Université BBA Faculté des lettres et des langues étrangères Département de fra
Université BBA Faculté des lettres et des langues étrangères Département de français Niveau : 2ème Année, semestre 2, module : ccl, groupes : 1,2,3,4,5 et 6 Le dix-neuvième siècle l- Le Romantisme 1/ Un mot, une définition L’adjectif « romantique » apparaît au XVIIe siècle en concurrence avec le terme romanesque, traduction de l’italien romanzesco, pour désigner ce qui relève du roman, genre familier populaire (comme la langue dans laquelle il est écrit). Passé en Angleterre, le mot en vient à désigner l’atmosphère digne des romans de chevalerie, à la fois merveilleuse et naïve. Un peu plus tard, l’équivalent romantisch apparaît en allemand dans le sens plus spécialisé de contraire au bon goût, étrange, éloigné des normes, opposé, en somme, à la mesure classique. De là découlent les célèbres mises au point de Mme de Staël : « Je considère ici la poésie classique comme celle des anciens et poésie romantique comme celle qui tient de quelque manière aux traditions chevaleresques » De l’Allemagne, 1810. Le substantif romantisme apparaîtra peu après, toujours à partir de l’anglais, même si Stendhal propose de lui préférer l’adaptation italienne « romanticisme ». (Racine et Shakespeare, ch. 3). La définition reste toutefois toujours incertaine, conformément à la prédiction de Louis-Sébastien Mercier : « On sent le romantique, on ne le définit pas ». Trente ans plus tard, les bourgeois burlesques de Musset répètent, avec humour, la même idée : « Las d’examiner et de peser, trouvant des phrases vides et des professions de foi incompréhensibles, nous en vîmes à croire que ce mot de romantisme n’était qu’un mot ; nous le trouvions beau, et il nous semblait que c’était dommage qu’il ne voulût rien dire » Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836. On s’étonne qu’un courant aussi durable, aussi important que le Romantisme se prête si mal à une définition claire. Ceci est dit, l’école littéraire romantique couvre approximativement la première moitié du XIXe siècle, de 1820 à 1843 pour s’en tenir aux dates les plus étroites. Il serait pertinent de le souligner que l’adjectif romantique et la coloration culturelle qu’il recouvre, a précédé le Romantisme comme il nous alerte sur cette particularité Henry Peyre : « Sans doute y a-t-il toujours eu des tempéraments et des sensibilités romantiques dans les sens du terme qui impliquent prédominance de de la passion sur la sagesse raisonnable, attrait de l’étrange, insatisfaction du présent, jouissance trouvée dans la souffrance (…). Tout état d’âme, tout élan de l’imagination, même le sentiment de la nature le plus passionné, l’amour de la mort, le goût de la morbidité ont pu en effet se rencontrer dans certaines âmes (…). » Henry M. Peyer, Qu’est-ce le romantisme ?, PUF, « Lettres modernes », 1979, p.9-10. En outre « le romantisme » des comportements et surtout des créations ne se limite pas aux étroites dates (1820 - 1843) par l’histoire littéraire. Plus encore que pour les autres mouvements, celui-ci accepte un avant et un après, et les notions de « Préromantisme » ou de « Post-Romantisme », pour discutées qu’elles soient, sont globalement acceptable. 2/ Prélude du Romantisme À l’origine du mouvement se combinent, comme l’écrit Alexandre Minski, « la décomposition de l’esthétique classique » et la « germination progressive du romantisme dans les cœurs et les têtes ». La première façon de comprendre le Romantisme passe par un regard rétrospectif qui explique une période passée par celle qui reste à naître, dégage les signes avant-coureurs de l’esthétique nouvelle. On peut le faire à deux niveaux : par le repérage de certaines tendances annonciatrices perçues au siècle précédent ; par l’examen de la période d’« entre-deux littéraire » (1790-1820) qu’on nomme « le Préromantisme ». Il a été déjà question de l’influence de Rousseau et de Diderot. La génération suivante, contemporaine de la Révolution et de l’Empire, peut être perçue comme fondatrice du mouvement romantique. À côté de Benjamin Constant, Sénancour ou Xavier de Maister, deux noms s’imposent : Madame de Staël et Chateaubriand. Il convient de mentionner également l’influence de l’étranger. Le mouvement romantique n’est pas né en France mais, comme le suggère Mme de Staël, dans les littératures du nord, plus ouvertes à la liberté et la sensibilité, moins cérébrales et moins imprégnées de classicisme. On trouverait en Angleterre (Young, Keats, etc.), en Écosse (Ossian), en Allemagne (Goethe) quelques précurseurs féconds dont se souviendront les écrivains français. L’ère napoléonienne a favorisé les échanges, le rapprochement des cultures et la vogue de l’exotisme latin en Italie ou en Espagne. Une crise des esprits Les deux chapitres du roman