réactions observées en laboratoire. C’est une discipline ancrée dans son époque. Elle ouvre les portes de l’université au travers d’outils virtuels afin de permettre au plus grand nombre de se l’approprier et de participer à ce qui peut lui faire du bien ou lui plaire. Lorsque j’évoque cet apprentissage autour de moi, beaucoup me disent pratiquer eux aussi la pensée positive. Mais à cela Seligman rétorque que la psychologie positive n’est pas la pensée positive parce que : □ Elle est basée sur des expériences scientifiques qui peuvent être reproduites. □ La pensée positive suggère une attitude positive en toutes circonstances, là où la psychologie positive considère que certaines situations requièrent d’être regardées avec réalisme ou négativité, comme un pilote de ligne confronté à une mauvaise météo. □ La plupart des chercheurs occupés par cette nouvelle discipline ont passé avant cela de nombreuses années à étudier les aspects négatifs de nos personnalités et considèrent que ce qui est positif vient compléter notre éventail de réactions sans chercher à remplacer à tout prix notre côté obscur. Cette psychologie ne périme pas sa sœur aînée, elle vient simplement l’enrichir d’un œil neuf. Pour éprouver les bienfaits de ses découvertes, nul besoin de diagnostic, de diplôme ou de consultation spécialisée. Avoir envie de se sentir plus investi et plus heureux dans uploads/Litterature/3-kifs-par-jour.pdf

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