autobiographique de Musset, La confession d’un enfant du siècle, dessinent merveilleusement le désastre subit par l’homme, ils laissent le soin au lecteur de prendre la mesure de ce qu’on appelle une « nouvelle crise dans la conscience européenne ». La « jeunesse soucieuse » secouée par les bouleversements politiques, se réveille « assise sur un monde en ruines ». Les rêves de gloire ou « d’espérance, d’amour, de force, de vie » ne résistent pas aux fadeurs de la monarchie. Les mutations trop rapides en matière économique, sociale, politique ébranlent les certitudes. L’homme d’hier, attaché à des modèles durables et collectifs ne se reconnaît plus dans un univers labile et individualiste. Une génération désenchantée découvre une souffrance diffuse qu’on nommera le « mal du siècle ». Jacques Bony résume agréablement l’idéal du mouvement romantique et son fondement dans cet extrait qui suit : « L’essence du romantisme est sans doute dans le rêve fou, dans la tentative désespérée, de retrouver l’harmonie perdue, entre homme et femme, dans la société, avec la nature, en un mot, comme l’écrit Nerval, de « rétablir le monde dans son harmonie première » (Aurélia, II, 6). Lire le Romantisme, A. Colin, 2005, p.29. Comment l’idée du mouvement romantique a pris son chemin vers les esprits ? Tout commence au sein des cénacles, de petits groupes réunis autour d’une publication, d’un lieu ou d’une personne. Nous mentionnons à cet égard, les cinq foyers les plus célèbres : -L’Abbaye aux bois, rue de Sèvres où, autour de Madame Récamier et de Chateaubriand, quelques jeunes écrivains, se réunissent, dont Hugo et Lamartine. - L’arsenal dont le bibliothécaire, Charles Nodier, romancier et journaliste, fait, à partir de 1824, un lieu de rencontre couru que fréquemment les habitués du journal La muse française, Hugo, Émile Deschamps, Vigny, Dumas, Nerval… ; - La rue Notre-Dames-des-Champs, où a emménagé Victor Hugo en 1827 et où se retrouvent les anciens fidèles du salon de l’Arsenal et quelques nouveaux comme Musset. - Le « petit Cénacle » : sur le précédent modèle se constitue, à partir de 1829, un groupe de « camarades » réunis dans l’atelier du sculpteur Jehan du Seigneur. Ces jeunes artistes dont parle Théophile Gautier dans son Histoire du romantisme constituent la cohorte de ceux qu’on appelle les « petits romantiques » : Petrus Borel, Alphonse Brot, mais aussi A. Dumas ou G. de Nerval. - Le Doyenné, nom d’une impasse du vieux Paris où la peintre Camille Rogier, reçoit avec Nerval et Gautier, la « Bohème galante ». On y croise, à côté des littérateurs déjà nommés, des peintres comme Delacroix, Corot, etc. 3/ Théories et manifestes À côté de quelques essais qu’on peut les négliger, la préface que donne Hugo en 1827 à sa pièce injouable, Cromwell demeure sans conteste le texte fondateur du mouvement. En récupérant le message de Mme de Staël, le jeune auteur développe une vraie théorie philosophico-littéraire dont on retiendra quelques points : -annonce d’un renouveau poétique fondé sur la réhabilitation du « grotesque » : - remise en cause des classifications et des genres ; - contestation de de la règle des unités au théâtre ; - proclamation de l’absolue liberté dans diverses expressions de l’art. L’année suivante, l’art nouveau était soutenu par deux noms importants, Émile Deschamps dans sa Préface aux Études françaises et étrangères et Sainte- Beuve dans le Tableau Historique et critique de la poésie française au XVIe siècle, où la Pléiade, est remise à l’honneur, devient le modèle de l’école du mouvement. Un peu plus tard, en 1833, Théophile Gautier dans Les Grotesques réhabilite les poètes du début du XVIIe siècle. Entre-temps la préface d’Hernani consacrera Hugo comme chef de file et la « bataille » de la première de ce drame établit le triomphe de l’esthétique nouvelle. 4/ L’esthétique romantique Les caractéristiques des grandes tendances 4.1/ - Le triomphe de la subjectivité : sur les traces de Chateaubriand, la littérature romantique aime à privilégier les domaines réservés au moi. La poésie sera donc lyrique, c’est-à-dire propre à traduire les émotions individuelles, la confidence, l’épanchement, de préférence tourmenté, prisonnier de sa mélancolie sentimentale ou de son mal-être métaphysique. 4.2/ - L’exaltation de la souffrance et du malheur : l’écrivain romantique trouve dans sa maladie morale les ressources de son inspiration (« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux » écrit Musset). La destinée humaine est douloureuse, le fardeau de la vie lourd à peser, la perspective de la mort une délivrance. uploads/Litterature/ universite-bba.pdf
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- Publié le Jui 23, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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